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 "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45

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Otello

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ISMAY

Mes paupières refusent de se fermer depuis bien trop longtemps pour que je puisse continuer à ignorer le phénomène. Une insomnie se profile, j’en connais tous les signes précurseurs, et au lieu de rester dans un lit à m’énerver en comptant les minutes que j’imagine défiler, j’ai toujours eu pour habitude de provoquer la fatigue au lieu de simplement et bêtement l’attendre. C’est ainsi que je me suis retrouvé, à une heure passablement avancée de la nuit, à errer dans les ruelles sombres qui n’ont d’effrayant que le nom “ruelles sombres”. Découvrir un lieu de nuit ou de jour est sensiblement différent. Telle une scène au décor changeant, une même rue, un même quartier peut revêtir plusieurs visages s’il est vu en plein jour ou à la nuit tombée. C’est comme ça que j’en suis venu à m’arrêter devant un bâtiment que j’avais totalement occulté à la lueur du jour. Le cinéma dont les affiches passées clignotent au gré de quelques ampoules en fin de vie, danse hypnotique m’invitant à entrer. D’aucun trouverait ça lugubre, moi j’y décèle un charme certain. Il y a quelque chose de désespéré dans cette façade, dans ces ampoules qui s’acharnent à annoncer encore et toujours les mêmes films depuis des décennies, sans jamais se lasser. J’y vois une âme triste, une âme perdue. Je m’y vois. Et j’entre. L’écho de quelques voix du passé me parvient depuis le hall, et c’est sans vraiment réfléchir que je plonge un cône en carton dans le bac de popcorn, avant de passer les portes, mon précieux butin contre mon torse. C’est Jeanne Moreau qui m’accueille. Une Jeanne Moreau jeune dont la voix est déjà éraillée. Elle chantonne, et comme dans la chanson, sa voix m’ensorcelle. J’erre jusqu’aux rangs du milieu, où je finis par échouer, délaissant les sur-titrages en anglais qui, selon moi, vandalisent l’oeuvre originale aussi efficacement qu’une castration d’un David de Michel Ange, et je m’enfonce dans mon siège inconfortable. Je connais déjà ce film, pour l’avoir visionné une ou deux fois, mais je ne m’en lasse pas. Jules et Jim, ou l’absence d’une jalousie omniprésente. Je connais la fin, je redoute la fin, et pourtant, je me prends, une nouvelle fois, à espérer un revirement de dernière minute. Espoir vain puisque le dénouement reste inchangé depuis 1962. Mais je plonge, je succombe et me noie, laissant le film m’absorber totalement, jusqu’à ce qu’un bruit ténu me rappelle à la réalité. La porte, derrière moi, vient de s’ouvrir et de claquer, preuve que quelqu’un vient de pénétrer dans mon refuge, s’imposant entre mes héros et moi-même, le trio initial s’étant transformé en quator. Eux plus moi. Et maintenant, eux plus moi et elle. Mon irritabilité cède place à une ébauche de douceur en voyant se profiler Ismay, dont je me répète, à nouveau, in petto, le prénom. « Tu me cherchais ? » je demande doucement, par respect exagéré envers François Truffaut, alors qu’elle avance vers moi. « Ou bien est-ce une insomnie commune qui te mène jusqu’à moi ? » j’achève en abaissant le strapontin situé à côté du mien, invitation absolument pas voilée à me rejoindre complètement, sans demi-mesure.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyLun 24 Sep 2012 - 18:24

Entre ses cils, Ismay ne voyait quasiment rien, si ce n'est l'obscurité de la chambre dans l'école municipale des filles. Ignorant tout de l'heure qu'il était, mais sachant pertinemment qu'elle serait incapable de se rendormir tout de suite, elle resta quelques secondes immobile, étouffant un bâillement, battant des paupières dans l'espoir de faire repartir complètement son cerveau. Roulant sur le côté, son regard se posa sur le côté inoccupé de on partenaire de lit, et partenaire tout court. À en juger par la couverture rabattue et la chaleur qui se dégageait encore des draps, Otello devait s'être glissé hors de la chambre il y avait peu de temps. Un oiseau de nuit. L'avait-il réveillée en partant ? Possible. Mais elle ne s'en souciait guère. Ismay adorait la nuit. Peut-être même plus que le jour. C'était un autre monde qu'elle pouvait découvrir, dans lequel s'aventurer, qu'elle pouvait dévorer du regard. Un bref regard à sa montre lui indiquait qu'il était passé deux heures du matin. L'heure parfaite pour un pique-nique. Repoussant son drap, elle s'éclipsa du lit à son tour et après avoir passé un ample pull noir, sortit directement dans la rue silencieuse et paisible. C'était agréable de ne pas avoir à regarder où on mettait les pieds, à vérifier que la ruelle dans laquelle on allait s'engager n'était pas déjà remplie d'ivrognes prêts à montrer à qui voulait l'entendre ce qu'était un homme, un vrai. Quittant son quartier d'adoption, celui qui abritait sa chambre, elle s'aventura avec émerveillement dans le voisinage, dont le quartier Aubanel. Le nez en l'air, elle ne tentait même pas de réprimer sa curiosité maladive, et se contenter d'avaler les tonnes d'informations que son cerveau décelait et analysait à la minute. Elle voulait tout savoir de ces lieux, le connaître sur le bout des doigts, les bâtiments principaux comme les coins plus