finnick, dix-huit juin deux mille douze.

Une promesse était une promesse. Et je ne la prenais pas à la légère. La semaine dernière, après notre petit entretien dans la salle informatique, j’avais juré à Finnick que si je restais une semaine de plus, je lui ferai un repas digne de ce nom. Le pauvre, en plus, me signifiait qu’il ne mangeait pas toujours comme il le fallait… Tsss, tsss, il fallait corriger ça. J’aimais cuisiner, et il avait faim, comment dire, tout s’emboitait n’est-ce pas ? En passant près de lui, ce matin-là, je lui refilais un petit bout de papier sur lequel je lui indiquais de me rejoindre à la cuisine, pour le souper. Et quand fut venu l’heure, j’étais déjà aux fourneaux, en pleine concoction de mon superbe repas. L’entrée était d’ailleurs presque prête, ne restait plus qu’à la mettre au four pour quelques minutes, et le tour était joué. Par chance, je m’y étais prise d’avance, et ma table était déjà bien mise, mais rien de compliquer, ni de trop élaborée, comme lors de mes repas privilégiés avec Sami. Une bonne limonade, une recette bien particulière à moi – mon ingrédient secret était la vodka, mais chut – trônait en son centre. Finnick fut à l'heure... ou presque. Mais ce n'est pas grave, nous avions tout notre temps. En le voyant s’installer, je m'essuyais rapidement les mains, puis m’approchais de lui, lui tendant un petit carton où le menu y figurait. Interdiction de parler oblige. Dumplings au porc en entrée, sauté de bœuf pour plat principal… et je gardais une surprise pour le dessert. Sinon, ça ne serait pas amusant ! Mon regard se riva sur Finnick pendant un moment. Mes mains jouèrent nerveusement avec le bas mon chandail, attendant son verdict. Après tout, ce repas devait lui plaire, avant toute chose.

La semaine dernière, Anabel m’avait promis de me faire un repas pour me remercier d’avoir été là pour elle. Je ne trouvais pas ça particulièrement utile mais si ça pouvoir me permettre de passer une soirée avec la candidate, alors pourquoi pas ? Sauf que la jeune femme ne pouvait plus parler, flute ! Je l’avais oublié jusqu'à ce qu’elle me donne un papier avec l’heure de notre « rendez-vous » dessus. Au début j’avais pas compris mais après je m’étais souvenu qu’Anabel était en quelque sorte devenue une muette, par la force des choses. Bref, l’heure était déjà passée de quelques minutes quand je descendis, en même temps j’avais troqué mon éternel pull style abercrombie pour porter une chemise noire sur un jean foncé. Fallait bien que je lui fasse honneur, non ? Une fois installé, la jeune femme me tendit un carton avec le menu. « Ca a l’air délicieux ! Et ça sent super bon, t’es un amour Anabel. » dis-je en souriant, merde c’était chiant qu’elle ne pouvait plus parler. « Tu peux… Essayer de parler sans son, si tu articules bien je vais peut être pouvoir lire sur tes lèvres. » bon ok je ne suis pas superman ou que sais-je mais lire sur les lèvres n’était pas si compliqué en soit, si elle articulait bien quoi.

Moment d’appréhension avant d’obtenir une réaction de sa part. « Ca a l’air délicieux ! Et ça sent super bon, t’es un amour Anabel. » me dit-il, le tout accompagné d’un grand sourire. Ouf, réel soulagement, j’avais cru un instant que mon menu ne lui plairais pas…et alors, à ce moment, j’aurai été bien mal fichu, n’ayant point de plan B. Heureusement, ça n’arriverait pas. « Tu peux… Essayer de parler sans son, si tu articules bien je vais peut être pouvoir lire sur tes lèvres. » Hm, on pouvait toujours essayer, mais je doutais de la finalité de la chose. Lire sur les lèvres n’était pas donner à tous. Et comme j’avais cette tendance à parler un peu vite, par moment… Mission impossible? « Comme ça ? » tendais-je quand même. Je me sentais vraiment idiote d’articuler à l’extrême pour me faire comprendre sur deux mots, je préférais alors utiliser mon meilleur copain du moment, soit ce cher calepin de notes dont m’avait fait cadeau Ennio, en début de semaine. Je pris mon crayon et inscrivit quelques mots dessus, avant de tourner la feuille vers Finnick. « Ça sera plus simple de cette façon… je crois. » Je risquais, aussi, de passer moins comme une espèce de folle, à faire maints gestes pour faire comprendre mes paroles muettes. Je lui fis signe d’attendre une minute, puis m’éloignait un moment vers le four pour y mettre l’entrée, qui devait cuire cinq à dix minutes, pour être parfaite. Pour le reste, les nouilles étaient en train de cuir à feu doux et il ne restait plus qu’à faire sauter les légumes et la viande ensuite pour finaliser le repas. Mais ça pouvait attendre. Je reviens m’installer face à Finnick, puis lui servit un verre de limonade. J’en profitais pour à nouveau griffonner quelque chose. « Recette spéciale, j’espère que tu vas apprécié. » Puis je levais mon verre à notre santé.

