Il était passé midi et, n’ayant pas encore mangé, je commençais à avoir faim. Sauf qu’il n’y avait plus de pain, pas moyen d’en trouver. J’avais beau faire tout le cellier de fond en comble ainsi que la cuisine : plus de pain ! C’est parce qu’on était de moins en moins que la production nous rationnait ? En tout cas, peut importe la raison, mais il fallait attendre la prochaine ‘livraison’ de pain de la production. Et comme ce n’était pas pour tout de suite, je décidai de faire autre chose. Un peu la seule chose que je sache faire sans complètement foirer mon coup : des pâtes. Je prends alors une casserole de taille moyenne que je remplis d’eau et que je fais ensuite chauffer sur la taque de cuisson. Je pose un couvercle sur la casserole, pour que l’eau chauffe plus vite et j’attends, comme un con, jusqu'à ce que Loxias se ramène. « Y’a plus de pain. » Je fais, d’entrée. Si il est là pour se faire un sandwich, c’est raté. « Mais je fais des pâtes si tu veux. » Sans rien, si ce n’est un filet d’huile d’olive et du parmesan. C’est délicieux des pâtes comme ça en plus ! Pas besoin de se casser la tête à faire une bolo’ hein. Et puis de toute façon si il a faim, il va manger. Ou appeler une femme ? J'aurais du essayer du coté de Tweedy, mais je me serais retrouvé à bouffer une carotte crue comme tel un Bugs Bunny humain.

J’ai pas faim, mais mon estomac crie famine quand même... Vous connaissez cette sensation ? Pas l’envie de manger mais le corps qui se rebelle et vous tiraille ? Ça fait trois jours que je suis dans cet état, et donc ça fait trois jours que je fais de fréquents aller-retour à la cuisine pour taper un morceau de pain qui calmera les crampes de mon estomac et m’apaisera un peu... Sauf que j’en ai ras le cul, parce que quand t’es dans le salon, ça va, t’as trois pas à faire, mais quand t’es à l’autre de bout du parc, ça devient plus problématique quand même, d’autant que l’estomac se réveille toutes les heures, quasiment. Alors j’ai trouvé la parade, j’fais comme la tortue, j’trimballe mon casse-dalle sur le dos... Bon, j’crois que la tortue c’est sa baraque qu’elle a, sur le dos, mais bon, vous avez compris le principe. J’ai un sac sur le dos, d’où plusieurs baguettes dépassent, et j’tape dedans régulièrement. J’passe pour un fou, c’est clair, mais qu’est-ce que j’en ai à branler ? Sauf que... depuis mon parc, j’viens de prendre conscience qu’il manque un truc... Le casque à bière, histoire de pouvoir s’hydrater en permanence. Evidemment, je ne mettrais pas de la bière dedans, mais peut être que je peux aménager un espace “gourde” dans mon sac à dos, avec un longue paille comme dans Koh Lanta, lorsque les candidats sont sur les poteaux... C’est une idée, mais en attendant, je me retrouve à parcourir à nouveau le parc pour regagner le château et sa cuisine. Finnick est aux fourneaux et ça sent rien, ce qui est plutôt bon signe. Y a pas de pain, qu’il me dit. « J’sais... » je lui rétorque en récupérant un bout d’une des baguettes qui me sort du dos, pour croquer dedans, foutant des miettes de partout. Il me propose des pâtes. « Non, j’ai pas faim, merci. » je lui réponds en ouvrant le frigo et en y enfournant ma tête à la recherche de liquides buvables. « L’est où l’Oasis ?! » j’grogne depuis ma grotte réfrigérée... Qui qu'a piqué mon Oasis ?

