ان (الحب) ليس المكتسبة✗ le 12/11 à 01h40m22s

WITH MALIK
ASMAA
NIVEAU II
Je quittais le plateau du prime. Mon ventre barbouillé. Mes idées pas vraiment en place. D'ailleurs, je m'étonnais à savoir marcher à peu près convenablement. Je titubais quand même un peu, manquant de me casser la figure. À plusieurs reprise. L'effet de la drogue. L'effet néfaste quand elle est mélangé à une sorte de mauvaise adrénaline. Tout les sentiments négatifs multipliés par trois, voir plus. Je m'étais totalement affichée durant ce prime. Maintenant je redoutais le regard de mes camarades sur moi. J'avais cette désagréable impression de leur avoir donné l'opportunité de me juger comme une petit chose qui ne cherche qu'à se faire passer pour une victime dans toute cette histoire. Ou bien de monter certains candidats dont j'étais proche, contre Malik, qui était l'une des sources de ma peine. Ma source principale, complètement innocente. Malik n'y était pour rien. Jamais il avait cherché à me séduire, à me draguer. Je m'étais entichée moi-même de lui, sentant mon cœur se lier à lui de plus en plus, tant il redoublait de gentillesse avec moi. Au départ, je crus vraiment à une très forte amitié, soudés comme jamais, mais je m'étais voilée la face. Je ressentais des choses pour lui au-delà de l'amitié, mais le message avait été clair : jamais l'on ne pourra partager ça. J'aurai du m'en douter. C'était alors pour ça... Qu'il m'avait demandé de me reculer l'autre fois... Je faisais seulement le rapport maintenant, me sentant encore plus conne de ma réaction de tout à l'heure. Oui, définitivement, je m'étais donné en spectacle. Un spectacle ridicule et exagéré. Je ne pouvais pas le nier, savoir qu'il avait eut un rapport avec Nicole me fit mal, mais savoir plus encore qu'il faisait que la suite logique à des sentiments qui étaient... Visiblement partagé. Nicole n'avait rien démentit, n'avait rien dit. Je pinçais mes lèvres. Mes yeux acclimatés à la noirceur de la nuit, je relevais la tête pour voir une silhouette marcher à quelques mètre devant moi. À peine. Pas besoin de passer par quatre chemin pour savoir qu'il s'agissait de Malik. J'aurai très bien pu le deviner parmi une centaine de personne devant moi. Je ralentissais un peu ma cadence, pour ne pas m'approcher de trop. Oui de trop, c'est ainsi que je me sentais à présent. De trop dans la vie de Malik. En deux phrases maximum, j'avais, au prime, tout gâché. Tout ce qui nous liait jusqu'à présent. Kiki dans le sac à dos que je portais, je ne me sentais plus du tout digne de le porter. De le posséder. Comme je ne me sentais plus être aussi proche de lui. Pour lui et Nicole justement. J'avais bien compris qu'elle ne m'appréciais pas vraiment à la base, mais tout ceci devait être la cerise sur le gâteau. Je baissais ma tête. Je ne pouvais pas aller le voir et tout lui dire. Non, je pensais, je pensais, je pensais et je me taisais. La seule fois où j'ai réellement tenue à être honnête, voilà le résultat. Je ne courrais pas pour aller le prendre dans mes bras, ou lui déposer un bisou comme j'aurai pu le faire deux/trois semaines plus tôt. Rien que de penser ça, j'en perdais mes moyens... Mais étonnement, je n'avais pas envie de pleurer... Je prenais mon courage à deux mains pour avancer plus rapidement. Pour le dépasser. Pour ne plus l'avoir dans mon champs de vision et aller me coucher. Sauf qu'une fois un peu devant lui, je ne pu me résoudre à avancer plus. Je m'arrêtais. Mes bras croisés devant mon ventre. Je me retournais doucement, ne sachant pourtant pas quoi dire... Un silence s'installa... Je baissais les yeux, la tête, laissant mes cheveux couvrir une partie de mon visage. « Je comprend maintenant... pourquoi tu voulais que je m'écarte la semaine dernière... » J'avais une petite voix, voix qui venait s'évanouir un instant dans la nuit. Avant de reprendre. « Je vais me faire toute petit maintenant, je ne veux pas... vous déranger... toi et Nicole... » Non, je ne voulais pas devenir un boulet. Non, pour rien au monde.

Pour que j'en vienne à m'absenter une bonne heure et demi du plateau, il avait vraiment fallu que ce prime soit aguerrant comme jamais. Et il l'avait été, oh oui, faites-moi confiance là-dessus. J'avais fait l'effort de revenir sur le plateau et de rester jusqu'à la fin dans l'unique but de savoir ce qu'il adviendrait du sort des candidats nominés. Maintenant que les résultats avaient été révélés, j'estimais que le mieux était encore de prendre le chemin du retour. Car après une telle soirée, je n'avais clairement plus qu'une envie : rejoindre mon lit en vitesse et noyer ma peine dans les bras de Morphée. En gros, ce soir, j'avais l'impression d'avoir perdu beaucoup de choses. La sympathie et la bienveillance de quelques candidats très certainement déçus de moi, mais surtout Asmaa, la prunelle de mes yeux, mon rayon de soleil... la chose que je redoutais le plus était advenue ce soir : voir mon lien avec Asmaa brisé, d'un coup. Et tout ça à cause de quoi, ou plutôt à cause de qui ? Et bien, moi bien sûr. Parce que je ne lui avais rien dit pour Nicole et moi, et avec le recul je me rendais compte ô combien cet oubli qui n'en était en fait pas du tout un, était lâche, et vraiment pas digne de notre grande amitié que je pensais indestructible. Jusqu'à ce soir. Or nos chemins s'étaient en quelque sorte vus séparés au cours de la soirée, et qu'on se le dise, je le vivais mal, mais alors... éperdument mal. C'était comme me recevoir un poignard en plein cœur en fait. Je n'en avais jamais reçu un mais j'imaginais bien la douleur que cela devait engendrer, hm. J'avais vu Asmaa dépitée, totalement, déçue de moi aussi, et souffrant terriblement par ce qu'elle avait été amenée à apprendre nous concernant, Nicole et moi. C'est donc dans un état déplorable que je pris le chemin du retour en cette fin de prime, me trainant de tout mon long, comme si l'on avait attaché à chacune de mes chemises une chaine reliée à un boulet d'une bonne cinquante de kilos. Jamais retour au nid n'aura semblé si funeste. Plongé dans mes pensées, bien noires celles-ci d'ailleurs, j'entendis bientôt des pas derrière moi, comme si ces derniers se rapprochaient progressivement. Effectivement ils étaient de plus en plus audibles, et bientôt je fus dépassé par une petite frisée que je ne connaissais que trop bien. Ma frisée. J'eus envie de lui courir après, de hurler à m'en casser la voix mais le mieux était sans doute de la laisser rentrer, sans chercher à lui imposer ma présence - une présence dont elle ne voulait certainement plus à ses côtés désormais. Mais finalement, maintenant mon regard sur Asmaa qui s'éloignait, celle-ci finit par rebrousser chemin, et se tourna vers moi. J'étais pétrifié. Me retrouver face à elle, après tout ce qu'il s'était passé... J'avais tant de choses à lui dire, mais celles-ci parviendraient-elles seulement à sortir ce soir ? Asmaa croisa les bras et un silence - très pesant - s'installa alors tandis que je ne décrochais pas le regard. Je la vis ensuite baisser la tête, et une partie de ses bouclettes vinrent masquer son doux minois d'ange. « Je comprend maintenant... pourquoi tu voulais que je m'écarte la semaine dernière... » J'en vins à soupirer. Non, de toute évidence elle ne comprenait rien. Elle se fiait à ce qu'Esther avait révélé lors du prime, à travers une question des plus embarrassantes qu'elle m'avait adressée, mais au delà de ça Asmaa ne savait rien, rien du tout. Elle pensait comprendre, mais c'était techniquement impossible. « Je vais me faire toute petit maintenant, je ne veux pas... vous déranger... toi et Nicole... » Je pense qu'elle n'avait pas conscience à quel point ses paroles me blessaient, profondément. Avait-elle oublié combien je tenais à elle, combien elle était importante à mes yeux ? Avait-elle aussi oublié tout ce que nous partagions elle et moi ? Non, je refusais qu'une si belle histoire prenne fin de cette façon. « Tu crois comprendre Asmaa, mais ce n'est pas le cas, je te l'assure. » rétorquais-je dans un premier temps d'une voix brisée, à demi-éteinte. Une voix que je vins éclaircir, me rendant alors compte que ma gorge était très douloureuse, chose que je ne m'expliquais pas vraiment en fait. « Je ne veux pas te perdre Asmaa. C'est ma plus grande crainte à l'heure actuelle. Si... si tu t'éloignes, si tu m'échappes, alors je perdrais goût à tout ici. J'ai besoin de toi. J'ai vraiment besoin de toi. Et je suis sincèrement désolé de ne rien t'avoir dit pour Nicole et moi... T'as pas idée comme je m'en veux, comme je me sens nul, comme je me déteste de t'avoir fait souffrir Asmaa. » Je repris mon souffle, au bord des larmes. J'en tremblais, et pour cause, j'avais l'impression de lui répéter ce qu'elle était déjà censée savoir. Je ne voulais pas qu'elle ait oublié tout ce que je lui avais déjà confié, au sujet de mes sentiments pour elle. Même si, là encore, j'avais peut-être un peu manqué d'honnêteté. On allait finir par croire que c'est ce qui me faisait cruellement défaut. « J'ai pas été suffisamment franc avec toi, je le conçois tout à fait. Seulement toi... toi non plus. Tu ne m'as pas dit que tu... enfin que tes sentiments pour moi étaient si... Asmaa je suis tellement perdu, je ne sais plus où je vais. Mais je sais que si je te perds maintenant, alors je n'aurais plus le courage de poursuivre cette aventure parce que tu es tout pour moi. » J'étais prêt à me mettre à genoux s'il le fallait. Mais par pitié, je ne pourrais supporter qu'elle s'éloigne, pensant nous déranger Nicole et moi. Pour l'heure je ne voyais vraiment pas en quoi elle pourrait s'avérer gênante, car je ne savais pas non plus où j'en étais avec Nicole. Une chose demeurait certaine, je voulais les garder à mes côtés, l'une comme l'autre.

