feat laoise

Je déteste cette chapelle, parce que je déteste Dieu, Jesus et toute cette connerie de religion. Mais si je déteste cette chapelle c'est parce que j'suis attiré vers cet endroit, toujours, tout le temps. Et j'déteste ça, j'déteste me réfugier ici lorsque ça va mal, et aujourd'hui, ça va particulièrement mal. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je me sens mal. J'ai pris mon chapelet, il est là au fond de ma poche, ce petit chapelet que mon père m'a fabriqué quand j'étais gosse. Il est là, et j'passe mes doigts dessus, comme pour essayer de me rassurer sauf que ça ne fonctionne pas. Mais ça ne m'étonne pas parce que ça ne fonctionne jamais. J'sais pas pourquoi j'perds mon temps ici. J'en sais rien, pourtant j'suis là, devant ce christ de malheur entrain de murmurer une prière dans un dialecte étrange. De vieux restes, un réflexe étrange. En plus ça ne fonctionne jamais parce que j'dois pas bien le prononcer. Je soupire et pivote sur moi même pour sortir lorsque je vois Laoise. « Bonjour Sexy Lady. » Allez souris maintenant Slavin, sois sociable et souris. « Tu es venue prier ? Tu veux que je te laisse peut être ? J'peux très bien partir tu sais... » Dit de cette manière, on aurait vraiment l'impression que je ne tiens pas à être ici, c'est un peu le cas à vrai dire, mais pas parce que Laoise est là, non, c'est ancré plus profondément. Et en réalité, j'préfère être ici, avec elle, qu'ici tout seul, y'a pas photo. C'est clair.

Elle avait envie de bouquiner. Et lorsqu'elle désirait se plonger dans un bouquin, elle tâchait à chaque fois de trouver un endroit calme et vide de monde. Autant dire que dans ce château, cela relevait assez de l'exploit. Elle se balada dans les couloirs avant de se décider pour la chapelle, un endroit qui ne devait pas être des plus prisés par les candidats. Non, ils avaient sans doute peur que Dieu fasse tomber la foudre sur eux. Haha, ouais, elle était très très drôle, elle le savait. Quoi qu'il en soit, le détail du créateur en colère n'avait, apparemment, pas arrêté Slavin. « Bonjour, mon photographe préféré. » Haha, ce n'était pas trop dur elle ne connaissait pas vingt-cinq milles photographes. Elle en avait rencontré une, il y a quelques mois de cela et ouais, ça avait bien collé mais vous savez, les amis, ça va, ça vient... Bref, c'était très inapproprié de penser à ça, là. Surtout quand Slavin lui demandait si elle comptait prier. Qu'il ne s'inquiète pas à ce sujet, Laoise n'était pas branchée religieux. Elle avait dû fréquenter une église, genre... allez, disons deux ou trois fois et à chaque fois, c'était parce que sa présence avait été indispensable. Haha, ouais. Que de bons souvenirs. Hurm. Passons. « J'ai décidé de laisser le monsieur barbu tranquille aujourd'hui, donc, tu peux rester, tu ne me déranges pas. » Elle esquissa un sourire. Non, il ne la dérangeait vraiment pas. La chapelle, c'était un lieu tranquille, c'était surtout pour ça qu'elle y venait, pas pour autre chose. « Hm, cela dit, je ne te dérange pas, moi ? » Après tout, lui aurait très bien pu être en train d'avoir une conversation quelconque avec Dieu, elle n'en savait rien alors autant se mettre au courant hein, elle ne voudrait pas l'embêter.

J'sais pas si c'est la présence de Laoise en ce lieu saint mais je me sens déjà mieux, la première, elle vient de me faire sourire alors que ce n'était pas gagné en entrant ici. Bah non, si cet abruti de tout puissant prenait mes demandes en cause aussi, sauf que non, forcément, il ne m'écoute pas. Il ne m'écoute jamais. Il ne faut pas qu'il s'étonne si préféré le fuir, si j'ai décidé de ne pas vouer ma vie à type qui n'en a que faire de votre misérable existence. Parce que c'est bien son cas, il s'en branle pas mal de vos soucis, ou de vous prendre les membres de votre famille aussi jeune soit-il. Bon, bref, je m'égare là j'crois. Surtout que Laoise vient de me gratifier du titre de photographe préféré. Je fronce les sourcils. « Je suis sûr que j'suis le seul que tu connaisses. » Je lance, non sans sourire légèrement, bon peut être pas mais au pire, elle me le dira et mon sourire s'agrandira et on en parlera plus. J'vais pas me vexer pour ça de toute façon. Tout naturellement, je lui demande si elle vient prier, c'est un peu l'utilité de cette pièce, si tant est qu'on puisse la qualifier ainsi, sauf que, j'suis pas sûr qu'elle soit utilisé dans ce but. La preuve. « Tu crois qu'il a une barbe Dieu ? Jesus oui, mais le grand bonhomme, tu crois qu'il en a une ? » Ne me regardez pas comme ça, j'suis carrément sérieux, et j'pense que c'est ce qui fait le plus peur. « D'accord je reste. » Elle me retourna la question ce était tout à fait naturel, bien évidemment. « Oh non, il ne m'écoute jamais de toute façon, ça sert à rien que je m'évertue à lui parler. » J'hausse les épaules, au moins elle , elle m'écoutait.