En fait, quand Loxias débarque je ne remarque pas tout de suite son sac à dos mais quand il m’informe qu’il sait qu’il n’y a pas de pain et que je le vois attraper un bout de baguette dans son sac, bah je remarque le sac, fatalement. J’arque un sourcil, ah ouais ok le mec il se trimballe avec des baguettes dans le sac comme si c’était un carquois et les baguettes, des flèches. Mon cerveau s’emballe encore, c’est pas grave. Je soulève le couvercle de la casserole pour voir si l’eau est en train de bouillir quand il refuse ma proposition de repas. Ok, pas de soucis. ‘fin ceci dit il a pas faim mais il mange quand même, bon, je ne juge pas. Comme l’eau n’est pas encore assez chaude, je repose le couvercle sur la casserole et reporte mon regard sur le candidat qui est en train de fouiller le frigo. « L’est où l’Oasis ?! » J’ai une tête à boire de l’oasis ? J’aime pas ça en plus. « C’est peut être le mec qui t’as vu prendre toutes les baguettes qui a voulu se venger. » Nombre de conneries débitées sur la journée : une. La machine est lancée ça risque d’être rapide pour la suite, soyez attentifs. « Y’en a surement dans le cellier, mais il sera pas frais. » Ca c’est pas une connerie, c’est juste que je balance l’évidence même comme j’aurais pu dire ‘le feu, ça mouille’ bah ouais l’oasis quand il est pas au frigo, il est pas frais. Quoi que en Irlande… Si on se contente de le mettre dehors il sera frais.

J’sais ouai, j’suis un savant mélange, un croisement à mi-chemin entre MacGiver et Bear Grylls. J’invente, j’ose, j’impose ! Je crois que les autres ont cessé de s’interroger sur mon cas, ils ont compris que j’avais pété une durite avec le départ de Sive et Valentina, et qu’il ne fallait pas s’en inquiéter plus que ça. Et ils ont bien raison, parce que non, je ne frôle pas la démence, c’est simplement que j’ai décidé de ne plus fournir aucun effort, et même emmerder un maximum le monde si possible... Les candidats, d’abord, qui ont osé les nominer, et les téléspectateurs aussi, suffisamment déterminés à me faire rester, et suffisamment sadiques pour les faire partir... Alors taxer toutes les baguettes ? Ouai, et alors ? Quelqu’un va oser me dire quelque chose ? J’crois pas. D’ailleurs, Finnick ne fait aucun commentaire. Du moins, jusqu’à ce que je lui demande où se trouve l’Oasis et qu’il se mette à me parler de vengeance possible suite à mon pillage de pain. « Ca mange pas d’pain. » je rétorque avec sérieux en lui jetant un regard en biais. « Ouai, note-la celle-la, elle était particulièrement pourrie. » j’enchaine en réalisant que je viens de sortir une des expressions fétiches de Simone, 84 ans, ma voisine de palier à Paris. Il m’indique le cellier, et je le remercie d’un mouvement de tête, avant de disparaître par la porte restée ouverte... Il a raison, y en a plein, et il a encore raison, c’est pas frais du tout. On s’en fout, j’suis un fou. Je ramène deux bouteilles, une pour le frais, une pour mon sac. Finnick est toujours à la cuisson de ses pâtes. J’pose la deuxième bouteille sur la table, et me muni d’un couteau dont la pointe me sert à percer le bouchon... « Y’en aura assez pour deux, des pâtes, tu crois ? » je lui demande en faisant tourner le couteau pour légèrement élargir le trou. « Parce que je me ferais bien un tupperware pour si jamais j’ai un creux en cours de route... » En route pour quoi ? Même moi, j’sais pas, je me dis juste que ça peut être utile. En attendant, j’assemble des pailles ensemble. Une, puis deux, puis trois... J’teste la longueur, puis j'insère la paille dans le trou du bouchon. « Sinon, ça va toi ? » Je demande en pompant sur ma paille pour amorcer le truc et vérifier qu’il n’y a pas de fuite... McGiver, j’vous dis.