La jeune femme tenta d’articuler un truc que je compris assez facilement : comme ça. Je hoche la tête. « Oui ! » Bon c’est vrai qu’elle avait l’air ridicule mais soyons honnête, quand on a pas le choix on ne pense pas à ce genre de choses… Sauf qu’apparemment, le choix, elle l'avait puisque je la vis sortir un petit calepin et un crayon. Ça sera plus simple de cette façon… je crois. » Lisais-je sur le papier qu’elle me montrait. Encore une fois je hochai la tête. « Oui je pense ! » dis-je en riant doucement, je ne me moquais aucunement d’elle hein ! Mais franchement la pauvre, ne pas avoir le droit de parler, c’est horrible. Enfin encore elle n’était pas très bavarde, donc ça pouvait aller pour elle. La candidate disparu un instant dans la cuisine avant de revenir vers moi et de nous servir de la limonade. Elle griffonna encore rapidement sur son calepin. « Recette spéciale, j’espère que tu vas apprécié. » je souris et portai le verre à mes lèvres. Je m’attendais à tout, sauf au goût fort de l’alcool, alors ça ! « C’est super bon, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit alcoolisé ! » je fis en riant. « C’est quoi que tu as mis dedans ? » je demandai ensuite, elle avait un calepin, donc on pouvait converser.

Mon premier essai pour tenter de me faire comprendre, rien qu’aux mouvements de mes lèvres semble concluant, puisque je vois Finnick hoché la tête. « Oui ! » me mentionne-t-il, mais bon, je préfère quand même y aller au calepin, ça évitera les quiproquos possibles dans ce genre de conversation. Je lui indique donc que je compte communiquer de cette façon, pour plus de facilité. « Oui je pense ! » Ce serait peut-être plus long, mais au moins, je m’assurais que ce soit le bon message qui se rendent au destinataire, ce qui valait la peine que je perte quelques secondes à fois. Tant pis. Je m’éclipsais un moment vers la cuisine, et revint vers mon camarade, lui servait un grand verre de limonade avant de m’installer à ma place. Je le laissais gouter avant de moi-même poser mes lèvres dans ce délicieux liquide rosâtre. Mon regard, toutefois, déviait vers le sien, et j’y lu une certaine surprise. C’était l’effet désiré! « C’est super bon, mais je ne m’attendais pas ce que ce soit alcoolisé ! C’est quoi que tu as mis dedans ? » Je souris avant d’à nouveau attraper mon calepin, pour y inscrire mon ingrédient secret. « Vodka. » Nora n’avait pas eu tout à fait raison, ce matin. La dernière bouteille de Vodka, c’est moi qui l’avais, et je l’avais caché quelque part… Où? Pas question que je vous le dise! Je le laissais déguster un moment son breuvage avant de lui poser une question qui me traitait en tête. « Il se passe quoi… avec Tweedy? Si c’est pas indiscret. » S’il ne voulait pas en parler, libre à lui. Mais s’il ressentait le besoin de me confier ces pensées, j’étais disposée à l’écouter. De toute façon, c’est tout ce que je pouvais faire.

