by the way, peek-a-boo I see you ► 25/09 - 14:36

Asmaa

MARDI 25 SEPTEMBRE, 14H36
QUARTIER D'ARAGON - CANTINE

« Hey ! Tu es la fille qui hurle ! Celle qui a failli me rendre sourd dimanche ! » m'exclamais-je en pénétrant à vive allure dans la cuisine. Il y avait une jeune femme assise à une table non loin de là, et je crus identifier celle qui s'était agrippée à mon cou le premier soir. Oh oui c'était elle, aucun doute possible là-dessus. Déjà, je reconnaissais son joli minois et ses joues bien remplies, ainsi que ses lèvres charnues. Puis ses cheveux, crépus et très épais. Elle devait avoir certaines origines, je pense, mais sur le moment impossible de le vérifier... Je me voyais mal la questionner là-dessus comme je lui aurais demandé l'heure, alors que je ne connaissais encore rien d'elle. Ni son nom, ni son âge, ni ce qui avait bien pu la pousser à participer à cette émission. Je fis un tour sur moi-même, un peu désarçonné, car je cherchais quelque chose dans cette cuisine. Après une petite recherche du côté d'un placard que j'entrepris d'ouvrir, je trouvai finalement un bol, le sortis et le posai sur le comptoir. J'ouvris ensuite le réfrigérateur à ma droite et sortis un bocal à cornichons - je bénissais la production d'en avoir mis à ma disposition, car je ne pouvais vivre sans. Les cornichons, bah, c'était un peu toute ma vie quoi, si vous voulez. Plus qu'un petit plaisir que je m'octroyais de temps à autres, c'était une véritable passion bien que peu de monde pouvait comprendre l'intérêt que je portais à ces condiments. « Dis, tu veux un bol de cornichons ? Je peux t'en préparer un à toi aussi si tu veux. » fis-je en tournant la tête vers la jeune femme, toujours assise. J'étais on ne peut plus sérieux. « C'est mon pêché mignon, mais chuuut. » murmurais-je ensuite tout en positionnant mon index devant mes lèvres. Oui bon, ça n'était pas l'information du siècle mais au moins elle venait d'apprendre un truc sur moi. J'étais quant à moi demandeur d'informations la concernant, mais encore fallait-il qu'elle se décide à me parler d'elle. Je ne comptais pas la forcer par ailleurs, cela devait venir d'elle, et je n'étais pas franchement du genre à poser de multiples questions à des personnes que je connaissais à peine. « Au fait je suis Malik, si jamais tu te demandais comment m’appeler... » Elle ne se le demandait peut-être pas, mais je m'étais senti un peu contraint à le lui signifier, allez savoir pourquoi.