Au plus profond de mon être, je ne voulais pas voir Malik s'éloigner de moi. Amoureux de Nicole ou pas, je voulais rester son amie. Malheureusement, j'avais été contrainte à avouer quelque chose que je souhaitais garder enfuit au plus profond de mon être. Vivre avec ce secret jusqu'à la fin du jeu. Faire comme si de rien été. Malheureusement, les gestes et la rapidité l'ont emporté sur la raison et j'avais réagis carrément de façon déraisonnable. Si j'avais su faire preuve d’impassibilité et de retenu, j'aurai pu tout lui avouer plus tard, dans l'intimité ou laisser l'illusion continuer son bout de chemin. En tout cas, nous ne serions pas là, à nous regarder à peine, laissant entre nous un espace bien trop conséquent comparé à tout ceux qui nous avaient séparé auparavant. « Tu crois comprendre Asmaa, mais ce n'est pas le cas, je te l'assure. » Alors j'étais plus paumée encore que je ne l'aurais crus. À l'heure d'aujourd'hui, j'interprétais son envie de me voir m'éloigner comme un fait de son rapprochement de Nicole. J'avais pourtant l'impression que je me mettais le doigt dans l’œil et que la vérité résidait ailleurs. Une vérité trop complexe pour moi, qui m'échappait complètement. Comme toute cette situation en vérité, qui avait prit des proportions colossale, pour « si peu » finalement. Mon cœur s'entiche trop facilement aux autres. Dans un premier temps amicalement, puis de plus en plus dangereusement. Malheureusement, se fut le cas pour Malik... « Je ne veux pas te perdre Asmaa. C'est ma plus grande crainte à l'heure actuelle. Si... si tu t'éloignes, si tu m'échappes, alors je perdrais goût à tout ici. J'ai besoin de toi. J'ai vraiment besoin de toi. Et je suis sincèrement désolé de ne rien t'avoir dit pour Nicole et moi... T'as pas idée comme je m'en veux, comme je me sens nul, comme je me déteste de t'avoir fait souffrir Asmaa. » Je mordais l'intérieur de mes joues, m'empêchant d'avancer, parce que malgré tout le noir qui nous entourait, je pouvais distinguer le visage de Malik. Le moindre de ses traits. Je le voyais être très mal et j'avais terriblement envie de répondre à ce réflexe que j'avais depuis bien longtemps maintenant : le prendre dans mes bras. Je ne pouvais pourtant pas. Ce geste pourrait résoudre bien des choses, mais je ne pouvais m'y résoudre. De mon côté, je restais muette. Tant par la voix, que sur le plan des sentiments. Je ne pouvais m'étendre, plus pudique que lui en cet instant. J'avais terriblement envie de verser des larmes à mon tour. Je sentais tout mon être trembler et mes jambes prête à flancher sous moi. Comment exprimer par des mots le fait que je ne savais vraiment plus comment prendre tout ça. Je ne savais pas où me positionner. Ni que faire. Dans mon esprit le schéma était simple : Malik est amoureux de Nicole et j'espérais que ce soit réciproque pour elle. Moi, j'étais la petite nana derrière qui s'est éprit aussi de Malik et qui donc les empêche de s'aimer par ma présence et par mon amitié avec lui. Oui dans mon esprit, la suite logique des choses était de les laisser en paix, de ne plus m'imposer et de garder une amitié sincère avec l'égyptien, mais moins expansive. Moins intime. Moins proche. Quitte à souffrir de cet éloignement. Seulement, dans l'esprit du principal concerné, tout ça ne sonnait pas comme une évidence. Non, il me répétait comme il l'avait tant fait, qu'il avait besoin de moi. Comme après une minute de comas, je me réveillais, toujours d'une petite voix. « Mais... Mais tu as Nicole maintenant... » Répondais-je dans un premier temps. Oui, il avait besoin d'elle à présent, que d'elle. Je me reculais volontiers, m'octroyant maintenant la place d'option. Sans moi et mes problèmes, il pouvait accomplir de grande chose... Et s'il n'avait rien fait, là, c'était me faire souffrir. « Et tu ne m'as pas fait souffrir Malik... Ne te déteste pas à cause de moi... » Lâchais-je jouant avec mes doigts, mon regard cherchant à percer le sien, dans la nuit, pour l'en convaincre. Qu'il vienne à s'en détester, ça ça me donnait de la peine. Que tout les tords soient mis sur son dos, là oui, j'en souffrirais. « Si je... « souffre »... je me le dois à moi-même » Avouais-je en baissant les yeux. Si je n'avais pas laissé mes émotions prendre le pas sur la raison, jamais je n'aurais eu à avouer croire avoir des sentiments pour lui. Celle qui gâchait tout dans cette histoire, c'était moi et moi seule. C'est moi qu'il fallait détester. Qu'il fallait chasser de sa vie. Je... Je ne méritais pas son amitié en vérité. Oui, c'était un peu extrême, mais j'en venais à cette conclusion. « J'ai pas été suffisamment franc avec toi, je le conçois tout à fait. Seulement toi... toi non plus. Tu ne m'as pas dit que tu... enfin que tes sentiments pour moi étaient si... Asmaa je suis tellement perdu, je ne sais plus où je vais. Mais je sais que si je te perds maintenant, alors je n'aurais plus le courage de poursuivre cette aventure parce que tu es tout pour moi. » Je fermais les yeux, mon visage se crispant comme de douleur. Surtout pour cette deuxième partie. Comment pouvais-je être tout pour lui, quand il en aime une autre. Voilà le cœur de l'histoire. Voilà le lien que je ne comprenait pas. Je parlais d'une voix encore plus basse. Mais j'étais tout pour lui... Un léger et presque invisible, minuscule sourire, étira le coin de mes lèvres gauche. Rapidement, avant de reprendre une mine grave. « Je ne voulais rien dire, par peur des conséquences... Et j'avais raison... » Triste constat. Je relevais mes yeux vers lui, enchaînant directement. « J'aurais aimé te le dire en privé... Comme j'aurai aimé apprendre tout cela en privé aussi... » Je ne le blâmais pas lui, mais les présentateurs qui, au-delà de faire leur métier, abusaient un peu. Tout ça aurait dû être de l'autre du privé, entre lui et moi... D'ailleurs, j'ajoutais encore à la suite : « Nous devons mettre les choses au clair, Malik, car je ne sais plus ce qui se passe là... Tu resteras la personne à laquelle je tiens le plus ici, encore très longtemps... Mais je ne peux plus être celle qui est tout pour toi... Ce rôle doit revenir à quelqu'un d'autre. » Je pinçais mes lèvres. Je ne voulais pas, égoïstement, qui le soit, mais ça devrait être ainsi. Je finnissais alors par lui poser la question qui m'avait brûlé la langue la semaine dernière et que je ne lui avais pourtant pas posé : « Dis moi pourquoi tu m'as demandé de m'éloigner, la semaine dernière ? »

Vraiment, à aucun moment je n'avais eu conscience des sentiments d'Asmaa pour moi. Aujourd'hui je m'en voulais de n'avoir rien vu, d'avoir été aveuglé par les sentiments que moi, j'éprouvais pour Nicole. Mais s'il n'y avait eu que ça... Aujourd'hui tout ce qui me liait à Asmaa ne tenait plus qu'à un fil, et celui-ci pourrait se rompre à tout moment. Asmaa et moi étions semblables en tellement de points... et nous avions vécus tant de choses elle et moi... Je repensais soudainement aux cornichons, aux oignons, aux falafels, aux baghrir, au nutella un peu partout, et enfin au kiki... Je ne pourrais jamais oublier tout ça, jamais. Et sans doute elle non plus. Asmaa avait maintenant dans l'idée de s'éloigner de moi pour certainement me laisser vivre ce que j'avais à vivre avec Nicole, mais moi, je ne voulais pas de ça. Dans l'idéal, je voulais garder Asmaa et Nicole auprès de moi. Mais je crois que je rêvais les yeux grands ouverts quand même, et que je me faisais une vision bien utopique de la chose. Tout n'était pas si simple, hélas. Le plus important était en tout cas que ma jolie frisée sache ô combien je nécessitais sa présence. Je m'étais attachée à elle à un point inimaginable, et je crois qu'elle ne s'en rendait même pas compte. Enfin si, elle savait que je l'affectionnais grandement, mais elle ne savait pas à quel point en fait. « Mais... Mais tu as Nicole maintenant... » Je voulais tout, sauf obtenir une réponse comme celle-ci. Je la prenais comme un coup de poignard dans le bide, vraiment ça me faisait souffrir d'entendre une telle chose car ce devait être sa façon à elle de m'annoncer qu'à l'avenir elle se ferait moins présente autour de moi. Or il m'était inconcevable de m'imaginer ne serait-ce qu'un seul instant de perdre peu à peu la prunelle de mes yeux. « Et tu ne m'as pas fait souffrir Malik... Ne te déteste pas à cause de moi... » Et pourtant, je crois qu'à l'heure actuelle j'étais incapable de ne pas m'en vouloir. Car au fond tout ceci était de ma faute. Je m'étais conduit comme un parfait abruti du début à la fin. J'avais manqué d'honnêteté, à plusieurs reprises d'ailleurs. « Si je... « souffre »... je me le dois à moi-même » répliqua-t-elle, tandis que je serrais le poing, agacé par toute cette situation, tout ce à quoi nous nous retrouvions maintenant confrontés alors qu'il y a encore quelques jours, tout allait bien entre nous. Il y avait dernièrement eu un peu d’ambiguïté c'est vrai dans nos rapports mais je ne pensais vraiment pas en arriver à ce point-là. Je lui révélai alors que sans elle, cette aventure ne rimerait plus à rien à mes yeux car elle était réellement tout pour moi. Néanmoins Asmaa ne m'avait rien dit