Zhara

Il y a un peu plus de neuf mois, j’ai fais mon entrée dans le nid d’amour de Fake Lover, une émission qui a bouleversé mon quotidien. Un jeu amusant mais une expérience humaine surtout qui m’a fait grandir et rencontrer des gens merveilleux. Enfin.. une personne en particulier. Si je n’ai officiellement pas gagné le jeu, officieusement j’ai gagné bien plus : l’amour. Cela fait un peu plus de sept mois que je suis en couple avec Zhara. Une belle victoire. Une histoire d’amour naissante et en même temps une histoire bien loin d’être ordinaire. Ancien dealer et prisonnier d’un côté, vierge et religieuse de l’autre, rien ne nous prédestinait à nous rencontrer. Et pourtant, nous voilà vivant sous le même toit depuis août. Un quotidien instauré, des habitudes prises, une colocation presque parfaite. Je suis sûr un nuage. Mais genre constamment. Pourtant, je n’ai pas eu droit à ce que tout homme normalement constitué apprécie : le sexe. Mais cela ne me gêne pas. Je n’en ai jamais été friand et je ne suis pas non plus très expérimenté là-dessus avec mes années de prison. Donc j’attendrai le temps qu’il faudra avec Zhara. Et.. je sors de mes pensées soudainement pour réaliser que je suis là, assis sur un banc face à la plage et la mer à côté de ma copine, profitant du week-end. Elle est blottit contre moi, sans doute perdue dans ses pensées elle aussi. Ma main caresse sans interruption sa chevelure tandis que mon regard s’arrête sur elle. Je lui souris, faisant sans doute évader ses moindres pensées. « Je.. faut que je t’avoue quelque chose. » Mon sourire disparait et laisse place à un air plutôt sérieux. En réalité, je suis un peu anxieux à l’idée de ce que j’ai à lui dire. Et je transmets ma gêne à la jeune femme sans le vouloir, qui se redresse aussitôt sur le banc coupant tout contact physique avec moi. Cela me frustre un peu. J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de mal ou que je m’apprête à le faire. Je m’empare alors de ses mains histoire de la rassurer mais son visage reste pâle et ferme. « On peut marcher ? » Je crois que je serais plus à l’aise debout en fait. Alors je me lève, essayant de garder contact avec la peau Zhara, je réajuste vite fait ma veste en cuir afin de ne pas attraper froid, puis je commence à marcher aux côtés de la brune. Je crois qu’elle attend. Non, c’est même sûr, elle a envie de savoir. Mais moi j’hésite. J’ai peur de sa réaction. Je veux y aller progressivement. Je suis toujours effrayé à l’idée de brusquer les choses. « La première fois que je t’ai vu, j’ai tout de suite su. » Je ralentis le pas un maximum pour la regarder dans les yeux timidement et lui offrir un sourire un peu forcé.

Je vais m’endormir, je crois. Je suis tellement bien là, sur ce banc avec Sonny. De toute manière tant que je suis près de lui je pourrais être n’importe où je pourrais m’endormir. Parce que je me sens parfaitement bien et en sécurité. C’est peut être débile de penser comme ça mais avec lui c’est le sentiment que j’ai, d’être en sécurité. Alors que, techniquement, il a fait de la prison, je devrais faire gaffe. Mais j’ai confiance en lui, la preuve on habite ensemble depuis quelques mois et il respecte encore et toujours mon abstinence. Parfois c’est dur pour moi aussi mais je ne veux pas pêcher, c’est plus puissant que tout. « Je.. faut que je t’avoue quelque chose. » fait-il au bout d’un moment, je me raidis. Ca a le coup de me réveillé d’un coup puisque je me redresse d’un coup, effrayée a l’idée qu’il pourrait me dire qu’il m’a trompé. En fait c’est un peu ma plus grande peur, justement à cause de ce problème d’abstinence. Je sens bien qu’il en a envie, quand il m’embrasse et que ses mains se glissent sur ma peau, mais c’est plus fort que moi, je finis toujours par m’éloigner. Du coup j’ai peur qu’il aille voir ailleurs, qu’il me dise qu’il n’en peut plus et que je peux repartir en Afrique. Finalement il attrape ma main et ça me rassure un peu, je me dis que si il devait me quitter il ne le ferait pas comme ça. « On peut marcher ? » Je hoche la tête, toujours silencieuse, afin de le suivre. Il réajuste sa veste en gardant ma main dans la sienne et moi je tire un peu sur mon pull pour bien le redescendre sur mon ventre. « La première fois que je t’ai vu, j’ai tout de suite su. » fit-il avec une sorte de sourire bizarre. Je ne suis pas tellement rassurée en fait, je fronce les sourcils mais je me dis qu’une phrase comme ça ça n’apporte qu’une bonne nouvelle non ? Il ne va pas me dire qu’il a tout de suite su qu’il allait lamentablement me jeter sur une plage, hein ? « Dis moi, Sonny, stp… » Je suis en plein stress, c’est insupportable, j’aimerais qu’il crache le morceau un peu plus vite mais c’est tout à fait lui ça, il prend son temps, il stress et à chaque fois qu’il stress je stress aussi.