reculés mais non pas dénués de charme. Au bout d'un laps de temps inconnu qu'elle avait passé à marcher, elle finit, les bras croisés sur la poitrine, par s'arrêter devant ce qui était sans nul doute un cinéma. Le regard brillant, elle n'hésita qu'une demi-seconde avant de passer le seuil. Un bourdonnement parvint rapidement à ses oreilles et machinalement, son instinct l'emmena dans cette direction. Ce n'était rien de plus qu'un film qui tournait. Et rien de moins. Captivée par les suites d'images qui défilaient, elle ne parvint à identifier l’œuvre, ce qui ne l'étonna guère. Elle n'avait jamais été particulièrement calée en matière de cinéma, ce qu'elle avait souvent regretté, car ce n'était jamais sans un enthousiasme dévorant qu'elle découvrait de nouveaux films. Elle ne remarqua pas tout de suite la présence initiale lovée sur un strapontin proche de l'écran mais elle accueillit cette découverte par un sourire et quelques pas dans sa direction. « Va savoir pourquoi je me suis réveillée... Je me promenais, c'est tout, mais le hasard fait bien les choses » lui répondit-elle, se glissant entre deux rangées de sièges avant d'arriver jusqu'à lui. Copiant son attitude, elle avait presque murmuré. Il y avait des endroits, comme ça, où, sans raison, elle avait le réflexe de baisser la voix. Les transports en commun, les salles d'attente, le cinéma... « Qu'est-ce que tu regardes ? Régale-moi de ton bon goût. Parce que tu as forcément bon goût, ils n'auraient pas osé me coller quelqu'un qui a pour film préféré Sucker Punch ou je ne sais quoi, ça équivaudrait à de la torture, voire au meurtre, et je ne suis pas sûre que ça soit très bon pour l'image de la chaîne. » Ses prunelles s'étaient remises à l'ouvrage, avec pour seul but l'identification du film. Non, décidément, ça ne lui disait rien. Frustrée de sa propre ignorance, elle soupira imperceptiblement. « Je n'ai pas une culture cinématographique extraordinaire » avoua-t-elle, regard rivé vers le grand écran, comme si elle avouait là un terrible pêché.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyLun 24 Sep 2012 - 20:13

La dernière chose que je souhaitais en quittant le lit était bien d’éveiller ma partenaire. Pourtant, il semblerait que j’ai échoué lamentablement dans cette mission personnelle aux vues de ce qu’elle m’explique. Elle ne m’accuse pas ouvertement, bien au contraire, elle prétend ne pas savoir ce qui l’a réveillé, mais si j’en crois ce qu’elle me confie, sa promenade jusqu’ici, et son arrivée quelques dix à quinze minutes après la mienne, tendent à prouver qu’elle s’est éveillée à mon départ. Néanmoins, sa voix douce et basse me tire un sourire en lieu et place de la grimace d’excuse que j’aurais du ébaucher. Mon bras s’étend et ma main abaisse le strapontin à mes côtés tandis qu’elle approche, et je me dis que ce n’est pas le hasard qui fait bien les choses, mais Cupidon en nous imposant l’un à l’autre. Je la connais tellement peu, tellement mal, je n’aurais pas la prétention de pouvoir dire que nous sommes en tout point compatible, mais nous ne sommes pas incompatible, et c’est déjà un énorme soulagement à la lumière des Paris et Nicky Hilton du soleil levant, ou du Troll fushia. J’aurais clairement pu tomber très mal. A la place de quoi, la présence d’Ismay ne me dérange en rien, pas plus que la mienne ne semble l’indisposer. Pour preuve, elle s’approche, s’installe, et me demande, dans une nouvelle réplique fleuve, de la renseigner sur le film à l’écran, me tirant un nouveau sourire par la même occasion. Plaintive, elle m’informe de ses lacunes en culture cinématographique dans un soupir frôlant le désespoir. « Tu connais Sucker Punch, déjà... » je rétorque, amusé, et relevant l’accoudoir nous séparant, tapant dessus pour le faire entrer dans l’espace prévu à cet effet, mais qui semble brusquement récalcitrant. « C’est bien le film où une blonde réalise le fantasme d’hommes alors qu’en réalité elle se trouve dans un hôpital psychiatrique dans lequel ils... Ou alors, attends... Je crois que... » Les yeux dans le vide, je tente de rappeler à moi les vestiges de souvenirs de ce film qui m’avait, de mémoire, laissé perplexe et passablement déçu. « Non... En réalité, je n’ai rien compris à ce film, et mon esprit a préféré, semble-t-il, en éloigner le souvenir. Du popcorn ? » Passant du coq à l’âne, je lui tends le carton, afin de libérer mes mains et d’y aller carrément avec l’accoudoir que je finis par vaincre. Victorieux, je suis à deux doigts d’exulter un “veni, vidi, vici” tonitruant, mais je retiens de justesse en me contentant d’un sourire lumineux. Et brusquement, je prends conscience que si j’ai fait tout ça c’est dans le seul et unique but qu’elle puisse s’affaler contre moi, comme j’y suis habitué. Mais peut-être ne le désire-t-elle pas ? Peut-être est-ce déplacé de ma part ? Comment suis-je censé me comporter avec elle lorsque mon seul apprentissage de la Femme est celui de la satisfaction ? Est-ce que cette proximité peut être jugée trop intime ? Mon cerveau débordant de questions, je préfère y mettre un terme en, tout simplement, désignant mon épaule de mon index, lâchant un presque trop nonchalant « Si tu veux. », avant de m’enfoncer dans mon siège, bougon. Je tente alors de reprendre le cours du film, me rappelant brusquement