concernant ses sentiments. Si j'en avais su quelque chose, je ne me serais peut-être pas tant avancé dimanche en répondant à la question qui m'a avait été posée. « Je ne voulais rien dire, par peur des conséquences... Et j'avais raison... » Oh seigneur... ces conséquences, oui, parlons-en... rah, je regrettais amèrement que nous en soyons arrivés là aujourd'hui. Elle poursuivit. « J'aurais aimé te le dire en privé... Comme j'aurai aimé apprendre tout cela en privé aussi... » Et moi donc ! Seulement il avait fallu que le couple de présentateurs, dans leur grande indiscrétion, nous eurent l'un et l'autre questionné au sujet de nos sentiments - les miens pour Nicole, ceux d'Asmaa pour moi-même. On ne pouvait pas leur reprocher de faire leur boulot, mais braquer de cette façon les projecteurs sur nous et, surtout, se jeter sur Asmaa juste après que j'eus répondu à ma question, c'était inadmissible à mes yeux car sa question à elle résultait d'une exclamation qu'elle avait eue en entendant ma réponse. « Nous devons mettre les choses au clair, Malik, car je ne sais plus ce qui se passe là... Tu resteras la personne à laquelle je tiens le plus ici, encore très longtemps... Mais je ne peux plus être celle qui est tout pour toi... Ce rôle doit revenir à quelqu'un d'autre. » Elle était et resterait ma plus belle rencontre dans ce jeu, même si elle ne semblait pas prête à l'admettre ni à l'accepter, sans doute par crainte d'être de trop et de s’immiscer dans ma relation avec Nicole. J'avais pourtant tant besoin d'elle en ce moment... « Dis moi pourquoi tu m'as demandé de m'éloigner, la semaine dernière ? » Nous en étions arrivés à un point où l'honnêteté, plus que jamais, était de mise. Je n'avais aucune raison de lui mentir sur les raisons qui m'avaient, ce fameux jour, poussé à lui demander de s'écarter, de reculer. Cela avait été un réflexe dont les répercutions s'étaient voulues, peu à peu, cruciales pour notre relation. Ce lien si fort qui nous unissait depuis huit semaines, et auquel je tenais tant. Ce lien qui du jour au lendemain, avait clairement perdu de sa superbe. Je le regrettais tant. « Je... c'est... Asmaa... » C'était à se demander si j'allais parvenir à lui formuler une réponse qui aurait un minimum de sens, quoi. Et c'était si difficilement avouable que je peinais à aligner les mots que je souhaitais prononcer. Mais il le fallait, je devais prendre sur moi et trouver le courage de tout lui avouer, maintenant. C'était peut-être ma dernière chance pour qu'Asmaa ne m'échappe pas pour de bon, autant dire que j'allais m'employer à la saisir. Reportant le regard au sol car ne trouvant pas la force de la regarder dans les yeux tout en lui disant ça, je rétorquai alors... « J'ai pris peur. Je... je me suis rendu compte que les sentiments que j'avais pour toi prenaient beaucoup d'ampleur, et étaient au final semblables à ceux que j'éprouvais pour Nicole. Alors je me suis dis qu'en rompant cette proximité entre nous je parviendrais à me contrôler... Parce que ce jour-là, je n'avais qu'une envie, me laisser aller à mes pulsions avec toi or, je ne pouvais pas faire ça, par principe. Je ne suis pas un animal. Et je ne pouvais pas non plus faire ça à Nicole. Je vous aime toutes les deux, autant l'une que l'autre Asmaa, et... et si tu l'ignorais et bien voilà, je te le dis. Donc que tu le veuilles ou non, tu es tout pour moi. Et j'ai bien conscience qu'une telle déclaration ne t'aidera en rien actuellement, au vu des sentiments que tu as pour moi et crois bien que j'aurais préféré qu'il n'en soit rien. Mais il me faut le reconnaitre et être honnête avec toi aujourd'hui... je t'aime. Et... c'est exactement ce que j'aurais dit dimanche si l'on m'avait questionné sur mes sentiments pour toi, or il n'était question que de ceux que j'avais pour Nicole. Enfin bref je... je tiens à ce que tu saches que tes sentiments sont réciproques, et que non, définitivement, je ne pourrais me passer ni m'éloigner de toi. » J'allais suffoquer là, de l'air, de l'air !! Mais bon sang ce que ça faisait du bien de débiter tout ça. Bon, maintenant je redoutais carrément sa réaction, mais j'avais tellement besoin de lui dire tout ça, afin qu'elle cesse de se voir comme la cinquième roue du carrosse. Je fis un pas en arrière, puis un autre. Et... non, j'allais m'arrêter là. Pourquoi cette distance, soudainement ? Et bien, j'avais juste peur de voir partir une claque. Plus sérieusement, mes yeux se voulaient couverts d'un voile de larmes, susceptibles d'être versées à tout instant.

Mes sentiments avaient toujours eu pour vocation de rester secret. Je ne sais pas me confier et je garde toujours tout pour moi. Si j'avais su, pour une fois, je me serais passé de la drogue. Au moins, même en était totalement qu'un petit bout sans défense et sans langue, je n'aurais pas été aussi conne que ce soir, aussi bavarde, aussi pathétique, aussi... Je n'avais pas de mot pour me qualifier. J'avais mis mon grain de sel entre Nicole et Malik. Tout se serait passé merveilleusement bien entre eux, si je ne m'étais pas interposé. Alors, à présent, mon cœur avait tranché. Je ne voulais que le bonheur de Malik, oui je voulais le voir heureux et j'avais bien compris, il ne le serait qu'aux côtés de Nicole. J'acceptais ça, avec contrition, mais je l'acceptais, me rangeant du côté d'une amitié modérée. Cela semblait même d'une évidence enfantine. Nicole était tellement mieux que moi. Plus belle, plus intéressante... Plus sincère que moi. Plus à même de le rendre heureux, que je ne le ferais jamais, moi. Je n'avais que des problèmes et ne suis qu'une petite gamine sans personnalité, quand de son côté, Nicole fait preuve d'une force de caractère et d'une façon d'appréhender les choses tellement... Tellement comme je voudrais être, oui, je donnerais tout pour être comme elle. Malik avait donc plus d’intérêt à être avec elle, qu'une pauvre fille comme moi. Oui, j'acceptais cette idée non sans peine, mais avec une force de conviction indéniable. Égoïstement, c'était aussi pour mon bien aussi. Même si je souffrirais de son absence, je ne souffrirais pas de le voir avec elle. Je ne m'étais jamais sentit aussi égoïste qu'à cet instant, me faisant baisser la tête plus encore qu'elle ne l'étais déjà. « Je... c'est... Asmaa... » Chaque seconde me paraissait être une éternité. Son silence pesant, mais ses paroles poignantes. Je ne me sentais pas capable d'entendre sa réponse, alors que j'en avais posé la question en toute connaissance de cause. J'avais envie de lui dire immédiatement de se taire, sentant que sa réponse ne ferait que plus de dégât et c'était encore possible. Sauf que je ne pu me résoudre à l'arrêter, alors qu'il ne me répondit pas immédiatement. « J'ai pris peur. Je... je me suis rendu compte que les sentiments que j'avais pour toi prenaient beaucoup d'ampleur, et étaient au final semblables à ceux que j'éprouvais pour Nicole. Alors je me suis dis qu'en rompant cette proximité entre nous je parviendrais à me contrôler... Parce que ce jour-là, je n'avais qu'une envie, me laisser aller à mes pulsions avec toi or, je ne pouvais pas faire ça, par principe. Je ne suis pas un animal. Et je ne pouvais pas non plus faire ça à Nicole. Je vous aime toutes les deux, autant l'une que l'autre Asmaa, et... et si tu l'ignorais et bien voilà, je te le dis. Donc que tu le veuilles ou non, tu es tout pour moi. Et j'ai bien conscience qu'une telle déclaration ne t'aidera en rien actuellement, au vu des sentiments que tu as pour moi et crois bien que j'aurais préféré qu'il n'en soit rien. Mais il me faut le reconnaitre et être honnête avec toi aujourd'hui... je t'aime. Et... c'est exactement ce que j'aurais dit dimanche si l'on m'avait questionné sur mes sentiments pour toi, or il n'était question que de ceux que j'avais pour Nicole. Enfin bref je... je tiens à ce que tu saches que tes sentiments sont réciproques, et que non, définitivement, je ne pourrais me passer ni m'éloigner de toi. » Il n'étais pas encore à la moitié de son monologue, que je sentais mon cœur s'arrêter et mon corps partir en arrière. Il n'en fut rien pour le premier, ni même pour le deuxième. J'étais encore bien vivante et je tenais toujours debout, sentant pourtant mes jambes sur le point de flancher. Je restais bloquée là, devant lui, je me sentais mal, très mal, pour ne pas dire terriblement pas bien. Je sentais comme ma respiration se bloquer au niveau de ma gorge, comme une crise de panique. Je ne m'attendait pas à ça, non jamais. Je ne m'attendais pas à ce que mes sentiments soient réciproques. