emilien

Voilà, la première soirée était maintenant terminée, et tout ce qu'il me restait à faire était de rejoindre ma magnifique petit campagnarde de partenaire. Au fond, elle avait beau m'avoir envoyé baladé, j'étais sûr qu'elle m'aimait bien. Ouais, genre tout au fond. Il au dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'êtres aussi éblouissants que moi et que de ce fait, on pouvait se mettre d'accord sur le fait que ouais, il ne fallait pas se voiler la face, elle m'aimait, ils m'aimaient, je m'aimais, bref, ça allait finir en orgie. Hm... Pourtant n'allez pas croire que je suis un adepte des plans à plusieurs, non, maximum trois personnes, parce qu'après, ça commence à devenir légèrement compliquer, vous voyez, de s'emboiter les uns sur les autres, on a vu mieux. Et donc je me dirigeais vers ma chambre, mes valises avaient été placé là, genre comme par magie. Pouf. Ouais, c'était une bande de sorciers les producteurs. Allez savoir, il y avait peut-être des passages secrets permettant à la production de pénétrer dans l'enceinte du nid ? Il faudrait que je tapote les murs plus tard, j'suis sûr que je réussirais à trouver un truc intéressant. Mais plus tard, parce que là j'ai qu'une envie, c'est de prendre une douche, et de partir me coucher. Je croise quelques candidats, leur adresse un simple signe de tête accompagné d'un banal sourire, serviette sur l'épaule après l'avoir récupérée dans l'un de mes sacs et arrivent bien rapidement dans la salle de bain. Y'a un grand blond qui cherche je ne sais quoi dans un des tiroirs... enfin à vrai dire, je ne sais pas exactement ce qu'il fait, mais il est là, penché, fouillant comme un petit rongeur. Sympa. « Tu fous quoi ? » lâchais-je donc, curieux, laissant bientôt mon haut s'échouer sur le rebord d'un lavabot, me retrouvant ainsi torse nu, penché par dessus l'épaule du jeune homme, histoire de découvrir ce qu'il pouvait bien trifouiller. Finalement je me reculais d'un demi pas. « Toi aussi tes bagages sont apparus comme par magie dans ta chambre ? J'trouve ça trop louche perso, genre comment ils ont su qu'elles étaient à moi ? » excepté le fait qu'il y ait marqué mon prénom au moins trois fois sur chacune. Quand on aime, on ne compte pas.

Soirée éphémère. Comme tout elle avait une fin. Certes, celle-ci laissait un certain arrière goût au fond de la gorge d’Emilien, une certaine amertume mélancolique. Elle était sympa, quand même cette soirée. Même s’il était certain, il ne devait pas avoir la même définition –et surtout vision– d’une soirée que certains des candidats. Le jeune garçon avait décidé de s’aventurer courageusement à l’étage. Découvrant par la même occasion sa chambre. Chambre qu’il allait devoir partager. C’était un peu le jeu de toute façon, de devoir vivre en communauté… Il y découvrit alors ses quelques valises posées auprès de son lit. Mais ce n’était pas vraiment cela qui l’intéressait. Intrigué par l’endroit, par la décoration, il regarda tout autour de lui, le nez en l’air. Tel un gamin qui entrait pour la première fois dans un magasin de jouet. Il trouvait l’endroit plutôt mignonnet, il ne lui restait plus qu’à tester le lit –et pas de la façon comme vous devez certainement l’imaginer. Mais avant cela, Emilien décida de continuer la visite des lieux. Il avança de quelques pas, et y découvrit alors la salle de bain. Il cligna des yeux, une fois, deux fois… et finit par se gratter le front. Il leva les yeux, observant le plafond. Il broncha quelques secondes, observant les caméras. Il fallait croire qu’il allait devoir accepter de montrer son postérieur à des milliers de téléspectateurs et même à ceux à qui il n’avait pas envie de le montrer. Tant pis. C’était le jeu après tout. Il n’allait tout de même pas refaire les règles juste pour une paire de fesses roses et potelées. Après de longues minutes passées à observer, il se mit à chercher dans les tiroirs. A vrai dire, il n’avait rien de bien précis à rechercher. Sûrement voulait-il voir si quelque chose ne se cachait pas à l’intérieur. Et une voix retentit.