ASMAA
NIVEAU II

J'étais sur ma chaise. J'demandais rien. J'enfournais seulement dans ma bouche ma « salade », mon « chewing-gum de joie », en me cachant évidemment et puis c'était tout. Alors, je mâchais, tranquillement, en ressentant aucun effet. J'en prend pas tout les jours et pas toujours en masse. Là, qu'une tout petit peu, pour me sentir bien. « Hey ! Tu es la fille qui hurle ! Celle qui a failli me rendre sourd dimanche ! » Quewa ? Ressentant enfin l'effet espéré, c'est-à-dire relaxation et zénitude, je me tournais lentement vers cette effusion de voix. D'un coup d'une seul, je fixai le bonhomme. AHAH, c'est moi qui gueulait, sérieux ? C'est qui lui ? Je l'ai déjà vu quelque part ? On s'est déjà parlé ? « Moi? Je suis celle qui a failli te rendre sourd dimanche ? J'en sais riiiiiieeeeen moiiiiii ! » Lui répondais-je en haussant l'épaule, sur un ton pisse and love. « J'HURLE LÀ, PEUT-ÊTRE ? J'M'EN REND PAS BIEN COMPTE ! » Commençais-je à crier, sans raison. Non sérieusement, je ne me souvenais absolument plus de ça. Nada, niet, rien, j'étais complètement capout ce soir là. Je le regardais chercher quelque chose, tourner, virevolter tel un petit papillon, avec un sourire aux lèvres. Captivée par ce spectacle, mais plongée tout de même dans mes plongées... euh pensée. « Dis, tu veux un bol de cornichons ? Je peux t'en préparer un à toi aussi si tu veux. » Je lâchais un rire sans attendre, toujours plongée dans mes pensées. Ouai, ce genre de rire pervers, que quand tu crois que personne l'a entendu, bah y'a tout le monde qui te regarde fixement. Je plantais quelques secondes mes yeux dans les siens. « Cornichons-nichons » La dame se mit à rire. Ouai la dame c'est moi. Moi quand je suis pas dans un état normal. Puis je me réveille soudainement. « C'est mon pêché mignon, mais chuuut. » J'avais mes yeux grands ouverts, presque bloquée si ce n'est sans compter sur ma mâchoire qui allait et venait, pour mâcher mon 'herbe'. Reeeeeeeprenons tous depuis le début-tout début-du début. Genre il aime les cornichons, mais à la folie quoi ? « Tu aimes vraiment les cornichons ? » Et il voulait m'en faire un bol ? « Et tu veux vraiment m'en faire ? » Je levais les yeux au ciel. « Même pas en rêve ! » Lui répondais-je avec une petite moue offusquée. Ouai, j'étais totalement 'OUT'. Faut pas m'en vouloir, j'étais aussi sans cerveau là. 'HIN HIN occupé, repassé plus tard'. Bon là faut comprendre que je ne voulais pas de cornichons quoi, parce que j'aime pas ça... « Au fait je suis Malik, si jamais tu te demandais comment m’appeler... » Euuuuh je ne voulais pas le savoir, mais d'accord. Un large sourire, je tapotais dans mes mains. « Aaaaaaaah enchantée cornichon, moi c'est oignon... » Ouai, j'étais toujours avec le cornichon. Nan, mais c'était trop drôle quoi. Soit il avait prit quelque chose comme moi, ce qui expliquerait le pourquoi du comment, soit il était bien, zen, ok et encore plus zarbi qu'une mec zarbi. Je me relevais d'un seul coup de ma chaise, m'approchant de MALIK (et pas cornichon, quoique...), puis je lui prenais le visage et je l'embrassais sur la joue. Presque comme un bisou de grand-mère, sans la moustache et la bave. « Je rigoooole évidemment, qui appellerait sa gamine, oignon. Asmaa, moi m’appeler ». Lui répondais-je, haussant les sourcils et repartant m'asseoir.

« Moi? Je suis celle qui a failli te rendre sourd dimanche ? J'en sais riiiiiieeeeen moiiiiii ! » Est-ce que cette fille était folle ? Pourquoi avait-elle l'air constamment excitée, endiablée, enflammée ? Soit elle planquait des mini bouteilles de vodka dans les poches de son gilet et en faisait une consommation quotidienne, soit elle fumait la moquette ou, à défaut de moquette, la moindre plante lui tombant sous la main... ou alors elle était née comme ça et, dans ce cas-là, on ne pouvait vraiment rien y faire. « J'HURLE LÀ, PEUT-ÊTRE ? J'M'EN REND PAS BIEN COMPTE ! » Non, à peine. Il n'y avait vraiment qu'elle pour ne pas s'en rendre compte, car sa voix portait quand même vachement et, d'ailleurs, cette montée de ton fut celle de trop, celle qui me fit basculer dans un soudain état de surdité. « Ca y est, je suis sourd. R.I.P mes tympans. » Effectivement, je n'entendais plus rien, si ce n'est un bruit sourd et allongé qui me poussait inévitablement à froncer les sourcils et à serrer les dents. Puis j'entendis de nouveau parfaitement bien, comme lorsqu'on monte en altitude et que nos oreilles se bouchent. Même pas besoin d'avaler ma salive ou de mâcher un chewing-gum, c'était revenu tout seul. « Ah non, fausse alerte. » repris-je, limite soulagé de constater que non, sa voix de crécelle n'avait pas mené à une surdité irréversible. Mais c'était moins une... J'étais maintenant apte à me concocter un petit encas, à savoir un bol de cornichons. Dans un élan de générosité, je le lui en proposai d'ailleurs un. « Cornichons-nichons » fit-elle dans un premier temps, tandis que bientôt elle se mit à rire. Moi, et bien, je restais stupéfait. Elle n'en ratait vraiment aucune ! À peine eus-je eu le temps de lui avouer qu'il s'agissait chez moi d'un véritable pêché mignon que la jeune femme en vint à me poser une question. « Tu aimes vraiment les cornichons ? » Et bien, cela sautait aux yeux, non ? « Et tu veux vraiment m'en faire ? » Puisque je venais de le lui en proposer, oui. « Même pas en rêve ! » Je haussai les épaules. Bon, et bien au moins j'aurais tenté le coup, même si au final je ne remportais pas le succès escompté. « Comme tu voudras jeune fille. » me contentais-je de répondre, avant de me présenter à elle, lui faisant ainsi état de mon prénom. « Aaaaaaaah enchantée cornichon, moi c'est oignon... » Oui, d'accord, bien sûr, au revoir, l'addition je vous prie. Et attendez, ce n'est pas tout. J'eus aussi droit à un baiser sur la joue, ce à quoi j'étais bien loin de m'attendre sur l'instant. « Je rigoooole évidemment, qui appellerait sa gamine, oignon. Asmaa, moi m’appeler » Ah oui ça, bonne question, quelle mère choisirait de nommer sa fille 'oignon' ? Une mère complètement torchée ou manquant cruellement de lucidité... Asmaa, donc, entreprit de se rassoir. Et moi, je ne lâchais pas l'affaire, non non. « D'ordinaire je suis pas du genre à insister, mais vraiment tu devrais te laisser tenter par quelques cornichons le midi ou le soir. Il a été scientifiquement prouvé que manger cinq cornichons par jour réduit sur le long terme les risques de maladies cardio-vasculaires. Oublie les "cinq fruits et légumes par jour", c'est de la gnognote à côté ! » Et je n'inventais rien. Bon, cet argument ne suffirait certainement pas à la convaincre - peut-être même me desservirait-il au point de la pousser à se payer ma tête, mais je prenais le risque. En attendant, mon bol restait vide sur le comptoir, et le bocal de cornichons n'était toujours pas ouvert. J'en délaissais ma folle envie de condiments pour les beaux yeux de cette demoiselle. Ah les femmes !