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'avoue... m'aimer. Quand j'en pris réellement conscience, la panique vint enfin prendre mon corps. Je postais ma main devant ma bouche avant que le torrent de larmes ne vienne baigner mon visage. Mes lèvres tremblaient. Je m'asseyais dans l'herbe, sans réfléchir, tombant d'un coup. Je portais ma tête de droite à gauche sans arrêt, comme si cela venait à me calmer pour parler et parler j'allais le faire. Tout ce que mon cœur lourd traînait depuis un bon moment, j'allais tout dire. Mon point de vu de tout ça. Ma réponse à ce qu'il venait de dire. Je ne pouvais pas rester là à me taire, la situation ne s'y prêtait pas. Ni même à être heureuse de savoir qu'il m'aimait aussi. Tout aurait été sacrément plus simple, si je m'étais fais véritablement un film... « Oh mon dieu non... Ca va pas... … Tu peux pas nous avoir toute les deux Malik... J'ai tout gâché, tout tout tout. » Commençais-je. C'était d'une évidence capitale : non nous ne pouvions être deux dans son cœur et même s'il venait encore une fois de me dire que j'étais tout pour lui, mais j'en faisais abstraction. Je le croyais, mais je ne voulais pas le lui montrer. « J'ai été stupide d'avoir voulu être honnête. Si je ne t'avais rien dit, nous n'aurions pas cette conversation et tu ne souffrirais peut-être pas de... M'aimer également. J'ai cru que ce n'était pas réciproque et que je comptais pour toi qu'en tant qu'amie. C'est douloureux, mais j'entrevoyais l'idée de n'être que ça. En à peine une heure, je m'étais déjà faire à l'idée... … Je... Je veux rester en retrait et te voir heureux avec Nicole. C'est tout ce que je veux, Malik, que tu sois heureux et ce n'est pas avec moi que tu le sera. Je ne t'apporterais que des soucis, avec mes problèmes alors qu'avec elle, tu pourra vivre pleinement une belle histoire. C'est avec elle que tu dois être et pas avec moi... » Ca me déchirait le cœur de l'admettre, mais c'est ainsi que je pensais qu'il serait heureux. Je préférais faire un pas en arrière que de m'obstiner à leur bloquer le chemin. « Je sais que j'peux pas décider à ta place. Je sais à quel point c'est dur et douloureux, mais je ne te laisserais pas faire le mauvais choix... » Parce qu'un choix, il devrait en faire un et le mauvais choix, c'est moi... Je cachais à présent totalement mon visage de mes mains. J'avais envie de disparaître. Tout ce que je venais de sortir, à son image, était véritable. Je ne pouvais concevoir, étonnement, qu'il pouvait m'aimer. Il avait fait l'amour à Nicole. Ce n'était pas une preuve en soit d'amour, ce n'est pas moi qui pensait ça non, mais c'était un pas de plus vers elle qu'il ne fera jamais vers moi. Je suis jalouse ? Oui, mais je n'étais pas décidée à me « battre » pour une place dans son cœur. Si Nicole le voulait bien, je resterais l'ami de Malik tout simplement. Si elle ne le voulait pas, je m'effacerais en silence.

Il était maintenant grand temps de lever le voile sur mes sentiments pour Asmaa. J'étais très anxieux car elle ne devait pas s'imaginer un seul instant que ses sentiments pour moi puissent être réciproques. Et pourtant ils l'étaient, complètement. Je m'en étais rendu compte la semaine passée, lors de notre échange dans le bistrot. C'est pour cela que je lui avais demandé de reculer, de rompre la proximité entre nous car de mon côté j'en avais été incapable. Asmaa avait pris cela comme la volonté de ma part de l'éloigner de Nicole et moi, et pensait que j'avais tenté de lui faire comprendre qu'il fallait maintenant qu'elle nous laisse tranquilles et vivre à deux notre début d'histoire... si s'en était vraiment une. Je m'étais rendu compte que ce que je ressentais pour Asmaa allait bien au delà de simples sentiments amicaux, voilà pourquoi j'avais pris peur, paniqué sur l'instant. J'avais eu l'envie de l'embrasser ce jour-là, et peut-être plus d'ailleurs... seulement ça n'aurait pas été correct envers Nicole. Nous étions d'ors et déjà passé à l'étape supérieure elle et moi, un moment inoubliable restant aujourd'hui gravé dans ma mémoire d'ailleurs... Par respect pour ma partenaire mais aussi par principe, j'avais préféré demander à Asmaa de s'éloigner afin que mes pulsions de mâle, fraichement réveillées, ne prennent le dessus et ne me conduisent à agir comme un prédateur. Je n'aimais pas ce terme, et dans la mesure où les choses ne s'étaient jamais reproduites depuis avec Nicole je tendais à penser que je n'en étais pas un. Mais je sais que j'aurais pu aller loin, très loin avec Asmaa ce jour-là. Je ne sais pas si elle m'aurait arrêté du coup, même si j'étais encore loin de me douter qu'elle m'aimait elle aussi. Voyez dans quelle situation je me trouvais désormais : une situation des plus délicates, un seul homme et un seul cœur pour deux jeunes femmes... Je savais que l'équation n'était pas bonne, seulement je ne pouvais rien contre ce que je ressentais pour l'une et pour l'autre. L'amour ne se contrôlait pas. Il nous tombait parfois dessus sans qu'on s'y attende. Asmaa, visiblement sous le choc d'une telle révélation, chuta au sol, dans l'herbe. Elle était en larmes, et j'en étais à deux doigts moi aussi. Je restais pour le moment hissé sur mes deux jambes, bien que celles-ci n'allaient certainement plus me porter bien longtemps... Posant mon regard sur elle, l’œil humide, je l'observais réagir à sa façon et prendre ensuite la parole. « Oh mon dieu non... Ca va pas... … Tu peux pas nous avoir toute les deux Malik... J'ai tout gâché, tout tout tout. » Elle n'avait rien gâché ! Il fallait qu'elle cesse de penser qu'elle avait fait subitement irruption dans ma relation avec Nicole car je savais pertinemment qu'à aucun moment elle ne l'avait souhaité. Et dans la mesure où je nécessitais sa présence, elle n'était aucunement de trop. En tout cas à mes yeux. Je ne pouvais pas les avoir toutes les deux, vraiment ? Pourtant je le voulais. Et je n'accepterais pas autre chose. Je ne les aimais pas ensemble, je ne partageais pas un amour pour deux, des sentiments pour deux. Je les aimais chacune séparément, mais de la même façon. « J'ai été stupide d'avoir voulu être honnête. Si je ne t'avais rien dit, nous n'aurions pas cette conversation et tu ne souffrirais peut-être pas de... M'aimer également. J'ai cru que ce n'était pas réciproque et que je comptais pour toi qu'en tant qu'amie. C'est douloureux, mais j'entrevoyais l'idée de n'être que ça. En à peine une heure, je m'étais déjà faire à l'idée... … Je... Je veux rester en retrait et te voir heureux avec Nicole. C'est tout ce que je veux, Malik, que tu sois heureux et ce n'est pas avec moi que tu le sera. Je ne t'apporterais que des soucis, avec mes problèmes alors qu'avec elle, tu pourra vivre pleinement une belle histoire. C'est avec elle que tu dois être et pas avec moi... » Je me laissai peu à peu tomber au sol, à mon tour, m'affalant à ses côtés dans l'herbe, et restant très attentif au moindre propos qu'elle tenait. J'avais si mal de la voir dans un tel état et, surtout, ses paroles étaient poignantes, je crois qu'elle venait de faire saigner mon cœur. Ses problèmes de drogue n'étaient pas un soucis pour moi. Avant c'est vrai je ne les acceptais pas, je m'en faisais beaucoup pour elle à cause de ça... mais sa dépendance ne représentait aucunement un frein à quoi que ce soit. Après tout, moi aussi j'étais dépendant... à la bêtise. Mais à elles deux, surtout. « Je sais que j'peux pas décider à ta place. Je sais à quel point c'est dur et douloureux, mais je ne te laisserais pas faire le mauvais choix... » Effectivement, si un choix était à faire, c'est à moi qu'il revenait et à personne d'autre. Mais justement, ce choix, je ne désirais pas le faire. Qu'il s'agisse du bon ou du mauvais, je ne pouvais concevoir de choisir une candidate et non une autre. Pourquoi choisirais-je Nicole ? Pourquoi choisirais-je Asmaa ? C'était insensé, je les aimais autant l'une que l'autre alors non, je me sentais tout simplement incapable de prendre une décision pour l'heure. « Je refuse de faire un choix Asmaa. J'vais paraitre profondément égoïste mais j'ai besoin de vous deux à mes côtés. Je vous veux toutes les deux auprès de moi. » Et cela n'avait rien à voir avec le fait qu'Asmaa et Nicole étaient les seules candidates ici ayant connaissance de mon secret. Celui-ci ne déterminerait rien, vraiment rien. Je les aimais, l'une comme l'autre, aussi il m'était inconcevable d'en choisir une seule. Pourquoi choisir ? Je ne voulais pas en laisser une de côté au profit de l'autre. Rah, c'était horrible, j'avais l'impression d'être un homme tiraillé entre deux femmes, comme les types des feuilletons qui avaient à leurs pieds toutes les demoiselles en un claquement de doigt. La logique aurait voulu que je m'éprenne d'elles deux, mais qu'aucune ne tombe sous mon charme. Or c'était le cas, et je ne comprenais pas ce qui pouvait bien leur plaire chez moi. En plus, dernièrement, je n'avais cessé de me comporter comme le dernier des crétins, des lâches aussi.... vraiment si quelqu'un pouvait m'éclairer et me dire pourquoi je me retrouvais aujourd'hui avec deux magnifiques jeunes femmes, intelligentes et attentionnées, éprises de moi, ça m'arrangerait. Me saisissant de sa main que j'entrepris de caresser avec douceur, j'ajoutai. « Mon cœur bat pour toi, comme il bat pour Nicole. » Si l'une des deux m'échappait maintenant, je pense que je ne m'en remettrais que très difficilement. En admettant même le fait que je puisse m'en remettre tout court, d'ailleurs. « Tu dis me vouloir heureux avec Nicole et t'écarter... mais je ne pourrai jamais être heureux si tu t'éloignes car j'ai besoin de mon rayon de soleil, j'ai vécu tellement de choses avec toi Asmaa que je