« Ca mange pas d’pain. » Pardon ? De quoi il cause ? J’arque un sourcil mais finalement il continue. « Ouai, note-la celle-la, elle était particulièrement pourrie. » Tellement pourrie que j’ai rien compris, y’a qu’a voir. En général j’ai tendance à suivre les conneries des gens, l’habitude à force d’avoir grandis avec Jamie quoi mais là, non. ‘Fin soit, on ne va pas épiloguer, je soulève à nouveau le couvercle de la casserole pour constater avec satisfaction que l’eau est en train de bouillir ! Ah, enfin ! Chez moi ça va plus vite quand même hein, taque électrique de merde. Je mets du sel dedans et des pâtes quand il revient avec deux bouteilles d’oasis. Il en met une dans le frigo et l’autre sur la table pendant que j’examine le paquet de pâtes à la recherche du temps de cuisson inscrit dessus – normalement -. C’est dégueulasse les pâtes trop cuites. « Y’en aura assez pour deux, des pâtes, tu crois ? » Demande le candidat, je tourne la tête vers lui et le vois en train de percer le bouchon de la bouteille avec un couteau. Franchement je crois que j’ai trouvé le candidat le plus bizarre de toute cette émission : Loxias. « Euh, ouais, normalement. » J’ai mis tout le paquet en fait, évidemment qu’il y en aura assez, même pour 5 il y en aura assez. Je suis incapable de doser. Je me déplace pour mettre la minuterie sur 10 minutes et continue à observer ce que fais Loxias avec sa bouteille. « Parce que je me ferais bien un tupperware pour si jamais j’ai un creux en cours de route... » Je hoche la tête. Attendez… En cours de route ? « Tu pars à la recherche du Graal ? » Mais oui, vous savez, cette fameuse quête sacrée… Je lui fais confiance pour comprendre ce que je viens de dire, tout le monde connait le Graal. La dessus il met dans pailles dans la bouteille et la bouteille dans son sac. Pas bête l’idée mais… « Tu mettrais pas du scotch sur toutes les extrémités des pailles ? » Imaginez la catastrophe sinon, une douche d’oasis parce qu’une paille a fait sa rebelle, ce serait pas de chance. N’empêche bonne chance pour l’aspiration, hein. « Sinon, ça va toi ? » Demande-t-il avant de pomper dans sa paille. Je plisse les yeux mais finalement j’abandonne, j’arrête d’essayer de comprendre, chacun son délire hein. Je suis certain que tous les psy du pays s’éclatent devant leurs télés, on doit être vachement passionnants comme objets d’étude, non ? « Ouais, merci… Et toi ? » Je me doute que non, ou en tout cas pas top, puisque sa partenaire et Valentina son parties, en même temps en plus. J’ai l’impression d’être le seul, dans cette maison, qui n’a pas vécu de départ difficile. Du coup j’ai l’impression d’être sans cœur, encore une fois.

Visiblement, Finnick a l’air affirmatif, y aura assez de pasta pour deux. En même temps, après un rapide coup d’oeil au moment où monsieur vide le paquet dans la casserole, je note qu’il y en aura même probablement assez pour l’intégralité de la population du plateau un dimanche soir de prime... Ouai, au moins. J’pourrais peut être même m’en faire deux ou trois Tupperware, mais j’ai peur que ça se conserve mal dans mon sac à dos. « Tu pars à la recherche du Graal ? » Hein ?! Je relève la tête de ma construction paillique, et lui lance un regard interrogateur. « Pourquoi je devrais rechercher un verre à la con, ayant soit-disant recueillit le sang d’un type qui se prétendait le fils de Dieu ? Il me suffit d’aller dans un asile pour trouver au moins douze ou treize fils de dieu prêts à me filer leur sang... T’as pas une quête, plus... moins... inutile ? » Je crois que je viens de choquer 80% de l’audimat, mais je m’en fous. J’ai le droit de ne pas croire en le Christ, non ? Après tout, à chacun ses croyances, les miennes s'accommodent mal de tout ce folklore à la con, une vierge qui enfante alors qu’elle est mariée depuis j’sais pas combien d’années avec Joseph, époux frustré, et un fils de charpentier qui s’imagine d’essence divine et qui se la joue zombie sectaire. No way. Donc, évidemment, non, je n’irais pas chercher son verre égaré. « Mais pourquoi tu me parles de ça ? » je finis par demander, ne comprenant pas vraiment où le Finnou cherche à en venir. J’ai une tête à partir en pèlerinage ? Mais il semble déjà passé à autre chose, et observe mon installation avec scepticisme. « Tu mettrais pas du scotch sur toutes les extrémités des pailles ? » Je jette un coup d’oeil à ma création et... « Oh putain, mais oui ! Evidemment ! Ça ne peut qu’aider à l’imperméabilité du truc, en plus. T'es un génie ! » J’annonce, en ressortant la bouteille de mon sac, avant d’entreprendre d’ouvrir tous les tiroirs à la recherche d’un rouleau de scotch. J’en profite pour prendre des nouvelles de Finnick, c’est un peu la moindre des choses quand même, et lorsqu’il me renvoie la question, j’hausse les épaules. « Tu veux la véritable réponse ou bien celle que je fournis par politesse ? » Oui, parce qu’il existe deux types de personnes ici : les potes empathiques, et les indifférents notoires. J’sais pas si je peux considérer Finnick comme un pote, mais j’sais qu’il n’est pas indifférent.