Ma petite bulle de plaisir créée autour de moi, je ne me rendais pas bien compte de la portée de mes mots, tant au niveau sonorité, qu'au niveau décence, tout en restant tout de même consciente de ce qui sortait d'entre mes lèvres. Comme là, je ne me rendais pas vraiment compte que j'étais en train de crier, ce que je pensais sur l'instant. « Ca y est, je suis sourd. R.I.P mes tympans. » Je laissais échapper un rire, à mi chemin entre l'amusement et l'espièglerie. Je ne savais pas réellement pourquoi, mais ça me faisait marrer. GRAVE même. Oh RIP ses tympans, oui, vous aurez été sympa... « Ah non, fausse alerte. » Je le regardais avec un large sourire, du genre, oooooh bah ça c'est une excellente nouvelle, je suis vraiment heureuse pour toi. Limite, viens on va fêter ça ! Ouai faut imaginer tout ça à mon seul sourire, qui découvrait un instant mes dents et qui fit scintiller mes yeux. Mais avec tout ça, le sujet des cornichons arriva sur la table. Cornichons. J'aime bien ce mot. Corniiiiichons. « Comme tu voudras jeune fille. » Sur mon petit nuage, je n'avais jamais faim. Non jamais. Comme je n'étais jamais fatiguée. Sauf que ce garçon, bah y'a l'air tout mignon avec ces deux yeux. Oui deux, vous ne rêvez pas ! Du coup bah, j'ai bien envie de revenir sur ma décision. TROP PAS. J'aime pas, en fait, les cornichons. Ca a un goût... mais un goût quoi ! Et puis quand t'achète un sandwich, faut toujours que tu les enlèves parce que ceux qui les font, bah ils adorent ça. Raaaah j'suis sûre que lui, bah son métier, c'est fabricateur de sandwich. Lui, Malik, monsieur cornichon. Ca lui allait plutôt bien. Je m'étais approchée de lui pour lui faire un bisou, après m'être introduite à lui de façon plus convenable. J'ai tellement un beau prénom, autant en profiter, non ? Mais si j'avais choisi l'oignon, ce n'est pas que parce que dans les bocals... euh... bocaux de cornichons on trouve aussi ces petits oignons échappés de je ne sais où. Le temps de reposer mon sacrément beau cul sur ma chaise, il entreprit de me convertir au cornichonisme (où à l'amicale des mangeurs de cornichons). « D'ordinaire je suis pas du genre à insister, mais vraiment tu devrais te laisser tenter par quelques cornichons le midi ou le soir. Il a été scientifiquement prouvé que manger cinq cornichons par jour réduit sur le long terme les risques de maladies cardio-vasculaires. Oublie les "cinq fruits et légumes par jour", c'est de la gnognote à côté ! » Je fis une petite moue, enfin d'après ça devait ressembler à une petite moue, mais ça devait plutôt être de l'ordre de la grosse grimace dégeulasse qui montre bien que je n'aime pas du tout ce condiment. « Non, mais, j'aime pas du tout du tout ça. Yeurk ! Tu me f'ra jamais en manger ! » C'est alors qu'un éclair, éclaira, évidemment, mes yeux. Il paraissait vraiment s'y connaître en cornichons. « Dis, j'peux te poser une question ? » Je lui faisais les yeux doux. Impossible de me résister quand je suis ainsi. IMPOSSIBLE. IMPOSSIBLE (en anglais). « T'es cornichologue ? » Je lâchais un énième rire, avant de secouer mes tête, un sourire béat sur les lèvres. « Non allez, j'suis sérieuse » lui annonçais-je en secouant un peu mes mains devant ma tête. *hihi* « J'préfère les oignons. Oignons. On peut en manger aussi, non ? Des oignons ? » Pourquoi pas ?