Emilien sursauta. De peur, de surprise, peut-être les deux à la fois. Et malgré la question de son interlocuteur, il se tut. Après quoi, il se retourna. Il voulait voir la figure de ce pantin qui lui avait une telle frayeur. C’était un gars, à peine plus âgé que lui, un brun, aux airs peu sympathique. « Toi aussi tes bagages sont apparus comme par magie dans ta chambre ? J'trouve ça trop louche perso, genre comment ils ont su qu'elles étaient à moi ? ». A ces dires, le jeune homme se contenta d’un nonchalant haussement des épaules. Si ce candidat trouvait « louche » d’avoir trouvé ses bagages dans sa bagage, Emilien lui, c’était tout simplement celui qui lui adressait la parole qu’il trouvait louche. Des bagages apparus comme par magie. Ouais, pourquoi pas. Enfin il y avait deux solutions pour justifier ça : soit, il se foutait de la gueule d’Emilien, soit ce type avait le quotient intellectuel d’une huitre desséchée. Dans les deux cas, notre petit Suisse ferait mieux de ne pas lui répondre. Sans daigner prêter paroles, il observa sagement le visage de son pseudo-interlocuteur. Puis… « ils savent lire, tu sais. » finit-il par dire, brisant ce léger silence qui semblait s’être installé.

En tout cas, il m'avait l'air perché c'ui ci. Mais sympa, je présume ? En fait j'en savais fichtrement rien, et c'est certainement cela qui rendait la situation d'autant plus amusante. Me reculant de quelques pas alors que le jeune homme venait finalement de sursauter, un léger sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Bon au final j'm'en foutais un peu qu'il ait eu peur ou pas, parce que bon, il devait présentement être ébloui par mon corps d'Apollon et ma douce voix de sirène. Ouais, ouais, de sirène, j'étais équipé pour. Ok, ce n'est pas drôle, même moi je ne rigole pas, avouez tout de même que c'était une bonne tentative. J'aborde donc par hasard le sujet des bagages, parce que ouais, mine de rien, ça m'a troublé cette histoire. Genre un coup y'en a pas, et pouf, un coup y'en a. Ni vu ni connu. Vas y que j't'embrouille. Et les bons bagages en plus ! Non mais où va le monde, on se le demande ! Un léger vide arpente maintenant cet instant, j'ai un peu l'impression d'avoir dit quelque chose qui ne fallait pas, et ainsi, mon sourire s'étire un peu plus, vous savez, comme le genre de rictus que les garnements ayant fait une bêtise vous dévoile. Le genre qui te donne à la fois envie de fondre, et à la fois envie de les tuer. « Ils savent lire, tu sais. » je plisse un instant les yeux, tentant d'encaisser cette lourde information. Des larbins cultivés. Vraiment, je me sentais dépaysé. « Vraiment ? Ça me semble tout de même peu probable. » tentais-je en croisant les bras sur ma poitrine « Enfin bref, maintenant que le mystère est résolu, j'sais pas toi, mais j'ai besoin d'évacuer ce surplus d'informations, je suis absolument outré. » ou pas en fait, mais j'ai toujours aimé jouer la carte mélodramatique dans mes discours, je trouve qu'elle me va particulièrement bien au teint. D'ailleurs je ne tarde pas à retirer mes chaussures. « J'suis Ezra. » parce que je dois certainement déjà le fasciner. J'le fixe un instant avant de finalement reprendre « J'sais pas si on te la déjà dit, mais t'as des yeux carrément canons. Pas autant que les miens, ça va de soit, mais tu peux remercier tes géniteurs de ma part. » Et Dieu sait que ce genre de paroles ne sont pas adressées à tout le monde venant de ma part. Sur ce, je retire mon pantalon, me retrouvant maintenant en boxer. « Tu veux qu'on parle de toi ou de moi ? De moi j'suppose, logique. Mais tu sais quoi, j'te laisse commencer. Je sais, trop aimable. » J'en venais même à être bon, non mais que m'arrivait-il. Et voilà, je perds le dernier bout de tissu cachant mon corps, restant quelques secondes face au candidat avant de me diriger sous la douche. « C'est quoi ton métier déjà ? » J'étais presque sûr qu'il m'en avait déjà parlé, presque...