« Vodka. » C’était donc ça, l’ingrédient mystère, je haussai un sourcil, regoûtai un peu du breuvage et hochai la tête avec un sourire. « Maintenant que tu le dis ! » C’est vrai que ce petit goût d’alcool ressemblait fort à un goût de vodka. Je ne suis pas expert bien sur, mais j’ai assez bu de ça pour reconnaitre. Alors qu’on buvait tranquillement, la jeune femme posa son verre pour prendre son calepin. « Il se passe quoi… avec Tweedy? Si c’est pas indiscret. » Avait-elle écrit. Je fronçai les sourcils, tout le monde me posait cette question en ce moment, certain avec un certain intérêt, d’autre parce qu’ils avaient peur que je joue avec la candidate. Personne dans cette maison ne me connaissait vraiment, pas même Tweedy, le seul qui savait vraiment qui j’étais et ce dont j’étais capable, c’était Jamie. Et lui ne s’inquiétais pas pour Tweedy alors pourquoi ils s’en inquièteraient tous ? Non en fait Jamie s’en fou probablement. « Je… Je pense qu’on était pas sur la même longueur d’onde, en ce qui concerne la nature de notre relation… » Je dis simplement en passant une main dans ma nuque.

Il n’avait pas l’air tellement convaincu, ou bien, il voulait juste s’assurer que c’était bien vrai… mais toujours est-il que Finnick retrempa ses lèvres dans le liquide rosâtre, avant de laisser apparaître un sourire sur son visage. « Maintenant que tu le dis ! » Bon, moi, j’étais bien placé pour ressentir le goût de l’alcool dans la limonade, mais ayant celle qui l’avait concocté, je savais déjà à quoi m’attendre… ce qui n’avait pas été le cas de Finnick. Et donc, si le goût au départ avait du l’intrigué, il avait maintenant obtenu réponse à ses questions silencieuses. Je lui en posais d’ailleurs une, n’ayant pas suivi le prime dans son intégrité. Cependant, j’avais bien remarquer que quelque chose n’allait pas, entre mon camarade du moment et son ancienne partenaire. Curiosité mal placé, cependant. Je vis tout de suite que cette question le rendait un peu inconfortable. « Je… Je pense qu’on était pas sur la même longueur d’onde, en ce qui concerne la nature de notre relation… » Je secouais la tête, et inscrit rapidement quelques mots sur le papier. « Pas besoin de m’en dire plus, ça va. Ça ne me regarde pas. » Et lui tendant le calepin, je me levais, posais amicalement ma main sur son épaule, puis m’éloignait finalement vers la cuisine pour sortir les entrées du four. Miam, tout ça me semblait délicieux. Je déposais le tout dans une assiette, que j’avais préparé d’avance, et accompagnait le tout d’un petit bol de sauce. Revenant vers la table, je déposais le tout sur la table, et invitait d’un geste Finnick à dégoutée le premier Dumplings de la soirée. Cet honneur lui revenait.

Après lui avoir répondu à sa question sur Tweedy, je vis la jeune femme griffonner encore une fois frénétiquement sur son calepin et me le tendre. « Pas besoin de m’en dire plus, ça va. Ça ne me regarde pas. » avait-elle écrit, je hoche la tête avec un sourire, ravi de voir qu’elle ne va pas m’en demander plus, car je n’aime pas parler de Tweedy a quelqu’un d’autre qu’a la principale intéressée, ou plutôt de notre relation, c’est déjà assez le bordel comme ça dans ma tête. La candidate se leva alors pour aller faire je ne sais quoi derrière les fourneaux et revint avec une assiette dumplings en main. Elle nous en servit alors à tous les deux et me laissa l’honneur de gouter le premier. Ce que je fis. C’était absolument divin, je ne savais pas qu’elle cuisinait aussi bien ! J’imagine qu’elle doit aimer ça en fait, moi je déteste cuisiner et je le fais très mal. Tout ce que j’aime faire c’est de la pâtisserie et pour ça je suis plutôt doué d’ailleurs. « C’est délicieux ! Tu es un vrai cordon bleu. » je dis en riant. « Merci encore, pour ce repas, c’est gentil. » ajoutais-je, même si elle faisait ça car je l’avais aidé dans un moment difficile, selon moi ce n’était pas nécessaire pour elle de me préparer un diner alors je la remerciai.