Mon ouïe recouvrée, je tentais désormais de convaincre Asmaa de se laisser tenter par un bol de cornichons. Cependant la jeune femme ne l'entendait pas de cette oreille, et visiblement elle n'en avait pas le moins du monde envie. « Non, mais, j'aime pas du tout du tout ça. Yeurk ! Tu me f'ra jamais en manger ! » "Yeurk", carrément ?! Mais c'est qu'en plus, elle jouait les révulsées. Incroyable, non, inconcevable plutôt. Je plaçai mes deux mains de part et d'autre de ma tête, en mode "mais dites-moi que je rêve, c'est impossible !"... « Comment peut-on ne pas aimer les cornichons ?! Ça me dépasse. » Ouais ouais, clairement, j'en revenais pas. Les cornichons, pour moi, étaient synonymes de vie, de joie, de bonne humeur, mon dieu ce que j'adorais ça ! Alors forcément, entendre Asmaa se dire révulsée par ces petites merveilles me faisait juste halluciner. Voilà, elle était hallucinante cette fille. « Dis, j'peux te poser une question ? » J'effectuai un signe de la tête lui faisant comprendre qu'elle pouvait y aller, que j'étais prêt, même à entendre la pire des questions. Car je redoutais un peu ce qu'elle allait me demander, tout à fait franchement. Voyez-vous, cette fille venait de me prouver, à plusieurs reprises, qu'elle avait un grain. Difficile de rester serein face à ça. Je m'attendais donc à tout. « T'es cornichologue ? » lâcha-t-elle, tandis que je me mordis la langue de surprise. Outch, ça fait mal, bordel. Je grimaçai un instant de douleur, et elle se mit à rire. Ah, bon, elle plaisantait. Et bien je préférais ça ! « Non allez, j'suis sérieuse » fit-elle ensuite. La douleur ressentie à la langue s'estompa, et je pus donc sourire, avec difficulté certes, mais sourire quand même un peu. « J'préfère les oignons. Oignons. On peut en manger aussi, non ? Des oignons ? » Je n'étais pas certain d'en trouver ici, dans cette cuisine, mais si elle préférait les oignons, et bien pourquoi pas. De mon côté, je n'avais d'yeux que pour les cornichons m'enfin, comme on dit de façon universelle, chacun ses goûts ! « Et bien oui, aux dernières nouvelles les oignons, ça se mange Asmaa. » Oui bon, je ne lui apprenais rien là. Et je faisais un peu l'imbécile, à mon tour. Mais une interrogation persistait dans ma tête. « Mais ôte-moi d'un doute... Les oignons que tu aimes, ce sont ceux qui font pleurer, les gros machins avec la peau là, ou les petits oignons qu'on trouve dans les bocaux à cornichons, au nombre de cinq/six bien souvent, et qu'on s'empresse tous de piquer à la fourchette et de manger une fois le bocal ouvert ? » Han, ça sentait le vécu. Parfaitement, et j'assumais. C'était une manie que j'avais, et j'étais persuadé que d'autres l'avaient également. Personnellement, je n'étais pas très fan des gros oignons. Et encore, il fallait en manger un cru pour en être dégouté à vie. Je l'étais.

