De nombreuses choses s'étaient toujours dites sur Tweedy. Oui vraiment, de nombreux choses. Mais de tout ce qu'on avait pu dire sur elle durant ces nombreuses années, il est une chose qui était bien souvent revenue, une chose que beaucoup semblaient donc d'accord pour dire ... Le fait que Tweedy avait un grain. Non, elle n'était jamais considérée comme une psychopathe ou comme un dangereux spécimen. Mais il est vrai que son comportement, que certaines de ses actions, lui valaient bien souvent d'être considérée comme quelqu'un d'un peu spécial, d'un peu folle surtout. Mais croyez bien qu'elle le vivait on ne peut mieux. Après tout, elle préférait mille fois être vue d'une telle manière qu'être perçue comme une jeune femme affreusement ennuyeuse. Et puis, franchement, était-ce si problématique d'avoir un certain grain de folie, un coté fou-fou ? Probablement pas. En tout cas, elle vivait très bien avec et se fichait à vrai dire pas mal qu'on la voit d'une bien étrange manière. D'accord, peut être le public en avait-il eu assez de son comportement extravagant et que c'était au fond l'une des raisons pour lesquelles elle avait échoué aux portes de la finale, mais qu'importe, parce qu'elle était comme elle était et qu'elle ne changerait pour rien au monde. Quoi qu'il en soit, il arrivait effectivement que Tweedy nous pète un petit plomb, comme aujourd'hui. Parce que la jeune femme était parvenue à faire fort. Non même, très fort. Il avait suffi qu'elle croise l'un des finalistes, qui était également un jeune homme qu'elle appréciait beaucoup, à savoir Malo, pour qu'elle soit prise d'une envie soudaine de faire, hm, n'importe quoi. Tout se déroula alors dans la salle de bain, tandis qu'elle y trouva le jeune homme, probablement occupé à y mettre un peu d'ordre. « On t'a déjà dit que tu avais un très beau visage, des traits fins et un regard chavirant ? » Alors déjà, ce genre de questions étaient louches. Parce que ça n'annonçait rien de très bon, hm. « J'ajouterais même que tu es extrêmement inspirant, au point que ça me donne envie de te montrer mes immenses talents d'artiste. » Parce qu'elle était très douée, évidemment. Au moins autant que son défunt chien l'avait été, lui aussi, hm. « Je veux faire quelque chose de fou » reprit-elle, annonçant alors qu'un truc quelques peu improbable se préparait. Là, elle s'approcha d'une petite trousse et en sortit un rouge à lèvres. Sans réfléchir, la petite brune commença alors à dessiner sur le miroir, probablement dans l'optique de réaliser un formidable portrait du finaliste. « Je risque de faire grincer quelques dents, mais je m'en fiche, je n'ai plus de compte à rendre à Cupidon ... Je peux laisser s'exprimer toute ma folie ! » Comme si elle s'était gênée jusqu'à présent, hein. Bon, en tout cas, le portrait qu'elle nous préparait était digne d'un chef d’œuvre. Ou pas, c'est vrai.

Vendredi en fin d'après-midi, le jeune homme s'était attelé à ranger son armoire. Ses valises commençaient à se remplir de ses affaires, de ses vêtements de grande marque. Ses costumes, ses vestes qu'il entreposait des housses protectrices. Il mettait de l'ordre dans le dressing. Il rangea machine à coudre, tissus et accessoires de couture, appartenant à la production. Le moment du départ approchait à grand pas. Il tenait à être prêt quand il sortirait du château. N'ayant jamais été nominé de l'aventure, il n'avait pas à faire sa valise lors des nominations. C'était un peu étrange pour lui de faire ses valises. Mais c'était bientôt la dernière ligne droite. Les départs, la séparation ... En y pensant, il ne pouvait s'empêcher d'avoir le ventre nouer. Il y avait tant de souvenirs entre ses murs. Moment nostalgie ... C'était la fin d'une aventure et le début d'une autre. Il entra dans la salle de bain pour ranger sa trousse de toilette et ses nécessaires de bain quand il croisa la pétillante Tweedy, toute souriante comme à son habitude. Il lui sourit. Elle posa une question qui le décontenança : - On t'a déjà dit que tu avais un très beau visage, des traits fins et un regard chavirant ? Il haussa un sourcil interrogateur. Cet air ... Il ne le connaissait que trop bien. Elle avait une idée douteuse à l'esprit. Comme si elle s'apprêtait de faire une bêtise. Une grosse bêtise. Tweedy, Tweedy. Elle allait encore s'attirer des ennuis. De toute façon, cette fille était un véritable aimant à problèmes. Une lueur espiègle luisait dans ses yeux. - J'ajouterais même que tu es extrêmement inspirant, au point que ça me donne envie de te montrer mes immenses talents d'artiste. Jusqu'ici il n'avait jamais vu les talents dits "artistiques" de la jeune femme, sans doute parce qu'il pensait qu'elle en était totalement dépourvu peut-être. Cette petite le surprendrait toujours. Sa candeur, son brin de folie lui manqueraient énormément. Elle apportait une certaine joie de vivre. Pour un être torturé comme lui, l'étudiante représentait la fraîcheur et la gaité. Une personne solaire et sociable. Une personne qu'il appréciait énormément. - Je veux faire quelque chose de fou. Sa déclaration ne le surprit guère. Un rire amusé s'échappa de sa bouche. Oui, elle l'étonnerait toujours. Elle tendit sa main vers une trousse et en sortit un rouge à lèvres. Sa main vint s'appuyer sur le miroir. Elle commença à dessiner. La production n'allait pas apprécier son chef-d’œuvre. Elle tentait sans doute de faire un portrait de l'éphèbe. - Je risque de faire grincer quelques dents, mais je m'en fiche, je n'ai plus de compte à rendre à Cupidon ... Je peux laisser s'exprimer toute ma folie ! Il éclate de rire. Cette fille était tellement adorable. - Tu es en train de gaspiller un rouge à lèvres pour rien, tu le sais ça, dit-il d-un ton taquin. Pris un élan de folie et de créativité, il décida d'imiter la fillette. Après tout, c'était sa dernière semaine. Il pouvait se permettre d'avoir un petit grain de folie à son tour. Il chercha dans la trousse un autre rouge à lèvres et se plaça à côté d'elle. Il commença à esquisser un visage ressemblant à une certaine Tweedy. Il jeta un regard furtif à l'oeuvre de sa voisine. - Et ce dessin est sensé me représenter ?, s'exclama-t-il d'une voix railleuse.