sa question première. Je garde un instant le silence, cherchant à préparer mentalement une réponse concise et précise, puis je me lance. « Il s’agit de Jules et Jim, un film français de 1962 si mes souvenirs sont exacts. Le film débute avant la guerre, sur l’histoire d’amitié entre Jules, l’autrichien, et Jim, le français qui tombent tous deux amoureux de la même femme, Catherine, interprétée par Jeanne Moreau. Elle finit par épouser Jules, l’autrichien. La guerre éclate, et Catherine prie pour que Jules et Jim ne s’entretuent pas. À l’armistice, l’amitié reprend, mais la passion entre Catherine et Jules s’est étiolée. Ce dernier l’autorise à prendre Jim comme amant, lui promettant de l’aimer quoiqu’il advienne. Catherine et Jim veulent un enfant, et Jules donne presque sa bénédiction, le trio défiant toutes les lois de la jalousie et du sentiment de possession... Mais bientôt... » et je me tais, interrompant mon esprit en désignant d’un mouvement de menton l’écran, l’informant que le “bientôt” s’apprête à être joué. « Regarde la fin avec moi... » je la prie, tant animé par le besoin de lui faire découvrir ce petit bijoux, que par celui de ne pas être seul face à ce dénouement final que j’appréhende toujours autant.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyMar 25 Sep 2012 - 20:42

Le film était en noir et blanc. Dieu sait à quelle année il devait remonter. Voilà qui changeait des blockbusters actuels, aux mille couleurs, aux acteurs fréquemment nuls, aux scénarios moyens et aux effets spéciaux qui donnaient la migraine. Du genre, et bien, du fameux Sucker Punch, par exemple. Sucker Punch qu'elle avait détesté. C'était le genre de film qui aurait facilement pu la faire rêver, vraiment, et pourtant, elle était ressortie de la séance septique, et avec l'impression d'avoir perdu son temps. Sentiment qu'elle ressentait après le visionnage de nombreux films, de trop nombreux films du moment ou un peu plus ancien. Peu cultivée en cinéma, pourtant, elle était incapable de trouver un point de départ correct pour commencer à parfaire ses connaissances. C'était peut-être l'occasion, là, tout de suite. Un film en noir et blanc devait forcément présager autre chose qu'un manque évident de culture, pas vrai ? Avec un peu de chance, du moins. Mais comme Otello le répliquait si bien, en effet, au moins, elle connaissait Sucker Punch. Quelle consolation ! Le regard baissé vers l'accoudoir avec lequel son partenaire semblait se battre, elle opina d'un vague "hm" à ses supputations sans réellement les avoir entendues. Il aurait tout aussi bien pu raconter que le film parlait de deux enfants qui se retrouvaient transformés en moutons et tout droit propulsés à Fantasia qu'elle aurait quand même acquiescé. Ramenée à la réalité par le cornet de... pop corn ? qui surgit soudain sous son nez, elle redressa le menton, rit, et tendit la main pour le débarrasser du pot. « Au final, tu y gagnes plus que tu n'y perds... Merci. » Attrapant quelques pop corn qu'elle mangea distraitement, elle suivit ses mouvements des yeux, oubliant presque le film qui était diffusé devant eux, le fixant venir enfin à bout de son ennemi du moment, l'accoudoir. Elle ne s'était pas posé distinctement la question, mais pourquoi ? Qu'avait bien pu lui faire ce pauvre accoudoir pour qu'il s'acharne ainsi sur lui ? La réponse lui parvint aussitôt, lorsque, désignant son épaule, il l'invita à prendre ses aises, la déconcertant une seconde. En voilà un qui ne devait pas avoir de gros problèmes avec la proximité entre humains. Ce qui n'était peut-être pas plus mal, en définitive, Ismay pouvant des fois se montrer plutôt tactile, ou proche, du moins. Lui adressant un sourire, elle recula dans le fond de son siège pour pouvoir remonter ses genoux sur sa poitrine, et appuyer la tempe sur l'épaule voisine, le pot de pop corn toujours entre les mains. Elle lui laissa alors tout loisir de se plonger dans un résumé du film, s'imaginant le début en diverses scénettes mentales qu'elle essayait de rendre les plus vraies et vives possible rien qu'avec ses mots. Finalement, elle décida de faire de Jim son préféré. Juste comme ça. Parce qu'elle avait toujours un préféré, même lorsqu'elle ne l'avait pas officiellement présenté comme tel. Son regard se détacha alors de son partenaire pour se plonger enfin dans le film, ou ce qu'il en restait. Il ne fallut que quelques secondes pour situer les personnages, Jim, Jules et Catherine, appréhendant un peu ce dernier personnage. C'était idiot, comme ça, mais elle aimait rarement les personnages prénommés Catherine. Il suffisait de voir cette idiote de Catherine Earnshaw. Mais ces pensées parasites s'envolèrent bientôt pour ne laisser qu'une pleine concentration sur le film. Le petit paquet pyjama... Catherine tournant encore et encore en voiture... Le revolver... Jim, dieu qu'il était beau. Les hommes de l'époque avaient vraiment une classe folle. Le cinéma, maintenant. Mise en abyme. Presque. Malgré elle, elle nota la voix off plutôt désagréable mais à laquelle elle s'habitua finalement. Quelque chose à... lui dire ? Jules ? Regarde-nous bien ? Fronçant les sourcils, Ismay se redressa légèrement, dans un mouvement retenu pour se pencher vers l'écran, comme si ça avait pu lui permettre d'être plongée plus encore