Tris est partie. Elle est partie et je n'ai même pas eu le temps de la serrer contre moi, une dernière fois. Et je m'en veux. J'espère qu'elle me regarde, qu'elle est fière de moi. Nous n'étions pas fusionnels mais proches. Je l'aimais particulièrement. J'aurais tout fait pour elle, c'est certain. C'était notre duo jusqu'au bout. J'attrape une feuille de papier. C'est niais mais, pour moi, elle restera ma partenaire. Même si désormais, c'est Dani qui me fait office de partenaire. Et j'aurais pu tomber sur bien pire. Je griffonne son prénom comme je le peux, couché sur le lit et je l'affiche au dessus de mon oreiller. Elle dormira encore un peu avec moi. Je me trouve ridicule et puis, en un sens, je ne peux m'empêcher de la regretter. J'ai passé ma première nuit aux côté de Dani et si, au début, savoir que ce n'était plus une fille mais bien à garçon à mes côté m'a fait affreusement bizarre, je n'en ai pas moins dormi pour autant. Le stress m'a complètement chamboulé, fatigué. Et ainsi, malgré la tristesse du départ de Tris, j'ai dormi comme une masse. Dani est partit cherché notre déjeuné, je crois. J'attends comme un roi sur le lit, à moitié habiller, je baille et regarde ma montre. Il est long pour faire chauffer un bol de lait et y mettre du nesquik. Tiens, je ne sais même pas ce qu'il mange au petit déjeuné, lui. « Aaaah, quand même. J'ai une faim, t'imagines même pas. » Je lui adresse un grand sourire et je tapote mon ventre. C'est que ça a l'air bon, en plus. Finalement, je ne vais peut-être pas regretter de l'avoir avec moi ce Dani, le peureux des chaises volantes.

J'ai comme l'impression que Dani n'a pas très bien dormi cette nuit. Il a l'air de mauvaise humeur, alors je grogne. Je lorgne avec envie sur son petit déjeuné. Un gros petit déjeuné. Il pourrait au moins m'en filer un bout, ou deux. Je doute de la capacité de son ventre à ingurgiter tout ça. On m'a refilé le pire partenaire qui soit, c'est officiel et décidé. Gravé. Et je regrette carrément Tris. D'une parce que nous étions proches, que je l'appréciais réellement. De deux, parce qu'elle me laissait me coller à elle la nuit quand j'avais froid et elle ne criait pas lorsque mes pieds froids se posaient sur les siens. Ah, et elle me préparait mon petit déjeuné des fois. Donc en soi, elle était bien moins égoïste que Dani. Mais je ne baisserai pas les bras, qu'il en soit certain. Je croise mes bras sur ma poitrine et je fixe son petit déjeuné d'un regard affamé. Tel un loup prêt à lui sauter à la gorge. « T'es qu'un égoïste, je rêve ! » Je tente une approche d'une main. J'essaie d'attraper une tartine et il me frape. Je réprimande un grognement plaintif. « Donne-moi une tartine ou je raconte à tout le monde que t'es une mauviette et que tu t'es agrippé à mon bras quand on a fait un petit tour de chaises volantes. » J'ai faim et qu'à cela ne tienne, je suis prêt à tout pour du nutella. « Et c'est pas des coup de pieds que je te donnerai cette nuit. » je le laisse aisément imaginer ce à quoi il aura le droit, d'un regard de gros pervers en chaleur. Fais gaffe à toi mon petit kiki, j'ai les mains baladeuses !

J'ai l'impression que mes menacent fonctionnent même si je me fais insulter. Je m'en fou, je suis prêt à tout pour du nutella. Qu'il le sache. Je suis méchant ? Je m'en fou tant que j'ai du nutella. Alors j'hausse les épaules. De toute façon, sa réplique est minable et j'aurai ce que je veux, je le sais. Et il s'en rend compte également puisque ses yeux s'arrondissent, qu'il fronce les sourcils et que sa bouche devient un O. Bon, au fond, j'apprécie beaucoup Dani. N'allez pas penser que mon amour pour le nutella est plus fort que tout. C'est presque vrai mais je suis humain donc non, Dani est un peu plus important que le chocolat. « Un pignouf ? J'sais pas ce que ça veut dire mais je suppose que c'est pas super flatteur vu ta tronche. » je lui réponds à l'aide d'un de mes plus grand sourire tandis que ses tartines viennent à moi et que l'odeur parvient à mes narines. Alléluia mon estomac va enfin pouvoir se remplit. Enfin, c'est ce que j'imagine jusqu'à ce que le bol de lait vienne avec. Je pousse un cris, mes yeux s'arrondissent à leur tour. Mais, mais mais ?! « SALE PIGNOUUUUF. » je hurle parce que c'est le seul mot qui me vient à la tête. Je le pousse du lit avec force et il s'écrase sur la parquet. Bien fait. Puis, puisque les draps sont trempés, je prends un coin sec pour m'essuyer la figure et je lèche le chocolat qui persiste autour de mes lèvres. « M'en fou, j'ai les tartines. » heureusement que personne ne nous voit. Enfin, personne du nid j'entends. Nous passons pour des gamins ou un vieux couple. Baah, je grimace. Cette pensée est limite horrifiante.

S'il faut réellement reconnaître quelque chose de bien à Dani, c'est bien le fait qu'il me mette de bonne humeur dès le matin. Jamais avec Tris je ne me serais battu de la sorte et c'est vraiment agréable. Je pouffe lorsqu'il s'écrase tel une merde sur le plancher de l'école et plus encore lorsqu'il relève la tête. Ce mec est complètement barré, il me rends fou et je manque de m'étouffer avec mes tartines - oui parce que se sont MES tartines maintenant. J'ai gagné la guerre du nutella, je vous rappelle. Il me traite de connard et je ne fais qu'hausser un sourcil. « Connard je veux bien mais gros nan. C'toi le gros qui a failli passé à travers le plancher de la chambre. Heureusement que t'as pas mangé les tartines. » Sourire d'hypocrite bien appuyé. Le pauvre kiki s'est fait mal au fesses. Je pouffe de plus belle. Bien fait pour lui. Moi, il me faudra surement de la chirurgie esthétique maintenant que mon visage est complètement cramé par le cacao. Bon, j'en rajoute parce que finalement, ce n'était pas si chaud que ça, mais quand même. Il a eu un réflexe trop fou hein ! Oula, il se lève précipitamment - tiens, il n'a plus mal au cul - et saute sur le lit en mode boxer. J'avale mes derniers tartines avec rapidité. « Tes bras sont de la taille de mon majeur. » et d'ailleurs tiens, le voilà mon majeur. Je lui fais un joli signe, un grand sourire au lèvres - tout en sachant que je n'ai pas encore avalé ma tartine donc, agréable vue sur du pain et du nutella mâchés, miam. S'il ne me gerbe pas à la tronche ce coup-ci, je suis chanceux.