hj - désolée pour le retard

Hein, quoi ? Tweedy, une nana complètement timbrée ? Non mais n'importe quoi, hein. Déjà, est-ce que vous avez la moindre preuve à votre disposition, le moindre élément qui viendrait justifier que la jeune femme était effectivement dérangée ? Non ? Oui ? Décidez-vous. Ah parce que, selon vous, le fait qu'elle se comporte présentement d'une manière tout à fait surprenante justifiait sa folie, c'est bien ça ? Ben voyons, comme c'était simple de raisonner d'une telle manière, hein. Parce qu'après tout, il était bien normal que Tweedy ne prenne pas la peine de saluer Malo, et qu'elle enchaine directement sur de drôles de compliments, hm. Tout comme il était parfaitement normal que la petite brune prétende avoir de fascinants dons d'artiste, alors que tout être ayant un tant soit peu suivi son aventure avait eu l'occasion, et par mille fois soyez en sûrs, de constater que ça n'était pas du tout véridique. Oh attendez, il y avait encore mieux dans l'histoire. Car Tweedy ne s'était pas contentée de prétendre que le minois si inspirant de Malo lui permettrait à coup sûr d'exposer son coté créatif. Ah non, elle allait carrément jusqu'à vouloir le lui prouver. Et par là, comprenez que la petite brune se risqua à utiliser un rouge à lèvre, sorti par le plus grand des hasards d'une trousse qui trainait là, pour entreprendre de dessiner sur le miroir. Oui, elle osa. Elle ne devrait pas, elle n'avait pas tellement le droit à vrai dire, mais qu'importe, elle osa. Mais ça n'était encore que tout à fait normal, non ? Tweedy n'en était pas folle pour autant, si ? Ah, vous pensez ? Et bien soit, si elle était folle, au moins, elle le vivait bien. Voilà. En tout cas, Malo sembla prendre tout cela avec humour puisqu'elle put l'entendre éclater de rire. Ah, tant mieux. Parce qu'au moins, elle n'avait pas à craindre qu'il demande à la Production de la faire interner, hm. Gaspiller un rouge à lèvre ? Gaspiller, vraiment ? Oh non, ne lui parlez surtout pas de gaspillage. Écolo comme elle était, ce serait un coup à la faire renoncer à son fascinant projet. Et avouez que ce serait dommage, vu qu'on était probablement tous très curieux de voir ce qu'elle nous contactait. Ce serait drôle, assurément. Laid, donc drôle. « C'est pour la bonne cause » tenta-t-elle spontanément de se justifier. Pour la bonne cause, ah oui ? Bon, très bien. Si elle le disait. C'était surtout pour ne pas avoir mauvaise conscience, mais soit, pourquoi pas. Mais voilà que Malo la surprit grandement en l'imitant, se saisissant lui aussi d'un rouge à lèvre et commençant lui aussi à dessiner sur le miroir. Oh bon sang, elle l'avait contaminé. Non, pire, elle l'avait perverti. Que Dieu lui pardonne. Voyant que Malo espionna son travail, elle prit un air faussement outré. Les sourcils doucement froncés - genre, pas crédible pour un sou - elle arbora par la suite une mine plus amusée lorsqu'il lui demanda si ce qu'elle dessinait était censé le représenter. « Te représenter ? Ah parce que maintenant que tu sais que je te trouve inspirant, tu t'imagines que j'aurais soudainement envie de te représenter sur un miroir, au rouge à lèvre, comme une timbrée ? Tu penses sans doute être le plus beau dans cette pièce, hein ? Et bien non, ce n'est pas le cas. Parce que ... parce que nous ne sommes pas seuls, Malo. Eh non. Mon ami est là. L'un de mes amis est là, je dirais plutôt. Et il est beau lui aussi. Très beau. Plus beau que toi ? Non, peut être pas. Mais beau quand même. Et donc, si tu penses que j'ai préféré te dessiner toi plutôt que lui ... si tu penses mériter d'être représenté à sa place ... et enfin si tu penses pouvoir pleurer devant ton portrait d'ici quelques minutes ... et bien ... tu ... tu ... » Oui, mais encore ? « ... tu as raison. » Ah, quand même. On a failli bailler. Donc en fait, elle venait de lui pondre un monologue pour au final confirmer ses dires ? Tweedy allait bien. Examinant le début de son œuvre, elle se permit soudainement pour une critique d'art, hm. « C'est de l'art, donc c'est pas forcément beau à regarder. La beauté est ailleurs. Je pense même qu'en fermant les yeux, on pourrait trouver ça encore plus beau. » Attendez voir, elle disait n'importe quoi là, non ? Parce que Tweedy n'y connaissait rien à l'art, hein. M'enfin ça, c'était plutôt clair. « Et toi ? C'est bien la porte que tu dessines, non ? » Ouuuh, vilaine Tweedy.

hj. t'inquiète