dans l'action. La musique lui tordit les tripes, le sourire de Catherine lui mit la boule au ventre. Que... ? D'un geste instinctif, ses doigts crochetèrent l'avant-bras d'Otello comme s'il avait été une bouée de sauvetage lorsque la voiture percuta la surface de l'eau. Desserrant aussitôt son étreinte, elle lui jeta un coup d'oeil, de peur de lui avoir gâcher l'instant. La toute fin du film se déroula, lente, comme tout semblait lent après un court laps de temps d'adrénaline. Suivant Jules du regard, Jules qui traversait le cimetière, son chapeau à la main, elle se redressa. La brune avait toujours été une émotive exacerbée devant un film, ou plongée dans un roman, s'insurgeant ou riant d'un petit rien, d'un détail. Un travers des plus humiliants, parfois. Ainsi, tandis que le générique de fin remplaçait la dernière scène, elle souffla « c'est peut-être mieux que je n'ai pas vu le début, j'aurais sans doute fondu en larmes » avec l'ombre d'un sourire affecté.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyMar 25 Sep 2012 - 22:55

Je ne regarde pas vraiment l’écran. Non pas par manque d’intérêt, bien au contraire, j’ai un attachement particulier envers cette oeuvre. Mais c’est juste de par cet attachement que je me retrouve à épier les réactions de ma partenaire. J’ai l’impression de soulever un coin du rideau derrière lequel je me dissimule en permanence, et de l’autoriser à jeter un coup d’oeil à l’envers du décor. Je l’éprouve, je la teste, sans jamais dévoiler mon jeu. C’est trop tôt pour ça, et il n’existe que deux résultats possibles. Le premier, définitif, serait la déception. Le deuxième serait la satisfaction. Provisoire. Tout le monde fini par me décevoir à un moment ou à un autre. Mais ma curiosité me pousse à observer jusqu’à quel échelon elle est capable de grimper avant l’inévitable chute. Ça pourrait être malsain si je n’avais pas la naïveté d’espérer qu’elle ne chutera pas, ou alors, pas trop vite, pas trop durement. D’ordinaire, je m’en moque, je n’espère plus, ni l'élévation, ni la chute, mais elle est ma partenaire, et quelque part, ça lui confère un statut particulier, un statut inédit. Enfoncé dans mon fauteuil en simili cuir, je la surplombe suffisamment pour étudier ses réactions, ses doigts qui se tordent ou se délient, ses mains qui se crispent, je discerne même ses traits malgré sa tête contre mon épaule. Je suis suffisamment proche pour noter son souffle, tantôt calme, tantôt accéléré. Je perçois les dialogues, mais je ne suis le film qu’à travers ses réactions à elle, pouvant dire avec précision quelle scène est entrain de se jouer. L’appréhension grimpe en moi. Celle du proche dénouement, évidemment, mais également celle de sa réaction à elle exposée à cette fin qu’elle visionne pour la première fois. J’entraperçois le pont dans ses rétines, dans ses mouvements, tandis qu’elle se redresse et semble vouloir pénétrer dans l’écran, ses doigts accrochent ma peau, et je comprends que le champ s’élargissant, le pont lui est apparu dans son intégralité, la partie effondrée en son centre. Le contact s’envole et elle m’avise. J’esquisse un sourire, mais elle est déjà repartie en compagnie de Jules. Jules seul face aux flammes. Jules seul face à deux boîtes. Deux ridicules boîtes qui contiennent, pourtant, tellement. Jules qui s’éloigne, et cette musique qui reprend, entrainante, presque joyeuse, et qui, en cet instant, rend le tragique suffoquant. J’ai beau avoir échappé au visuel, en être témoins au travers de ses yeux a elle n’a en rien amoindrie la violence se déversant par vague dans mes veines. Aussi, lorsque sa voix s’échappe dans un souffle, elle prend des airs de sursit, d’ancrage au réel. Sa confession me tire un nouveau sourire, elle vient de gravir un échelon. « La première fois que je l’ai vu, c’est ce que j’ai fait. » Mais c’était il y a longtemps, tellement longtemps. A l’époque je découvrais encore tout avec une émotion exacerbée, sans aucune protection. Aujourd’hui, je ne sais même pas si je suis encore apte à verser une larme. Même lorsque l’émotion est belle et bien présente, elle semble se terrer au fond de mes tripes pour ne jamais paraître à l’extérieur. Mon regard la quitte pour la première fois depuis la dernière demi-heure, et se reporte sur l’écran au générique vieillot. « J’envie Jim... » je confesse malgré moi, avant de me reprendre et de lui offrir un sourire d’excuse. Je m’excuse pour tout, pour avoir quitté le lit en la réveillant, pour avoir échoué ici, pour aimer ce genre de film, pour l’avoir invité a contempler la fin avec moi sans la prévenir à l’avance de ce à quoi je l’exposais volontairement. Tout ceci en un regard, tandis que la petite salle se met à vrombir d’une musique bien trop entrainante. Sourcils froncés, je tourne ma surprise en direction de l’écran où, « Sans transition... », le générique d’un tex avery impose sa bonhomie dérangeante.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyMer 26 Sep 2012 - 21:15

