ft. keelan

Était-il possible qu’un seul prime se termine sans drame, pour une seule fois dans cette aventure? Depuis quelques semaines, semble-t-il que c’était mission impossible. Il y avait toujours ce petit quelque chose pour venir ruiner ma soirée, et une bonne partie de mon début de semaine, de toute évidence… Je digérais mal le départ d’Ennio. Terriblement mal. Mais j’avais cette impression que l’on avait tous perdu quelqu’un qui nous était cher, ce soir. Que ce soit Ennio pour certains – dont moi -, Evadne ou AJ pour d’autres. Laoise, après s’être assuré que je supportais le choc, s’excusa pour aller consoler son partenaire, et je la saluais, avant de prendre à mon tour la poudre d’escampette pour me sauver du château pendant quelques instants. Une heure ou deux, peut-être même toute la nuit. Je n’en avais aucune idée, en fait. La seule chose dont j’étais clairement consciente, c’est qu’on me suivait. Et sans même avoir à me tourner, je devinais l’identité de mon poursuivant. Surtout qu’il avait tendance à être sur mes traces dès qu’un prime prenait fin, dernièrement. Peut-être s’inquiétait-il seulement pour mon bien-être, ou voulait-il agir à bien en veillant sur moi, alors que je comptais me poser quelque part pour cuver ma peine. La cabane en bois, assurément vide à cette heure, s’imposa à mes esprits, et je bifurquais sans hésitation vers le lieu reculé, au fin fond du parc. En arrivant tout près de la porte, je me retournais enfin pour faire face à Keelan, qui mit quelques secondes pour me rejoindre. Aucune surprise, vraiment, de le trouver à ma suite. Mais je le prévins bien vite. « Si tu veux rester, libre à toi… mais je ne serai pas de bonne compagnie. » Non, vraiment, là, pour l’instant, je n’avais envie que de pleurer un bon coup et maudire tous ceux qui avaient laissé partir mon tendre ami. Je pénétrais donc dans la cabane, laissant la porte ouverte derrière moi, me doutait que cet avertissement n’arrêterait pas le candidat, puis allait m’installer sur l’un des sofas, repliant mes jambes afin de coincé mes genoux entre mes bras, tout contre moi.

Ce prime, avait été une fois de plus, riche en émotions. Avec une nouvelle élimination surprise à la clé. Complètement injuste si vous voulez mon avis, partir ainsi, sans même faire face au public...Il y aurait de quoi avoir les boules. Bon, personnellement je n'avais pas à me plaindre, je n'étais pas proche d'AJ, alors son départ ne m'affectais pas vraiment. En revanche tout ceci avait eu de quoi me faire stresser quelques peu, car je n'aurais pas voulu voir partir Irène. Probablement étais je un des rares à m'être inquiéter pour son sort, m'enfin en attendant, j'étais soulagé qu'elle soit toujours là. Quant aux autres éliminations qui s'étaient déroulées à la loyale, et bien disons que ça ne m'attristais pas non plus énormément. J'appréciais beaucoup Ennio, mais ce n'était pas mon big pote. Ceci dit, j'aurais préféré le voir rester. Ne serait ce que vis à vis d'Anabel, parce que je savais que ça la peinerait beaucoup. Et moi si il y avait bien une chose que je n'aimais pas, c'était voir les gens à qui je tenais tristes. Et forcément, avec le départ d'Ennio, ça n'y manqua pas. De loin, je vis bien la réaction d'Anabel... Je me levai pour aller à sa rencontre, lorsqu'elle disparu du plateau. Rhaa mais ce n'était pas possible. Pourquoi fallait il toujours qu'elle s'éclipse du prime à la vitesse de la lumière ? Je voulais l'intercepter avant qu'elle ne prenne la poudre d'escampette, mais raté. Mademoiselle était passé maître dans l'art de s'enfuir en catimini. Conclusion : me voilà une nouvelle fois à lui courir après. Enfin c'était une expression, je ne courrais pas réellement. Néanmoins tout ceci ressemblerait presque à une filature. Je l'avais perdu un instant, à l'extérieur du château. Je réfléchis alors où elle aurait bien pu aller... La cabane en bois. Un lieu isolé. Je tentai ma chance en prenant le chemin, et oui, je tombai nez à nez sur elle. « Si tu veux rester, libre à toi… mais je ne serai pas de bonne compagnie. » me prévint elle.  « Je pense que je devrais pouvoir le supporter » Ce n'était pas ça qui allait me rebuter. De toute manière, je n'étais pas forcément de super compagnie moi aussi. J'avais toujours encore l'histoire de Tweedy en travers de la gorge. Je m'installai à ses côtés.  « Viens » fis je en passant mon bras autour de ses épaules, pour l'inciter à se blottir contre moi.  « Je suis désolé pour Ennio »