La compagnie du silence était beaucoup plus agréable que celle de ce mariole. Pourtant, cela ne faisait que quelques minutes qu’il se trouvait là, dans ses pattes. D’ailleurs, il ne perdit pas une seconde pour répliquer quelque chose. Quelque chose qu’Emilien n’écoutait que d’une oreille. Sûrement parce qu’il se doutait que cela n’allait pas être très intéressant. Il n’était pourtant pas du genre à dénigrer une personne la première fois. Mais cette fois-ci, c’était différent. Ce gars puait un parfum étouffant vaniteux et narcissique. Ca se sentait. Pourtant, il voulait se persuader qu’il se trompait. Emilien ne voyait que le bon côté des gens, à croire qu’il était un peu trop nounours sur les bords par moment. Il lâcha un soupir muet, levant les yeux en l’air. Il ne savait pas ce qui lui retenait de rester ici, planté devant ce quidam qui était entrain de… de se dévêtir. Sans gêne, en plus. Le temps d’une fraction de secondes, Emilien aurait capable de lui trouver toutes les tares du monde. S’il restait ici, cela était sûrement par politesse. J'suis Ezra, avait-il dit brièvement. Ezra, c’était donc comme ça qu’il s’appelait. Emilien se contenta d’hocher la tête et de répliquer par un bref « Emilien ». Il lui dit juste ça. Il savait déjà bien suffisamment de chose cet Ezra en connaissant son prénom. Puis, non, pas d’enchanté. Dire « enchanté », ça aurait été faux, ça aurait été mentir. Et mentir, c’est mal ça. Le fameux Ezra continua de monopoliser la parole. Cette fois-ci offrant un compliment à Emilien. Ce dernier se contenta d’esquisser un petit sourire gêné. Il n’était plus étonné qu’Ezra continua de parler, encore et toujours. Il voulait qu’il parle soit d’Emilien ou de lui… Les bras le long de son longiligne corps, Emilien ne boucha pas d’un pas, observant sans ciller l’étouffant Ezra entrer dans l’une des cabines. Il voulait savoir le métier d’Emilien. Un sourire amusé se dessina alors sur les lèvres du jeune garçon. « Magicien. » déclara-t-il, dans un ton des plus solennels. Il était certain que s’il s’en allait, Ezra continuerait de parler seul, sans même remarquer son absence. C’était vraiment trop tentant pour ne pas essayer. Alors, Emilien, notre chaton d’amour, attendit quelques secondes avant de partir, sans un bruit, vers sa chambre. Il était certain que s’il n’avait pas eu mauvaise conscience, il ne serait pas revenu dans la salle de bain. Alors quelques minutes après, Emilien revint, une serviette dans la main. Après s’être dévêtu rapidement et posé ses habits dans un coin, il partit sous l’une des douches. Il laissa couler sur son frêle corps fatigué. Rapidement, il constata qu’il lui manquait du gel douche. Zut. Sûrement cet Ezra aura la bonté de lui prêter le sien, on peut espérer. « Dit E’ra… Ouais, Ezra, Era, c’était quasiment la même chose, non ? … t’aurais pas du shampooing à me passer ? » demanda-t-il sans trop d’assurance. Certes, ce qu’il lui demandait là n’avait absolument rien à voir avec la conversation d’avant, mais que voulez-vous c’était Emilien quoi… puis tu parles d’une conversation, parler de soi. Tout ce qu’Emilien détester faire. C’était une bonne façon pour ne pas parler, ne pas parler de soi bien entendu.