Une chose était sûre : elle ne s'était pas attendue à ça. Elle se connaissait assez que pour savoir que se transformer en vierge pleureuse devant un film n'était pas une habitude rare et choquante chez elle, mais elle n'avait pas imaginé qu'à peine un quart de vieux film totalement inconnu puisse la prendre au coeur de cette façon. Dieu qu'elle était sensible, beaucoup trop sensible, parfois. Et parfois, pas du tout. Complètement inconstante et paradoxale, elle pouvait s'émouvoir d'un rien puis faire preuve d'un véritable coeur de pierre l'instant d'après. Il le fallait bien, ou elle n'aurait pas survécu une demi-journée dans l'institut dans lequel elle travaillait. Et pourtant, elle remerciait le ciel de ne pas être née avec cette faculté, ou ce fardeau, selon le point de vue, d'être incapable de s'émouvoir. Elle aimait rire, sourire, être inquiète, surprise, mélancolique, pensive, septique, elle aimait même pleurer. Se savoir libre de ressentir tout et n'importe quoi la contentait plus que bon nombre d'autres choses. Ainsi, pas une seconde elle ne s'était sentie honteuse de la mêlée d'émotions indescriptibles et irrépressibles qui l'avait submergée. C'était plutôt ce que cela pouvait provoquer chez autrui, qui l'inquiétait. Mais la réaction d'Otello l'avait en l'occurrence rassurée. Non, il ne la fusillait pas du regard pour avoir réagit exagérément au moment clé du film. Non, il ne se dégagea pas avec sécheresse et agacement. Non, un air de profonde pitié ne s'était pas peint sur son visage en voyant cette pauvre petite fille tétanisée devant un foutu film. L'aveux qui succéda au sien lui tira un sourire, d'ailleurs. Instinctivement, elle tenta vainement de l'imaginer, les joues ruisselant de larmes, les lèvres pincées dans ce réflexe qu'on avait tous quand on se retenait de pleurer, le regard rivé vers le générique qui s'étendait paisiblement après le drame, comme s'il n'avait rien à voir avec tout ça, et n'était que pour faire son boulot de générique. Elle ne trouva rien de bien à lui dire - sans doute parce que ce genre de réplique ne nécessitaient pas de réponses. Tout lui aurait semblé ridicule. De toute façon, le voilà qui poussait déjà encore un peu plus le vice. Il enviait Jim. Jim. Il enviait Jim. Ismay dissimula le sourire que lui arracha cette réflexion par un autre, en réponse au sourire qu'il lui adressa. Dans le fond, c'était sans doute Jim qui, des deux, était le plus enviable, en effet. Après tout ce temps, après que son amour se soit mariée à son meilleur ami, c'était lui, qui, en définitive, avait prit son coeur, en quelque sorte. C'était après qu'il lui ait annoncé son désir d'en épouser une autre que ça s'était produit. Que ça soit de chagrin, ou simplement par jalousie, le résultat était là. Alors que Ismay s'apprêtait à ouvrir la bouche pour le questionner, l'ambiance exécuta un virage à trois cent soixante degrés lorsque la mélodie d'un générique d'un cartoon qui sonnait familier à son oreille explosa dans la salle, troublant l'émotion tendue qu'avait laissés derrière eux Jules, Jim et Catherine. Redressant le visage dans un réflexe idiot, le commentaire que son partenaire imposa alors la fit rire. Ils auraient difficilement pu faire plus extrême, comme changement. Ne s'attardant pas tellement sur ça, cependant, elle releva le nez pour avoir une vue convenable du visage d'Otello et intima un très sérieux et intéressé « pourquoi ? » Maintenant, elle n'avait plus envie que de connaître la réponse à cette question. Il en avait à la fois dit trop et pas assez. « Pourquoi tu envies Jim ? » Si le sujet était délicat, elle ne l'avait pas remarqué. Mais c'était simple : il le lui dirait, et elle réfrénerait sa curiosité. Voilà tout.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyJeu 27 Sep 2012 - 0:45

Cruelle sensation que d’être tiré de sa salvatrice souffrance par un générique de Tex Avery. J’ai l’impression qu’on vient de m’amputer de mon libre arbitre, de mon droit à m’émouvoir, à ressentir, on vient de me priver de ma période de deuil en me gueulant à la face “Réjouis-toi, abrutit ! Danse, chante, et ris ! ». Et j’observe l’écran avec un mélange de consternation et d’incrédulité. C’est le rire d’Ismay qui étouffe l’insurrection qui se joue en moi, se profile, s’auto-alimente, et enfle. Un rire communicatif que je ne tarde pas à rejoindre, parce que oui, finalement, la situation a quelque chose de comique, d’incongru, de suffisamment inédit pour que ça en devienne réellement apaise. Mon rire est bref, mais suffisant pour qu’inconsciemment je retourne me lover dans le fond de mon siège, glissant légèrement, pour ne pas dire me vautrant, de manière à étendre mes longues jambes. Une attitude trahissant une certaine familiarité, comme si j’avais cessé non pas d’être dans le paraître, mais bien d’être en alerte. Toujours attentif, j’ai rarement l’occasion de me détendre, ni mentalement, ni physiquement. Je ne pense pas qu’elle en ait conscience, moi-même je ne me rendrais pas compte tout de suite, mais cette forme d’abandon est un échelon supplémentaire, un échelon encore sous plastique tant il n’est jamais atteint. Et puis, alors que, le sourire toujours aux lèvres, j’étends le bras pour piocher dans le cornet de popcorn qu’elle détient toujours, elle me demande pourquoi. Pourquoi quoi ? Je ne suis pas sûr de bien saisir l’origine de sa question, et m’immobilise, la main dans le cornet, incapable de poursuivre dans l’hypothèse que c’est ce dernier geste qui l’indispose. Mais elle continue et précise sa pensée. Pourquoi Jim ? Pourquoi lui plutôt que Catherine, ou Jules toujours en vie ? Rassuré, je