hyram

Y'avait un candidat à mes côtés, et on était là, comme deux glands devant la porte de cette pièce immaculée de blanc. En fait, je n'voulais pas trop lui avouer, mais j'avais drôlement la frousse de ce que l'on pourrait y trouver une fois à l'intérieur. Bien ouais quoi, de ce que j'avais compris, c'était une pièce où l'on ne devait dire la vérité et rien que la vérité, ça avait de quoi faire peur à plus d'un non ? Bon au moins, j'avais la chance d'être bien souvent honnête avec moi même, autant que je pouvais l'être avec les autres. Ouais, au moins. « Allez, gars, fais pas ton trouillard, entre. » lâchais-je au blond en lui donnant une tape dans l'épaule. Bien quoi ? Parce que je devais entrer en premier en plus ? Bien, et voilà, on était tout les deux dedans maintenant. C'était sa faute, ouais, et j'en avais des frissons dans le dos rien que de m'imaginer devoir parler là dedans. Est ce que les réponses muettes comptaient ? Et est ce que si genre je disais un truc, mais que je faisais des mimes inverses, cela comptait pour un mensonge ? Que de questions. Dire la vérité, rien que la vérité, voilà qui allait être plus difficile que je ne l'aurais imagines tiens. Allez, Ezra, trouve un truc à dire, t'as l'air d'une potiche là. « Hm... » que dire. Une vérité. « C'est très blanc. » ouais, voilà, j'étais lancé. Et c'était un bon début non ? Allez savoir. En tout cas j'me sentais puissant, et j'avais clairement de plus en plus l'impression de me trouver sur un ring de box. Three, two, one, fight !

« Ça y est. Je suis aveugle. » c'est vrai que ça nique carrément les yeux, genre j'étais limite aveugle en fait. Bon, par fierté je ne lui avouerai certainement pas cette partie de l'histoire, et c'est pour cette raison que j'essayais au mieux d'ouvrir les yeux, ce qui en venait à crisper l'intégralité de mon corps, sympa. J'allais avoir l'air d'un stressé hypocondriaque maintenant. Je frappe deux fois dans mes mains, genre tout va bien, la vie est belle, mais en fait j'ai limite envie de pleurer. C'est triste, et dur, très dur. De toute façon l'autre gars fait pas le fier non plus, c'est limite si il arrive à marcher droit. C'est drôle comme vision d'ailleurs, mais je me retiens de rire, histoire de jouer au gars impassible et tout. Rôle qui ne me va absolument pas. J'ai une tête de blasé, j'y peux rien. « Des péchés à confesser, des petits secrets à me révéler ... heu ... » j'échappe un rire « Quoi... t'es curé ou un truc du genre ? T'aurais pas mal de pécher à dégager de mon être, j'te le dis tout de suite. Je veux bien croire que Dieu pardonne facilement, mais toi t'as encore du boulot avec tes poupées cousues. » bah ouais, il devait pas faire des trucs voodoo ? En agitant des bibelots sur mon magnifique corps et... ou peut-être pas en fait. « Ezra. » voilà, j'ai dit la vérité ! Je m'appelle Ezra. C'est pas si difficile que ça au final non ? « Et vous, c'est quoi votre petit nom, mon père ? » le chambrais-je alors que mes yeux commençaient peu à peu à s'habituer à la couleur de la pièce. Ce fut un long périple. Mais j'ai survécu, comme toujours. Je suis trop unique pour mourir si jeune de toute façon.

Mes yeux commençaient peu à peu à s'habituer à la fraicheur de cette pièce. Je me demandais, au fond, si c'était fait exprès, ou si nous n'étions que deux pauvres imbéciles du genre. « La prochaine fois, on se ramène avec les lunettes de soleil, hein. » tenté qu'il y ait évidement une prochaine fois, ce qui dans mon cas était peu probable. Ouais, je me demandais encore ce que je pouvais bien foutre là dedans. Dire la vérité. C'était inutile, on pouvait même pas rire en plus. « Sauver, en hébreux. Joli prénom. » j'approuvais d'un hochement de tête. Je me souvenais encore lorsque ma soeur m'avait fait part de cette référence. Personnellement, je n'avais jamais fait d'autres langues que l'anglais, dans laquelle j'excellais pourtant. « Moi, c'est Hyram. Dieu n'a pas voulu de moi. Donc j'ai vendu mon âme au Diable. C'est plutôt toi qui devrait m'exorciser, Ezra. » j'arque un sourcil. Vraiment ? Pourtant il m'a l'air d'un mec cool. Un peu fumé, mais cool. Enfin, je suppose que la plupart des candidats ici ont un passé sombre, n'est ce pas ? J'espérais qu'il n'y avait simplement pas de meurtrier ou conneries du genre, il manquerait plus que ça. « T'as un prénom à chier quand même. » bien quoi, j'disais la vérité. « Mais ça va, t'es cool, ça rattrape. » et je ne disais pas ça à n'importe qui, qu'il soit fier. Ouais, obtenir un compliment de ma part, c'était un peu comme avoir le saint graal entre ses doigts, enfin, vous voyez l'image. « Gueule d'ange, qu'es-tu venu chercher dans ce lieu très ... lumineux ? Ce n'est pas pour la déco, je suppose. » j'échappais un léger rire. « Je crois que t'es bien le premier ici à trouver que j'ai une gueule d'ange. » Qu'est ce que je faisais ici ? C'était une bonne question. « Y'avait de la lumière, alors j'suis entré. » ouais, j'étais sincère, à quelques détails près. « Et puis, j'ai toujours trouvé que dire la vérité était une des choses les plus aisées au monde, pas toi ? »

« Ah toi aussi, tu trouves ? Mais bon, mon prénom est unique dans son genre. » ouais, il l'était pour le coup et je ne tardais pas à lui préciser. « Ouais bah encore heureux. » putain c'te pièce était tout de même abusément blanche. Mais ouais, il restait cool, et croyez moi, j'disais clairement pas ça de tout le monde -sauf de moi, mais c'était évident. « Toi aussi, t'es cool le môme. » Tenez, quand je vous dis que j'l'étais. Non mais je commençais à bien l'aimer lui, et au moins nous avions maintenant un sujet d'entente. « Je sais ouais, t'inquiètes. » par la suite il me qualifia de "gueule d'ange". Bon, je supposais qu'il s'agissait d'un compliment, de toute évidence, il avait du remarquer -comme la plupart- à quel point je pouvais être magnifique. « La vérité c’est comme une couverture trop petite. Tu peux tirer dessus de tous les côtés, tu auras toujours les pieds froids. Je dirai qu'il y a vérité et "vérité". Ça ne veut pas dire que t'es quelqu'un d'honnête ou de franc que tu dis tout le temps la vérité. On ment tous. » mouais. Enfin il n'avait pas forcément tord sur ce point là, disons simplement qu'il était à mes yeux plus simple de dévoiler l'entière vérité, plutôt que de cacher ce que l'on pouvait penser au risque de passer pour quelqu'un d'hypocrite. « Je crois de toute façon que je ne suis pas fait pour le mensonge. » je soupir un instant, passe une main sur ma nuque et reprend « J'ai cet affreux tic au coin d'la bouche, tu sais, genre un espèce de rictus invisible quand j'raconte de la merde, du coup bah les gens crament quoi. » ouais, en effet, j'étais un plutôt piètre menteur, mais ça m'allait plutôt bien. « De toute façon, le mensonge est à mes yeux inutiles. Enfin, tout dépend de si on l'associe à l'ironie, qui elle est déjà plus plaisante. » et pour cause, elle était très certainement mon jouet favori, à manipuler cependant avec précautions.