ne pourrais renoncer à tout ça du jour ou lendemain. » Okay personne ne me demandait de tirer un trait sur notre si beau vécu, néanmoins c'est un peu comme ça que je le voyais : si Asmaa s'effaçait, c'était comme si j'allais perdre d'un coup la meilleure partie de mon aventure, des souvenirs extraordinaires, des moments chargés en émotion... Tout ceci était très important à mes yeux, jamais je n'aurais pu tenir toutes ces semaines sans la prunelle de mes yeux. « Je n'accepterai de renoncer à toi que lorsque tu décideras, de ton plein gré, de renoncer à moi. » Ce n'était pas un ultimatum, car il allait de soi que je ne désirais aucunement qu'une telle chose advienne. Mais il était hors de question de pousser Asmaa vers la sortie tant que je n'étais pas certain qu'elle ne voulait plus de moi, de son côté. Tant que ses sentiments pour moi resteraient intacts, je ne pourrais la contraindre à s'effacer puisqu'il était hors de question de la faire souffrir. Et si un jour cette flamme en elle qui brûlait pour moi venait à s'éteindre, alors j'accepterais qu'elle s'en aille puisqu'elle n'en souffrirait plus. Moi par contre j'en souffrirais, mais après les avoir tant fait souffrir l'une et l'autre, n'était-ce pas ce que je méritais, à mon tour ? Même si de vous à moi, j'avais déjà pas mal morflé ces derniers jours. Nous n'étions qu'au tout début de la semaine et, déjà, je ressentais le besoin de quitter le monde farouche et barbare de la télé-réalité. Depuis que j'y avais mis un pied, il y a de ça deux mois, ma vie avait changé. Je pensais n'avoir droit qu'à des changement positifs, néanmoins dernièrement c'était tout l'inverse et c'était pesant, extrêmement pesant. J'en venais à espérer être nominé, et quitter cette aventure afin de ne plus répandre de larmes sur mon passage. Et pourtant dieu sait qu'initialement, cette aventure, c'était le moyen d'apprendre sur moi et sur mon prochain. Mais qu'avais-je appris sur moi en huit semaines ? Oh bien des choses, mais vraiment, ça n'était pas glorieux...

Spoiler:

Je ne pouvais plus contenir mes larmes. S'en était trop pour moi. Savoir que mes sentiments étaient partagés aurait pu me procurer une immense joie, mais au contraire, je voyais clairement maintenant à quel point j'avais semé la pagaille. Je n'avais même pas été capable de me rendre compte que Malik avait des sentiments pour une autre, qu'il avait souhaité se modérer avec moi que dans le seul but de ne pas aimer deux femmes et si seulement j'avais su comprendre tout ça. Je me sentais vraiment au plus mal ; mal à l'aise aux côtés de Malik avec qui pourtant j'en avais passé du temps, sans me soucier de quoique ce soit. Et mon cœur lourd, que je portais maintenant depuis deux bonnes heures, n'était que le fruit de douces illusions que j'avais cru m'être créé moi-même. Seulement, à présent, je savais que je ne m'étais pas fait qu'un film et que Malik avait aussi des sentiments en retour... Il m'aime carrément... Ces mots résonnèrent dans mon crâne inlassablement toujours accompagné de cette honte de moi. Je me sens nulle et rien ni personne ne pourrait me faire changer d'avis, pas même lui. Je ne me sentais pas être assez bien pour lui. Pas digne de me faire aimer par un être aussi gentil que lui. Je ne croyais finalement qu'il puisse m'aimer ne serait-ce qu'un instant. Alors j'essayais de lui ouvrir les yeux, de lui dire que Nicole ne devrait être que l'amour de sa vie. Après tout, c'est moi la pièce rapportée du puzzle. Il avait beau m'assurer qu'il m'aimait, que j'étais importe pour lui - son rayon de soleil – je ne pouvais plus ni ne me permettais d'y croire. Un choix devait être fait et je me vendais auprès de lui comme le mauvais choix. Celui impensable. Pour moultes raisons évidente, tel que mon addiction. D'ailleurs, j'ouvrais enfin les yeux la dessus : qui pourrait bien aimer une toxicomane, qui pourrait, ne serait-ce que penser à faire sa vie, avec une telle personne. « Je refuse de faire un choix Asmaa. J'vais paraitre profondément égoïste mais j'ai besoin de vous deux à mes côtés. Je vous veux toutes les deux auprès de moi. » Il pouvait nous avoir toutes les deux à nos côtés, oui c'était possible, mais non de la façon qu'il aimerait. J'ai bien compris qu'il nous aimait toute les deux, mais ce n'était pas une situation convenable. À moins de former un ménage à trois, mais ça n'était pas possible non plus... Alors la solution était de faire de l'un de nous deux une petite amie et l'autre une amie, mais cela signifiait que cette dernière personne en souffrira : je me portais volontaire. Je pouvais très bien rester amie avec lui, je l'espérais au plus profond de mon cœur, je ne souhaitais que ça, mais il faut aussi se dire que j'en souffrirais de le voir avec Nicole, mais je préférais souffrir en silence que de le voir souffrir de mon absence. Non, voilà, nous ne pouvions Nicole et moi être avec lui et j'étais celle par qui les emmerdes étaient arrivées. Malik, dans tout ça, n'était qu'en réalité une première victime. Nicole, la deuxième. Moi la nana qui veut le bien partout, qui débarque et qui fou le brin au final. Je soufflais. « Pourtant il te faudra en faire un. Je doute que Nicole... accepte que l'on soit toutes les deux dans ton cœur, comme moi je ne l'accepte pas... » De la jalousie ? Évidemment, surtout lorsque l'on partage le cœur de quelqu'un avec une femme aussi magnifique et impressionnante que Nicole et je ne l'acceptais pas non plus moralement. Deux femmes pour un homme, c'était tout bonnement impossible. « Mon cœur bat pour toi, comme il bat pour Nicole. » Une main de Malik prit la mienne. Il était venu s'échouer comme moi au sol, laissant un espace moins conséquent entre nous. Mon corps frissonna. Je ne sais pas si j'étais capable de rester encore aussi longtemps auprès de lui, mes yeux le fuyant. Nous étions à égalité. Je n'en doutais pas. Je ne doutais jamais de ces dires. C'était ça le malheurs, nous étions deux filles tombées amoureuse d'un garçon extraordinaire. « Tu dis me vouloir heureux avec Nicole et t'écarter... mais je ne pourrai jamais être heureux si tu t'éloignes car j'ai besoin de mon rayon de soleil, j'ai vécu tellement de choses avec toi Asmaa que je ne pourrais renoncer à tout ça du jour ou lendemain. » Je fermais les yeux. Oui son bonheur passait en premier. Il était au dessus du mien. « Je ferais ce que tu souhaites de moi, Malik... » Lâchais-je immédiatement, sans le laisser continuer ou ne me laissant pas réfléchir d'avantage. « Est-ce que tu crois que je trouverais ma place auprès de toi et Nicole ? Vous voir à deux... Je suis certaine qu'elle t'aime énormément et peut-être même bien plus que moi... » J'étais à peine sûre d'avoir des sentiments pour lui. Je laissais un petit silence passer, avec de me mettre bien en tête que c'était son bonheur que je voulais, pas le mien. Je serrais ma main dans sienne. « Je veux te voir heureux oui. Je ne veux pas non plus briser notre amitié... » Non je ne voulais pas m'éloigner, mais ce n'était la seule solution que j'avais trouvé à tout ça. Si Malik en avait une autre, j'étais preneuse, en tout cas je ne pouvais me résoudre à partir. Je ne savais plus quoi faire, quoi dire, comment m'exprimer. J'avais l'impression de ne pas retranscrire mes ressentis comme il le fallait. J'étais maladroite. La pression et l'émotion me faisaient perdre tout mes moyens. Sans parler de mes membres tremblotant et de mon cœur se resserrant toujours un peu plus sur lui-même, prêt à s'arrêter. « Je n'accepterai de renoncer à toi que lorsque tu décideras, de ton plein gré, de renoncer à moi. » Le mot renoncer me donnait froid dans le dos, mais c'était aussi la clef de la solution. Cela me brisa, mais ce n'était que la seule chose à faire. Si je ne renonçais pas, comme il le disais, à lui immédiatement, alors je ne le ferais jamais et c'était bien ma seule crainte. Pourtant, aussi déterminée à laisser à Nicole la voie libre, ce n'était pas pourtant plus facile de l'exprimer avec mot. Lentement, je vins sécher des larmes encore prêtes à couler le long de mes joues. Je ne pouvais regarder en face Malik, pour qui je ne doutais pas, des larmes seraient prêtes à couler également. Je fermais un instant les yeux, serrant le plus possible la main de Malik dans ma main et puis finalement mes yeux se posèrent dans les siens, ses pupilles dans les miennes. « J'peux pas te mentir... Mes sentiments pour toi perdureront sûrement... Mais c'est le mieux à faire... non... ? » Je savais qu'en ce moment, j'étais en train de percer son cœur comme j'étais en train de percer le mien. C'est compliqué. C'est poignant. C'est douloureux. « Si je... Je peux être encore ton amie alors oui... » Je me stoppais net. Je pense qu'il avait compris où je voulais en venir. J'étais incapable de me battre. J'étais incapable d'empêcher deux personnes. J'avalais ma salive difficilement, finissant par poser le bout de mes doigts sur le visage de l'égyptien, qui m'attendrissais toujours finalement. « Renonce à moi s'il te plait... Car moi je... Je renonce à toi... » Voilà, c'était lâché, c'était dit. Une boule se forma dans mon ventre et dans ma gorge.