Pendant un court instant, très bref moment je dirais même, j’ai cru que Keelan avait lâché l’affaire, et il qu’il avait renoncé à me suivre. Mais non, quelques instants plus tard, il est là, presque fidèle au rendez-vous. À croire que nos rencontres d’après-prime sont un rendez-vous qu’il ne peut manquer, ni ne veut. Malheureusement, et plus souvent qu’autrement, je ne suis pas d’humeur. Deux fois sur trois, dirons-nous. Et même si cette fois-ci, je tente de le prévenir de fuir avant qu’il ne soit trop tard, je sens qu’il ne lâchera pas l’affaire pour autant. « Je pense que je devrais pouvoir le supporter. » m’annonce-t-il, et avoir besoin d’en entendre plus, je me glisse à l’intérieur de la cabane, allons trouver refuge sur le grand sofa qui sert aux confrontations. Il y avait un bon moment que je n’étais pas venu en ces lieux… et à vrai dire, la dernière fois avait été en compagnie d’Ennio. Je sens une boule se former dans ma gorge, et doucement, les larmes viennent me piquer les yeux. À mes côtés s’est installé le candidat, et je sens ses bras entourer mes épaules, alors qu’il m’attire doucement contre lui. « Viens. » Je n’ai même pas besoin de me forcer pour lui tomber dans les bras, en proie d’une tristesse qui m’assaille à nouveau. Qui aurait cru que je m’attacherais autant à quelqu’un, en ces lieux. En fait, c’était à prévoir, vu mon tempérament. Je fais trop confiance aux gens, je leur tout l’amour que j’ai… et au final, lorsqu’il me quitte, je m’en retrouve blessée, abandonnée. « Je suis désolé pour Ennio. » Nouveau sanglot, et n’ayant point envie d’afficher mon chagrin à tous ces regards curieux qui sont rivés sur nous, derrière ces caméras, je cache mon visage dans le creux du cou de Keelan. Je ne dis rien, je n’ai pas la force de dire quoique ce soit, de toute façon.

Si Anabel me prévenait qu'elle serait de mauvaise compagnie, au moins ne me rejetait elle pas. Parce qu'elle aurait pu tout à fait me demander de partir, désirant être seule. Ce que je pourrais comprendre. Puis elle devait sûrement en avoir marre de ma présence. Peut être n'osait elle tout simplement pas me dire de dégager, parce qu'elle était polie. J'espérais quand même ne pas être si dérangeant que ça. Je m'installai alors à ses côtés, et l'incitais à venir se blottir contre moi, dans un geste de réconfort. Je ne pouvais pas faire grand chose pour que sa peine disparaisse, si ce n'est être là. Les larmes perlaient à ses yeux, et Anabel vint nicher son visage dans mon cou, comme pour se cacher. Je passai ma main dans ses cheveux, et la caressai doucement. « Tu le reverras sûrement à ta sortie tu sais. » dis je doucement. Ouais bon, ça elle le savait déjà, m'enfin. Que dire d'autre ? Rien, voilà pourquoi je me tus, n'ajoutant rien de plus. Continuant de lui caresser la tête.

Ma tactique pour lui faire tourner les talons et repartir dans l’autre sens, m’abandonnant à mon sort, ne fonctionne visiblement. Il faut dire que je suis loin d’être très crédible quand vient le moment de chasser les gens autour de moi. Et puis, la solitude, ça ne me va pas très bien, je l’ai même démontrée à maintes reprises par le passé. Je suis presque… soulagée, à vrai dire, qu’il décide de rester. Au moins, j’ai trouvé une épaule sur laquelle pleurer. Et je ne m’attendais à rien d’autre de la part de Keelan. Ses bras m’accueillent dès qu’il s’installe sur le sofa, et je m’y faufile comme si c’était la chose la plus naturelle à faire. Nul besoin de parler. Sa main, doucement, caresse mes cheveux, dans un geste attendrissant. Et moi, je sanglote de plus belle. C’en est presque pathétique, je vais devoir me ressaisir, que je le veuille ou non. De un, parce que je suis plus forte que ça – hm – et de deux, parce qu’Ennio détestait me voir dans cet état. Oui, pour lui, j’allais devoir me reprendre en main, et vite. Mais pour l’instant, je m’offrais un moment de faiblesse, un seul. Je pouvais me le permettre, non? « Tu le reverras, sûrement à ta sortie tu sais. » Toujours cacher dans le creux de son cou, j’acquiesce faiblement d’un signe de la tête. Je sais que je reverrais Ennio, en sortant d’ici. Tout comme Sochanna, à qui je dois un petit déjeuner. Mais comme ils l’ont tous deux mentionné, le plus tard possible sera le mieux. Toujours est-il qu’il s’agit de la seule chose à laquelle je peux me rattacher. L’une de mes mains se faufile jusqu’à mon visage, et je chasse les quelques larmes qui trainent sur mes joues, avant de me relever de mon refuge. « Je ne m’étais pas encore rendu compte que ce serait… de plus en plus difficile, tous ces départs. C'est idiot, j'aurai dû le savoir... » L’éviction d’Ennio est comme un terrible son de cloche, signe que la fin approche. Et que l’étau se resserre autour de nous.

