+ peyton
Emmeline souffrait parfois d'une grosse faim. Oui. Ça lui arrivait souvent à midi, lorsqu'elle se réveillait sans la moindre envie de manger et qu'elle loupait ainsi le petit déjeuner. Forcément, à l'heure du déjeuner, son estomac criait à l'injustice, réclamait absolument de la nourriture, comme s'il ne pouvait pas fonctionner sans. Quel emmerdeur. Cela dit, elle n'avait pas le choix. Si elle ne souhaitait pas s'évanouir dans la journée, elle avait tout intérêt à avaler un petit quelque chose. Le problème étant de savoir ce qu'elle pourrait manger. Puisqu'elle n'avait aucune idée particulière. Et qu'elle était toujours aussi nulle en cuisine. C'était un problème, n'est-ce pas. Décidant de jouer les piques-assiettes, elle se rendit jusqu'à la cuisine, regardant par-dessus l'épaule de quelques uns avant de s'attarder sur la silhouette de Peyton, qu'elle reconnaissait malgré qu'il se trouvait de dos. À force, quand même, elle savait qui ressemblait à quoi, vous voyez. Avec toute la discrétion qu'elle avait en stock, elle s'approcha de lui et sans prévenir, pensa bon d'abattre ses dents sur l'épaule innocente de Peyton. Bien sûr, elle ne lui avait pas arraché le bras hein, c'était une petite morsure sans gravité, qui n'avait même pas dû lui faire mal. Disons que cela avait simplement dû le surprendre, c'est tout. Espérons qu'il ne manipulait pas de l'huile bouillante hein. Puisque, du coup, elle ne savait même pas ce qu'il faisait. Pas que cela semblait si important que cela sur le moment. Une fois qu'elle eut libéré son épaule de son cannibalisme soudain, elle leva les yeux vers lui. « J'ai faim. » miaula-t-elle en guise d'explications pour ce comportement. Oui, ça justifiait tout, voyons. C'était totalement logique et pas le moins surprenant du monde, après ce geste que tout le monde réalisait quotidiennement depuis sa naissance ! Oui. Et puis, comme ça, elle avait un moyen de pression, vous voyez. Soit il la nourrissait, soit elle devrait se nourrir toute seule et allez savoir où ses dents pourraient se diriger hein ! Tout cela étant suggéré sans la moindre touche de perversité, bien sûr. Là-dessus, elle lui lança un sourire avant de poser son menton sur son épaule, histoire de regarder ce qu'il pouvait bien faire là, ce qu'il était éventuellement en train de préparer, tout ça. Oh et aussi parce qu'elle n'était jamais gênée, comme nana et qu'elle se donnait toujours la permission de faire ce qu'elle voulait. Oui.

Une chose était bel et bien certaine, ce jeu n'avait aucunement amélioré mes compétences culinaires. J'étais nul en cuisine en entrant dans ce jeu, je dirais même que j'étais novice étant donné que je ne m'étais jamais approché d'une casserole et je n'étais pas beaucoup plus avancé actuellement. Heureusement, la plus vieille de toutes mes soeurs avait pensé à ce petit détail et avait griffonné sur des bouts de feuilles quelques recettes faciles à réaliser-enfin, on pouvait même pas parler de recette lorsqu'il s'agit de cuire des pâtes. Elle avait ensuite soigneusement glisser ces feuilles dans la valise que ma maman m'avait préparé. J'pense que sans les femmes, principalement ma mère et mes soeurs, je ne serai pas grand chose. Je ne sais pas vraiment me débrouiller sans elle et pourtant, cela fait un mois que je n'ai plus aucun contact avec elles. Elles pourraient m'écrire sur les blogs, mais je ne pense pas que ça me fera vraiment du bien. Je préfère ne rien savoir et les retrouver à ma sortie du jeu. Je me retrouvais donc dans la cuisine, avec en ma possession les conseils de ma soeur gribouillés sur ce papier. C'était simplement expliqué comment je devais procédé pour faire des pâtes carbonara. Bizarrement et ayant suivis ces conseils à la lettre, ma sauce ressemblait déjà à quelque chose que je qualifierai de mangeable, me restais plus qu'à entendre que l'eau des pâtes boue pour pouvoir y déposer mes pâtes. Je restais donc posté face à cette cuisinière, de peur de louper le moment propice, mon regard ne quittait pas la casserole. Enfin, jusqu'à ce que je sente une mâchoire mordillé mon épaule. Vous l'admettrez, c'est plutôt bizarre comme salutation. Je détournais donc mon regard pour le déposer sur l'une des candidates. Emmeline. Celle-ci me confessa rapidement qu'elle avait faim. « Je ne suis pas certain d'être comestible pourtant. » J'en étais même certain d'ailleurs. Puis le cannibalisme est interdit en Irlande. Enfin, je crois. Attrapant la cuillère que j'avais laissé sur le plan de travail à côté des casseroles, je décidais de tourner dans ma sauce pour éviter que celle-ci ne crame. Ce serait quand même la loose de réussir quelque chose et de le cramer par la suite. « Est-ce que tu me ferais l'honneur de goûter à ma cuisine ? Oh , avant que tu prennes ta décision, faut que tu saches que c'est la première fois que je cuis quoi que ce soit. » Mais ça me parait vraiment pas dégueulasse. Je vois l'eau qui commence à bouillir mais j'attends d'avoir la réponse d'Emmeline pour verser les pâtes, si elle m'accompagne j'en mettrais très certainement un peu plus.