« Emilien » dit-il simplement en réponse à ma précédente introduction. Je ne saurais exactement vous dire si je l'énervais ou si il n'en avait tout simplement rien à faire, mais l'impression laissée n'était de toute évidence pas des plus positives. Ainsi je lui demandais son métier et il ne tardait pas à me répondre. « Magicien. » là encore, un simple mot, et là encore, je ne savais même pas si il était sincère ou si il se fichait juste de ma tronche, comprenez, avec l'histoire des bagages abordée un peu plus tôt, cela me semblait être une étrange coïncidence. « Hm... Hm... » Répondis-je donc. Et puis, alors que j'avais le dos tourné, j'entendis la porte s'ouvrir puis se refermer et en déduis donc qu'il avait choisi de me laisser seul. J'étais maintenant certain qu'il ne m'appréciait pas des masses, et je dois dire que le tout me fit de la peine. Chose que je masquais bien évidemment derrière un visage de marbre et une expression corporelle plutôt décontractée. C'était la seconde personne en seulement quelques heures qui semblait chercher à m'éviter, quoi, avais-je dit quelque chose de mal ? Je ne m'en rendais pas réellement compte, et alors que je cherchais réponses à ces quelques milliars de questions qui se bousculaient dans mon crâne, harem d'interrogations toutes plus encombrantes les unes que les autres, j'en oubliais presque de me doucher, laissant simplement l'eau dévaler à toute allure sur mon corps entièrement dénudé. Tout ça allait vite me mettre hors de moi. Ou, non, ça allait certainement plus me blesser qu'autre chose. Mais il était évident que ne rien montrer serait chose plus aisée, plus conseillée. Tss. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais besoin de l'avis d'un gars particulier pour avoir à exister... Ouais voilà. Passant une main sur mon visage pour en chasser les gouttes, la porte ne tardait pas à se rouvrir. Il devait avoir oublié quelque chose, ou alors c'était un autre candidat qui se ramenait, enfin, je ne me retournais pas pour l'accueillir, pour autant. Et c'était bel et bien lui, se glissant sous un douche un peu plus éloignée sans un mot. Seul le bruit de l'eau s'échouant contre le sol raisonnait pendant de longues secondes avant qu'il ne tente quelque chose. « Dit E’ra, t’aurais pas du shampooing à me passer ? » il n'avait même pas pris la peine de retenir mon prénom en entier, ce n'était pas bien compliqué. Je cherchais un instant du regard le flacon qui me semblait vide, à vrai dire je venais simplement de couper l'eau et de l'utiliser... J'allais devoir partager avec l'autre. Le lâcheur. Tss. « Tiens, Emilien. » lui dis je en tentant d'un récupérer sur mon corps, rassemblant les quelques parties au creux de la paume de ma main avant de lui tendre. « Si t'en veux plus, sers toi directement avant que je ne me rince. » et cette situation ne me gênait pas vraiment. Ce n'est pas comme si il m'appréciait.

La réponse du dénommé Ezra ne se fit pas attendre. Aussitôt, il lâcha un bref « tiens » accompagné de son prénom. Et avant même de tendre son bras pour attraper le gel douche d’Ezra, il marmonna un timide « merci ». A l’aide de sa main, il essaya de saisir le tube… mais en vain. Il agita quelques secondes sa main dans le vide. Il tourna alors la tête en direction du jeune homme. Celui-ci avait recueilli un peu de mousse au creux de la paume de ses mains. Emilien fronça légèrement les sourcils. « Euh… lâcha-t-il. ». Etait-il sérieux là ? Le petit Suisse resta assez perplexe face à la situation. Devait-il accepter ce qu’il lui tendait ou non ? S’il refusait, il allait peut-être froisser un peu cet Ezra –et se faire un ennemi dès le premier soir, ce n’était vraiment pas ses volontés. Ou bien s’il acceptait, il allait peut-être subir les moqueries satiriques de ce camarade ? Ezra renchérit l’affaire. S’il en voulait plus, il devait se servir directement. Etait-il vraiment sérieux là ? Emilien cligna des yeux, un bon nombre de fois. Pensant qu’il avait sûrement dû mal entendre. Il resta un bon moment, la bouche mi-ouverte, sentant sa pomme d’Adam remontait. « Euh… continua-t-il. Je… j’vais me débrouiller autrement, je pense… » déglutit-il enfin. Il tourna alors enfin le regard. Observant le carrelage qui ornait le mur, juste en face de lui. Il était persuadé que ce garçon se moquait de lui. Et cela, depuis le début. Déjà cette histoire de magicien, à part être doté d’un cerveau d’une blonde, personne n’y croirait, puis maintenant ça. Puis, quoiqu’il dise, ce garçon l’impressionnait. Mais pas dans le sens positif du terme, voyez-vous, pas comme s’il y avait une admiration naissante chez Emilien. Non, pas du tout. C’était plutôt dans le sens négatif du terme. Il avait peur. Oui, voilà. C’est cela, il avait peur. Peur de lui. Il était presque certain que ce garçon était capable de le taper à un moment donné. Le simple fait de croiser son regard le terrorisait. Lui donner des frissons. Il était peut-être idiot, cet Ezra, mais qu’est-ce qu’il pouvait lui faire peur. Emilien n’osait même plus bouger à présent, toute cette réflexion semblait le tourmenter.

