keelan

Y’a des personnes qui ressentent un besoin de se confesser, de faire part au monde entier de leur état d’âme. On en a rien à foutre bien franchement. Mais comme pour contredire tout ce que je pense en temps normal, je me décide à me rendre à la cabane en bois. Ce qui se dit dans cabane reste privé. Entre moi et les millions de téléspectateurs. Et puis je dois avouer que je n’ai pas trop le moral ces derniers temps. Déjà que j’ai été malade tout le week-end passé, là, c’est plus une baisse de motivation. Pourtant, le désir du jeu, de gagner, est toujours aussi présent. C’est ancré en moi. Y’a rien ni personne qui me fera changer. J’entre dans la cabane, légèrement blasée, m’écroulant sur le fauteuil dans la pièce. Je regarde la caméra un moment, la fixant un moment sans ne rien dire. Tic, toc, tic, toc. Le temps passe et je reste silencieuse. Je peux aussi rester ici, sans ne rien dire et attendre que les minutes s’écroulent. « Il fait chier votre jeu. » finis-je par lancer à la caméra. Voilà, y’a pas plus clair. C’est exactement ce que je pense en ce moment. « En venant ici, je pensais pouvoir pousser mes limites encore un peu plus loin. Je pensais m’amuser sérieusement. Je pensais même pouvoir ressentir ce sentiment... cette chose qui te prend aux tripes, qui te fait perdre tous tes moyens. Parce que je ne sais pas si vous comprenez le sens de mes paroles, y’a rien qui peut décrire ce sentiment en fait. » Je me perd un peu. Je devrais peut-être arrêter de parler. Mais je suis sur ma lancée tout de même. « Et les gens ici... Ils ne prennent conscience de rien. Ils ne voient pas la vie de la bonne façon. Ça m’énerve. Ils ne me voient pas de la bonne façon non plus. Ils ne me voient pas comme elle pouvait me voir. Mais de toute façon, tout ici reste superficielle. Ce qui me fait rire, c’est ceux qui prétendent avoir de réels émotions dans cette émission. Non mais quelle bande de cons ! Tout est contrôlé ici ! Dans la vrai vie, ils n’auraient peut-être même pas porter attention à la personne qui se trouve à leur côté. » affirmais-je en m’emportant légèrement. Je sais même pas pourquoi je dis tout ça. Peut-être un peu de frustration personnelle face aux candidats qui m’entourent dans ce château. Puis j’entend un bruit. Une sorte de craquement. Je fronce les sourcils, me figeant instantanément. Je me lève subitement pour avancer vers la porte et me rendre compte qu’elle était mal fermé. Fuck. J’ouvre la porte dans un geste brusque pour me retrouver face à face avec Keelan. Le con. Il écoute aux portes maintenant. « Vas voir ailleurs si j’y suis. » dis-je sèchement, lui tournant le dos pour retourner m’asseoir sur le fauteuil, bien décidé à rester silencieuse maintenant.

L’inconvénient d'avoir toujours son secret à protéger, c'était qu'on ne pouvait en parler à personne. Alors que parfois, j'aurais bien envie de me confier. Mais c'était impossible, si je désirais le conserver. Alors de temps en temps, une fois par semaine, je me rendais à la cabane en bois, pour communiquer avec la caméra. Qui ne me répondait pas évidemment. Mais c'était aussi l'occasion de laisser des messages à ma famille et proches. En arrivant, je me rendis compte que la porte était légèrement entrouverte, et je pouvais entendre une voix provenant de l'intérieur. Il me semblait bien que c'était celle de London. Loin de moi l'idée d'écouter aux portes. Ce n'était pas mon genre. Pourtant voilà que je restais, allez trop savoir pourquoi. Je saisi quelques bribes de paroles. Me rendant compte que c'était mal, je m'apprêtais à tourner les talons, lorsque justement London ouvrit brusquement la porte. Grillé. J'eus le droit à un charmant accueil. « Vas voir ailleurs si j’y suis. » Décidément, encore une de mauvaise humeur.  « Qu'est ce que vous avez toutes cette semaine ? Vous avez vos menstruations en même temps ou bien ? » Irène, Laoise, maintenant elle... Bref, pensez bien que je n'allais pas partir. Pas après ce que j'avais entendu.  « Le problème c'est qu'ailleurs je ne te trouverais pas. » Logique, donc je devais rester ici.  « Si tu veux te confier, tu peux parler à une vraie personne. » Genre, moi.