Quelle chipie, n'est-ce pas. C'était un coup à faire peur à quelqu'un, mine de rien. La rousse adorait ça. Oui. C'était tellement amusant de faire une petite frayeur à une quelconque personne. Tellement ! Alors vous pensez bien qu'elle n'allait pas s'en passer. Ni maintenant, ni plus tard. Et puisque Peyton n'avait pas crié comme un fou à cause du petit coup de dents d'Emmeline, elle supposait que tout allait bien. Oui. Et puis, elle avait faim. C'était surtout ça, le problème. Son estomac grogna à nouveau, visiblement pressé de pouvoir manger. Grr. Surtout que Peyton disait ne pas être comestible. Ce qui était tout de suite moins drôle, n'est-ce pas. Puisque cela voulait dire qu'elle allait devoir se préparer quelque chose, qu'elle n'allait pas pouvoir se contenter de son camarade. Quelle tristesse. « Tu es sûr ? C'est nul ! Je me réjouissais d'avance de mon repas, tu me casses tous mes petits rêves. » Elle esquissa une moue, comme pour accentuer ses paroles, qui n'étaient pourtant qu'une simple plaisanterie. Ça semblait évident, non ? Tout de même, Emmeline était déjà trop pacifiste pour tuer une mouche alors vous pensez bien que bouffer quelqu'un ne faisait pas vraiment partie de ses centres d'intérêts favoris hein. Heureusement, Peyton, ce sauveur, lui fit une proposition absolument parfaite. Même s'il était sans doute aussi doué qu'elle en cuisine, vous voyez. Au moins, elle aurait de quoi manger. Et tant pis si elle chopait une intoxication alimentaire. Au pire, il fallait savoir se mettre en danger alors peu importe. « Intoxication alimentaire pour intoxication alimentaire, je te préviens ! Si je tombe malade par ta faute, je me vengerais en utilisant la même méthode. » Mutine, ses lèvres étaient étirées en un petit sourire taquin, presque satisfait. Elle plaisantait, voyons ! Elle n'était pas comme ça, vous savez. Cela dit, avec de telles paroles, elle aurait vite fait de le faire douter. Ah, oui, cette petite rousse était totalement siphonnée, ce n'était pas nouveau. « Je plaisante, rassure-toi. Je suis même pressée de goûter. » Sincèrement, oui, elle l'était. Sans doute parce qu'elle avait faim. Très faim, oui. « Qu'est-ce que tu nous prépares ? » pensa-t-elle bon de lui demander quand même, tout en se déplaçant afin de se positionner à côté de lui. C'était sans doute mieux de savoir ce qu'elle s'apprêtait à déguster, n'est-ce pas. D'autant plus s'il s'agissait d'un plat qu'elle n'appréciait pas ou qui contenait un aliment auquel elle était allergique. Avouons qu'il serait mieux de le savoir dès maintenant hein.

On ne peut pas vraiment dire qu'Emmeline me ficha une trouille monstre. J'étais tellement concentré dans ma tâche, c'est carrément la honte de louper la cuisson de pâte lorsque des caméras vous regarde et le montre à des millions de gens, que sa morsure sur mon épaule me dérangea à peine. C'était pas bien méchant et cela pouvait peut-être me mener sur une piste concernant la jeune femme. On est là pour chercher des secrets et le cannibalisme me semble bien correspondre à son cas. Même si, j'suis franchement pas certains que ça soit autorisé et toléré et puis elle s'y prendrait quand même vachement mal pour le cacher. Puis, suffit de me regarder, j'pense pas être le plus appétissant de tous les candidats. J'suis pas un vieux déchet dégueulasse mais j'suis clairement pas la bombe du coin. Bref, j'préfère prendre les devants et signaler à la jeune femme qu'un Peyton de trente ans, ça se mange pas. Ça se regarde, ça se fait caresser -non, n'y voyez rien de sexuel- mais ça se mange absolument pas. « Tu es sûr ? C'est nul ! Je me réjouissais d'avance de mon repas, tu me casses tous mes petits rêves. » Haha, elle est amusante elle. J'pense que c'est le genre de personne capable de remonter le moral lorsque ça ne va pas. Elle de l'humour elle. « Sûr et certain. J'dois avoir un goût dégueulasse, j'suis déjà si vieux. » J'ai quand même déjà dépassé le quart de siècle de quatre ans, c'est pas rien. Même si je prends la peine de discuter avec Emmeline, faut pas que je me déconcentre de trop ! Moi je veux les réussir mes pâtes et peut-être même que je pourrais les lui faire goûter. Ce serait bien la première personne pour qui je fais à manger mais ça, c'est un secret. Enfin non, ça l'est plus puisque je viens très bien de lui faire comprendre