reprends la traque du popcorn parfait, et dans le crépitement de mes doigts farfouillant, je réfléchis à comment formuler ma réponse. Ça me semble tellement évident que je peine à trouver des arguments construits. Elle ne peut pas ne pas être de mon avis, mais je la soupçonne de vouloir s’assurer à quel point nous sommes du même avis. « Parce que c’est avec lui qu’elle décide de passer le reste de l’éternité. Il est l’élu. » Je fini par extraire une poignée de popcorn, mais je ne les porte pas à mes lèvres, je me contente de les observer entre mes paumes en coupe. Mes yeux les fixent, mais mon regard est au-delà, et dans mon esprit, Jules et Jim s’éloignent. « Je crois que la mort est préférable au fait d’être celui qui reste. » D’être celui qui contemple depuis l’extérieur. « Son épouse, la femme qu’il aime, en choisi un autre pour partager sa mort. Une mort violente à l’image de leur amour. Parce l’amour est violence, l’amour est aussi souffrance. Jules souffre de Catherine, mais Catherine ne souffre que de Jim. » Mes yeux s’esquivent de mes paumes et se reportent sur elle. « Elle n’a jamais véritablement aimé Jules. » Du moins, c’est mon avis. Un avis forgé par l’expérience. Une expérience qui n’a rien d’enviable, pas plus que Jules ne l’est. L’amour est passion, il consume tout, jusqu’à l’âme, détruisant par le feu chaque parcelle de volonté, laissant l’homme à terre, impuissant et seul. Seul face à lui-même. Alors oui, quelque part, c’est la mort de Jim qui j’envie. Elle l’a emporté lui, et maintenant, tout est fini. Et c’est mieux ainsi.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptyJeu 27 Sep 2012 - 20:18

Faisant tourner le paquet de pop-corn entre ses doigts, Ismay s'habituait enfin, peu à peu, au générique rocambolesque du cartoon lorsque celui cessa. Se désintéressant totalement de ce qui lui semblait être totalement ridicule avec Jim et Jules, bien qu'elle soit d'ordinaire friande de - bons - dessins animés et de - bons - films d'animations, elle préféra reporter toute son attention sur son partenaire qui satisfaisait sa curiosité, curiosité à laquelle elle avait déjà imaginé une réponse toute prête. En réalité, il s'agissait plus de ce qu'elle aurait répondu, si elle avait été à sa place, plutôt que ce qu'elle le voyait dire. Prétendre savoir ce qu'il avait en tête aurait été idiot, tant elle le connaissait peu. Et de plus, elle se prêtait guère à ce genre d'exercices, se délectant plutôt de chaque réplique, chaque avis, parfois aussi uniques qu'inattendus, que n'importe qui pouvait lui confier. Ainsi, plutôt que d'essayer, en quelques fractions de secondes, de décrypter son cerveau, elle se contenta d'écouter attentivement sa voix. Et ses mots achevèrent de la convaincre que c'était la meilleure chose à faire. « C'est la réponse que j'espérais. » Bien, ils étaient au moins sur la même longueur d'onde concernant ce point-là. Et même en réfléchissant très fort, elle ne parvenait pas à imaginer qu'il puisse en être autrement. D'ailleurs... « Tu es plus romantique que tu en as l'air. » Romantique, oui. Pas selon ce que le sens commun laissait supposer, néanmoins. Qu'il soit sentimental, passionné, rêveur, ou quelque soit le synonyme qu'on lui accordait, elle n'en savait pas grand chose encore. Non, par romantique, elle entendait l'homme mû par des passions souvent incomprises, des autres et de lui-même, et tout aussi souvent contrariées. Et s'il parvenait à penser de cette façon, c'est qu'il l'était forcément. Un peu, en tout cas. Car il aurait pu résonner d'une toute autre façon. Estimer que Jules était le gagnant, puisqu'il était finalement le seul à être toujours vivant, et qu'il aurait ainsi la possibilité de refaire sa vie sans les deux éléments ayant pourri, sur la fin, son existence. Ou pire encore ! envier Catherine car deux meilleurs amis se battaient pour elle, et qu'elle arrivait, dans une certaine mesure, à posséder les deux. Ismay avait beau avoir un seuil de tolérance relativement élevé, elle aurait été sincèrement déçue s'il avait pensé ainsi. C'était sans doute son irrépressible romantisme qui le voulait. Cette pensée lui tira une demi-grimace, qu'elle dissimula derrière une mèche sombre de sa tignasse qu'elle enroula avec une distraction soigneusement étudiée autour de ses doigts. « Catherine est... Elle est tristement humaine. » Dans un mouvement involontaire, elle se recroquevilla légèrement sur ses genoux, et ses mains se serrèrent l'une sur l'autre. Dieu sait que, malgré qu'elle condamnât son attitude, elle la comprenait certainement bien mieux que bon nombre de téléspectateurs ayant eu une réflexion un peu plus profonde que "Catherine se joue de deux hommes, Jules est le cocu, Jim est seulement le deuxième". Comme quoi, elle était finalement incapable de garder ses réflexions même les plus personnelles pour elle. Aussi, se redressa-t-elle tout de même et son visage se transforma aussitôt, orné d'un sourire. « Dis-moi, c'est comment la vie, en Italie ? Ça doit être tellement différent de l'Angleterre... Et comment ça se fait que tu sois aussi calé en films français ? » Peut mieux faire. Un peu bateau, comme questions, et comme diversion, mais le personnage qu'était Otello l'intéressait, bien plus que ses propres réflexions idiotes et irrépressibles, d'ailleurs.