« Qu'est ce que vous avez toutes cette semaine ? Vous avez vos menstruations en même temps ou bien ? » Je lève automatiquement les yeux en l’air en entendant cette phrase typiquement masculine. À croire que lorsqu’une femme avait un peu trop de caractère cela signifiait qu’elle n’était pas dans la bonne semaine du mois. Ridicule. Je ne dis rien, ce genre de phrase ne méritait même pas qu’on s’y attarde. Et je crois que j’étais beaucoup trop en colère sur le coup pour dire quoi que se soit. De toute façon il enchaîna. « Le problème c'est qu'ailleurs je ne te trouverais pas. » Ouais, c’était justement pour cela que je lui demandais d’aller ailleurs. Pour ne pas me retrouver dans la même pièce que lui. Il est idiot ou quoi. Non, je crois qu’il veut simplement me faire chier. Et qu’il soit content, parce que ça fonctionne. Mais je ne le lui laisse pas voir. Cela serait beaucoup trop facile, bien que mon énervement soit difficile à cacher. Je soupire donc, comme à mon habitude. « Si tu veux te confier, tu peux parler à une vraie personne. » La bonne blague. Justement, je souris automatiquement, me retenant pour ne pas éclater de rire devant lui. J’ai l’air d’une personne qui se confie ? Les seules confidences que j’ai fait ici, c’est Slavin qui les a entendu et je regrette. « T’es pas sérieux là ? Je vais me confier à toi seulement si tu me dévoiles ton secret. » Ce qui signifie jamais, en quelque sorte. Parce que je doute qu’il soit prêt à me balancer ce qu’il cache simplement pour en apprendre un peu plus sur moi. Je me retourne donc pour lui faire dos et reprendre ma place dans le fauteuil. Il n’a pas l’intention de partir, je le vois bien dans son regard, alors autant nous installer confortablement. « T’as tout entendu ? » demandais-je sérieusement, ne laissant plus voir mon agacement, même si je la ressentais toujours. Je ne me souvenais même plus ce que j’avais bien pu raconter. Mais il y avait certaines choses dont j’étais certaine d’avoir prononcé et que j’espérais qu’il ne relèverait surtout pas.

« T’es pas sérieux là ? Je vais me confier à toi seulement si tu me dévoiles ton secret. » Au moins j'aurais essayé hein. Il n y avait pas moyen de parler avec ce genre de personne, c'était terrible. Jamais à l'abri de vous faire envoyer promener.  « Tu sais, ça peut faire du bien de se confier, plutôt que de garder tout pour soit » M'enfin je ne lui apprenais rien là, et ça allait sûrement tomber dans l'oreille d'une sourde. En tout cas, évidemment que je n'allais pas lui donner mon secret. Il faudrait être bien fou. Elle me demanda ensuite si j'avais tout entendu.  « Non, des bribes. C'est qui, qui ne te regardait pas de la même façon que nous ? » Oui, j'avais entendu cette partie. Encore une fois, je doutais qu'elle daigne me répondre, m'enfin...Qui ne tentait rien, n'avait rien. Surtout, j'étais persévérant comme type. Je me mettais au défi de tirer quelque chose de cette demoiselle. Et pas pour récolter des informations sur son secret non. Mais parce que je m'intéressais réellement aux gens, et oui.

Désolée, c'est nul