Je restée coincée, quelques instants face à un Malik complètement outré. Bah quoiiii, j'suis pas la seule à ne pas aimer les cornichons, sérieux ? J'suis sûre que que je trouvais même plus de gens dans le même cas que moi, n'aimant pas ça que le contraire. J'crois même que, en deux minutes, il vient de me prouver qu'il était le plus fervent défenseur de la cause cornichonale. « Comment peut-on ne pas aimer les cornichons ?! Ça me dépasse. » Il était dépassé pour si peu, siiiii peu, ça craignait un max alors ! « Zyva, dit moi un truc que t'aime pas alors ! » Dans le genre nourriture et si possible un truc que j'adore. Style le nutella, les tomates ou l'couscous pour faire dans les clichés ! C'pas parce que j'aime ça, qu'il était forcé de l'aimer aussi, l'basané. Malik me laissa poser ma question, ce que je fis sans attendre. Quoi, ça n'existe pas ce métier ? Apparemment non, à en croire la tête qu'il me tirait et même si cela existait, ça ne paraissait pas être le cas. Finalement je lui souriais, lui montrant par la même occasion mes dents. Faudrait que j'arrête avec ça, il va me prendre pour une cinglée... Quoique, ça devait être fait depuis longtemps. J'avais, d'après ses dires, failli le rendre sourd lors du premier prime, donc bon... Le sourire de Malik pointa le bout de son nez (si tant est qu'un sourire ait un nez, ce qui est tout de même très bizarre, mais soit). Je profitais alors de ce moment, pour enchaîner sur les oignons. « Et bien oui, aux dernières nouvelles les oignons, ça se mange Asmaa. » NAN SERIEUX. Je levais les yeux au ciel, lui montrant qu'effectivement, il ne m'apprenait évidement rien du tout. J'ouvrais la bouche pour lui répondre, mais il continua sur sa lancée. « Mais ôte-moi d'un doute... Les oignons que tu aimes, ce sont ceux qui font pleurer, les gros machins avec la peau là, ou les petits oignons qu'on trouve dans les bocaux à cornichons, au nombre de cinq/six bien souvent, et qu'on s'empresse tous de piquer à la fourchette et de manger une fois le bocal ouvert ? » MDR, il avait le même vécu avec ces petits oignons, qui se batte en duel dans le vinaigre, ceux qu'on met là vraiment pour faire genre on met des oignons quoi, pour décorer. J'esquissais un nouveau large sourire, avant de reprendre une mine mécontente. « Naaaaaaaaaaaaaaan, mais, j'sais bien que ça se mange ! Je voulais savoir si, si, si c'était aussi bon que de manger des cornichons. Pour la santé ! » M'exclamais-je, en fermant un peu les yeux et secouant de droite à gauche ma tête, oui je prenais le temps de répondre à sa première phrase. Il le fallait. « J'parlais des petits ouai... Euh... Quoique, j'aime bien aussi les gros. En fait je les aime tous, sauf ceux qu'on a en dessous des pieds... J'en ai jamais goûté ! » Lui répondais-je, secouant les épaules en faisant une grimace pour illustrer la fin de ma phrase. Beurk. Penser à ça me donner même des haut le cœur. J'pouvais vraiment être débile parfois...