J’aime le suspens. Non, j’aime pas le suspens. En fait, j’en sais rien. Je suis juste un spécialiste pour créer du suspens. Mais je le fais pas exprès. Je suis tout simplement doué pour tourner autour du pot. Aller à l’essentiel, je galère avec Zhara. Dès qu’il faut que je lui dise quelque chose d’important, je me mets à angoisser comme pas possible, ce qui la fait stresser aussi, et c’est un cercle vicieux jusqu’à ce que j’arrive à tout déballer. Encore une fois, je me trouve dans cette situation de stress. Et Zhara aussi. Elle n’en peut plus d’attendre et souhaite à tout prix à ce que je crache le morceau. Et moi.. j’ai du mal à me lancer. Mais faut que je le fasse. Alors je prends une grande inspiration, je serre le poing et c’est partit. « J’ai su que tu serais la personne qui réussirait à gravir mon cœur. » Je me sens con. Ça fait terriblement niais et pourtant, je crois que je n’ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. Le coup de foudre, oui, il a eu lieu quand mes yeux se sont posés sur Zhara. Et je me sens bête de ne lui avoir jamais révélé ça jusqu’à aujourd’hui. Peut-être n’ais-je rien dis par peur de l’effrayer plus qu’autre chose ? Ou alors, je me protégeais moi-même de la réalité tout simplement. Les sentiments, ça m’effraye terriblement. Je ne connais clairement pas l’amour et ça me terrorise. Je ne sais pas si je suis à la hauteur d’aimer quelqu’un. Du moins, je ne savais pas jusqu’à aujourd’hui. « Je.. je t’aime. » J’ai l’impression qu’une bombe nucléaire vient d’exploser et en même temps d’avoir sauté du cinquantième étage d’une tour immense. Autant dire que mon cœur est en stand by. Mes yeux, eux, sont noyés dans l’océan vert de la brune et ma main, s’échappe petit à petit de celle de la demoiselle. Pin pon, pin pon, vite les pompiers. Je suis rouge. J’étouffe intérieurement. Et à l’extérieur, je suis pétrifié. Les microsecondes sont interminables. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. D’ailleurs, je revois ma vie défiler. Mais pas l’ancienne. Celle où j’ai été libéré de prison, où j’ai appris le bien du mal, puis ma participation à Fake Lover, ma rencontre avec Zhara, notre premier baiser, notre emménagement et.. BIM, retour à la réalité. Me voilà allongé par terre, inconscient. Il parait que chez les 25/40 ans, l'infarctus apparaît principalement pendant le week-end.

J’attends et je stress. Comment veut-il que je ne stress pas alors qu’il est en train de me dire qu’il doit me parler, qu’il me prend la main qui me fait marcher la plage comme si s’apprêtait à m’annoncer qu’il avait le cancer en phase terminale hein !? Ok, Zhara, respire… Je prends une inspiration alors qu’il se lance enfin dans son discours. « J’ai su que tu serais la personne qui réussirait à gravir mon cœur. » La phrase est bizarre mais cette pensée disparait bien vite de mon esprit. Maintenant je suis impatiente de savoir la suite, car il doit y avoir une suite non ? Il n’aurait pas commencé comme ça pour juste me dire ça, même si j’apprécie qu’il me le dise c’est vrai. « Je.. je t’aime. » Je ne réagis pas. Je suis comme stupéfiée et je sens ses doigts se glisser peu à peu hors des miens, je cligne une fois des yeux, puis deux. J’essaie de réaliser, je dois dire que je me doutais qu’il tenait à moi mais je ne l’avais jamais entendu dire et je ne pensais pas que l’entendre procurait une telle joie. C’est comme si des milliers de papillons étaient relâchés dans mon estomac, comme si des feux d’artifices explosaient dans mes membres, mon cœur, mon cerveau, tout était envahit par ce profond sentiment d’euphorie. Ca a duré deux secondes, deux fichues secondes avant qu'il ne tombe par terre. Hein ?! Mes reflex d'étudiante en médecine s'activent, des stages j'en ai fait des dizaine, étant maintenant en septième année je sais exactement comme réagir. Je me met à genoux et prend son poul : son coeur bat. C'était juste un malaise et je réspire enfin, soulagée. « Sonny... Ouvre les yeux s'il te plait. » Je m'agenouille derrière lui et soulève sa tête pour la poser sur mes genoux. Il ne se réveille toujours et je me penche sur lui pour le secouer un peu. « Arrête c'est pas drôle réveille toi. » Je reste calme, du moins j'essaie parce que j'ai envie de lui hurler dessus et, finalement, il ouvre les yeux. Son regard se pose dans le mien, il a l'air paumé mais il y a eut plus de peur que de mal. « Ne te lève pas tout de suite. » fis-je doucement, restant en place là où je suis, mes doigts caressent doucement la peau de sa joue.