Comment envisager de faire un choix, de n'en garder qu'une ? Et qu'adviendrait-il de l'autre, et de mes rapports avec celle-ci, après avoir été écartée ? J'étais incapable de prendre pareille décision pour l'heure, c'est ce que j'essayais de faire comprendre à Asmaa. Ce n'était même pas de la mauvaise volonté, ni de la lâcheté de ne pas vouloir endosser un tel poids sur les épaules ensuite... je refusais juste d'en délaisser une au profit de l'autre. Ce serait injuste, et pour le moment rien ne faisait que Nicole et Asmaa se démarquaient l'une de l'autre. Mes sentiments pour elles deux se valaient réellement. Je n'avais aucune préférence, ce qui ne me facilitait pas la tâche. « Pourtant il te faudra en faire un. Je doute que Nicole... accepte que l'on soit toutes les deux dans ton cœur, comme moi je ne l'accepte pas... » Et moi ce que je n'acceptais pas, c'était la complexité d'une telle histoire. Comment en étions-nous arrivés là déjà ? Tout s'était fait petit à petit, mais l'affaire nous avait tous les trois éclaboussé récemment. D'ailleurs pour tout vous dire, je n'avais rien vu venir les précédentes semaines. Je regrettais le temps où tout allait au mieux, où je pouvais les regarder l'une et l'autre dans les yeux sans avoir envie de pleurer, de me foutre une claque, ou de fuir comme un voleur. « Je ferais ce que tu souhaites de moi, Malik... » Non, hors de question de la contraindre à faire quoi que ce soit. Elle ne pourrait pas compter sur moi là-dessus, jamais je ne lui dirais d'agir selon ceci ou cela, jamais. « Est-ce que tu crois que je trouverais ma place auprès de toi et Nicole ? Vous voir à deux... Je suis certaine qu'elle t'aime énormément et peut-être même bien plus que moi... » Oh, hélas, je n'étais pas sûr de ça, moi... Nicole ne m'avait jamais ouvertement avoué son amour. Bien sûr j'avais eu droit à une déclaration des plus touchantes, à une vraie remise en question de sa personne également... mais je mentirais en affirmant que j'étais persuadé des sentiments de Nicole pour moi. Nous étions très différents elle et moi, tandis qu'Asmaa m'était semblable en beaucoup de points. Après, cette ressemblance représentait peut-être aussi un frein à une histoire future. « Je ne sais pas Asmaa... » Bon j'étais définitivement paumé là. Il y avait un peu des pour, et des contre d'un côté comme de l'autre. Ça ne m'aidait pas à y voir plus clair c'est sûr. Et encore moins à envisager de faire un choix. « Je veux te voir heureux oui. Je ne veux pas non plus briser notre amitié... » Notre amitié... j'y tenais tant à celle-ci, si vous saviez. Elle avait été forgée au fil des semaines, nous avions tout vécu ensemble : des joies, des peines et des désillusions. Mais nous étions toujours restés complices, toujours. Jusqu'à aujourd'hui. Cette histoire était en quelque chose venue tout gâcher, et aujourd'hui je me demandais où nous en étions de ce côté-ci en fait. « C'est justement ce qui me fait peur... à quoi ressemblera notre amitié au sortir de tout ça ?... J'ai peur que tu finisses par trouver en quelqu'un d'autre ici les mêmes choses que tu as trouvé chez moi en huit semaines. » En d'autres termes, j'avais peur qu'elle trouve un nouveau confident, avec qui elle aurait de nouveaux délires, à qui elle cuisinerait de bons petits plats comme elle me l'avait fait, qu'elle tenterait de réconforter à grands coups de falafels ou de crêpes marocaines, et à qui elle parlerait de ses problèmes de drogue, aussi. Pour l'instant, j'avais l'exclusivité sur ça mais si Asmaa finissait par s'éloigner histoire de me laisser avec ma partenaire, elle finirait forcément par se confier à quelqu'un d'autre car elle n'oserait plus s'immiscer entre nous par la suite. Elle était tellement prête à tout pour ne pas déranger... ça ne m'étonnerait pas que notre si grande complicité ne soit plus qu'un lointain souvenir dans peu de temps... Pour elle, visiblement, le mauvais choix à faire dans cette histoire était de la choisir elle. Aussi, je lui fis savoir que je n'accepterais de renoncer à elle que lorsque j'aurais la certitude que de son côté elle avait renoncé à moi. Autant dire que je ne m'attendais à aucune réponse dans le genre "eh bah voilà, c'est fait" dans la minute, bien au contraire d'ailleurs... Seulement je n'aurais peut-être pas dû aller aussi loin, ça n'était pas une chose à dire à Asmaa qui, actuellement, semblait chercher à se retirer de la course. « J'peux pas te mentir... Mes sentiments pour toi perdureront sûrement... Mais c'est le mieux à faire... non... ? » Le mieux à faire ? Et pour qui, pour quoi ? Si elle partait de ce principe, c'est que... que... ses sentiments pour moi n'étaient pas aussi forts que je l'aurais cru, et que même les miens devaient avoir pris plus d'ampleur avec le temps. Du temps, justement, j'avais espéré en avoir un peu devant moi avant qu'Asmaa ne décide de renoncer, une bonne fois pour toute. Et je ne risquais pas de la conforter dans ses dires, ah ça, c'était impossible je le crains. « Si je... Je peux être encore ton amie alors oui... » J'avais peur de ce qui allait suivre, peur qu'elle finisse par me dire ce que je redoutais tant. Non, pas ce soir, pas tout de suite... Nous venions à peine d'en parler, elle ne pouvait pas avoir fait un tel choix aussi vite. Ses doigts effleurant mon visage, la jolie frisée dégoupilla pourtant la grenade que j'allais sous peu avoir entre les mains, et qui m’exploserait à coup sûr en pleine figure. « Renonce à moi s'il te plait... Car moi je... Je renonce à toi... » BAM ! Prends donc ça dans ta face Malik. Ah pour le coup je ne m'attendais pas à ce qu'elle renonce à moi aussi rapidement. Si j'avais eu un égo démesuré, je me serais très certainement empressé de lui répondre : "mais dis-moi, tu perds pas de temps, c'est du rapide !"... Mais je n'étais pas du genre à m'offusquer pour une telle chose car c'était son droit après tout de prendre ce genre de décisions. Bon, j'espérais que ça n'était pas débité en l'air dans l'espoir de rendre les choses plus faciles pour moi. J'espérais qu'elle était sincère, bien que le fait qu'elle décide aussi vite de renoncer à moi et donc de se battre, en quelque sorte, était assez blessant je dois l'admettre. « Oh... » fut le seul son qui sortit après coup de ma bouche. Je prenais conscience de beaucoup de choses là. Hm, j'en venais d'ailleurs aussi à me demander si Asmaa m'aimait vraiment, pour renoncer aussi vite mais passons, je ne me voyais pas lui demander une telle chose là, sur le moment. À vrai dire j'étais surpris, surpris de la rapidité des choses. Après quelques instants de silence, je repris. « Je... je ne pensais pas que tu renoncerais aussi vite. Je suis un peu pris au dépourvu, car je pensais avoir un peu de temps devant moi pour me faire à la chose... j'suis même pas certain de pouvoir renoncer à toi moi, mais si toi tu y parviens c'est... une bonne chose, enfin je crois. » Je n'en pensais hélas pas un traitre mot. C'était comme me prendre un coup de batte de baseball en pleine tronche, ça surprenait énormément mais ça faisait aussi vachement mal. « C'est tellement soudain... » rétorquais-je, complètement déboussolé et déstabilisé par sa récente annonce, celle me faisant savoir qu'elle renonçait à moi, dès ce soir. Je n'avais d'autre choix que d'y croire, après tout elle n'aurait quand même pas dit cela sans réellement le penser, elle était au-dessus de ça. Alors je n'avais plus qu'à me faire à l'idée que dans ce qui était aux yeux de beaucoup une "bataille", Asmaa rendait les armes, baissait les bras. Un mec orgueilleux aurait aimé qu'on se batte d'avantage pour lui. Moi j'essayais plutôt d'accepter la sentence, tout en me demandant avec ça comment moi j'allais faire pour renoncer à elle maintenant... Tout allait beaucoup trop vite, pour l'instant j'en étais juste incapable et je pense que mon air ahuri et mes yeux remuant dans tous les sens depuis quelques secondes devaient en quelque sortir lui faire passer ce message.