Il murmura un merci presque inaudible. Ouais, il me semblait presque... apeuré ? Quoi, j'étais si peu présentable ? Tendant les quelques mousses que j'avais réussi à rassembler, le jeune homme lui, tentait tant bien que mal de se servir du tube qui de toute évidence, était maintenant vide. Roulant mes yeux au plafond, je le sentais hésitant, et pour cause. « Euh... Euh… Je… j’vais me débrouiller autrement, je pense…» lâcha t-il finalement en détournant les yeux. Je lâchais ainsi un bruyant soupir. Non mais de quoi avait-il peur ? Ou au final peut-être ne me supportait-il pas ? Pourtant il ne me semblait pas avoir été désagréable, non, au contraire si il y en avait bien un qui devait être fâché ici, c'était bel et bien moi. Après tout c'était lui qui m'avait laissé seul, partant comme un voleur comme pour se foutre de ma tête. Il n'avait même pas eu les couilles d'assumer le tout jusqu'au bout et avait finalement fait demi tour. N'importe quoi. « C'est bon, arrête de faire ta mijorée deux secondes. » lâchais-je comme légèrement agacé. Au final je m'en fichais pas mal, c'était lui qui avait l'air d'un imbécile à s'acharner sur ce tube qui de toute évidence ne comptait pas lui lâcher ne serait-ce qu'une goutte de nettoyant. M'apprêtant à allumer l'eau, je le regardais ainsi quelques longues secondes, à se débattre avec son jouet avant de finalement capituler. « Bon allez, arrête j't'ai dit. » lâchais-je d'une voix calme mais grave, lui prenant le shampoing des mains pour le jeter dans un coin de la douche. Là dessus, je passais une main sur mon torse surplombé de savon, et après avoir bien dosé ma main, déposais l'importante mousse sur la cage thoracique du jeune homme. « On est entre hommes non ? J'vois pas vraiment de quoi t'as peur... ou honte. » pour sûr qu'il n'allait pas me répondre, mais au moins, il avait mon point de vu sur la question. Oui, j'étais plutôt à l'aise que ce soit en matière de corps comme autres, je ne me fixais pas vraiment de limite, ça ne servait pas à grand chose. Tapotant deux temps sur son épaule, je faisais alors un pas en arrière pour me replace sous mon jet d'eau.