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MessageSujet: Re: "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." - mardi 25 septembre, 2h45   "j’allais dire prends-moi, tu m’as dis va-t-en." -  mardi 25 septembre, 2h45 EmptySam 29 Sep 2012 - 3:09

Elle écoute, comme on m’écoute rarement, peut être parce que je n’en laisse jamais l’occasion. Surtout pas sur ce sujet précis, alors que j’ai déjà l’impression d’en avoir trop dit au moment de mon casting, sans savoir que ce serait diffusé. Je ne parle jamais de ça, parce que j’ai conscience que ma conception de l’amour, violent, agonisant, n’est pas l’image que l’on devrait en avoir. L’amour se doit d’être beau, simple, doux, « L'amour ne fait point de mal au prochain: l'amour est donc l'accomplissement de la loi. » Romains 13. C’est ce qu’en dit la Bible. C’est ce qu’en dit la Bible, et pas moi. Qui suis-je pour remettre en cause ses enseignements ? Personne. C’est bien pour cette raison que je n’évoque jamais, ou rarement, ma vision de l’amour, cette même vision qui me pousse à éviter, de près ou de loin, tout ce qui pourrait aboutir sur de l’amour. Du moins, en temps normal. Je ne fréquente que des femmes qui ne représentent aucun risque, peu cultivées, peu intéressantes, ou si elles le sont, pas assez séduisantes. Ce n’est pas compliqué, finalement, puisque jamais une femme ne parvient à remplir chaque critère de mes exigences, il manque toujours quelque chose. Il manque toujours suffisamment. Alors, évidemment, je m’attends à une grimace de ma partenaire, à un discours poignant sur la beauté de l’amour que mon cynisme dégueulasse ternis à chacune de mes phrases. Comme toutes les femmes, ou presque, en somme. Sauf qu’il n’en est rien, et qu’à la place, ma réponse semble lui convenir si ce n’est la séduire. Elle me trouve même romantique. Un romantisme tragique, alors, à la Shakespeare, l’amoureux conduit à la folie finissant flottant au milieu d’une rivière, ou une dague en plein coeur. Un romantisme où l’amour conduit à la mort. Rien à voir avec Disney. Je ne réponds rien à Ismay. Je ne saurais quoi répondre. À la place, je me contente de l’observer avec attention, incapable de détourner mon regard d’elle, comme si, quelque chose, dans ses gestes, dans ses réactions, allaient m’informer sur le fond de ses pensées, sur sa nature profonde. Ce qu’elle finit par faire en me parlant de Catherine, mais je doute que mon regard posé sur elle y soit pour quelque chose. Catherine est humaine. C’est mon avis aussi. Elle n’est pas à diaboliser, ni même à envier, elle n’est ni la méchante de l’histoire, ni le héros. Elle est le contexte, le décor. La femme dans toute sa curiosité et son hésitation, l’humain dans son besoin d’être aimé pour tromper la solitude de l’existence. Mais c’est sa réaction face à sa propre conclusion qui m’interpelle, tandis qu’elle se recroqueville sur elle même. J’aimerais, je ressens bizarrement le besoin de la réconforter, mais elle ne m’en laisse pas le temps, changeant de sujet aussi rapidement que ça lui est possible, m’interrogeant sur ma vie à Rome et ma connaissance des films français. Des sujets tellement sans rapport qu’ils ne font que mettre en lumière sa volonté de parler, très vite, d’autre chose, qu’importe de quoi. Sauf que je ne parviens pas, pour ma part, à virer de bord aussi rapidement. Je sais qu’elle n’a pas envie d’en parler, encore moins de m’éclairer sur le sujet, mais je suis incapable de la laisser s’enfoncer dans ce qui ressemble à de la culpabilité. Catherine n’est pas tristement humaine, elle est simplement humaine, et le bout de mon index venant dégager une mèche de son front tente de traduire aussi délicatement que mon geste, mes pensées. Je n’ajoute rien de plus, je tente même pas d’aborder ce sujet, au contraire de quoi j’accède à sa demande. Alors, après un moment de silence, j’hausse simplement les épaules. « J’ai toujours vécu en Italie, alors je n’ai pas vraiment de moyen de comparaison. Et ma vie n’a rien de typique. » Tenir compagnie et coucher avec des femmes que je choisi en fonction de leur manque de dangerosité, et se voir offrir une vie de luxe en remerciement, je ne suis pas certain que ce soit la vie quotidienne de l’italien de base. « Quant à ma connaissance des films français, elle résulte de ma période de boulimie, période durant laquelle j’ai voulu voir, lire, visionner, le plus de choses possibles. Et parlant italien, français, allemand et anglais, je ne me suis vu restreindre à aucune langue, ni aucun style. Ce qui explique que je connaisse aussi Sucker Punch. » je lance, dans un sourire amusé, avant de reprendre une poignée de popcorn. « En voulant tout voir, j’ai vu le bon comme le mauvais, voir le très mauvais. Et quand on sait que le bon existe peu... » Oui, je me suis imposé une grande quantité de navet. Mais les quelques pépites que j’ai déniché, en valaient la peine, à mon sens.
