marthe

Ce qui était très certainement le plus étrange dans cette aventure, était le nid en lui même. Perso, je crois que je ne me serais pas vraiment fait chier pour la déco, tout en bleu, ou tout en noir, rien à foutre. Mais non, tout avait l'air plutôt soigné et ce jusqu'au millimètre près. Genre les candidats en avaient quelque chose à faire d'avoir des toilettes lavande ? Sérieusement, quand tu pisses, tu pisses, faut pas chercher à voir plus loin que ça. Enfin bon, c'est quelque chose qui me dépassait totalement, mais c'était cool hein, tant mieux si ils aimaient se la péter. Moi au moins j'étais honnête avec moi même. j'étais parfait, et même leurs toilettes couleur lavande ne m'arrivaient pas aux chevilles. J'avais donc fait quelques kilomètres -au moins- avant de découvrir la petite -grande, mais je ne voulais pas me l'avouer- patinoire dans un endroit quelque peu paumé. J'étais même pas sûr d'être encore dans le nid en fait. Si ça se trouve c'était genre la base secrète de la prod' ou une connerie du genre. Et d'ailleurs, y'avait une blonde là, assise sur les gradins. C'est fou ça, les candidats dans cette émission sont décidément bien louches. Ouais, être assis seul dans des gradins, c'est louche, cherchez pas. Bref. « Tu devais un peu te faire chier sans moi non ? » lâchais-je alors à son encontre comme si il s'agissait d'une évidence. Je décidais donc d'avancer de quelques pas avant de reprendre. « J'suis sûr qu'une blonde dans ton genre, ça doit être un pro en patinage artistique ou en énumération de poneys. J'me trompe ? » pour sûr que je ne me trompais jamais, mais je voulais lui laisser l'opportunité de flatter un peu plus mon égo, comprenez.

Il parait que Fake Lover est une aventure à la hauteur des moyens mobilisés pour la créer, à cela Marthe voulait bien savoir si ce qu’elle allait vivre ici allait être équivalent à la grandeur du décor. Encore fallait-il qu’elle reste plus longtemps que deux semaines. L’aventure démarrait très… curieusement pour elle. A commencer par son connard de partenaire ; mais soit. Il faisait frisquet et la belle se dirigeait emmitouflée sous un magnifique manteau couleur qui ne lui appartenait pas en direction d’on ne sait où. Ses magnifiques Uggs roses pailletées qu’elle avait eu bien du mal à assortir, pas comme une de ses copines blondasse pro’ du soutif (hinhin ♥), lui tenant les pieds au chaud, miss plus intelligente que tout le monde eut la magnifique réflexion qui suit : « Hey mais sexy lady est-ce que la semelle des tes Uggs glisse bien sur la glace ? Y a des petits trucs accroche-par-terre, ça devrait aller, tu ne devrais pas trop me ramasser. ». Oui Marthe parle à Marthe, ce n’est pas Marthe qui parle à elle-même. Arrivée à destination, elle tenta. Au pire personne n’était dans le bâtiment vu le silence, donc personne ne la verrait ; à part les caméras. On s’en fou des caméras, ce ne sont que des robots. De toute façon elle avait l’habitude, chez Zara c’est filmé vous savez. Posant un bout de pied, elle s’avança et glissa piteusement. Bon. Ca n’allait pas le faire, il fallait qu’elle se trouve une technique, un truc. Allant s’asseoir sur les gradins afin d’observer l’ennemi dans sa globalité, quelqu’un vint interrompre ses songes pourtant très techniques. « Tu devais un peu te faire chier sans moi non ? » Identité ? Prénom, âge, sexe, passions s’il vous plait ? Non mais sérieux c’était qui lui ? Arquant un de ses sourcils parfaitement épilé du matin elle ne prit même pas la peine de lui répondre et se contenta de le mater s’avancer vers elle. Oui mater, mais de manière « what are you doing here fucking boy ? », quelque chose du genre. Le fucking étant pour le style, bien sûr. En un mot : discrétion. « J'suis sûr qu'une blonde dans ton genre, ça doit être un pro en patinage artistique ou en énumération de poneys. J'me trompe ? » Mais quel jugement ! Les gens d’ici étaient vraiment de gros cons. Oui. « Tu te trompes. » Aussi simple que ça. Elle en paraissait presque vexée. « C’est moche de se baser sur une couleur de cheveux, et encore plus sur un genre. Je suis plus axée sur l'intellectuel. » Marthifique se prétendant bonne soeur et intelligente, on aura tout vu.