(je refuse totalement que ce soit un infarctus, c'est un malaise, t'as pas le choix )

Je l’ai dis. Ça y est. C’est sortit. La bombe est tombée. Mon cœur avec. Me voilà, affalé par terre, pupilles closes, corps inerte. Je ne respire plus. Pendant plusieurs secondes ou microsecondes. Le temps est arrêté pour moi. C’est bizarre mais je crois que je suis mort. Ou sur le point de l’être, j’en sais rien. Je suis là, debout, voyant mon corps allongé et Zhara le tenant. Je crois que je ne suis plus qu’un esprit. C’est mauvais signe. Un peu genre Gost Whisperer mais sans Mélinda. Et merde ! Je veux revenir à la réalité moi. Je veux retrouver mon corps et Zhara. Mais comment je fais ? A l’aide ! Il y avait pas un candidat qui voyait les morts ou leur parlait dans Fake Lover ? Qu’on fasse appel à lui, ou elle, s’il existe ! Me voilà, paniqué, le pire, c’est que je n’ai aucune notion du temps. Je serais incapable de dire s’il est freezé, s’il continue normalement ou s’il est vraiment ralenti. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je suis à l’heure actuelle. Ce que je fais. Ce que je suis censé faire. Et.. ma mère apparait soudainement devant moi. Ma mère qui est morte il y a bien longtemps dans mon cœur et il y a à peine un an dans la réalité. Cette personne que je hais au plus haut point car elle n’a jamais su m’aimer et me chérir. Elle n’a, en fait, jamais été ma mère mais seulement la femme qui m’a mise au monde. Et ce, pour ne pas dire de grossièreté quant à ce qui la qualifie. Son ancien emploi. Si on peut appeler ça un emploi. Mon ancienne vie, si je l’ai foiré, je peux affirmer que c’est de sa faute. J’ai dealer pour survivre, pour nous faire survivre. Et quand je suis allé en prison à cause de ça, cette femme m’a tourné le dos. Je la hais. Je n’ai même pas versé une larme à son enterrement. J’étais même pour ainsi dire soulagé. Quel enfant est soulagé face à la mort de sa mère ?! Bref, la voilà donc. J’essaye de parler mais aucun son ne sort de ma bouche. Aucun son ne sort non plus de la sienne. Juste un mouvement de sa part me montrant Zhara abattue sur mon corps inerte, puis, un grand sourire arborant son visage. Un sourire dont je comprends aussitôt l’explication. Pas besoin de mot. Là voilà là personne qui saura capable de m’aimer. Aussitôt, retour à la réalité, j’ouvre les yeux : Zhara. Ma respiration revient peu à peu à la normal tandis que je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je ne me souviens de rien. J’essaye de bouger mais la brune me l’interdit. Etant étudiante en médecine, je ne peux que l’écouter. Je reste donc immobile à la regarder me bercer et prendre soin de moi. Là, ça me revient. Mes derniers mots. « Je disais donc que je t’aime. » Peu importe ce qu’il s’est passé. Malaise ou infarctus. Peu importe si j’ai frôlé la mort ou non. Je suis juste bien. Là, dans ses bras. Et, je ne serais dire pourquoi, je me sens soulagé. Mon inconscient surement. Ce qu’il s’est passé dans l’au-delà peut-être. Un sourire. Oui, j’arbore un sourire.