Elle n'aimait pas les cornichons. Non, elle détestait ça. Et ce "yeurk" n'avait fait qu'amplifier ma stupeur. Comment, COMMENT pouvait-on ne pas aimer les cornichons, des condiments pourtant si appétissants, si croquants sous la dent et savoureux en bouche ?! « Zyva, dit moi un truc que t'aime pas alors ! » En cuisine, comme tout le monde, j'avais des préférences, comme des aversions. Et si elle voulait à tout prix que je lui cite un aliment que je n'aimais pas, j'étais parfaitement apte à le faire. « Je n'aime pas le caramel. » avouais-je tout en tirant sur le bout de ma chemise, un peu trop remontée à mon goût. Allez, dans deux secondes la situation allait s'inverser et Asmaa allait s'offusquer du fait que je n'aime pas le caramel. Parce que bien sûr, elle devait en raffoler, et oui, sinon ça n'était pas drôle ! Sauf si elle m'avouait ne pas aimer non plus, et dans ce cas je serais plus surpris qu'autre chose - mais cela nous ferait au moins un point commun vous avouerez. Puis la conversation dévia rapidement sur le passionnant sujet qu'étaient les oignons. L'occasion pour moi de lui rappeler, si elle l'avait oublié, que c'était tout aussi comestible que les cornichons. Sa réaction ne se fit pas attendre, là encore. « Naaaaaaaaaaaaaaan, mais, j'sais bien que ça se mange ! Je voulais savoir si, si, si c'était aussi bon que de manger des cornichons. Pour la santé ! » Je me mis à rire à l'entente de sa "question", si s'en était réellement une. Donc en gros, là, elle me demandait quels étaient les bienfaits des oignons, c'est ça ? « Alors déjà, faut savoir que je suis pas nutritionniste. Néanmoins je crois que c'est bourré de vitamines ces trucs-là. » Ne me demandez pas comment je le savais, je le savais c'est tout. Je n'avais certes pas la science infuse, mais y'en avait quand même là-dedans, dans cette grosse tête que beaucoup pensaient vide. Mais justement, de quels oignons était-on en train de parler ? J'exposai alors les deux sortes d'oignons existantes : les gros à éplucher et poussant aux larmes, et les petits noyés dans le vinaigre et accompagnant nos fabuleux cornichons. « J'parlais des petits ouai... Euh... Quoique, j'aime bien aussi les gros. En fait je les aime tous, sauf ceux qu'on a en dessous des pieds... J'en ai jamais goûté ! » Okay, ça n'était pas une chose à me dire avant que je ne dévore mes petits cornichons dans mon bol. Je pris bientôt un air dégouté, révulsé, eurk, pourquoi avait-elle été jusqu'à parler des oignons aux pieds, mon dieu !... « Bien, super, parfait, génial. C'est trop pour moi, je... j'ai plus du tout faim d'un coup, tu m'as coupé l’appétit, je te remercie. » grognais-je alors, bien que cela sonnait presque faux puisque j'étais incapable d'en vouloir à quiconque, encore moins pour une sombre histoire d'oignons. Mais quand même, c'était dégoutant et je ne me privais pas de le lui faire comprendre. Quant à mes petits cornichons, les pauvres allaient devoir attendre que l’appétit revienne pour être dégustés. Et là, il était parti très, très loin.

Mon but était, évidemment, de lui retourner le cerveau et d'lui prouver que c'était complètement con. Les cornichon, bah j'aime pas et c'était pas un drame. Encore, j'dit pas, si c'était du chocolat, mais des cornichons. « Je n'aime pas le caramel. » Merde. Enfin, zut, j'aime bien le caramel. Bien que je n'en raffolais pas. Un peu trop sucré à mon goût. Donc de là à m'en faire péter le ventre, peut-être pas. Non alors là, il venait de me planter dans mon plan. Pffuuu celui-là alors, n'importe quoi. Je levais les yeux au ciel. « Ouai bon, le caramel c'est pas dégueu ! Pourtant t'aime pas. Voilà ! Bah c'est pareil pour moi avec les cornichons...» Raaaan sérieux. Sauf que bon, moi j'trouvais ça dégueu, les cornichons, mais j'évitais de le préciser. C'est pas comme les oignons. C'est bon ça. D'ailleurs, j'étais sérieuse et lui, il se mettait à rire. Quoi, pourquoi, comment ? J'sais pas, mais quand je vois quelqu'un rire, bah je ris aussi, du coup mon rire se conjugua au sien. Faut rire pour vivre longtemps, alors j'le fais sans avarice. « Alors déjà, faut savoir que je suis pas nutritionniste. Néanmoins je crois que c'est bourré de vitamines ces trucs-là. » Je levais les yeux au ciel. Il ne l'est pas, mais il était capable de me citer les biens faits des cornichons. J'pensais qu'il pouvait le faire également avec leur homologue oignons. Il me dit que c'est bourré de vitamine. D'accord, ok. « Si c'est bourré de vitamine, j'vais en bouffer alors. » Roh la vulgaire, j'vais d'voir faire gaffe à mes mots. En parlant de ça. Malheureusement ma langue dérape, la parole dépasse ma pensée et me voilà en train de lui parler d'oignons de pieds. Le truc bien dégeux. Qui me file presque la gerbe et le voilà dégoutté. J'le comprend : je pouvais parfois vraiment être répugnante. Eurk j'viens de me couper l'appétit moi-même, c'est horrible. « Bien, super, parfait, génial. C'est trop pour moi, je... j'ai plus du tout faim d'un coup, tu m'as coupé l’appétit, je te remercie. » Mais de rien. Je fis une petite moue désolé, parce que je l'étais. Sérieusement. Je ne l'avais pas fait exprès, hein, il faut bien le comprendre. « Roooooh j'suis désolée. » Disais-je en baissant ma tête, pour lui montrer ma contrition. Puis finalement, mon regard se porta un instant sur son bocal de cornichons. « Mais non allez, regarde, je vais manger un cornichon pour te faire plaisir ! » Ouai bon, j'avais oublié que deux minutes plus tôt, j'avais dis que jamais il ne m'en fera manger un. Je bondissais de ma chaise, pour aller vers lui. Je pris le pot pour en ouvrir le couvercle. « Oh hiiiiiiiiiiisse ! » J’eus un peu de mal, mais celui-ci céda sous mes doigts fins. Je pris alors un cornichon, tout vert, tout dégoulinant entre mes doigts. « Un... Deux... Trois ! » Je fermais mes yeux et le mit entier dans ma bouche. S'en suivit alors d'une grimace horrible, d'un pincement de nez (parait que ça fait passer le goût) et d'un râle de dégoût. Qu'est-ce que je ferais pas !

