La veille je n’avais pu trouver le sommeil. Impossible. Il avait déserté, simplement. Comme beaucoup de fois ces temps deniers. Aussi, j’ai finis par m’apercevoir que Finnick était dans le même cas. Si bien qu’au final, après nous avoir rejoint dans le lit, nous n’avions pas plus trouvé le sommeil. Oh non, au contraire. Nous avons passé une bonne partie de la nuit à bavarder et à rire tout en faisant attention à ne réveiller personne. Et, encore moins, le Jamie qui dormait juste à côté, à quelques infimes centimètres. Ce qui fut encore plus crevant au final. Donc, je ne saurais dire combien d’heure j’ai dormis. Mais franchement pas beaucoup. Ca c’est certain. Alors, ce matin, en sortant du lit, je suis fatiguée. Je me traine jusqu’à la salle de bain où je m’octroie une douche froide, glaciale. J’enfile un truc avant d’aller me prendre un café, bien noir, bien serré. Le genre de café à vous réveiller un mort. Et, je remonte dans la chambre. Jamie et Finnick se sont volatilisés en me laissant le lit défait sur les bras. Goujats. Bien des frères. Mêmes gènes. Je soupire en posant ma tasse sur la table de chevet. Je marmonne un moment, je dirais même que je bougonne. Et, m’attèle à faire le lit. Au carré, comme on me l’a appris. En secouant les draps, j’entends un quelque chose tomber et s’échapper sous le lit. Je fronce les sourcils, m’agenouille, en penchant la tête sur un côté, les yeux rivés sous le lit. Les dés. Zut. Sans trop réfléchir, je rampe sous le lit afin de les récupérer. Et, c’est à ce moment là que j’entends une voix familière, très même, s’élever dans la pièce. Malo. Je souris. J’aurais presque l’impression de jouer à cache-cache. Si bien que je ramène mes jambes à l’abri de son regard. Tiens en parlant de ça, il me demande où je me planque. J’échappe un rire. « Tu ne devineras jamais Malo… » je lui lance mutine, le sourire regagnant aisément mes lèvres, de même que ma bonne humeur en le sachant dans les parages. Oui, je ne peux me résoudre à tirer la gueule en présence de quelqu’un que j’apprécie. Et, encore moins, Malo en fait. Outre le fait de ne pas vouloir lui imposer ma pseudo mauvaise humeur, la personne elle-même arrive à l’effacer. C’est fou non ? Versatile l’humeur.

Faudra que tu m’expliques pourquoi j’ai toujours quatre ans d’âge mental quand je me retrouve en compagnie de Malo. Pourquoi, je ne cesse de retomber en enfance -mais pas l’enfance normale, c’est l’enfance la plus profonde, les débuts même de cette dernière- lorsque je suis avec lui. Ceci dit, ca ne me dérange absolument pas. Bien au contraire. Malo c’est un peu le genre de grand frère doux, affectueux et responsable que je n’ai jamais eu. Non, moi, on m’a filé deux grands guignols, blagueurs et intenables. Enfin, je m’en plains mais je les aimes, faut pas se leurrer. Plus que de raison même. J’ai souvent tendance à penser que je donnerai volontiers ma vie pour eux. Et, je crois bien que je ne déconne pas. Pour en revenir à Malo, je ne sais pas trop comment ça se fait, et je ne cherche pas trop à comprendre à vrai dire, mais une réelle complicité est née. Et ce dès le premier regard. Le genre assez unique et sincère. Je ne sais pas si c’est le jeu qui fait que c’est comme ça ou simplement le karma, le feeling etc.. Je préfère opter pour la seconde option d’ailleurs et je dirai que le jeu la rendue possible. Faut dire qu’on ne croise pas tout les jours un Malo dans la rue. Soit. Je suis toujours planquée sous le lit, les dés de Jamie en main, à essayer de zieuter le jeune homme se mouvoir dans la pièce. Je ne vois que ses pieds, il se déplace. Il me menace de me trouver. Je pouffe de rire. Et, encore plus lorsque je comprends qu’il fait mine de ne pas le faire. Tu sais, comme lorsque tu joues avec des gosses, qu’ils sont sous tes yeux mais fait semblant de ne pas les voir pour les amuser. Moi, je joue le jeu. Malo s’exclame à la façon d’un acteur de tragédie. Je souris. « Si tu veux, elle peut toujours t’envoyer une carte » je lui lance sur un ton taquin. Parce que oui, je parle à la troisième personne. Le blond continue de jouer son rôle à merveille, je ricane. Puis, il finit par hisser le drapeau blanc. Gagner ? Haha. « On ne peut pas gagner à tout les coups mon petit » je scande victorieuse. Aussitôt, je rampe sous le lit pour sortir de ma cachette mais, dans le mouvement, relève la tête trop tôt. « Aie.. » je fais entre les dents en sentant le bois du rebord du lit frapper mon crâne. « Je crois que c’est lui, le grand vainqueur, il vient de m’assommer, me faisant perdre quelques neurones au passage » que je fais plaintive portant une main à l’endroit du choc, restant allongée au sol quelques minutes à découvert.