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Inutile de se laisser aller à penser à tout et n'importe quoi. Ismay préférait écouter ce que Otello disait, pouvait dire, voulait dire. N'importe quoi, elle le trouvait plus prenant que ses rêveries parfois cauchemardesques et tout ce qu'elle pouvait tirer de son esprit sans doute en surchauffe. De toute façon, elle préférait toujours écouter. Écouter les réponses aux multiples questions qu'elle pouvait lancer à tord et à travers, écouter quelqu'un parler de lui et le découvrir au travers de ses mots, écouter les bruits, sons, cliquetis, grésillements, claquements, grincements, de la vie de tous les jours. Emmagasiner ainsi des tonnes et des tonnes d'informations dont elle ne ferait sans doute rien mais qu'elle se délectait d'acquérir, sur le moment. Alors oui, si, sentant le contact des doigts de son partenaire sur sa joue, elle sourit imperceptiblement, elle ne se détendit réellement qu'en l'entendant reprendre la parole. Ses premiers mots lui tirèrent un regard intrigué, si bien qu'elle tourna vers lui des sourcils froncés et une mine avide. Une vie complètement atypique. Quelle genre de vie complètement atypique ? Peu désireuse de lui soutirer des secrets qu'il n'avait peut-être pas envie de dévoiler, et manquant de toute façon de temps, car déjà il reprenait, elle se réinstalla, laissant sa tête se presser contre le dossier du strapontin et sa tempe contre l'épaule de son voisin. Faisant bien attention de ne pas perdre un dixième de la perfection de son ouïe en appuyant son oreille sur lui, elle attrapa quelques pop-corn qu'elle mit, l'un après l'autre, dans sa bouche. Elle se fascina de sa passion - et de son polyglottisme également, elle qui avait à peine quelques rudiments de français qu'elle tenait du collège et avec lesquels elle n'était pas suffisamment à l'aise que pour tenir une véritable conversation. Elle s'en fascina, en tout cas, jusqu'à ce qu'il se remette à blaguer sur Sucker Punch, un sourire sur les lèvres, et répondant à ce qu'elle interpréta bien volontiers comme une supplication implicite, elle lui asséna un coup de coude sur le flanc. Coup de coude qui ne ressembla au final pas à grand chose étant donné la position dans laquelle elle se trouvait - mais l'intention y était. Ne voulant pas rater la suite cependant, elle se reconcentra aussitôt. Sa dernière remarque la fit rire si bien qu'elle ne pu retenir le « comme quoi, les films sont bien à l'image des hommes qui les réalisent » qui lui échappa avec un air presque malicieux. Elle partait du principe que si un génie ne pouvait que rarement se louper, il était encore plus exceptionnel qu'un incapable puisse pondre une merveille du septième art. Autant qu'elle voyait mal un néo-nazi produire une perle véhiculant de pures valeurs de tolérance et de solidarité. Heureusement que quelque fois, les miracles existaient. Et les miracles représentaient autant les Hommes vraiment bons. Car le monde regorgeait sans nul doute de très mauvais, de véritables navets. Navets qui n'étaient pas forcément ce qu'on imaginait de prime abord. Infirmière pour ce qu'on pouvait souvent entendre être appelé "la merde, les ratés du monde", elle en savait quelque chose. « Quand tu dis "ma période de boulimie", tu sous-entends que maintenant, ça s'est arrêté ? Pourquoi ? Tu as déjà eu une... et bien... "période d'anorexie" ? » le questionna-t-elle à nouveau, sans trop prêter attention à s'il en avait pas marre d'elle et de son flot d'interrogations ininterrompues, s'il était fatigué de parler, fatigué tout court, s'il avait envie de regarder autre chose, en silence. Et aussitôt, ces hypothèses la frappèrent comme une boule de fonte dans l'estomac et elle s'empressa de souffler « si mes questions t'ennuient, il faut m'arrêter tout de suite » épouvantée. Il allait sans doute l'envoyer bouler à un moment où à un autre, non ? Ou peut-être avait-il trop de bonnes manières et se contenterait-il de subir en silence. Encore pire.

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