« Pourquoi je devrais rechercher un verre à la con, ayant soit-disant recueillit le sang d’un type qui se prétendait le fils de Dieu ? Il me suffit d’aller dans un asile pour trouver au moins douze ou treize fils de dieu prêts à me filer leur sang... T’as pas une quête, plus... moins... inutile ? » « Trouver Zelda. » C’est sortit tout seul, j’ai bien kiffé son petit monologue que j’ai bien écouté mais ouais, je lui sors de trouver Zelda. Parce que j’ai jamais eu la patience de finir un seul des Zelda que j’avais, c’était trop chiant de devoir entrer dans toutes les maisons pour détruire les vases et tout et les temples aussi étaient chiant. Et Ocarina of times était juste impossible, hein, dans son genre. Bref. Je fus donc un geek, oui. « Mais pourquoi tu me parles de ça ? » Je hausse un sourcil, bah parce qu’il a l’air de partir pour un long voyage, peut être ? « C’est la première quête ultra connue qui m’est passé par l’esprit. Et vu que t’as l’air prêt à partir pour un long périple. » Et oui, carrément, quoi que pour le genre d’épopée que j’imagine il aurait vachement plus la classe avec une armure, une épée (ou un arc, ou les deux), un bouclier et attention, un fidèle destrier. Mais pas un fidèle destrier pourris, le genre super pote du héros, comme dans tous les bouquins de heroic fantasy. Geek et fan de Heroic Fantasy, ou comment casser le mythe en deux secondes et demi. « Peut être que j’aurais du directement parler de Zelda… Ou ne rien dire.» J’espère qu’il connait Zelda, sinon imaginez un peu ce qui doit se passer dans son esprit. Finnick tais-toi. Et je me tais. Finalement, quand il a finit sa petite installation avec la bouteille d’oasis je lui conseille de mettre du scotch aux extrémités de chaque paille. Manifestement, mon idée relève du génie. « Oh putain, mais oui ! Evidemment ! Ça ne peut qu’aider à l’imperméabilité du truc, en plus. T'es un génie ! » Merci je sais. Par contre je ne sais pas où est le scotch hein, c’est le type qu’a piqué la dernière bouteille d’oasis sans en remettre qui a du le planquer, ah le fourbe ! Pendant qu’il fouille et que je tourne dans mes pâtes avec une cuiller en bois, il me demande comment je vais. J’apprécie l’intention, au final peu de candidats se posent la question si ce n’est au matin vite fait après un bonjour, et encore. Donc je lui réponds et je lui retourne la question. « Tu veux la véritable réponse ou bien celle que je fournis par politesse ? » Honnêtement, j’aimerais mieux la véritable réponse mais je ne le connais pas bien et étant quelqu’un qui n’aime pas tellement s’épancher sur ses sentiments, je préfère ne pas lui forcer la main. « La véritable serait préférable mais je ne te force pas la main, si tu n’as pas envie d’en parler. » Mais si il a envie de me donner la bonne réponse, qu’il le fasse, au fond j’en ai quelque chose à foutre, ce n’est pas parce que je ne le connais pas bien que je m’en fou.