Je ne sais pas trop ce qui se passe… Je sais juste que je n’aime pas ça. Sonny qui s’écroule alors qu’il vient de me dire qu’il m’aime, j’ai l’impression d’être dans un mauvais film romantico-dramatique (même si ça ne se dit pas). Du coup, rapide et avec tout mon sang froid j’essaie de le faire reprendre conscience, je ne dois pas paniquer ça me ferait faire de mauvais geste mais le fait est que j’ai une boule dans l’estomac et dans la gorge et qu’elles ne font toutes les deux qu’enflées à mesure que le temps passe et que Sonny n’ouvre pas les yeux. Il faut une poignée de minute au jeune homme pour ouvrir les yeux, quand c’est fait je suis si soulagée que je pourrais me mettre à pleurer la comme-ça d’un coup. « Je disais donc que je t’aime. » Je lâche un rire, c’est nerveux tout simplement et secoue la tête de droite à gauche, une larme finit même par couler le long de ma joues. C’est à cause du mélange des émotions, peur et joie en trop peu de temps, je craque. Je ris toujours alors que, une à une, les larmes coulent le long de mes joues. « Je préfère… » J’essaie de stopper mon rire, ce qui me prends quelques secondes. « Que tu ne le dises plus. » Je passe mes manches sur mes joues et finit par sortir un petit sourire. « Si c’est pour faire un malaise à chaque fois… » dis-je alors que je passe encore mes doigts sous mes yeux, je bénis ce moment où, ce matin, j’ai décidé de faire comme d’habitude et de ne pas mettre de maquillage.

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Vraiment pas. J’ai l’impression d’avoir vécu une scène de film voir de série. Il y en a une similaire dans Grey’s Anatomy tiens. Avec George et Izzie qui se croisent en mode fantômes dans les couloirs de l’hôpital alors qu’ils sont entrain de crever. Je crois que la blonde s’en sort vivante au final mais pas lui. Bref, heureusement, plus de peur que de mal puisque je m’en sors indemne. Du moins en apparence. Je suis un peu sonné tout de même et je peine à comprendre ce qu’il s’est passé. Ce que je retiens, c’est que je vais bien, que Zhara aussi et que je lui ai avoué mes sentiments. A présent, je me sens bien. Drôlement bien. Puis, je me rends rapidement compte que c’est pas vraiment le cas pour Zhara. Sa voix est tremblotante, son rire est nerveux, et ses joues sont humides. Il ne m’en faut pas plus pour en déduire que la jeune femme a eu sacrément peur pour moi. Si cela devrait me faire chaud au cœur, je m’en veux terriblement de l’avoir effrayé. C’est comme si je lui avais fait du mal. Involontairement heureusement. Alors pour essayer de me faire pardonner, je lui souris tout d’abord avant de plonger tendrement mon regard dans le sien et de déposer une main sur sa joue pour essuyer les quelques perles résistantes. « Je.. je suis désolé. Je sais vraiment pas ce qu’il s’est passé mais je vais bien, ne t’en fais pas. » Bon, j’avouerai que je ne suis pas totalement serein quant à ma perte de connaissance et que l’avis d’un médecin diplômé serait probablement le bienvenue mais je ne souhaite vraiment pas inquiéter plus la demoiselle. « Et s’il le faut, je te dévoilerai mes sentiments dans une autre langue. Tu préfères quoi ? Je peux m’essayer au Chinois ? A l’espagnol ? A l’allemand ? Au français ? Ou encore te dire que je t’aime via le langage des signes ou le morse. » Ainsi, j’essaye de détendre l’atmosphère et de redonner le sourire à la jolie brune. En tout les cas, j’ai repris suffisamment de force pour me redresser et m’agripper à elle tel un koala qui s’accroche à sa branche. Ces propos, je les lui dis donc yeux dans les yeux. Pour autant, je ne franchi pas la barrière de ses lèvres, même si ça n’est pas l’envie qui m’en manque.

