La routine s’était dangereusement installée dans le château. Comme chaque matin, je passais dans la salle de bain pour contrôler ma tête et prendre mon comprimé d’hormone du jour. Alors comme d’habitude, ce matin ne dérogea pas à la règle. Après mettre levée difficilement du lit que je partageais avec Sami, je m’étais dirigée en trainant des pieds vers la salle de bain, remontant le mini short qui me servait de bas de pyjama, et le débardeur qui me servait de haut de pyjama et qui laissait apparaitre mon ventre et une partie de mes fesses. Je lâchais un soupire en voyant ma mine encore véritablement endormie devant le miroir, prenant un peu d’eau entre mes mains pour m’asperger et me réveiller le visage. Finalement jugeant que c’était bon comme ceci, j’allais vers mon armoire pour récupérer ma boite en forme de bouche. Sauf que celle-ci me glissa des mains et alla atterrir en dessous de l’amour. Ouai, cette même armoire avec un tout petit jour en dessous. Juste la place pour glisser un bras, sauf que le mien, bah il est trop petit. Du coup je me retrouvais allongée presque à terre, le cul relevé et le bras limite coincé sous l’armoire. Je lâchais un soupire, enlevant celui-ci avant d’être réellement coincée. J’étais un peu dans la merde si je ne pouvais pas les récupérer quoi. Un peu beaucoup quoi, lorsque la porte claqua derrière moi. Immédiatement je tournais la tête, me trouvant dans une position plutôt… bah pour moi elle était pas indécente et finalement, ça ne devait pas choqué non plus le nouvel arrivant. « Keelan ! » M’exclamais-je en me relevant en lui souriant. « Tu peux m’aider… j’ai perdu ma boîte de comprimés sous l’armoire et mon bras n’est pas assez grand pour la récupérer ! » Lui expliquais-je avec une moue suppliante. Ouai ouai, ça existe, version Chat Potté avec les yeux qui brillent

Vendredi. Plus que deux jours avant le prime. Pour une fois, j’appréhendais vraiment l’issue de la soirée. Je n’avais pas envie de quitter l’aventure, pas encore, pas maintenant. Qu’au moins je fasse les demies finales. De toute manière, je n’avais jamais pensé aller plus loin que les DF. Mais j’avais eu la prétention de penser que je devrais les atteindre sans trop de soucis. Je m’y voyais déjà. Cupidon avait la fâcheuse tendance à vous ramener brusquement les pieds sur Terre. Et non mon petit Keely, non content de faire parti des mal aimés de ce château, voilà qu’on te nomine. Tss. Tandis qu’aux autres, on leur offrait sur un plateau d’argent les DF. Je vous jure. Du coup, je commençais doucement à me faire à l’idée que c’étaient là mes derniers jours dans ce château. Savoir que je pourrais retourner à ma vie dimanche, était quelque peu effrayant. Je n’avais pas tellement envie de retrouver ma vie merdique. M’enfin… Ce matin, du coup, je décidai de me prélasser un peu dans le lit, ce qui n’était pas dans mes habitudes. A 7h, j’étais généralement déjà levé. Sachant que j’étais persona non grata auprès de mon partenaire, je dormais dans le lit d’un des éliminés, et c’était le pied. J’avais toute la place pour moi tout seul. Finalement aux alentours de 10h, je décidai à me bouger. Première direction, la douche. Je m’y rendis donc, en boxer. La première chose que j’aperçus en rentrant dans la pièce fut…les fesses d’Irène. Bon elle était couverte d’un bas de pyjama, mais elle m’offrait une vue plongeante dessus. Bah une vision des plus désagréables, je vous avouerais. En attendant, qu’est ce qu’elle trafiquait dans cette position ? En m’apercevant, elle finit par se relever, pour me demander son aide. Ainsi elle aurait perdu ses cachets sous l’armoire. J’eus même le droit à une moue suppliante. Dans le genre je ne pouvais guère refuser face à ça. « Et forcément t’as besoin de l’aide de Super Keely. Halala, qu’est ce que tu ferais sans moi… » Oui oui mes chevilles allaient très bien, je vous rassure. « Allez, laisse faire les pro. » A mon tour de m’allonger par terre. En boxer. Elle l’avait fait exprès en fait hein. Je tendis alors le bras sous l’armoire, pour attraper ses comprimés. Sauf que hm…J’ai peut être le bras plus grand que mademoiselle, mais aussi plus large…Comment dire, j’étais quelque peu coincé. Je tournai la tête vers Irène, du style air innocent sur le visage. « Et sinon comment ça va toi ? » Genre normal quoi. Ben ouais, je tape la discut’ allongé par terre. Genre elle ne remarquera rien.