« Pourquoi je devrais rechercher un verre à la con, ayant soit-disant recueillit le sang d’un type qui se prétendait le fils de Dieu ? Il me suffit d’aller dans un asile pour trouver au moins douze ou treize fils de dieu prêts à me filer leur sang... T’as pas une quête, plus... moins... inutile ? » « Trouver Zelda. » C’est tellement sortit tout seul et de nulle part, que je laisse échapper un rire bref et sincère. De la surprise, peut être, qu’il parvienne à me faire rire alors que rien en moi n’y est enclin, ou alors de la gêne d’être apte à rire quand je ne le souhaite pas, je l’étouffe rapidement, niant cette faiblesse jusque dans l’air que j’affiche ensuite. Il a pas vu, ni entendu mon rire, pas vrai ? Sa réponse spontanée n’en est pas moins hilarante avec les bonnes références. Des références que j’ai évidemment. J’ai beau être nomade et avoir passé les deux tiers de ma vie à bosser, je sais quand même me servir d’une console. Toutefois, je détourne le sujet en lui demandant pourquoi il me parle de quête. « C’est la première quête ultra connue qui m’est passé par l’esprit. Et vu que t’as l’air prêt à partir pour un long périple. » Oh, ça ? Evidemment, vu de l’extérieur, mon sac à dos tout équipé doit sembler étrange. « Non, c’est juste que j’aime pas la cuisine. » Oui, alors dans ma tête ça sonne comme une excuse recevable, si tant est qu’on possède l’historique, mais c’est sûr que sans les infos collatérales, ça sonne comme un mec accroc au feng-shui qui tente de rétablir l’aura d’une pièce à coup de barre d’encens, et qui fini par fuir ladite pièce, sac sur le dos... « Peut être que j’aurais du directement parler de Zelda… Ou ne rien dire. » poursuit Finnick, lui-même en plein conciliabule avec son cerveau. « Zelda, c’est ta meuf à l’extérieur, et t’as peur que lorsque Tweedy l’apprendra, elle te fasse la peau ? » je lui demande genre méga sérieux, observant sa tête par plaisir, avant de lâcher un rire moins discret que le précédent. « Ca va, détend-toi, tu vas pas avoir besoin d’expliquer à un non-geek ce qu’est Zelda... Mais quitte à trouver quelqu’un, j’préfère chercher Peach, elle est moins difficile à dénicher cette blondasse... » Même si elle finit toujours par se faire kidnapper à nouveau, à croire qu’elle aime ça, cette conne. Du coup, je la prends jamais pour jouer à Mario Kart, comme ça j’prends plaisir à lui défoncer sa tronche à coup de carapaces de tortue et autres bombes. Bon, après ça, y a le passage de la paille, du scotch, du “ça va ? Ouai et toi ma couille ?” dont je vous passe les détails, et puis, brusquement y a : « La véritable serait préférable mais je ne te force pas la main, si tu n’as pas envie d’en parler. » J’éprouvais pas vraiment l’envie de l’emmerder avec mon vague à l’âme pourri, tandis que lui-même vit une nomination pour le moins difficile, mais contrairement au reste de la population masculine -quelques exceptions mises à part-, il n’a pas l’air de s’en foutre. « Je vis mal le départ de Valentina et Sive... A vrai dire, je vis assez mal les départs consécutifs depuis un moment, déjà, et je ne comprends pas comment j’ai pu être sauvé majoritairement par un public qui prend plaisir à me séparer de mes piliers... Et je vis pas bien ta nomination à toi, ni celle d’Andreas... » je marque une pause dans mon aveu sincère au cours duquel j’ai cessé tout mouvement. Andreas, ça se comprend que je vive mal sa nomination, mais Finnick ? Alors j’explique. « Tweedy... Elle compte beaucoup pour moi, et je veux pas qu’elle soit séparée de toi... J’sais, c’est con, parce que le but du jeu c’est qu’il n’en reste plus qu’un, et que je devrais être ravi de voir les effectifs se restreindre, mais... J’crois que mon cerveau fonctionne pas correctement, en fait. » j’avoue, tout en me remettant à fouiller les tiroirs.