Ouais, les blondes du genre étaient toutes les mêmes. Ce n'était pas des préjugés hein, mais juste un fait avéré et démontré par notre société actuelle. C'est tout. Ouais, non, j'déconne pas hein. Ou juste un peu. Ouais, un tout petit peu alors. « Tu te trompes. » bah voyons, je n'me trompe jamais chérie. « C’est moche de se baser sur une couleur de cheveux, et encore plus sur un genre. Je suis plus axée sur l'intellectuel. » je prends alors une moue faussement outrée. Genre plus basée sur l'intellectuel ! « Eh, attends, j'te signale que c'est vachement technique que de retire toutes les races de poneys ! Une vraie épreuve mentale. » non mais oh. « Et te vexe pas pour si peu, hein, j'déconnais, respire. » mais maintenant qu'elle le disait, c'est vrai que j'avais des talents de comédien plutôt hors du commun. Genre elle avait même pas capté que je plaisantais, peut-être qu'au final ce serait une carrière à envisager. J'ai toujours su que j'étais capable de faire n'importe quoi, ça ne devrait même pas m'étonner au final, tiens. Prenant place sur les gradins, à quelques mètres d'elle, je passais un instant ma main sur ma nuque. Inutile de me rapprocher, j'étais certain qu'elle me mordrait, cette fille avait l'air d'avoir du chien, et une dent contre le monde. « Tu foutais quoi toute seule ici ? T'attendais que ton pote Maverick vienne te baiser les pieds ? J'crois que je l'ai réellement vu s'essayer à l'exorcisme tout à l'heure tu ferais mieux de faire gaffe. » bah quoi, c'était elle Marthe non ? Celle sur qui les langues se défoulaient avant même de tenter un simple échange avec elle. « Ezra. » me présentais-je simplement avant d'ajouter « J'voulais me renseigner sur le prix des petits cailloux pour accompagner ta lapidation, mais j'crois qu'ils ont monté une sorte de club privé, même pas drôle. »

Les mecs qui persistaient dans leur connerie l'énervait. Insinuer que compter les poneys était mentalement difficile était bel et bien la preuve que ce mec la prenait pour une conne plus que conne. Parce qu'être prise pour une conne une fois ça va, mais deux c'est chiant. « Et te vexe pas pour si peu, hein, j'déconnais, respire. » Euh, descend d'un étage ? « Si tu penses que tes paroles ont tant d'importance que ça... » Elle soupira brièvement avant de s'enfoncer dans son siège les bras croisés. Fermeture à la personne. Il s'assit à distance. Soit. Mais normalement, dans la logique des choses il aurait dû se la fermer, du moins c'est ce que souhaitait la pauvre Marthe qui semblait être tombée sur un bavard. Du moins c'était lui qui était tombé sur elle. « Tu foutais quoi toute seule ici ? T'attendais que ton pote Maverick vienne te baiser les pieds ? J'crois que je l'ai réellement vu s'essayer à l'exorcisme tout à l'heure tu ferais mieux de faire gaffe. » Un sourire s'échappa de ses lèves, pourtant il n'était même pas drôle. « Merci pour la prévention. Ce mec est fou. Et con. » Zappant complètement sa première question, Marthe eut le plaisir d'apprendre que son interlocuteur se prénommait Ezra. Prénom moche et difforme, limite Erza aurait mieux sonner mais bon, si ses parents étaient dyslexiques... ça pouvait se comprendre. C'était la première fois qu'elle entendait ce prénom, du moins la première fois qu'elle y faisait attention. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de l'entendre en plein cœur d'une rumeur ou d’un potin alors forcément, elle ne s'en souvenait pas. « J'voulais me renseigner sur le prix des petits cailloux pour accompagner ta lapidation, mais j'crois qu'ils ont monté une sorte de club privé, même pas drôle. » Ah mais si, c'était lui ! Ouiii, elle s'en souvenait maintenant; pourtant ce n'était pas comme si elle l'avait traité de tous les noms devant sa tablette. Feignant enfin rediriger son regard vers lui, elle fronça les sourcils, sans le savoir il venait légèrement de la mettre de mauvaise humeur, pourtant ça ne semblait même pas être le but de la manœuvre. Dans un autre jour peut-être l'aurait-elle prit autrement. « Dommage pour toi. C'est dur de se sentir exclu ? » Réponses brèves, précises et rhétorique. Marthe n'attendait nullement une réponse de cet Ezra, et s'il en donnait une elle miserait cher sur le manque d’intérêt de celle-ci.« Et donc, Ezra, t'es venu me danser le Lac des Cygnes sur glace ou bien ? » Le "ou bien" se traduisait par "ou bien tu comptes rester pour me faire chier ?". Appuyant son menton contre la paume de sa main, elle soupira; admirant la piste.