C’est son regard qui m’apaise en premier, tendre et doux, je souris même doucement alors qu’il lève la main pour la glisser sur ma joue humide. J’ai l’impression de vivre un rêve, enfin tut aurait été parfait sans la perte de connaissance de Sonny mais si l’ont omet ce moment je suis bel et bien en plein rêve, depuis des mois, depuis Fake Lover mais surtout depuis que je l’ai rencontré dans cette petite église. Il me semblait déjà différent des autres, il avait… Le truc en plus. « Je.. je suis désolé. Je sais vraiment pas ce qu’il s’est passé mais je vais bien, ne t’en fais pas. » Je secoue à nouveau doucement la tête de droite à gauche. « Ne t’excuse pas, c’est bon. » Dis-je alors qu’il reprend déjà la parole. Et s’il le faut, je te dévoilerai mes sentiments dans une autre langue. Tu préfères quoi ? Je peux m’essayer au Chinois ? A l’espagnol ? A l’allemand ? Au français ? Ou encore te dire que je t’aime via le langage des signes ou le morse. » Je ne peux m’empêcher de lâcher un rire enfantin, je l’imagine mal me parler en morse, encore moins en chinois. « Je risque de ne pas comprendre, alors cantonnons-nous à l’anglais. » Je parfais français, aussi, un peu car une partie de ma famille vivait en France mais les langues n’étaient vraiment pas mon point fort. Il finit par se redresser lentement avant de me prendre dans ses bras, je souriais comme une enfant à qui on vient d’offrir le plus beau des cadeaux. Je passai alors une main sur sa joue et m’approchai pour l’embrasser tendrement. C’était rarement moi qui faisait le premier pas, j’avais toujours peur de mal m’y prendre avec lui parce qu’il avait connu d’autres filles plus expérimentées que moi. J’avais l’impression de ne pas être suffisante… du moins jusqu'à aujourd’hui. En avait-il aimé une autre avant moi ? J’en doutais, du coup j’avais le droit de penser que j’avais quelque chose en plus que toutes les autres. Après m’être éloignée de son visage je le scrutai attentivement, les sourcils un peu froncés. « T’es sur que ça va ? » Je m’inquiétais pour un rien quand ça concernait Sonny, Evey ou mes parents. Les gens auxquels je tenais autant qu’a ma propre vie parce que, soyons réalistes, sans eux ma vie serait bien morne, triste. Surtout sans lui.

Zhara a peur que je retombe dans les pommes ou que je parte pour de bon si je lui redis les mots magiques. Peut-être que c’est lié après tout mais je m’en fiche. Je suis prêt à en assumer les conséquences s’il le faut. Quoi que, crever pour si peu ça serait à la fois horrible et stupide. J’imagine un instant les inscriptions « mort après avoir dis je t’aime » sur ma tombe. Puis j’ôte cette pensée de ma tête avant d’évoquer le fait que je dévoilerai mes sentiments dans une autre langue ou dans un autre langage s’il le faut. Cela fait rire la jolie croyante. J’avoue que je m’imagine mal à parler le chinois ou à m’essayer au morse. « Ça marche. » Me voilà à présent en mode câlin. Je m’accroche à la belle brune pour la prendre dans mes bras. Celle-ci décide aussitôt de joindre ses lèvres aux miennes pour un doux et tendre baiser que je fais perdurer le plus possible. Je crois qu’on avait besoin de se retrouver physiquement après de tels péripéties et émotions. « Oui, tout va pour le mieux maintenant. » Je souris, heureux, soulagé, et un brin pensif. Je me dis que la jeune femme est la première personne pour qui j’ai de tels sentiments et surtout la première personne à qui j’ai dit ces fameux mots. D’ailleurs, je crois qu’elle n’est pas tout à fait au courant de ces détails. Je lui ai déjà raconté mon histoire avec ma mère mais concernant mes anciennes relations, je ne lui ai rien dis. Après tout, je n’ai eu que très peu de petites amies, peu de rapports sexuels puis surtout, mes relations ont toutes été très courtes. Mes sentiments n’ont donc jamais été mis à l’épreuve jusqu’à aujourd’hui pour une fille. « Je.. je n’ai jamais dis ces mots à personne avant toi. » Je crois qu’il est temps que je me confie. Et ce, même si la jeune femme ne m’a pas dis les mêmes mots, ce que je n’ai même pas réalisé en fait. « Même pas quand j’étais petit. » J’essaye tout de même d’apporter une touche d’humour à mes propos. « Tu sais, je repense à mon casting à Fake Lover et je me souviens avoir dis que je ne croyais pas en l’amour. » En plus, y’avait un formulaire où il fallait cocher ce qu’il nous correspondait le plus et je me rappelle avoir coché « Moi, amoureux ? Jamais de la vie » ou quelque chose du gabarit. « Ça peut paraître niais dis comme ça mais tu m’as complètement fais changer d’avis à ce sujet. » Je me contente de poser mes bras sur les épaules de la brune et de la regarder tendrement dans les yeux.