les risques qu'elle prend en décidant d'avaler ça. C'est désormais à la rouquine de voir si elle est prête à ça. J'lui en voudrais pas si jamais ça n'était pas le cas. « Intoxication alimentaire pour intoxication alimentaire, je te préviens ! Si je tombe malade par ta faute, je me vengerais en utilisant la même méthode. » Elle est sérieuse ou pas ? J'ai soudainement peur. Peut-être que sous sa gueule d'ange se cache une diablesse. Peut-être que je suis dans la merde. Si je venais à crever pour quelque chose de si con, ma mère ne s'en remettrait pas. Faut que je lui dise. « Maman serait ... » Pas le temps de terminer. Emmeline a reparlé et peut-être qu'elle n'a même pas entendu ce que je m'apprêtais à lui dire. « Je plaisante, rassure-toi. Je suis même pressée de goûter. » Ouf. heureusement que je me suis arrêté dans ma phrase et que je ne suis pas allé plus loin. Elle m'aurait prit pour un con. Déjà que l'Connor a raconté ma vie privée à tout le monde. « J'espère que ça sera mangeable en tout cas. » Quand on a faim, on avale n'importe quoi. C'est ce que ma soeur me répétait tout le temps lorsqu'elle devait me faire à manger et qu'elle foirait ses plats. « Qu'est-ce que tu nous prépares ? » Je me décalais un peu sur le côté afin qu'elle puisse y jeter un coup d'oeil. « Des pâtes carbos ... C'est simple, mais parfois c'est bon aussi quand c'est simple non ? » ouais, je cherchais complètement à trouver une excuse à un plat si basique que celui-là.

Attendez, attendez, attendez ! Il disait ne pas être comestible parce que... il était vieux ? Vieux ? Comme... la soixantaine ? Dans ce cas, c'est qu'il le cachait sacrément bien. Parce qu'elle était prête à parier qu'il se trouvait dans ses âges, à quelque chose de près. Vous savez, si elle était égocentrique, qu'elle ramenait tout à elle et qu'elle ne parlait constamment que d'elle (bon, ça arrivait mais ce n'était pas tout le temps non plus), elle aurait presque pu se vexer en l'entendant dire qu'il était vieux. Parce que ça voulait dire qu'elle l'était aussi. Et qu'elle refusait de se voir comme une mamie croulante, avec son déambulateur. L'horreur. Un peu plus et elle aurait de vilaines palpitations. Soit. « Si vieux ? T'es vachement bien conservé alors ! » Elle disait ça, elle disait rien. Mine de rien, ça ne la dérangerait pas de croiser des petits vieux dans ce genre tous les jours hein. Ah, il faut croire que plus les hommes sont vieux, mieux ils se portent, physiquement parlant. Du moins, quand on a des petits yeux curieux, vous voyez. Bref ? Oui. Elle blagua alors sur les talents culinaires de Peyton. Autant dire que les talents d'Emmeline dans le domaine devaient être aussi bons que ceux de son camarade. Alors autant plaisanter sur le sujet et affirmer que si elle était malade, il le serait aussi. Et les intoxications alimentaires, ça ne devait pas être amusant. Elle n'en avait jamais subi auparavant donc son expérience sur le sujet était inexistante. Si ça pouvait continuer ainsi, ça serait vraiment pas mal. De toute façon, elle n'allait pas craindre la chose et refuser un repas pour si peu. Elle était bien plus aventurière que cela, tout de même ! « Il n'y a pas de raisons que ça ne le soit pas ! » Autant positiver hein. Oui, c'était une chose qu'elle savait très bien faire. Et puis, quand même, ça ne pouvait pas être si terrible que cela. Si les ingrédients étaient respectés, de même avec les temps de cuisson alors ça devrait être plutôt pas mal, non ? Elle aimait se dire que si. Des pâtes à la carbonara, de toute façon, c'était inratable. Oui, voilà, disons ça. Elle n'en avait jamais fait donc elle n'en savait rien mais peu importe. « Pourquoi se compliquer la vie, je suis bien d'accord. Et j'adore les pâtes carbos, t'as bien fait. » Comme s'il avait décidé de son plat en fonction d'elle, vous savez. Bien sûr, bien sûr. « Et t'as bientôt fini ? Parce que je meurs de faim. Si tu ne te dépêches pas, je vais vraiment être obligée d'occuper mes dents ailleurs. » Grand sourire. Elle parlait de l'épaule de monsieur hein, avant que votre imagination ne s'emballe. Oui. Parce qu'elle avait faim, terriblement faim et elle ne pouvait s'empêcher de le faire remarquer. Un peu plus et elle sauterait sur place comme une gamine. Heureusement qu'elle n'était pas immature, n'est-ce pas. Oui, heureusement.