Pendant quelques petites secondes et très discrètement, le candidat rit à ma réplique concernant Zelda. C’était tellement débile en même temps que je comprends tout à fait sa réaction. A force de jouer d’avoir joué mon frère pendant deux mois, j’étais devenu un peu comme lui, à sortir conneries sur conneries, sans réfléchir au fait que ce n’est pas forcément la chose la plus intelligente au monde et dieu sait comme ça avait été dur, au début, de faire comme lui. Maintenant c’était dur d’arrêter, comme une sale drogue quoi. « Non, c’est juste que j’aime pas la cuisine. » Dit-il quand je constate qu’il est prêt à partir pour un long voyage. Rapport ? Zéro. Mais soit, je n’essaie pas de comprendre, je constate tout simplement. Pour le reste j’imagine qu’il doit avoir ses raisons et comme je déteste être jugé, je ne je juge pas (comme quoi j’ai pas que des défauts, hein). « Zelda, c’est ta meuf à l’extérieur, et t’as peur que lorsque Tweedy l’apprendra, elle te fasse la peau ? » Ah ouais, j’avais recausé de Zelda, plus pour moi-même que pour lui, d’ailleurs. On allait bientôt me déclarer bon pour l’asile si je continuais. Par contre je pensais quand même qu’il connaissait Zelda, hein, j’arque un sourcil me demandant si il se foutait de ma gueule où si il était tout à fait sérieux. Ce fut son rire qui trancha, il se foutait de ma gueule. Bon, gentiment hein j’avais bien compris, je n’allais pas me vexer. « Ca va, détend-toi, tu vas pas avoir besoin d’expliquer à un non-geek ce qu’est Zelda... Mais quitte à trouver quelqu’un, j’préfère chercher Peach, elle est moins difficile à dénicher cette blondasse... » Peach, ouais la meuf de Mario qui se fait toujours chopée par l’autre là… Le dinosaure… Bowser. « Certes. » Je fais en haussant les épaules, je résiste à l’envie de lui demander si il est plombier – comme Mario quoi – pour continuer la discussion sur le scotch, les pailles… Ce genre de truc… Jusqu'à ce que je lui dise qu’il peut me donner la vraie réponse, mais que je ne le force pas. Chacun a son jardin secret, non ? « Je vis mal le départ de Valentina et Sive... A vrai dire, je vis assez mal les départs consécutifs depuis un moment, déjà, et je ne comprends pas comment j’ai pu être sauvé majoritairement par un public qui prend plaisir à me séparer de mes piliers... Et je vis pas bien ta nomination à toi, ni celle d’Andreas... » J’ai un peu de mal a avaler le fait qu’il ait du mal avec ma nomination. Andreas ok, je suppose qu’ils sont potes tous les deux si il dit ça mais moi ? On ne se connait pas tellement donc je ne vois pas pourquoi est-ce que ma nomination le ferait chier. Par contre pour tout le reste je peux comprendre, le fait est que la plupart des gens qui étaient proches de Loxias sont partis. D’abord Swann, Hamad, puis Sive et enfin Valentina. Ca doit être dur d’avoir l’impression d’être ‘seul’ et surtout d’avoir l’impression que le public s’acharne. Finalement il s’explique sur le pourquoi du comment ma nomination le fait chier. « Tweedy... Elle compte beaucoup pour moi, et je veux pas qu’elle soit séparée de toi... J’sais, c’est con, parce que le but du jeu c’est qu’il n’en reste plus qu’un, et que je devrais être ravi de voir les effectifs se restreindre, mais... J’crois que mon cerveau fonctionne pas correctement, en fait. » Je trouve ça vraiment sympa de sa part de penser à Tweedy même si j’ai tendance à croire qu’elle s’en sortira tout aussi bien sans moi, ce sera difficile pour elle au début, comme pour moi évidemment mais elle se trouvera du bon coté de la barrière, celui avec ses amis de la maison, le jeu. Moi je devrai affronter la réalité, mes parents, mes amis… C’est effrayant. Mais je ne me laisse pas démonter, j’essaie de garder contenance depuis dimanche soir, précisément pour Tweedy parce qu’elle refuse de me voir baisser les bras. « C’est… C’est vraiment sympa de penser comme ça, pour Tweedy. Je pense que t’es le seul candidat a penser comme ça. C’est clair que dans un jeu ‘est bizarre mais j’apprécie. » Et comment, en gros le type il est quand même pour moi et Andreas, donc ça fait plaisir. « Mais tout le monde n’est pas partit, il y a encore Nora, Tweedy… » Et je ne sais pas de qui d’autre il est proche… De toute façon je ne suis pas doué pour ça, réconforter les gens, c'est un truc que je ne sais pas faire mais je peux lui changer les idées, par contre. Ce qui ne sert à rien sur la durée mais du répit ça fais du bien, non ?