Stop. Il voulait que tout cela s’arrête. Il voulait finir de prendre sa douche au plus vite, et d’aller se coucher, de rejoindre sa colocataire et d’oublier ça. Ca, sa ‘rencontre’ avec ce garçon. Emilien baissa la tête un peu plus, laissant le jet d’eau couler de plus bel. Il aurait pu décider de mettre fin à sa douche, en coupant tout simplement l’eau et en attrapant sa serviette. C’était si simple que cela, en y pensant. Pourtant Emilien ne trouva pas la force de le faire. Il sentit ses muscles se contracter lorsque la voix de cet Ezra retentit. Il lui disait d’arrêter de faire sa mijorée. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, Emilien ne répondit pas. A quoi bon lui répondre de toute façon ? Puis il réitéra. Cette fois-ci, Emilien leva les yeux, tournant très brièvement la tête vers lui. Il lui lança un regard, rien de plus. Aucun mot ne s’échappa de sa bouche. Restant alors silencieux. Son regard finit alors par fuir celui d’Ezra. Le silence commença à régner royalement dans la pièce, enfin. Une fraction de minute de calme, de répit. C’est à ce moment précis que le terrorisant Ezra décida de s’approcher de lui. Emilien regarda inquiet la main s’approcher. Il se demandait quelle idée assez étrange –pour ne pas dire tordue– se promenait dans la cervelle de ce type. Ce dernier posa sa main sur le torse humide d’Emilien, tout en étalant la mousse qui se trouvait dans la paume de sa main. Emilien se retenait de grinçait des dents. Il se passait vraiment des choses étranges dans la tête de ce gars quand même. Au même moment, il ajouta qu’ils étaient entre hommes, ou un truc comme ça. « On est entre hommes non ? J'vois pas vraiment de quoi t'as peur... ou honte. » oui, voilà ce qu’il lui dit vraiment. Emilien défia du regard son interlocuteur. Emilien avait peur, certes. Mais s’il avouait, il se donnerait à manger tout cru à ce loup. Qui sait, peut-être qu’après ça, Ezra s’amuserait à faire beaucoup plus peur à Emilien. Il pourrait réfuter ses propos, osant prétendre qu’il n’avait pas peur. Mais ça, c’était mentir. Il y avait une chose (parmi tant d’autres) que l’on avait apprise à Emilien : ne jamais mentir. Puis en disant qu’il n’avait pas peur, Ezra pourrait se moquer de lui. Il l’entendait déjà railler des « mytho mec. » et compagnie. Dans les deux cas, il lui mènerait un cauchemar, il en était certain de ça. « Laisse-moi tranquille, veux-tu ! ». Emilien avait réussi à déglutir cette pauvre petite phrase. Il eut du mal à avaler sa salive après ça, peut-être craignait-il la contre-attaque de ce garçon.

Au fond ce n'était pas grand chose non ? Se partager un peu de savon n'allait ni me tuer, ni le tuer lui, ce qui étrangement ne laissait pas cette impression sur le visage du jeune homme. me lançant d'abord un regard noir il en vint à s'exclamer plus ou moins violemment à mon égard ce qui eut le don de me surprendre. « Laisse-moi tranquille, veux-tu ! » scrutant de longues secondes le regard cristallin du jeune homme, muet, je tentais alors de chercher une quelconque réponse à sa méfiance, me demandant réellement si j'avais fait quelque chose de mal ou si tout simplement mon physique le repoussait, ce qui était d'autant plus étrange. Passant une main sur ma nuque, les gouttes d'eau dévalant lentement sur mon visage jusqu'à s'échouer sur le sol, j'étais là, sans réponse à toutes les questions qui pouvaient se bousculer dans mon esprit. Aussi je décidais de reprendre la parole « On dit merci, plutôt. » lâchais-je alors détaché, comme si je n'avais pas grand chose à faire de ses paroles. « Qu'est ce qui te gêne exactement ? » parce que pour qu'il réagisse de cette façon à mon égard, c'est qu'il devait bien avoir quelque chose qui le tracassait. Je pouvais largement observer sa respiration saccadée de part les rapides mouvements que son torse laissait paraitre. « Attends... ne me dis pas que tu as peur de moi ? » un léger sourire se dessina sur mon visage. Pourtant, il ne se voulait pas moqueur, non, plutôt compatissant. Peut-être que je lui plaisais au final ? A vrai dire, je n'en avais pas la moindre idée, et c'est pour cette raison qu'après avoir fait demi tour, je revenais vers le jeune homme plus près, bien plus près que la dernière fois qu'il m'avait rejeté, laissant mes lèvres effleurer son cou, remontant jusqu'à sa mâchoire avant de dériver jusqu'à son oreille gauche « T'as aucune raison d'avoir peur, tu réfléchis beaucoup trop, laisse toi juste aller. » lâchais-je en un murmure alors que la paume de ma main venait s'échouer sur son torse, étalant lentement la mousse disposée un peu plus tôt. Finalement je reculais d'un demi pas, mes yeux toujours déposés dans les siens. « Maintenant fais ce que tu as envie. Ce que tu veux. Frappe moi si ça te soulage. Si j'te fais si peur. Mais assume. »