callan

Vendredi après-midi, je joue au basket. Non mais faut vraiment pas croire que je suis un pro dans ce sport, en fait, je suis particulièrement mauvais. J’arrive pas souvent à mettre le ballon dans le panier. Ça m’énerve un peu, mais je ne m’en fais pas avec ça. On ne peut pas être bon dans tout, haha. De toute façon, je ne suis pas entrain de jouer à un match avec mes compagnons, puisque j’ai demandé à quelques personnes, mais aucune ne semblait enthousiasme avec mon idée. Je ne comprends pas pourquoi, on aurait pu faire quelque chose en groupe, autre que boire et se raconter des histoires. Faut être actif et arrêtez de faire les végétaux toute la journée. C’est donc un peu déçu que je me suis retrouvé dans la cours de l’école des garçons, hésitant à me rendre à la salle de sport et m’entraîner en solo. Sauf que je prends un ballon de basket, bien décidé à m’améliorer un peu, je n’ai rien de mieux à faire. Je suis donc là, à envoyer le ballon en l’air, manquant le panier une fois sur deux. C’est déjà mieux que je pensais. Puis y’a Callan qui débarque. Yeah, géniale, un ami avec qui jouer. Non, je plaisante, l’idée de passer un moment avec lui ne me paraît pas comme une partie de plaisir. Plus les jours avance et plus j’ai l’impression que cette situation est lourde avec Callan. Comme si nous étions dans une impasse. Et je sais que tout est de ma faute. J’ai couché avec sa femme, le mec ne peut pas m’apprécier. Si la situation avait été inversée, je lui aurais surement déjà mis mon point sur la gueule. Et le pire, c’est que je ne regrette pas. Et que je recommencerais surement. Je crois. Merde, je suis un vrai salaud à m’entendre penser, je ne devrais même pas agir de la sorte, et voilà que j’aimerais recommencer. C’est du gros n’importe quoi. Bon, en attendant, je ne peux pas vraiment l’ignorer, cela ne serait que mettre de l’huile sur le feu. Je lance donc le ballon en sa direction, me forçant à lui sourire. « Tu sais jouer ? Je t’avertie, je ne suis pas vraiment bon… » Oui, je préfère avertir à l’avance.

Je chercher inlassablement mon briquet depuis plus d'une heure. J'étais certaine de l'avoir laissé dans la cantine, pourtant, il n'y est pas. Étrange. Je ne vois qu'une seule solution, il doit être sur la table de chevet là où je l'ai posé la vieille. A moins que Candace me l'ait pris en se réveillant ce matin. J'en sais rien. J'étais tout de même sûr de l'avoir dans ma poche ce matin. Dans le doute, je préfère aller voir dans la chambre. Dans la cours, je repère William, essayant désespérément de mettre un panier. Je me fais la réflexion que pour un Américain dont c'est le sport national il est nul. Mais après tout, il est nul en loyauté aussi alors bon. Il me sourit, je ne le lui rends pas. Je ne sais pas si je le déteste ou si j'ai envie de lui laisser sa chance. Il n'est sans doute pas méchant au fond. Son seul défaut étant de baiser ma femme. Je suis partagé entre l'envie de lui en foutre une, lui arracher une à une ces dents pour lui ôter son sourire narquois, ou bien, essayer de prendre les choses avec du recul. Il me lance le ballon, m'interrogeant sur mon aptitude. « Je me débrouille pour un Irlandais. » Donc ce n'est clairement pas le sport. Je fais rebondir le ballon sur le bitume. Je suis plus loin du panier pourtant je tente ce qui pourrait être qualifié de tir à trois points. Et le marque. J'hausse les épaules. Je me débrouille pas mal. J'ai une chemise, pas très pratique, un jeans aussi mais peu importe. J'enlève la chemise, que je jette habilement sur le banc de muscu. J'ai un débardeur blanc en dessous. « Je te prends en un vs un, le premier à quinze a gagné, deal ? » J'ai l'oeil brillant. J'ai beau être le doyen, je suis sans conteste l'un des plus sportifs ici, je suis donc très en forme. Ca promet d'être intéressant...

Je lui ai souris, je n’aurais peut-être pas du, puisque lui en retour ne me laisse aucunement croire qu’il est content de tomber sur moi. Qui l’en blâmerait. Le problème dans tout ça, c’est que l’on doit faire avec la situation, nous n’avons pas le choix puisque cupidon a décidé de nous jumeler, parce que sinon, il n’aurait certainement pas été mon premier choix. Et je suis le méchant dans cette histoire, c’est moi qui fais que nous ne sommes pas à l’aise en la présence de l’autre, parce que je crois que nous aurions pu être ami, si je n’avais pas couché avec Candace. Et si je n’avais pas envie de recommencer aussi. Et comme un con, je lui demande s’il sait jouer comme pour l’inviter à faire une partie de basket avec moi. Je vais perdre, c’est évident. Ce n’est pas que je ne suis pas en forme, je cours à tous les jours et m’entraîne assez souvent, mais lorsqu’il est question de sport d’équipe, je ne suis pas vraiment doué. Je suis un solitaire, l’esprit d’équipe, je ne l’ai pas vraiment. Il l’aura comprit, je n’ai pas besoin de lui dire. « Deal » On sait déjà qui va gagner. Parce qu’il a lancé le ballon de loin et a marqué. J’attends qu’il s’avance, qu’il commence, quand je me dis qu’on devrait avoir quelque chose au bout de ce challenge. « Et le gagnant, il se mérite quoi ? » C’est beaucoup plus intéressant si y’a un prix en bout de ligne, non ? Ça va peut-être me motiver à être plus performant, bien que j’en doute légèrement. Je le fixe, attendant sa réponse et attendant surtout le début de la petite partie.