(désolé pour cette réponse complètement nulle)

Il me fallait lui désigner quelque chose que je n'aimais pas, et je n'eus pas besoin de réfléchir très longtemps, cela sonnait à mes yeux comme une évidence : le caramel pardi ! « Ouai bon, le caramel c'est pas dégueu ! Pourtant t'aime pas. Voilà ! Bah c'est pareil pour moi avec les cornichons...» Effectivement, le caramel n'avait rien de dégoutant ni de révulsant en soi, et pourtant je n'en aimais pas le goût, ni l'aspect. Voilà une chose, donc, que je n'aimais pas en cuisine. Elles étaient rares, mais il y en avait tout de même quelques unes, la preuve. « Mais peut-être qu'un cornichon trempé dans du caramel, ça passerait... tiens je devrais tenter un jour ! » Et je parlais très sérieusement, sachez-le. Oh je n'en étais pas à ma première idée culinaire loufoque... Rien ne me garantissait que cela serait appétissant - il y avait même de fortes chances pour que ça ne le soit pas - mais j'avais pour principe de ne jamais dire "je n'aime pas" avant d'avoir gouté avant. Quant aux oignons, il me semblait que ces derniers étaient riches en vitamines - je l'avais supposé, n'étant pas certain de moi bien que j'avais comme le souvenir de l'avoir lu quelque part, sans doute dans un magazine de bien-être ou un livre de cuisine, allez savoir. « Si c'est bourré de vitamine, j'vais en bouffer alors. » Hm, classe. Et encore, je n'avais rien vu ! Car bientôt, Asmaa aborda le très sensible sujet des... oignons de pieds. Saperlipopette, pourquoi s'était-elle sentie obligée d'en parler au moment où j'allais entamer mon bocal à cornichons ?! Je me trouvais désormais parfaitement dégouté et il y avait de quoi. « Roooooh j'suis désolée. » Oh elle pouvait l'être et s'excuser, en attendant elle m'avait coupé l’appétit, et sans doute pour un moment. Je ne pouvais juste pas avaler le moindre cornichon dans le quart d'heure, pas avec la vision d'oignons de pieds à l'esprit, c'était juste inconcevable. « Mais non allez, regarde, je vais manger un cornichon pour te faire plaisir ! » Alors que j'avais positionnées mes mains sur mes yeux - comme si cela pouvait effacer l'image que j'avais présentement en tête - je retirai celles-ci et la fixai, intrigué. « Tu le ferais... pour moi, ou pour te redonner bonne conscience ? » Allez Asmaa tu peux bien me le dire... La demoiselle se leva d'un bond et entreprit d'ouvrir le bocal à cornichons, non sans mal. « Oh hiiiiiiiiiiisse ! » Je tentai quant à moi de retenir un rire - ah elle allait devoir se mettre à la musculation. Elle se saisit finalement d'un joli petit cornichon, tandis que je ne la quittai pas des yeux, me demandant si elle allait vraiment le faire, si elle allait parvenir à vaincre son dégout. « Un... Deux... Trois ! » « Rien ne t'oblige à... » Trop tard. Elle venait de fourrer le cornichon dans sa bouche, et je la vis bientôt grimacer avec intensité, vraisemblablement de répugnance. « MIAM MIAM MIAM ! QUE C'EST BON MMMMM ! » m'exclamais-je, avant tout pour l'aider à avaler le dit condiment, et à ne surtout pas cracher ce dernier. « Mon dieu mais tu es folle Asmaa. » rétorquais-je, avant d'éclater de rire. Déjà, il fallait savoir que l'expression de son visage était à la fois effrayante et hilarante, ensuite elle venait de se forcer à gober un cornichon pour... pour quoi en fait ? m'impressionner ? se prouver certaines choses ? Ah, ça me donnait presque envie de concocter du caramel et de le déguster devant elle, à mon tour. Presque.