« Je ne m’étais pas encore rendu compte que ce serait… de plus en plus difficile, tous ces départs. C'est idiot, j'aurai dû le savoir... » fit elle en essuyant ses larmes.  « Non ce n'est pas idiot. C'est normal de ressentir de telles choses » Bon par contre moi, pour tout vous avouer, je n'étais pas encore dans son cas...Je n'avais pas eu véritablement à souffrir de la perte de quelques candidats. Peut être parce que je ne m'attachais pas autant qu'Anabel aux autres. Il fallait l'avouer, il y avait encore un paquet d'habitants, donc ça ne m’émouvrait pas plus que ça de les voir sortir. Et je n'étais pas pressé de découvrir ce que ressentait Anabel à l'instant présent, car cela signifierait qu'une des personne à qui je tenais beaucoup serait parti.  « Avec un peu de chance, on aura pas à déplorer le départ de qui que ce soit avant quelques semaines. » C'était beau de rêver non ? Enfin bien sur qu'il y aurait des éliminations, mais je parlais de gens proches.  « Je n'aurais pas pensé qu'en venant ici, je me serais autant attaché aux gens... » Et c'était une bonne chose. J'étais à un moment dans ma vie, où c'était justement ce dont j'avais besoin. Me reconnecter avec le monde. M'ouvrir à nouveau, et laisser des personnes entrer dans ma vie. Enfin, entrer était un bien grand mot, parce que là, elles ne l'étaient pas encore vraiment...Vu qu'ici ce n'était pas la vraie vie. Mais j'oserais espérer que je les reverrais à la sortie.

Il faut que je me ressaisisse, ce n’est pas en pleurant qu’Ennio reviendra, ça ne sert à rien. Et pourtant, je suis incapable de ne pas laisser tomber les fautives sur mes joues, même si après quelques minutes, les larmes se font moins nombreuses. J’en profite pour les chasser à peine font-elles apparition. Je dois reprendre contenance, prendre sur moi. « Non ce n'est pas idiot. C'est normal de ressentir de telles choses. » tente alors de me raisonner Keelan, alors que je lui mentionne que c’est idiot d’être aussi ébranlée par un départ. Dire qu’il y a deux mois, tous ces gens m’étaient inconnus. Et maintenant, maintenant je pleure le départ de l’un d’entre eux. Quel monde de fou, quand même. « Avec un peu de chance, on aura pas à déplorer le départ de qui que ce soit avant quelques semaines. » J’en doutais. Forcément, plus l’étau se resserrait, et moins nombreux nous étions. Et il ne restait, à mes yeux, que des gens que j’appréciais, en grande majorité. L’un d’entre eux pouvait partir à tout moment. Et comme Cupidon était d’un sadisme étonnant, tout pouvait arriver. « J’ai plutôt l’impression que ce sera pire, dans les semaines à venir. Ça sent la fin. » Quelques semaines, tout au plus, nous séparaient des demi-finales, et de la finale elle-même. À ce jeu, il restait beaucoup moins de jours que nous en avions déjà passés en ces lieux. Et ça m’inquiétait. Terriblement. Sachant qu’en sortant d’ici, je n’avais rien. Rien du tout. « Je n'aurais pas pensé qu'en venant ici, je me serais autant attaché aux gens... » me fit-il savoir, et pour ma part, je laissais aller ma tête de gauche à droite, avant de river mon regard vers le sol. « Je m’y attendais, moi… je me connais trop pour ça… » Et je savais qu’en venait ici, je me lierais d’amitié avec des gens, que je serai blessé par eux, et que je devrai leur dire adieu, un jour ou l’autre. Oui, je m’y attendais. Mais on n’est jamais vraiment prêt à ça, tant que l’on ne l’a jamais vécu.