Non, mais regardez-le un peu, avec ses suppositions hasardeuses. Bien sûr que non, il n'était pas le seul photographe qu'elle connaissait, voyons. Enfin, tout dépendait aussi de ce qu'il souhaitait dire par « connaitre ». Parce que de nom, elle devait bien connaître quelques personnes dont le métier était la photographie. Oui et puis, elle devait avoir des connaissances – les amis de l'ami d'un ami de sa cousine, sans doute – qui étaient, eux aussi, dans le milieu de la photographie. Après, il est certain que si Slavin, enfin, Evan, signifiait une personne proche d'elle, genre un ami, là, ouais, il n'avait pas tort. « Mais non, voyons, j'en connais des dizaines et des dizaines. » C'était peut-être bien un mensonge, oui. Oh mais ce n'était que pour souligner le fait qu'il restait quand même son préféré. Adorable, n'est-ce pas ? Et là, question existentielle. Dieu avait-il une barbe ? Alors, là, bonne question. « J'en sais rien, je l'ai jamais rencontré. » Observez un peu l'humour de Laoise, s'il vous plait. « Mais je suppose qu'à cette époque-là, ils n'avaient pas de rasoirs, non ? » Bien sûr, Laoise, bien sûr. De toute façon, Dieu, il pouvait bien faire tout ce qu'il voulait, n'est-ce pas ? Même si cela voulait dire voyager dans le futur pour se munir d'un rasoir, pas vrai ? Allez savoir. Ouais, l'irlandaise avait une façon bien à elle de voir la religion, hein, clairement. Qu'importe. D'après que le bonhomme était un enfoiré, de toute façon. La preuve, il ne prenait même pas la peine d'écouter Slavin, euh, Evan. Promis, cette histoire de prénom allait finir par rentrer dans la petite tête de Laoise. « C'est vraiment pas sympa de sa part, il pourrait au moins faire un effort. » Rien qu'un flemmard, celui-là. Tss. « Et sinon, Evan, » Haha, vous voyez que ça finissait par rentrer. « à part le monsieur qui ne t'écoute pas, comment ça va, ces temps-ci ? » Cela faisait quelques temps qu'elle ne lui avait pas réellement parlé, autant se mettre au courant des nouveautés, pas vrai ?

Elle ne semble pas du tout d'accord avec mon affirmation, puisqu'elle n'hésite pas à surenchérir prétendant connaître des dizaines et des dizaines de photographes. Et bien, quand même. C'est rare, j'sais pas si c'est vrai, et si elle les "connait" réellement en tout cas mon sourire réapparaît sur mon visage. « J'prends ça pour un compliment dans ce cas... » Bah ouais, si malgré la dizaine et dizaine de personnes qu'elle connait j'suis son préféré, c'est plutôt un compliment non ? Et puis, peut être qu'elle exagère, mais on s'en fiche non ? Ouais, moi en tout cas je m'en fiche, j'prends ça comme ça vient, et tant pis, elle n'en pense pas moins. Na ! Et là, j'sais pas d'où ça sort, mais arrive ma question tordue et stupide. Bah oui, mais Laoise ne se laisse pas démonter, en revanche, j'peux pas m'empêcher d'ouvrir la bouche en grand. Genre super étonné, ouais ouais. « Jamais ? Genre, jamais de la vie ? J'suis choqué, hier encore j'ai bu une bière avec lui. » Mais là c'est con parce que ça voudrait dire que j'sais s'il a une barbe ou non. Et d'ailleurs peut être que je le sais depuis toujours, et peut être que je lui ai demandé ça juste pour savoir si elle le sait ou non. Ce serait plutôt malin vous voyez ! Elle dit ensuite qu'il n'avait pas de rasoir, je la regarde perplexe. « Sauf que t'oublie un truc, c'est censé être le maître suprême lui. Alors, il a tout, même la wifi, et depuis des siècles, j'suis sûr. Mais c'est un égoïste dans son genre, alors, au lieu de partager, t'sais lui il a attendu qu'un galérien découvre tout par lui même. » Je soupire, façon mec totalement blasé. Ouais, j'raconte dix milliards de conneries à la seconde et alors ? C'est mieux que de se morfondre comme je le faisais jusqu'à présent, parce que au final c'est rien. Et en plus, j'ai conscience de parler dans le vide. Remarquez puisque j'viens de le traiter d'égoïste, y'a même plus aucune raison qu'il ne m'écoute alors bon. « Un effort ? Pourquoi faire ? Y'a des tas de gens qui le vénèrent, il a rien a prouver, c'est lui le plus intelligent finalement. » Ouais, des tas de gens comme mes parents, ma famille entière, et tous les gens que j'connaissais avant. Tous des barbus soit dit en passant. Ca doit être un signe ça non ? Bref. « Bah écoute, ma petite Laoise, ça va plutôt bien, j'ai pas à me plaindre, enfin hormis le faite que j'sois pauvre comme les blés, et aussi le fait que Cupidon soit du genre radin sur les bords. Mais ça va, et toi ? » Même si elle et moi ne nous étions pas trop parlé ces temps-ci, j'avais remarqué qu'elle n'était pas en super forme alors, j'osais espérer qu'elle allait bien mieux maintenant.