J’avouerais bien volontiers que je préférais voir Keelan derrière moi, qu’un autre candidat. Pour plusieurs raisons, dont celle-ci : je me sentais plutôt proche de lui, en tout cas je l’aimais plutôt bien, alors je savais bien aussi qu’il n’irait pas s’offusquer de me voir ainsi. Surtout que pour une fois, je ne cherchais pas à jouer les provocatrices. Au contraire, j’étais presque tétanisée en me relevant pour lui faire face. Dans le sens où ces comprimés étaient plutôt importants pour moi, je devais absolument les récupérer. Alors Keelan arrivait comme mon sauveur. Un ange venu tout droit du ciel pour me prêter main forte. « Et forcément t’as besoin de l’aide de Super Keely. Halala, qu’est ce que tu ferais sans moi… » Voilà, il l’avait totalement compris le message : j’avais besoin de Super Keely. Totalement besoin de lui. Je haussais les épaules en secouant un peu ma tête. Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans lui. « Allez, laisse faire les pro. » Je me relevais totalement pour lui laisser la place, en faisant un pas sur le côté et lui ouvrant la voie de ma main. « Je t’en prie ! » Ouai, j’étais persuadée qu’il allait y arriver nickel et du premier coup. Alors je le regardais se baisser voire même s’allonger sur le sol de la salle de bain et partir à la recherche de ma boîte. J’avais un sourire, les poings serrés par tant de suspens. Sauf qu’au lieu de dégager son bras et me donner mes comprimés tant attendu, il se retournait vers moi, d’un drôle d’air. « Et sinon comment ça va toi ? » Je plissais les yeux. Pourquoi il me demandait ça, maintenant ? Non parce que je peux jouer les connes, mais je n’étais pas forcément dupe. « Je vais bien… Et toi ?... » J’avais un sourire en coin, l’observant un peu plus dans sa position. De une, il était trop sexy comme ça et l’envie de courir jusqu’à la salle informatique pour prendre un appareil photo me démangeait sérieusement. De deux, j’avais la légère impression qu’il était coincé comme ça en fait, d’où son envie de savoir comment j’allais. Alors mon sourire en coin d’élargissant, ayant l’envie de le laisser là un peu mijoter. « T’as réussi à attraper ma boîte ? » Lui demandais-je avec grand intérêt.