« Je ne sais pas Asmaa... » Sa voix résonnait comme une confirmation : Malik était tout aussi paumé que moi. Il ne savait pas et je n'en savais pas plus. Je ne concevait pas d'être dans son cœur, sans pour autant sortir de sa vie ; nous étions bien trop lié à présent pour ça. Je voulais rester amie avec lui, mais entre ce que je voulais et la réalité, le faussé était bien plus grand. « C'est justement ce qui me fait peur... à quoi ressemblera notre amitié au sortir de tout ça ?... J'ai peur que tu finisses par trouver en quelqu'un d'autre ici les mêmes choses que tu as trouvé chez moi en huit semaines. » Je restais muette. Je n'avais rien à lui répondre. Je n'en savais rien encore une fois. Enfin si, j'avais ma petite idée là dessus, mais je ne voulais pas la voir en face. Je savais bien que tout irait moins bien. Que nous ne pourrions plus rire ensemble. Que nous ne serions plus aussi proche. J'aimerais, ça serait mon souhait le plus cher, mais tout dépendant de la suite, de Malik, de moi, de Nicole. Et je comprenais sa peur, tant j'étais dans la même position que lui. J'avais la nette impression que quelqu'un d'autre ici me remplacera... Qu'il ou elle trouvera un premier délire pour commencer comme le notre autour des cornichons, pour finir par me surpasser. Me surclasser et me faire oublier. Finalement, je n'avais pas tord la dernière fois, lors de... Ma surprise... Malik m'oubliera, je resterais un bon souvenir avant de m'évanouir de sa mém... Mais qu'est-ce que je disais là... Je me comportais comme une imbécile. Depuis le prime. Je n'arrivais pas à exprimer le fond de ma pensée. Je me mélangeais les pinceaux et plus je parlais, moins je me faisais clair. Moins les choses allaient. Plus je m'enfonçais et, en attendant, je blessais de plus en plus Malik avec ses paroles lancée à tout va. Autant ce que j'avais dis jusqu'ici, que ce que je venais de dire immédiatement. Le blessant autant que je me blessais Mon petit cœur se déchira. Le sien devait être dans un piteux état. Devant nous s'était alors la seule possibilité qu'était de renoncer chacun à l'autre. Même si cela me semblait impossible dans en vrai, j'essayais de me convaincre que c'était la meilleure des décisions. Aussi bien que je me pressais pour le lui dire, enfin, sans passer par la case réflexion je veux dire. Ma main serrant la sienne, j'essayais de paraître la plus crédible possible. J'essayais de croire aussi en ce que je disais. Je ne trouvais pas, dans l’immédiat, d'autres solutions alternatives. Un moyen de faire en sorte que tout les trois finissions par trouver un accord, que Malik soit heureux et que personne n'en ressorte blessé. Malheureusement, c'était impossible. Quelqu'un ou plusieurs personne seront triste, dévasté. Je refusais en tout cas d'être la plus heureuse dans tout ça. Etais-je peut-être un peu maso sur les bords. Etais-je peut-être trop gentille. En tout cas, je me trouvais toujours peu digne d'intéressé Malik au même titre que Nicole. Nous avions nos défaut chacune, mais j'avais en plus une chose que Nicole n'avait pas : l'imposture. J'étais une blague à moi-même. J'avais déçu Malik à cause ça. J'en décevrais plus d'un quand ils le seront tous, s'ils ne le savent pas déjà... Je me comportais vraiment comme une imbécile ; une imbécile qui devrait se taire, mais qui ne le faisais pas. Qui parlait sans réfléchir. Sans réfléchir aux répercutions de mes dires. Je savais que je blessais Malik, sans pour autant me dire que renoncer à lui maintenant serait lui faire croire que je ne tenais pas tant que ça à lui. Faux, archi-faux. Il l'avait bien remarqué et je le lui avais assez prouvé aussi, qu'ici, il était celui avec qui je m'entendais le mieux, plus, avec qui j'avais le plus de souvenirs, plus encore, avec qui j'avais le plus de point commun. Je tenais à lui et je l'aimais. Je l'aime et je l'aimerais. Ca faisait film d'amour trop cucul, mais je n'avais si peu connu ça que ça m'était égal. L'amour je l'ai déjà croisé, presque à tout les coins de rues, mais pas de cette manière. Malik m'a quelque peu mis en face d'une réalité ; m'a ouvert les yeux ; a commencé à m'accompagner dans un processus de guérison. Pour autant, en contrepartie, je n'avais rien fais pour lui. J'avais pris, encore et encore, tout ça pour ne rien rendre. Je sais bien qu'il est comme moi : il n'était pas intéressé dans ses gestes et ne cherchait pas à recevoir en retour de ses aides. Sauf qu'il y a ne rien vouloir et ne jamais rien recevoir. J'en revenais alors toujours à cette même conclusion, de ne pouvoir mériter son cœur et lui méritait bien mieux que le mien. « Renonce à moi s'il te plait... Car moi je... Je renonce à toi... » Cette phrase que je venais de lui dire, raisonnant dans ma tête mille et une fois, je la regrettais déjà. Regretter était un bien grand mot. J'ai mentit oui, car je suis sûre de l'aimer et que je l'aimerais toujours d'où mon empressement. Je me savais bien trop lâche pour refuser son cœur plus tard, après mûres réflexions. La situation n'avancerait pas si je me permettais de « lutter » pour lui. Si je me « vendais » auprès de lui pour garder son cœur, à moi et rien qu'à moi. Je mentais aussi, ne pensant à rien, sauf à cette envie d'en finir. Aussi rapidement que ça avait commencé. De m'effacer, de me faire toute petite de me... Oui encore et toujours. « Oh... » Cette simple exclamation me donna envie de pleurer de nouveau. Je mordais de nouveau mes lèvres, fermant les yeux. Je regrettais déjà d'avoir répondu hâtivement. Oh oui, je le regrettais depuis l'avoir prononcé. Je regrettais plus encore à présent. Je m'en lamentais. J'avais envie de me mettre une énorme baffe, de serrer Malik dans mes bras, de.. de... Je ne savais même pas que faire que dire, où me cacher, à quel caméra demander où-est-ce qu'était la porte de sortie. « Je... je ne pensais pas que tu renoncerais aussi vite. Je suis un peu pris au dépourvu, car je pensais avoir un peu de temps devant moi pour me faire à la chose... j'suis même pas certain de pouvoir renoncer à toi moi, mais si toi tu y parviens c'est... une bonne chose, enfin je crois. » Évidemment que non je n'y parviendrais pas. Ce n'était que des mots et jusqu'ici les mots ne traduisent pas encore exactement ce qu'une personne pense. L'entendre parler, le voir ainsi, me tuait plus encore. Malik est paumé, déboussolé et j'en étais la cause. J'étais la cause de tout les malheurs, des siens. De tout. Alors mes lèvres commencèrent à trembler. Mes yeux à se baigner de larmes. Je détournais mon visage de lui, pour ne pas lui montrer plus encore à quel point j'étais pathétique. Lui demander de renoncer à moi, quand plus tôt il me disait avoir besoin de moi. Qu'il était amoureux. Je devrais être flattée. Etre heureuse. Je devrais être entre ses bas, me soucier un peu de l'avenir, mais profiter de lui comme je le pouvais. C'est ce que j'aurai fais si, dans mes veines ne coulait pas l'adrénaline du Khat. Pourquoi fallait-il que je sois si fausse. Si sotte. Quelqu'un d'autre en aurait profité. Je ne savais comment Nicole allait réagir face à tout ça, mais je devinais déjà, moins bêtement que moi. « C'est tellement soudain... » Il m'en fallait peu. Les larmes roulèrent de nouveau sur mes joues. Par chance, mes cheveux cachaient ce spectacle ridicule. « Je sais... » Lâchais-je d'une petite voix, trahissant les première larme coulant sur mes joues. « Oh mon dieu je sais et j'en pense pas un mot... » Avouais-je finalement. Je n'avais pas réfléchis plus que ça. Je voulais me dépatouiller avec toute cette histoire, si maladroitement, que tout allait bien trop vite. La boule que j'avais dans la gorge remonta un peu plus haut. Mes doigts quittèrent son visage pour venir se poser devant ma bouche. « J'peux pas aller contre mes sentiments et en même temps, je veux régler le merdier que j'ai foutu... » Cette fois, je pleurais à torrent, accentuant bien évidemment et sans le faire exprès l'effet pathétique du moment. J'en devenais même mal polie. Je m'en voulais. Je ne savais plus quoi penser de moi. « J'suis désolée... » Je tournais une énième fois mon visage vers lui en me relevant tant bien que mal, puisque nous étions encore assis depuis tout à l'heure. « Je crois qu'on devrait prendre du temps... » Je soufflais. J'en avais terriblement marre, de cette situation et de moi. Pas de Malik, non jamais. Je ne pouvais pas me mettre dans sa position. Je parlais toujours de ma position à moi depuis tout à l'heure. Je ne suis qu'une grosse égoïste... « Excuse-moi ! » Pour tout évidemment, lâchais-je finalement. Je m'éloignais de lui. Je ne pouvais plus rester à côté de lui. Je me sentais lâche et dégueulasse. Comme jamais. J'avais envie de retourner tout le village à présent. De prendre tout ce que j'avais en ma possession comme drogue. De plonger toute habillée dans le lac. De dormir dans la ferme à même le sol. De supplier Cupidon de me faire sortir du jeu immédiatement. Mes pas me portèrent déjà un peu plus loin et plus je m'éloignais, plus je me laissais aller. Je relevais mes cheveux sur mon crâne, dévoila un visage rougie, malgré ma peau mate. Plus je m'éloignais, plus je savais que revenir vers lui sera compliqué...