En soit, ce n'était pas vraiment un mensonge. Non, du tout. Elle en connaissait de nom, des photographes. Elle pouvait donc affirmer que Slavin/Evan restait son favori. Elle n'avait pas vu énormément de son travail, mais eh, peu importe, non ? Elle s'en fichait, il restait son photographe préféré et puis, c'est tout. Donc, oui, il pouvait prendre ça comme un compliment, bien entendu. Par la suite, ils discutèrent du grand monsieur, là-haut. Avait-il une barbe, ou pas du tout ? Sincèrement, si Laoise s'était plongée un jour dans la Bible, elle le saurait sûrement mais puisque ce n'était pas le cas... Eh bien, elle ne savait pas s'il était barbu ou non. Et puisqu'elle ne l'avait jamais rencontré, en plus de ça, hein... Slavin, punaise Evan, lui, avait eu un petit rencard avec lui. Attendez, quoi ? Il avait bu une bière avec lui ? Au tour de Laoise d'adopter une mine surprise et totalement sur-jouée. « Je l'ai invité pour en faire de même de mon côté, il m'a dit qu'il n'aimait pas la bière. Ce menteur ! » Il devrait même avoir honte d'avoir osé mentir à Laoise, elle qui était constamment si adorable, gentille, parfaite. Hm, pardon, elle s'égarait. Et comme il le disait, Dieu, il pouvait bien faire tout ce qu'il voulait, il était tout puissant, tout ça. C'était une enflure, en fait. « Ou alors, c'est un sadique qui adore regarder les gens galérer. » Y a de grandes chances, oui. Dieu était un putain de sadique, en fait. Voilà pourquoi il y avait les guerres, la famine, la pauvreté, tout ça. De toute façon, le bonhomme, il était tranquille. Comme le disait Evan, tout le monde le vénérait, l'adulait, croyait en lui alors, au fond, il avait juste à être là et à se pavaner, rien de plus. Non, ils ne partaient dans du tout dans un grand délire, pas du tout. « T'as bien raison, il a juste à se la péter maintenant. Ah, c'est certain, je ne l'aime pas, celui-là. » De toute façon, ce n'est pas comme si Dieu était un fan de Laoise hein, elle en doutait franchement. Enfin bref. Pourquoi ils parlaient de lui, de toute façon, hm ? Clairement, il y avait bien plus intéressant à dire. Par exemple, ils pouvaient discuter de lui. Eh bien oui, pourquoi s'en priver ? Alors, comment allait-il ? Bien, donc. C'était une bonne chose. Bien qu'il était dépourvu de cagnotte et de secret, mais ce n'était que secondaire tout ça, non ? Bien sûr que ça l'était, du moment que le moral allait hein... Il lui retourna la question. « Je vais bien, tout va bien dans le meilleur des mondes. » Absolument tout. Elle en faisait trop ? Mais non, voyons, absolument pas. Ce n'était que la stricte vérité. Ou presque, mais peu importe, elle n'était pas là pour se confier ou quoi que ce soit. « Ça fait du bien d'avoir repris ta véritable identité ? » Parce que Laoise était vraiment ultra perturbée par ça, sérieux. Elle avait l'impression d'avoir une personne totalement différente devant elle, juste parce qu'il avait retrouvé son véritable prénom, c'était étrange.