Si certains fuient les cimetières comme la peste sous prétexte qu'ils sont trop glauque, qu'ils rappellent de mauvais souvenirs moi j'aime y venir m'y recueillir. Cet endroit est apaisant selon moi, ils sont calme et bien plus paisible qu'on les considère souvent. Il m'arrive d'y rester un moment, même si alors qu'aucun de mes proches ne sont enterré là. C'est le symbolise que j'apprécie dans le cimètière, plus encore que le fait de me poster devant une tombe et de penser à cette personne. Je prie, il m'arrive de prier dans les cimetières plus que dans les églises où je ne vais plus. Ce n'est donc pas étonnant de me voir débarquer là volontairement en plein milieu de la journée, sans raison précise que celle de me retrouver avec moi même. Je m'avance dans les allées et ne tarde pas à y découvre une Branca au visage mélancolique, il me semble que son sourire s'est éteint depuis dimanche. J'hésite un moment avant de finalement m'avancer vers elle. Je ne sais jamais quoi dire dans ce genre de cas. Je ne sais pas si elle a besoin de réconfort ou si elle préférerait qu'on agisse normalement avec elle. Je n'opte pour aucune des solutions. Je continue ma progression vers la candidate et m'assoies à ses côtés. Je ne dis rien, je me contente de sortir deux cigarettes, une pour moi et une que je lui tends sans dire un mot. Parfois, il n'y a rien à dire, je préfère la laisser décider pour moi, pour le moment, on verra par la suite.

Je sors, je divague ici et là depuis maintenant plusieurs jours. J'imagine que c'est toujours mieux que de me terrer comme j'ai eu le réflexe de le faire en début de semaine. Heureusement, certaines personnes ont su venir et agir comme il fallait. Assez pour me changer les idées, mais pas pour me braquer. Je reviens tout juste de la fête foraine où j'ai croisé Arès. Notre rencontre aura été... intéressante je dois dire mais pour le moment, je n'ai pas tellement envie de me faire une idée sur la question. Une fois notre entrevue terminée, j'avais continué à marcher pour finalement me retrouver dans le cimetière. Je ne vais jamais dans les cimetières en général mais celui là, je l'aime bien, certainement parce qu'il ne me touche pas n'y connaissant personne. C'est amusant en fait de ne pas aimer les cimetières avec le nombre de mes connaissances étant mortes à ce jour. Je préfère en sourire qu'en pleurer, il faudrait se lever tôt pour me voir pleurer de toute façon. Sans raison apparente, je m'arrête puis prend place sur un des bancs dans une allée. Je ne fais rien, je suis là, je regarde autour et donc, je remarque Callan qui arrive. Il s'assoit à mes côtés mais ne dit rien, c'est plaisant en réalité. Puis il me tend une clope, que j'accepte tout en sortant mon briquet. J'allume ma cigarette, puis la sienne et je tire une première taffe. Ca fait un moment en fait que je n'avais pas vu Callan même si je sais qu'il pense à moi tous les matins via ses pancakes. « Tu feras quoi quand ce sera fini ? » Fake Lover, bien évidemment.

Parfois le silence est plus facile, parfois il n'y a pas besoin de parler pour faire comprendre à l'autre qu'on est là pour lui. Puisque parfois le silence vaut milles mots. Je ne suis pas doué pour réconforter les gens de toute façon, je ne sais jamais quoi dire, quels mots prononcer pour les aider à avancer. Je suis de ceux qui pensent qu'une présence est suffisante. C'est de cette manière que je décide d'agir avec Branca que je viens de retrouver. Je m'assieds à ses côtés et me contente de lui tendre une cigarette. Cigarette dont elle s'empare. Je la laisse allumer la mienne sur laquelle je tire. C'est vrai qu'on ne s'est pas retrouvé tous les deux depuis un moment, d'ailleurs ce silence je ne le trouve pas pesant. Pourtant, elle finit par le briser. J'expire la fumée de mes poumons. « Et bien, je pense que je reprendrais ma vie, peut être qu'avant je profiterais d'être en Europe voir ma famille. Je n'en sais trop rien... » Je ne suis pas sûr qu'on soit ennuyé à cause de l'émission de retour à Denver, l'avantage de faire une émission hors de son pays de résidence. Et là je pense à Branca qui ne peut même pas retourner chez elle, et je suis sans doute le mieux placé pour comprendre ce qu'elle ressent. « Tu as des plans toi ? » Je pose mes yeux sur elle, alors que je tire une nouvelle fois sur ma cigarette. Je pose mon bras sur le dossier du banc, et ma tête contre ma main sans quitter des yeux la candidate.