Ca c’est de la précipitation pure et simple. La joie de remporter une partie de cache-cache, l’excitation d’exhiber sa victoire… Et, ô combien de fois, m’as-t-on répété qu’il faut se hâter lentement ? Je ne les compte même plus. En tout cas, là, je fronce les sourcils parce que la douleur est bien présente. J’imagine déjà la taille de l’hématome disgracieux qui va naitre sur ma tête. Je l’entends aussi se marrer. Je rêve, le fourbe, il ose. « Han ! Mais te moque pas ! » je fais plaintive. Je serais d’autant plus convaincante si mes yeux s’humidifient, cependant, je ne peux faire ca sur commande. Impossible même. Et, malgré la douleur, je tente, dans un effort herculéen, de me hisser vers l’avant pour sortir un peu plus de sous le lit. Cette fois ci, je protège bien ma tête. C’est que j’y tiens quand même. Un peu. Dans le même temps, je vois ses pas s’aligner jusqu’à moi. Je m’arrête. Il m’aide, je lui décoche un sourire lumineux avant qu’il ne me soulève et ne me repose au sol. « Efficace » je marmonne amusée. Je relève ensuite légèrement le visage vers lui alors qu’une passe dans mes cheveux pendant que ses prunelles scrutent mon visage. Malo m’informe d’une vilaine bosse sur le sommet de mon front. Génial, je n‘aurais pu espérer mieux ! « Je l’aurais parié » je fais avec une petite moue enfantine au visage. « Ca fait mal… » je miaule presque alors que le rire me tiraille les côtes. Je m’exaspérerais presque. Quelques secondes plus tard, il m’administre le meilleur des remèdes ! Bien loin devant le paracétamol, la codéine ou la morphine, j’ai nommé… roulement de tambour: le bisou magique ! A cela, je ne peux m’empêcher d’échapper un léger rire. Puis, la minute d’après, je fronce les sourcils, pour sonder ma blessure de guerre, la douleur etc... à sa demande. Me fait-elle encore mal ? Attend, attend… « Waw, aussi efficace que le toucher royal des écrouelles ! » Je finis par m’exclamer d’un ton enjoué. « Merci » j’ajoute en déposant mes lèvres sur sa joue alors qu’il me demande ce que je fichais sous le lit. « Eh bien, en faisant le lit, les dés de Jamie avaient roulé en dessous » je réponds en affichant une mine désabusée. La fatalité. Les dés m’ont valu une bosse. Que demande le peuple… « Et toi ? J’ai cru comprendre que tu me cherchais ? » je demande, penchant la tête sur un côté un court instant avant de caresser doucement sa joue puis passer le bout de mes doigts sur ses cernes légèrement apparentes. « Tu es fatigué » j’affirme ensuite. « Tu vas bien ? » je m’enquis aussitôt, ma voix trahissant une très légère inquiétude. Mais, ca sonne étrangement comme un: t'es sûr que tout va bien ?

Malo me sourit alors que je vante les mérites de son pansement. Encore plus efficace que ceux des laboratoires mercurochrome. Si j’avais su que les bisous pouvaient tout régler, je me serais bien gardée de m’engager dans la médecine… Haha, impossible. Et, en réponse à cette pensée intérieure, j’hausse les épaules. Je le remercie en posant mes lèvres sur sa joue, et il me sourit. J’aime le voir sourire. Généralement, quand on sourit c’est que l’on est heureux, content, au moins. Sauf quand on est un merveilleux acteur, capable de dissimuler ses émotions et sentiments. Dans son cas, je ne pense pas que ce soit le cas. Et, personnellement, c’est quelque chose dont je suis totalement incapable. Bien, au contraire, chez moi, c’est l’effet inverse qui se produit. Je suis dans l’incapacité -totale- de les maitriser, les réprimer ou contrôler. Soit. Aussi, je me retrouve à effleurer du bout de mes doigts les fins traits du jeune homme lorsqu’il me dit avoir simplement eu envie de me voir. Un grand sourire lumineux, rayonnant, étire aussitôt mes lèvres. Touchée par sa sincérité, mes traits se déforment également en une petite moue. Puis, une de mes mains attrape l’une des siennes et la presse doucement. « Je suis contente que tu m’aies trouvée alors ! » je claironne, mon sourire ne délogeant pas. Après quoi, je m’aperçois des signes assez distincts laissés par la fatigue. Je m’enquis de lui demander s’il va bien. Il feint un sourire. Hum…comment dire, on ne me la fait pas à moi. Et, avant que je n’ai le temps de creuser plus ou de l‘ouvrir, il me demande un câlin. Un sourire franchit de nouveau mes lèvres. « Évidemment » je réponds avant de m’approcher, me hisser sur les pointes de pied et passer mes bras autour de son cou. Je peux tout à fait être une machine à câlins. J’aime bien les câlins en fait. Je suis plutôt affectueuse quand je veux. Aussi, je resserre légèrement mon étreinte, tâchant de me faire réconfortante. Si réconfort il voulait. Quelques minutes filent, peut être plus, je ne sais pas trop combien de temps on reste ainsi puis j’échappe dans un murmure. « Tu sais que tu peux tout me dire » Je préfère m’en assurer. Non, je ne le force pas à dire quoi que ce soit s’il n’en a pas envie. Je veux qu’il le sache. C'est tout.