J’aurais peut être pas du dire ça, ça risque d’être mal interprété, ou mal considéré, dans un jeu qui pullule d’hypocrites et de manipulateurs. Mais j’y peux rien, ça sort tellement naturellement que je ne mesure jamais, réellement, les conséquences de certaines de mes paroles. Quand je dis que mon cerveau ne fonctionne pas correctement, ou du moins pas suffisamment correctement pour un jeu de cette envergure. « C’est… C’est vraiment sympa de penser comme ça, pour Tweedy. Je pense que t’es le seul candidat a penser comme ça. C’est clair que dans un jeu c’est bizarre mais j’apprécie. » me répond-il, tandis que j’extrais le rouleau de scotch d’un des tiroirs. Je ne sais pas si c’est sympa de penser comme ça, puisque pour moi c’est normal et naturel, mais j’imagine que oui, ça doit avoir quelque chose de sympa de savoir une personne dans son camp pour de bonnes raisons, si tant est que Tweedy soit une bonne raison. Je ne réponds pas, parce que finalement, je ne sais pas trop quoi répondre. Alors je me contente d’un sourire fin qui étire mes lèvres, tandis que je retourne à ma place, le scotch en main, afin de reprendre mes travaux avancés. « Mais tout le monde n’est pas partit, il y a encore Nora, Tweedy… » reprend-il face à mon mutisme. J’hausse les épaules, il a raison mais... « T’as jamais eu le sentiment de porter la poisse ? Comme si quelqu’un s’amusait à éliminer toutes les personnes proches de moi... Alors, bien sûr, j’sais bien qu’elles sont pas mortes, tout ça, mais c’est comme une torture psychologique, on observe combien de temps tu peux tenir en te privant des gens qui comptent, un à un... Anouck, AJ, Hamad, Swann, Valentina, Sive... » j’énumère en enroulant le scotch autour de mes pailles, les liant entre elles. « Je ne sais pas comment ça fonctionne, je ne suis qu’un pion, mais parfois j’me dis que peut être, ça pourrait être différent... » c’est confus, désordonné dans ma tête, parce que foncièrement j’sais pas trop où j’en suis, ni où je devrais en être... C’est con, c’est qu’un jeu, je devrais me raisonner, mais c’est tellement difficile dans ce huis-clos. Je voudrais pas que quelqu’un d’autre parte et m’en sentir responsable, à tort ou à raison. « Dis-moi... Est-ce que tu penses que les liens qu’on tisse, les amitié qu’on noue et les sentiments qu’on développe ici sont... Réels ? J’veux dire, tu penses que ce que tu ressens, ici, pour Tweedy, c’est... j’sais pas comment dire ça... Est-ce que c’est réel ? » c’est pas une tentative de minimiser quoique ce soit, encore moins de remettre en question son couple, il s’agit d’une véritable question, une véritable torture qui m’obsède...