mais que dis-tu ? c'est par-fait ♥

« Mais peut-être qu'un cornichon trempé dans du caramel, ça passerait... tiens je devrais tenter un jour ! » AHAH dans le genre mélange, c'était un truc à tester, ouai. J'veux être présente quand il le fera parce que bon, j'compte pas forcément le goûter moi aussi. J'veux juste voir sa tête. En plus un mélange d'aliment qu'il aime, et l'autre qu'il n'aime pas. Rah oui j'veux trop voir ça ! Quoique mélanger deux aliments que j'aime ne fera pas forcément un bon repas. Tenez : j'aime le nutella, j'aime les oignons. Les oignons au nutella, ça à l'air complètement dégueu. Mmmmh à tester aussi ce mélange ! Puis de mélange on passait aux oignons de pieds, enfin, j'suis passé par là. Complètement dégueulasse aussi. En définitive, j'étais arrivée à la conclusion que, pour me faire pardonner de cette horrible incartade, je me devais de manger un cornichon. « Tu le ferais... pour moi, ou pour te redonner bonne conscience ? » J'sais pas pourquoi j'allais faire ça. Ça m'arrive, de faire des trucs, comme ça, par pur coup de folie. Manger un cornichon alors que j'venais de faire tout un discourt sur le fait que j'aimais pas ça, ça en faisait partit. J'suis une fifolle, une ouf, on peut rien y faire. À part me faire arrêter la drogue... mais ça... Alors j'me suis jetée corps et âme sur le pauvre bocal, après avoir haussé les épaules pour lui répondre. Pas le temps de réfléchir. Juste le temps d'enlever mes herbes de ma bouche en les mettant de côté (ça coûte chez, non mais), pour m'enfiler un de ces condiments. « Rien ne t'oblige à... » MDR, c'est d'jà fait. Rien que ce croquant, pouwah, j'ai horreur de ça. J'faisais ça pour rien, je m'infligeais ça pour rien, je crois que je suis maso et puis voilà qu'il m'encourageait, à sa manière. Baaaaah c'est pas bon, genre, il croyait qu'avec ses miams, ça allait faire passer le goût ? Une fois véritablement avalé, je secouais mes mains devant ma bouche, croyant sérieusement que ça aiderait à faire passer le goût. Non, rien n'y ferais, j'allais avoir ce goût de cornichon durant toute l'aventure de fake lover. Je sautillais sur place, ne sachant pas trop quoi faire pour faire passer cette saveur. « Mon dieu mais tu es folle Asmaa. » C'était peu dire, ouai, j'avais un sérieux grain. Après avoir fermé les yeux et après avoir caché mon visage entre mes mains, je relevais la tête vers lui, un large sourire aux lèvres. « Une vraie DIIIIIINGUE ! » Youhouuuuu, je levais les bras dans les airs. Il riait ouvertement, ce qui me donnais évidemment envie de rire. « J'ai mangé un COOOOOORNICHON ! » Je fis un tour sur moi même puis courra vers le frigo pour me prendre quelque chose à boire. Un soda . Ca faisait sacrément du bien. Et puis, comme si de rien était, je m'asseyais de nouveau à ma place, prenant le soin de reprendre mon khat, que je mâchais de nouveau. Ah bah voilà, avec ça, j'avais plus le goût de cornichon. « Et sinon, ça va toi ? » Lui demandais-je, naturellement, posant ma joue au creux de ma main.

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