Je tournais et tournais encore à travers les allées du labyrinthe. Je ne m’en sortais clairement pas. Je devais me résigner à l’admettre : j’étais perdue. Pourtant non, je ne voulais pas l’admettre. Mon cerveau avait mémorisé le moindre chemin que j’avais emprunté et j’étais normalement capable de me sortir de là en un clin d’œil. Ca me prenait sérieusement là tête. J’avais envie de crier. Quoi ? Ah oui, j’étais déjà en train de le faire… « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » Ma voix perçant du faire fuir les quelques oiseaux qui ne s’étaient pas encore enfuit à mon premier passage. Visage refermé, mâchoires serrées, depuis la fin du prime, j’étais comme une cocotte minute prête à explose. Nous n’étions que mardi, je crois que je n’étais pas prête à le faire... où en tout cas si j’explosais là immédiatement, les autres candidats allaient en chier. Malheureusement pour eux parce que jusque là j’étais très sympa. Au maximum du maximum de ma sympathie. Le nec plus ultra de la gentillesse Irènienne. Je finissais par me calmer un peu, serrant tout de même les poings, quand les feuillages à côté de moi se mirent à bouger. Je fronçais les sourcils, retenant quelques secondes mon souffle. J’hésitais entre passer ma main à travers l’arbre pour le frapper, ou me reculer au cas où il s’agirait de tout autre chose que d’un candidat malheureux. J’optais pour me reculer, ne perdant pas de vu le trou dans le mur de feuille non loin de là.

Pour cette nouvelle semaine, je me suis lancé plusieurs défi : buzzer certains candidats, en traquer d’autres pour essayer de démasquer leur secret, gagner en popularité, m’amuser plus que jamais bien sûr mais également gagner en orientation. Car oui, niveau orientation je suis une quiche. Je pourrai me perdre dans une banque, c’est pour dire. J’ai en effet tendance à facilement oublier les chemins précédemment pris. Et je sais que c’est une question d’observation. J’ai dû mal avec cela. Enfin tout dépend. Je peux être un excellent observateur quand j’en ai envie. Néanmoins, avec des lieux inconnus, c’est différent. Ma mémoire ne retient pas du premier coup. Je suis obligé de la faire travailler. Alors voilà mon objectif du jour. Et quoi de mieux pour faire travailler ma mémoire que le labyrinthe. Aujourd’hui, pas de petit poucet qui tienne. Je me focaliserai sur le plan qu’on m’a donné. Un plan du labyrinthe que j’arrive à suivre à la perfection pour l’instant. Et.. oh ! J’entends du bruit. Je décide alors de me cacher dans le buisson d’à côté discrètement afin d’espionner ce qu’il se passe. Je constate alors la présence d’Irène. Apparemment, elle vient de pousser une gueulante toute seule. Hum. Bizarre celle-là. « Bouhouhou, ici grand-mère feuillage. Saches que la parole apaise la colère. » J’emprunte une voix aigue et ne ressemblant pas à mon timbre. Je me recule alors un peu de peur que la candidate découvre mon identité.

Alors que les feuilles bougèrent, je me reculais comme une peureuse. Sérieusement, il devait s’agir d’un simple oiseau qui, comme les autres, voulait s’en aller en me voyant piquer ma grosse colère. Pourtant, mon petit doigt me disait tout de même que, ce qui se trouvait derrière le mur végétal, relevait plus de l’humain que de l’animal. Quoique… Oui, j’étais presque sûre de voir débarquer un candidat ou une candidate, toute heureuse – évidement - de me voir là, à travers l’ouverture. Non parce que ma voix portait un petit peu tout de même et quelqu’un aurait pu croire à une blessure, ou à un problème quelconque. « Bouhouhou, ici grand-mère feuillage. Saches que la parole apaise la colère. » Je roulais des yeux, détendant mes épaules. Je le savais bien que quelqu’un viendrait me faire chier, alors que j’étais complètement perdue dans le labyrinthe. Je fis alors quelque pas vers le buisson, sans pourtant pouvoir voir qui pouvait se cacher sous cette voix inaudible. Je lâchais un soupire avant de déclarer : « Grand-mère feuillage… tu m’entends ? Si tu te casses pas tout de suite, je vais te faire bouffer tes feuilles, jusqu’aux racines ! » Ouai, je n’avais envie de voir personne cette semaine. J’avais envie de tous les voir dégager de ma vue. Que l’on ne m’adresse pas la parole. Je savais bien que ce n’était pas forcément la bonne attitude à adopter, mais c’était pourtant la mienne.