TERMINE POUR ASMAA.
Spoiler:

J'aurais aimé faire preuve d'optimisme, seulement ça n'était pas vraiment mon fort d'ordinaire. Et je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi ressembleraient mes rapports avec Asmaa à l'avenir. Dans quelques jours, dans quelques semaines... il m'était impossible de me projeter dans un avenir que je savais très incertain, et qui serait déterminé par ce qui adviendrait dans quelques instants. Je redoutais de voir brisé ce lien si fort qui m'unissait jusque là à la jolie frisée. J'avais besoin de ce genre de rapports pour tenir dans un tel jeu. J'avais besoin d'une confidente, d'une véritable alliée et pendant huit semaines c'est en elle que je l'avais trouvée. Seulement aujourd'hui, plus rien n'était pareil, tout avait changé, tout avait été bouleversé par des aveux débités lors d'un prime, et un manque d'honnêteté de mon côté. Sans parler de ses sentiments à priori réciproques que nous ressentions l'un envers l'autre... Tout ceci me bouffait de l'intérieur, je ne savais plus où aller, sur quel pied danser et si notre grande complicité survivrait au final à cette foutue histoire. Je craignais aussi qu'Asmaa en vienne à s'éloigner progressivement de moi, et à reporter toute l'affection qu'elle me portait sur quelqu'un d'autre. Peut-être même avait-elle déjà trouvé ce quelqu'un, et peut-être bien aussi connaissais-je son nom sans pour autant oser le prononcer maintenant car ne souhaitant pas grandement le mêler à cette conversation déjà houleuse et particulièrement délicate. De mon côté je savais qu'à ce stade de l'aventure, j'étais incapable de retrouver en une autre candidate ce que j'avais trouvé en Asmaa durant toutes ces semaines. C'était avec elle et avec elle seule que j'étais apte à rire aux éclats à m'en donner mal au bide pour finalement finir en larmes l'instant d'après. C'était avec elle que je voulais me goinfrer de falafels et de baghrir, parce que ceci faisait partie des plats phares de nos pays d'origine respectifs. Et c'était à elle, et à personne d'autre, à qui je pouvais faire don d'un présent offert par mon père, bien des années auparavant, et représentant l'un des seuls souvenirs que je préservais de lui. Autant dire qu'Asmaa était à mes yeux un être exceptionnel, une personne formidable que je ne regrettais pas le moins du monde d'avoir rencontré dans ce nid. Seulement mon erreur avait été de laisser des sentiments amoureux prendre peu à peu le dessus sur des sentiments jusque là parfaitement platoniques. En l'espace de quelques semaines, Asmaa était peu à peu passée du statut de "meilleure amie" à celui de "fille pour laquelle je ne dormais plus la nuit". Comme il était regrettable que nos rapports aient prit un tel tournant. Ah ça pour être regrettable, ça l'était, aucun doute là-dessus. Je n'étais peut-être pas le seul fautif dans toute cette histoire, et peut-être aussi ne devais-je pas porter seul le poids d'une trop lourde culpabilité, celle d'avoir en quelque sorte détruit un lien que je pensais jusque là indestructible. Seulement j'étais l'homme, j'aurais dû faire preuve de self-control, j'aurais aussi dû me remettre en question tant qu'il en était encore temps. Maintenant c'était trop tard. Je savais que je risquais à présent de perdre Asmaa, puisque cette dernière semblait réellement décidée à s'effacer pour me laisser avec Nicole. Quelle idée de lui avoir signifié que je ne pourrais renoncer à elle que lorsqu'elle aurait de son côté renoncé à moi... En débitant cela je pensais tout de même avoir quelques jours, ou quelques semaines avant qu'Asmaa ne revienne me voir pour me dire que ça y est, elle lâchait l'affaire. Mais contre toute attente, quelques instants seulement après que j'eus terminé de m'exprimer, la prunelle de mes yeux m'affirma renoncer à moi, pour de bon. Mis à part le fait que je sentais très peu de conviction dans ses propos, elle semblait aussi vouloir se débarrasser de la chose, comme si c'était le mieux à faire, et au plus vite. Et en parlant de vitesse, Asmaa venait de battre des records. Car elle avait été bien plus rapide que je ne l'aurais imaginé. J'espérais qu'elle ne renoncerait pas tout de suite, qu'elle me laisserait le temps de faire la part des choses ainsi que de m'entretenir avec Nicole. Seulement non, c'était dit, c'était décidé. Je ne pouvais rien contre cette décision. Néanmoins je ne pouvais m'empêcher de lui faire savoir qu'à mes yeux, elle était extrêmement rapide, et que je ne m'attendais pas à que cela se fasse aussi vite. C'était vraiment très soudain. « Je sais... » Oh... Et bien si elle savait alors, c'était une bonne chose. En fait non, qu'est ce que ça voulait dire exactement, ça, "je sais" ? De quoi venait-elle de prendre conscience au juste ? Ah, du fait d'avoir été très... trop rapide peut-être. J'étais à deux doigts de lui en vouloir d'avoir précipité les choses, mais voir les larmes couler abondamment sur ses joues me rendait incapable de lui en tenir rigueur. C'était impossible, elle souffrait de cette situation autant que moi j'en souffrais. Si elle ne s'en prenait pas à moi, alors je n'avais en toute logique aucune raison de m'en prendre à elle. « Oh mon dieu je sais et j'en pense pas un mot... » Qu... QUOI ?! Elle n'en avait pas pensé un traitre mot en fait ? Mais pourquoi alors s'était-elle sentie obligée de me le dire ? Vraiment elle aurait pu attendre, nous aurions pu revenir là-dessus plus tard. Mais non, au lieu de ça elle avait sauté sur l'occasion pour renoncer à moi, et m'affirmait maintenant ne pas en avoir pensé un mot. Je commençais à sérieusement avoir mal à la tête. Et la voir sangloter devant moi ne m'aidait pas à aller mieux. « J'peux pas aller contre mes sentiments et en même temps, je veux régler le merdier que j'ai foutu... » Quel merdier ? Ah oui, la situation en général. Mais voyons, elle n'en était aucunement responsable. Elle n'était pas plus fautive que moi dans cette affaire, seulement encore fallait-il qu'elle le réalise, ça. Les larmes coulèrent sans retenue et noyaient ce minois que j'aimais pourtant tant. Comme je le lui avais déjà dit une fois, même en pleurs, elle restait belle. « J'suis désolée... » Hm, sans doute pas autant que moi. Voyons vers quoi nous allions, ou plutôt dans quoi nous foncions : dans le mur, clairement, et l'impact allait être violent. « Je crois qu'on devrait prendre du temps... » Prendre du temps... du temps pour quoi au juste ? Je ne voulais pas que nous cessions de nous adresser la parole pendant un certain laps de temps, et que l'un de nous finisse par quitter cette aventure sans que nous n'ayons à nouveau eu l'occasion de nous retrouver, en tête à tête, pour parler de tout ça. Néanmoins puisque l'explication que nous avions actuellement ne donnait rien pour l'heure, nous aurions certainement besoin de temps, oui. « Ce serait pas mal en effet. » rétorquais-je, avant de reporter le regard au sol, dépité. J'avais peur de ce temps que nous allions nous accorder, mais je crois qu'hélàs il nous fallait compter sur celui-ci pour parvenir peu à peu à un arrangement de la situation, pour le moment très critique. « Excuse-moi ! » Et à ces mots, Asmaa s'en alla, me laissant dans ces champs totalement bouleversé par l'échange que nous venions d'avoir. Il était tard, j'étais crevé, le prime avait été éprouvant et une rude semaine s'annonçait. J'avais envie de la suivre, de rentrer pour dormir mais je n'étais même pas certain d'avoir encore la force de regagner ma chambre, pour venir me coucher auprès de Nicole qui était probablement loin de se douter de la discussion que je venais d'avoir avec Asmaa. J'allais rentrer oui, moi aussi, mais pas tout de suite. J'allais prendre quelques instants pour digérer ce que nous venions de nous dire.

SUJET TERMINÉ.

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