La première journée dans la maison semblait à la fois longue et rapide. On passait dans une pièce, on n’avait pas fait 5mètres qu'un individu venait nous assaillir de questions en tout genre : tu t'appelles comment, t'as quel âge, tu viens d'où, tu fais quoi dans la vie? et les plus téméraires osaient même te questionner sur ton secret, celui que tu devais garder précieusement pour toi, celui qui te ferais remporter le jackpot et ils croyaient naïvement, sournoisement, avoir le moindre petit indice en moins de 24H de jeu. Étouffant presque dans la maison bombée, j’avais besoin d’air frais, malheureusement pour moi, la météo annoncée n’était franchement pas réconfortante. Arpentant les lieux divers et variés de la demeure, j’atterris non sans mal, vers seize heures, sur la piste de ski apparemment boudée des autres habitants. Dans un coin, on pouvait y découvrir différents matériels de ski, snow ou même luge ! Comme une gosse, je revivais, comme une gosse, je courrais vers l’une de luge, l’empoignant et.. Sursautant à l’arrivée d’un habitant. Maverick me semblait-il avoir entendu au détour d’une conversation volée. Je lui souris, presque amicalement, ne voulant pas lui signifier que j’aurais aimé être seule … Dans cette maison, c’était désormais impossible. La solitude.

« UNE LUGE !!! T’as vu ils ont même pensé aux luges ! Des luges rouges, je veux une rouge, ça me rappellera mes rêves de gosses ! J’ai toujours rêvé de neige et de luge rouge. Pas toi ? » Mes mots s’enchainaient, mon stress reprenait de plus belle, je soupirais, j’étais inconsidérablement trop bavarde. Ça me créerais des ennemis, et puis, il y avait des gens que ça arrangerais, comme Israël la soirée précédente. Je n'attendais pas une réponse de sa part, pas vraiment, la luge sous le bras, je partais déjà vers le mont de neige. « Ils ont même pensé à la montagne !!! C'est FA-BU-LEUX !!! » Ne pensant même pas une seconde qu'on ne pouvait utiliser des ski et un snowboard convenablement sans pente, je restais dans la surprise quotidienne.

« Heu non, je ne fais pas ce genre de rêve.»
Il était un gamin frustré qui n’avait jamais rêvé de rien ? J’étais presque interloquée devant autant de tristesse. Nous étions dans une émission de télé-réalité, nous étions filmés, nous avions la chance énorme de vivre cette aventure et lui, il ne rêvait pas. On pouvait, sereinement, ne penser qu’à notre programme de la journée, nous pouvions réaliser tellement de choses qu’il m’était inconcevable de « ne pas faire ce genre de rêve ». J’étais presque perturbée par son stoïcisme, il devrait rire, courir, se jeter à plat ventre dans la neige mais il préférait me signaler : «Au fait, je m'appelle Maverick et toi ?» Je stoppais un instant mes gestes pour le fixer dans les yeux « Je connais ton nom, pas besoin de me le rappeler pour signifier que tu n’as pas eu envie de retenir le mien ce matin … Moi c’est Luce ».
N’avions nous pas fait un genre de repas super cool, tous ensemble, ou presque, n’étions pas déjà là depuis près de 24heures.

Je détestais les présentations.

Il ne bougeait pas alors que je filais déjà, me tournant de nouveau vers lui, je levais la main et criais « TU VIENS ??? Tu vas pas rester coincé là à me mater faire de la luge !! » J'attendais un petit temps avant de m'assoir dans la neige, glissant mes doigts dedans pour les ressortir tout rouge « Outch, même fausse elle est pas franchement agréable » Je risquais un nouveau regard vers Maverick qui n'avait pas vraiment bougé « Bordel bouge ton cul et amènes toi, ou j'viens de chercher ! T'es dans une aventure FOR-MI-DA-BLE, tu vas pas jouer les coincé du cul? » J'étais venue ici dans l'espoir d'un renouveau, dans l'espoir de vivre pleinement ma vie alors, s'il fallait le vivre en jouant aux gamines n'ayant jamais vu la neige, je le ferais, parce que je n'avais jamais vu la neige, je n'avais jamais skié, lugé ... Et j'étais prête à y prendre le premier venu pour être spectateur de mon bonheur.

Je criais, de là où j'étais, criais à vouloir m'amuser, vouloir devenir une personne joyeuse et insouciante. Je le connaissais sans vraiment le connaitre mais j'avais envie de jouer, mais seule ne m'intéressais pas, vraiment? Il me rejoingnit, empoignant une luge et me défiant On fait la course, le premier arrivé en bas. « C'EST PARTIII » M'écriais-je alors, sautant sur cette luge en plastique, ne sachant pas réellement comment ça marchait, me trainant pour tenter de glisser et, voyant Maverick partir à toute vitesse, je tentais de faire la même chose. Help !!! Comment s'arrête ce... Il me regardait, je riais, pensant qu'il blaguait mais à vrai dire, le voyant se prendre un tas de neige, se rétaller quelques mètres plus loin, j'eus d'abord envie de rire, mais, pressée, je jetais dans un coin ma luge pour courir vers lui. « oh punaise, t'as rien, en fait, t'es p'tete trop vieux pour faire ça, mais dit moi, hein, ça va? » Je le secouais presque pour qu'il parle, bouge, me dise quelque chose, voir même, explose de rire.