Et dire que je n'ai pas eu le temps de venir à la ferme plus tôt. D'ailleurs, si un psychologue m'examinait aujourd'hui, je pense qu'il pourrait me dire que je cherche à refouler mon quotidien afin de connaitre de nouveaux horizons. Je pense que ce psychologue aurait raison. Parce qu'il est clair que je n'ai habituellement pas l'occasion de m'aventurer dans les bistrots, dans les cimetières et encore moins l'habitude de passer la nuit à dormir dans un champ. On peut dire que Fake Lover m'a fait vivre des choses que je n'avais jamais vécu auparavant et c'est sans doute normal de m'éloigner le plus possible de ce que je connais déjà, à savoir : "la vie à la ferme". Fake Lover constitue une sortie de vacances qui sont sans doute bien méritées, compte tenu du travail que je fournis pendant l'année. Si les vacances pouvaient continuer une semaine de plus, j'avoue que je ne serai pas mécontente. Mais aujourd'hui, je suis poussée par une irrésistible envie d'aller voir la petite ferme dont on m'a parlé quelques jours après mon arrivée. C'est d'ailleurs Danny qui y avait fait allusion en parlant de la chèvre et... J'avoue que si j'y vais, c'est peut-être aussi pour lui rendre une sorte d'hommage. Pour lui montrer que même sans lui, je peux faire "le coup de la bergère avec ma voix autoritaire et mon bâton" à la chèvre. Ou pas d'ailleurs. J'ai juste envie de lui montrer que je pense à lui, d'une façon assez subtile. Et lorsque j'arrive dans la cour intérieure, une brune est entrain de lire près de la table en fer. Elle lève les yeux de son livre, manifestement à cause de moi et me souhaite directement la bienvenue avant de se présenter. Je souris timidement, avant de finalement répondre : « Merci beaucoup. Enchantée Elliot ! » Elle s'est présentée comme "Elliot la pleurnicheuse" et il me semble qu'elle avait eu une question lors du prime de la part de Connor par rapport aux larmes qu'elle avait pu verser depuis le début du jeu. Pour avoir craqué lundi matin après le prime, je comprends que l'on puisse parfois avoir besoin d'exprimer sa tristesse par les larmes. « Un cookie ? Ce sont des cookies que j'ai fais moi-même. » Elle me tend un bocal pleins de cookies et mon sourire s’élargit. Cette fille a vraiment l'air d'être adorable, c'est fou ! Je la remercie et en prend un dans le bocal. Elle finit par me demander si je me plais ici, ça c'est une bonne question. « Je crois, oui... J'ai rencontré des gens formidables et le cadre est... juste fantastique. Enfin je sais pas, ça a beau sembler vieux... J'trouve ça vraiment cool d'avoir choisit un village abandonné. En fait, la seule chose qui noircisse le tableau, c'est les éliminations. Mais c'est le jeu... » Je marque une pause, mord dans le cookie que j'ai prit quelques secondes plus tôt et lance à l'attention d'Elliot un léger : « Je peux ? » tout en désignant une chaise en face d'elle. Après tout, elle a peut-être envie d'être seule... « Te force surtout pas hein, si jamais tu étais occupée... »

Cette fille est définitivement adorable. Je m'installe, elle pose sa main sur mon épaule et s'empresse de me rassurer par rapport à son livre, qu'elle a apparemment lu des centaines de fois. Elle l'a d'ailleurs rangé, de sorte qu'elle n'a plus rien dans les mains que son bocal de cookies. Je souris, contente d'avoir trouvé une personne aussi sympa qu'elle pour discuter cette semaine. « Super ! » dis-je, calmement dans un sourire. J'ai pas tellement le moral depuis le prime, alors c'est cool de parler avec des gens qui me le remonte et qui me montrent les bons côtés de Fake Lover. Eh non, y'a pas que les éliminations dans ce jeu, il y a aussi un vrai côté humain. « Alors, qui es-tu petite Liv ? Tu fais quoi dans la vie ? Bref, les questions habituelles... » demande-t-elle pendant que je mord dans mon cookie. Je lève