Je ne sais pas qui j'aurais préféré voir dans cette cours, mais très certainement pas William. Moi je le vois, mieux je me porte. J'ai cette envie irrépressible de lui foutre mon poing dans la tronche et tellement plus encore. Et pourtant je ne fais rien de tout ça. Je suis même entrain de lui proposer de faire un match. Parce que dans l'histoire, le plus abruti des deux c'est bien lui. Lui qui tourne sans arrêt autour d'une femme mariée, ma femme qui plus est. Je ne sais pas pourquoi je lui ai proposé ça, mais s'il m'a demandé c'est qu'il comptait que je joue avec lui n'est-ce pas ? Il accepte, pourtant, il va perdre, on le sait tous les deux. J'ai toujours brillé dans les sports d'équipe. Sauf qu'il attend une récompense. Hum. « Je proposerais bien que le gagnant récupère Candace mais elle m'appartient déjà. » Je hausse les épaules, tout sourire avant d'aller chercher le ballon. Je le fais rebondir sur le sol. « T'as qu'à choisir, je m'en fiche. » Je lance à nouveau le ballon, il roule contre le cercle en métal puis entre dedans. Je souris encore. Le ballon rebondit, je cours vers lui, et l'attrape à nouveau. « Bon allez, à toi l'honneur. » Je lui lance le ballon et me place devant lui, prêt à défendre le seul et unique panier de la cours.

« Je proposerais bien que le gagnant récupère Candace mais elle m'appartient déjà. » Je ne pensais même pas à Candace lorsque j’ai lancé ma question. Mais il est sur la défensive avec moi, ou quelque chose dans le genre. Je ne sais pas trop comment je dois agir en sa compagnie, ce qui rend la situation avec un plus gros malaise encore, si c’est possible. Bref, je sais qu’elle lui appartient. Je sais tout ça, combien de fois je devrai le répéter. Je crois que je suis de plus en plus basé par cette situation, même si bon, c’est de ma faute. « Non mais laisse tomber, tu vas me démolir de toute façon. » Je pourrais me la jouer sur de moi, faire comme s’il n’avait aucune chance de gagner et que j’étais le plus fort de tout. On pourrait faire un combat de coq et la colère qu’il y a entre nous se verrait dans notre jeu, tournant cette partie de basket en règlement de compte. Mais je n’en ai pas envie. Je voulais juste faire une partie amicale, hum-hum, entre nous. J’attrape finalement le ballon qu’il me lance, le faisant rebondir plusieurs fois contre le sol alors que je regard Callan, essayant de savoir de quel côté j’irais. Je me lance vers la droite, faisant seulement quelques pas avant de lancer le ballon en direction du panier, je manque vraiment ce dernier de près, ce qui me fait froncer des sourcils, un peu en colère. La partie se continue alors que mon partenaire reprend le ballon et que je suis à sa poursuite. « Tu sais… Je ne veux pas te la voler… Et j’ai rien… rien contre toi. » Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça, alors que nous sommes entrain de jouer. En fait, je ne comprends pas pourquoi je lui dis ça tout court. Je n’ai pas besoin de justifier mes agissements. Enfin, je crois…

Je ne sais pas trop ce que je cherche en emmenant toujours le sujet Candace sur le tapis ? Une confrontation peut être, j'en sais rien. Mais le problème c'est que lorsque je le vois, je l'imagine avec elle, entrain de la baiser, et ça me tue. J'aimerais tellement dépasser tout ça, mais je n'y arrive pas. C'est plus fort que moi. Il a au moins eut l'intelligence de ne pas surenchérir et je crois que c'est mieux pour nous. On est partenaire, on est supposé être lié, je connais son secret, il connait le mien, j'aurais tellement préféré qu'on ne soit pas lié par elle. « Oui en dirait bien. » Je suis moins froid, moins sec. On est des adultes, on est supposé pouvoir se comporter comme tel non ? Il a le ballon entre les mains, je l'observe, il part finalement sur la gauche, enfin ma gauche, je le suis de près, il tire mais loupe. Je récupère le ballon, je le contourne et drible. Je m'apprête à m'élancer ma sa remarque me coupe dans mon élan. Le ballon m'échappe presque. Je le récupère en me contorsionnant légèrement. « Ce n'est pas vraiment l'impression que tu donnes pourtant... » Je réplique, lassé de tout ça. Je tire, et marque, encore. Je récupère pourtant le ballon sous le panier. Je m'avance vers lui, je le détaille un moment et soupire. « Il faut que tu fléchisses tes jambes. Et là les tiennes sont beaucoup trop tendues. Et il faut que tu accompagnes le ballon, tout est dans les jambes. Tu n'arriveras jamais à marquer si tu ne les fléchis pas. » Je lui lance le ballon. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça. Mais on m'a fait la remarque un jour. J'étais presque aussi mauvais que lui, et finalement, un type un jour m'a donné ce conseil et depuis, je ne loupe presque aucun de mes paniers.