J'aime bien Callan et je trouve qu'il est vraiment sous-estimé par certains autres candidats. J'imagine que son âge joue, ce qu'il est aussi car il est clair qu'il est loin d'être l'extraverti qui boit, fume et couche à tord et à travers. Mais il a mieux. Il a du charisme, de l'intelligence, une certaine retenue qui lui donne classe et élégance mais aussi du répondant quand il le faut. Et aussi une femme qui, même si elle doit lui en faire voir de toutes les couleurs, est là à ses côtés, à sa façon. En fait, il a certainement plus que nous tous ici, que tout ce qu'on ne pourrait qu’espérer même et c'est presque flippant, vraiment. Alors quand je lui demande ce qu'il va faire en sortant, je me doute de sa réponse. J'imagine qu'il ne va pas sortir un single ou poser en caleçon pour un magazine féminin... Il me tend une clope que j'accepte, j'allume la mienne, la sienne, tire une taffe et finalement, lui répond. « En Irlande ? Ta famille je veux dire... » J'ai cru voir une fois du gaélique dans ses mains, enfin je crois, je en suis pas une pro non plus. « Je n'y ai pas tellement pensé pour le moment. Reprendre ma vie peut-être oui, après, j'imagine qu'il y aura des sollicitations, on verra bien ce qui arrive. Je te rassure, je ne ferais pas de trucs débiles... Et puis, peut-être que j'embaucherais ta femme pour essayer d'avoir au moins un droit de séjour temporaire aux États-Unis. » Sa proposition n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde, loin de là...

Dès que j'ai prononcé le mot famille j'ai senti mon coeur flancher. C'est toujours plus facile lorsqu'on ne les évoque pas directement, je pensais que ça serait plus facile avec le temps mais absolument pas. C'est de ma faute, je suis celui qui les a évoqué, pourtant je n'aurais pas dû. Les évoquer équivaut à repenser aux raisons qui m'ont fait les quitter, aux conséquences et je me dis que l'émission ne fera que renforcer mes craintes passées. On se voit peu, la dernière fois que j'ai vu ma soeur remonte au jour de mon mariage, il y a de cela plus de six ans. Mon père n'en parlons pas. Ils me manquent. Ce n'est pas faute de leur avoir proposé de payer les frais engendré par le voyage. Soit. Néanmoins lorsque Branca parle de l'Irlande, j'ai un haut de coeur. « Ils sont à Belfast, l'Irlande oui, mais... Je... Je n'irais pas là-bas. » Je suis quelque peu nerveux, je balbutie, et je préfère arrête de parler, je tire comme un pompier sur ma cigarette tandis qu'elle me parle de ses plans. « Oui, je t'en prie, réfléchis bien, tu veux bien mieux que ces gens en quête de célébrité qui acceptent n'importe quoi. » Et grand dieu j'étais totalement sérieux, hors de question de l'imaginer faire quoi que ce soit pour de l'argent, d'ailleurs à ce sujet elle parle de Candace, de la proposition qu'elle lui a fait lors de la découverte de son secret. « N'hésite pas, c'est vraiment la meilleure, et je parle en connaissance de cause. » Et ça n'a rien à voir avec le fait que je sois éperdument amoureux d'elle. Elle est vraiment douée et n'abandonne jamais. « Ça te manque déjà je présume... » Sa vie, sa mère, son pays.

Je n'étais pas si à la masse que ça donc car finalement, je ne m'étais pas trompée en avançant l'hypothèse de l'Irlande. Il est vrai que ce n'était pourtant pas très compliqué : l'accent, le gaélique, tous ces petits détails que j'ai tout de même remarqué. Et puis il est clair que s'il devait aller voir sa famille en Europe, ce n'allait pas être en Italie ou en Allemagne, même si parfois les apparences peuvent être trompeuses. Pourtant sa réponse et son embarras me surprennent, je lui aurais bien demandé plus de détails mais je sens que cette conversation n'est pas la bienvenue alors je ne dis rien et me tais. Après tout, je n'aurais pas aimé qu'on me force à parler de sujets sensibles en me posant des questions personnels alors autant ne pas faire subir ce sort à Callan. Tous les deux occupés avec nos cigarettes, la conversation vire alors sur des sujets plus légers dont les projets parfois bidons de certains candidats à la sortie. Je souris lorsque Callan me répond, assez flattée de ce qu'il peut dire de moi. « Je ne suis pas en quête de célébrité donc je pense que ça règle le problème. » Même si je sais bien qu'au fond, vivre dans le pays où l'émission a été diffusée ne va pas vraiment m'aider. J'espère donc qu'en faisant profil bas, les choses se tasseront rapidement sans parler qu'avec mon passé, j'imagine qu'on ne m'ennuiera pas trop. Callan vante ensuite les mérites de sa femme et je lui souris. Bien évidemment je n'en doute pas, elle n'a pas l'air d'être de ceux qui lâchent rapidement le morceau. Quant aux Etats-Unis... « Ça fait déjà un moment que je suis en Angleterre donc je me suis un peu habituée. Après certaines choses me manquent, d'autres non. C'est plus l'interdiction qui m'ennuie. Tout ce qui est interdit fait envie, c'est bien connu. » Et donc rien que pour ça, parfois, ça me démange de ne pas y retourner...