mon index pour signifier de patienter le temps que j'ai avalé le morceau que j'ai dans la bouche et lorsque c'est fait, je me lance. « Hum... J'ai jamais vraiment su quoi répondre à cette question, pour dire vrai. Mais j'ai vingt ans, je suis bergère et je viens de la Norvège. Ma vie est pas hyper passionnante.... Disons que je reste dans ma campagne et que je n'en bouge que pour aller voir mon frère à Oslo deux fois par an. » Je souris. Non, en effet, je n'ai pas une vie passionnante et j'espère qu'elle ne s'attendait pas à quelque chose avec un tas de rebondissements... Genre agent secret, j'sais pas. « Fake Lover, c'est un peu l'occasion de... rencontrer des gens. Je ne connais pas grand monde à part des agriculteurs. » D'où le fait que je sois timide. Je connais pas tellement de personnes aussi jeunes que moi, à part les enfants des agriculteurs dont j'ai parlé précédemment et on peut pas dire qu'ils aient une conversation hyper développée. J'ai vraiment besoin de rencontrer d'autres personnes et de me sociabiliser. « Et toi, Elliot ? »

Je parle de mon métier à Elliot et celle-ci arbore rapidement un sourire amusé. Je ne le prends pas mal, aucun soucis. C'est juste que je ne sais pas ce qui est drôle là dedans, en fait. Je continue sur ma lancée, laissant entendre que j'avais rarement l'occasion de parler à des gens de mon âge. C'est vrai, j'en rencontre rarement et je n'ai pas forcément l'occasion de discuter avec eux. Et puis, Fake Lover c'est un peu une aubaine, parce que j'ai étudié l'anglais avec beaucoup de rigueur et de minutie et... j'ai pas eu l'occasion de vraiment l'utiliser dans la réalité. Mes parents ne parlent pas anglais, ma soeur apprend mais ne se débrouille pas très bien et mon frère... j'en parle pas. Il est à Oslo, il s'en fout que je sache parler anglais, trop occupé par ses études supérieures et par sa copine. En fait, je crois que je ne peux pas m'empêcher d'envier mon frère, parce qu'il a tout ce que je n'ai pas et ce que je rêverait d'avoir. C'est vrai, les études m'intéresse - même si j'aime mon métier, ça va de soit -, j'aimerai avoir une vie sociale développée comme il peut en avoir une et j'aimerai beaucoup pouvoir faire autre chose de ma vie et découvrir d'autres pays... C'est pas possible, il faut que tu renonces, Liv. Et puis, sur cette pensée, je demande à Elliot de me parler d'elle à son tour. « Critique de musique venant tout droit des Etats-Unis, de la ville de L.A. Rien avoir avec ta Norvège natale. » Wow, Los Angeles... Hollywood, les plages immenses, le soleil, les buildings... Tout ce que j'ai pas chez moi quoi. « En effet... J'ai vu des photos de Los Angeles, c'est juste... magique. Pour moi, en tous cas. » Pensive. J'aimerai tellement pouvoir aller à Los Angeles un jour, pouvoir me baigner et découvrir la vraie chaleur - parce qu'entre la Norvège et ici, j'avoue que y'a un mieux, mais il fait pas non plus 30 degrés. Je crois que je nage en plein rêve américain. Celui que je ne toucherai jamais du doigt, celui qui restera à jamais un rêve, quelque chose d'irréel et immatériel. C'est dommage, mais c'est comme ça. « Alors, ça se passe bien avec ton partenaire ? » Je reprends conscience que je suis dans la réalité et je souris après la question d'Elliot. « Très bien... Franchement, Jared est adorable et... je crois que je pouvais pas rêver mieux comme partenaire, vraiment. J'espère juste que je vais rester assez longtemps pour le connaître d'avantage, mais franchement, j'ai rien à lui reprocher. » C'est sincère. Jared est quelqu'un que j'apprécie énormément et sur lequel je peux compter. C'est vraiment agréable d'être avec lui. « Tu es la partenaire de... Dagga ? Je crois ? Elle a l'air gentille, elle aussi. J'ai pas eu l'occasion de lui parler beaucoup mais... Ca a l'air d'être quelqu'un de très bien ! »