Non non ce n’était absolument pas bizarre de taper la discut’ à moitié à poil, couché sur le carrelage. Carrelage gelé, soit dit en passant. « Je vais bien… Et toi ?... » J’esquissai un sourire. « A merveille ! Je ne pourrais aller mieux. » répondis je même enthousiaste. Hm je vais juste perdre un bras si je n’arrivais pas à le décoincer de là, mais mis à part ça, c’était la grande forme. Elle s’inquiéta alors de savoir si j’avais récupérer sa précieuse boite. « Oui oui t'inquiètes, je l’ai » Ah oui, je l'avais attrapé sa boite. Elle était dans ma main, pas de soucis de ce côté là. Le petit problème c'était juste de récupérer le bras qui allait avec. « Mais hm, je me sens bien là par terre, donc je pense que je vais y rester un peu » Tout à fait. Très confortable, dans un coin tranquille, on ne pouvait rêver mieux. Je suis drôle hein. Bon, elle n'était pas dupe, elle avait bien compris que j'étais comme qui dirait coincé. Mine de rien ça commençait à devenir un peu douloureux. La supercherie avait donc assez duré. J’allais pas faire le con pendant un an. C’était la honte, c’était la honte, que voulez vous. « Reste là à me mater surtout hein, alors que je me meurs à petit feu. » Ouais, rien que ça. Ah ça l'amusait surement un max. « Bon j’ai compris, je vais me débrouiller tout seul. » On ne pouvait compter que sur nous même dans ce château, je vous jure. J’avais beau essayer de tirer sur mon bras, rien à faire. Pourtant si j’étais passé dans un sens, ça devrait fonctionner dans l’autre logiquement, non ? Bah fallait croire que non. Je ma main libre, je tentais de soulever l’armoire. Après quelques efforts intenses, je réussis suffisamment pour dégager mon bras rapidement. Alléluia ! Sauf que dans la précipitation, j’y suis allé peut être un peu fort, l’armoire se balança dangereusement. Fort heureusement, je la rattrapai à temps pour la repousser (et peut être aussi avec l’aide d’Irène, allez savoir ce qu’elle trafiquait). On venait tout juste d’éviter la catastrophe. Il aurait été dommage de finir ainsi, écrasé par une armoire n’est ce pas ? Je lui tendis finalement sa précieuse boîte, tout en me frottant le bras endolori. « Bon sang, qu’est ce que je ne ferais pas pour toi quand même. » Je risquais ma vie et tout, j’espérais qu’elle s’en rendait bien compte.

« A merveille ! Je ne pourrais aller mieux. » Keelan me faisait marrer. Ca se voyait comme le nez en plein milieu de la figure qu’il était coincé et il comptait me berner ainsi, en me tapant la discut’ normalement. Oh moi j’étais même prête à le laisser là, si ce qui était aussi coincé en dessous de l’armoire ne comptait pas pour moi. « Oui oui t'inquiètes, je l’ai » Pour tout dire, si je m’inquiétais un peu et j’avais de bonnes raisons tout de même. Sans cette boite, pas de comprimé. Sans comprimé, pas d’hormones. Sans hormones, réapparition de certaines caractéristiques purement masculines auxquelles je ne veux plus avoir à faire et dont j’avais quand même super honte, je peux me l’avouer. « Super ! » Lâchais-je, enthousiaste. Maintenant, j’attendais bien de voir ce qu’il allait me dire pour justifier sa magnifique position. « Mais hm, je me sens bien là par terre, donc je pense que je vais y rester un peu » J’arquais un sourcil, amusée par la situation. J’essayais pourtant de garder mon sérieux. Alors je ne lâchais pas le rire qui restait coincé dans ma gorge et je n’ajoutais rien, haussant même les épaules dans le style ‘ok d’accord, je vais te laisser’. Finalement il avouait à demi-mots être coincé et qu’il voulait bien de mon aide pour le tirer de là. Bon je voulais bien moi, mais je ne savais sérieusement pas quoi faire et avec la force que j’ai, même si elle était encore pas mal, restait moindre comparée à celle de Keelan, j’en étais certaine. Alors il s’en tirait de là lui-même et c’était aussi bien. Sauf que je vis l’armoire tanguer pour bientôt s’écraser. Je ne sais pas comment j’eus ce réflexe, mais je me dépêchais vers le meuble et je le retins en même que Keelan, à qui j’adressais un large sourire à peine accentué. Finalement il me rendit la boite, que je m’empressais de lui reprendre, avec cette fois un sourire sincère. « Bon sang, qu’est ce que je ne ferais pas pour toi quand même. » Mon sourire s’élargissait, alors que je lui donnais une légère tape sur son autre bras. C’est la chose la plus amicale dont j’étais capable. Non enfin je lui avais pris la main l’autre jour, mais c’était un cas spécial. Si je n’avais pas été coincé niveau tendresse, en bref si j’avais été normale, cette tape équivaudrait un bisou sur sa joue ou un câlin. « C’est vrai, heureusement que tu es là ! » Déclarais-je, mais pas pour me foutre de sa gueule, non, vraiment heureusement qu’il était là. « Tu ne t’en rend peut-être pas compte, mais tu viens de me sauver la vie ! » Bon c’était à peine exagéré hein.