Me voilà caché dans les buissons du labyrinthe, espionnant Irène exprimer sa colère par le cri, et lui donnant ensuite des conseils de manière anonyme. Un peu comme si les feuillages parlaient. Mais évidemment, la blonde m’ordonne de me dévoiler et de sortir des buissons via la menace. Cela me fait évidemment plus rire qu’autre chose. « Qui sème le vent, récolte la tempête. » Bon, faudrait peut-être que j’arrête avec mes citations à deux francs cinquante. Mais ça m’amuse en même temps. Puis ce ne sont pas de mauvais conseils que je donne, au contraire. Je me mets presque dans la peau de l’arbre de Pocahontas. Ah merde ! Je suis plutôt censé être John Smith. Power rangers, transformation. Je brandis devant Irène immédiatement. « Bon, tu vas me dire ce qui cloche maintenant ? » Je me place devant la blonde et la regarde d’un air intimidant mais j’emprunte un ton doux et rassurant. J’ai horreur de voir les personnes que j’apprécie aller mal.

« Qui sème le vent, récolte la tempête. » Effectivement, c’était exactement ce qu’il était en train de faire et la prochaine tempête portera le prénom d’Irène. Non sérieusement, la personne derrière se buisson risquait un grave danger s’il restait là… et finalement, j’avais toujours cette force de persuasion incroyable, puisque Santiago arriva devant. C’était lui, sérieusement ? Il avait beau faire partie des rares candidats que je supportais, j’avais absolument aucune envie de compagnie. Surtout pas en commençant comme il l’avait fait. « Bon, tu vas me dire ce qui cloche maintenant ? » Il était planté devant moi, j’étais quasi-certaine qu’il était sur de lui : j’allais lui parler tranquilou… sauf que je ne racontais jamais mes misères… alors j’allais jouer. Même si je n’étais pas d’humeur… Je baissais la tête, avec une petite moue. « Je suis perdue… » Lui répondais-je, avec une petite voix triste.

Il faut admettre qu’Irène, la dernière candidate arrivée dans le château, est un sacré phénomène. Dès le début, elle a su capter l’attention de l’ensemble des candidats. Si elle n’a pas forcément fait bonne impression auprès de tout le monde, elle a au moins marqué les esprits. Chose importante pour se faire une place parmi les candidats et surtout gagner en popularité. Je connais bien ça puisque moi aussi j’ai dû frapper fort les premières semaines pour me faire remarquer. Mais bien entendu tout était différent pour moi puisque mon enjeu était de me faire remarquer en tant qu’acteur. Voilà. Cela ne change toutefois pas le fait que j’apprécie Irène. Quoi qu’elle ait à cacher, j’admire sa personnalité. Un petit bout de femme, délirante, fonceuse, et un brin diabolique. Bien plus intelligente qu’elle ne le laisse paraître. Et ça, je l’ai vite compris. D’ailleurs, je ne crois pas une seconde à sa comédie quand elle m’avoue se sentir perdue. « Dans ce cas, je vais te faire retrouver le droit chemin. » Je réduis sans plus attendre la distance séparant nos deux corps pour déposer mon bras autour de son cou et mes lèvres, avec fougue, sur les siennes. « Ça va mieux ? » Un sourire en coin prend place sur mon visage tandis que mes yeux se perdent dans le décolleté de la demoiselle.

Finalement je me laissais avoir. Je n’avais nullement envie d’être avec quelqu’un en ce moment précis, mais savoir qu’il s’agissait de Santiago était une bonne chose en soit. Je l’appréciais autant que je savais le faire alors après tout, valait mieux lui qu’un Hamad ou qu’une Valentina. Mais je restais sur mes positions : s’il me faisait chier, je lui ferais quand même bouffer les feuilles des buissons à défaut de lui faire bouffer ceux de grand-mère feuillage. Alors pour ne pas faire d’histoire, je lui dis alors que j’étais perdue. En fait réel puisque j’étais véritablement perdue, mais je ne pouvais pas m’empêcher de jouer la comédie. C’est un acteur après tout, non ? « Dans ce cas, je vais te faire retrouver le droit chemin. » Je relevais ma tête, toujours avec cette petite moue mignonne que l’on ne me connaissait pas, pour sur puisqu’elle n’était pas dans la palette de mes expressions habituelles. Je le regardais alors s’approcher de moi, me demandant ce qu’il comptait faire… et je fus vite fixée en sentant ses lèvres contre les miennes. J’ouvris largement mes yeux, vraiment étonnée, lorsque ses lèvres quittèrent les miennes. Je pris alors une expression faussement gênée. « Ça va mieux ? » Je secouais ma tête de droite à gauche. C’est-on jamais, si je lui disais que non, il continuerait peut-être à m’embrasser… Mais voilà qu’il matait sérieusement mes seins. Je mis alors une main à ce niveau pour me cacher. « Oh ! Je suis choquée ! » Mes yeux s’arrondirent. Je lui mis une sorte de baffe, ouai une sorte parce qu’il n’avait pas du sentir grand-chose. Quoi, on n’y croyait pas ? Je suis une bonne actrice pourtant et je pensais que ma reconversion après le Crazy Horse aurait pu être celle-ci : devenir actrice. « Mais non, ça ne va pas mieux ! » Finissais-je par répondre, baissant de nouveau ma tête.