Nombreuses étaient les choses avec lesquelles l'on pouvait jouer. Et c'était d'autant plus vrai en ce lieu qu'ailleurs, en soi. Ici, l'on pouvait s'amuser en jouant avec le baby-foot, en dansant ou en s’excitant sur un jeu vidéo où il faisait bon dégommer des zombies. Oui, nul doute que l'on pouvait jouer avec bon nombres de choses, mais il était une chose avec laquelle Mado ne pouvait pas concevoir que l'on veuille s'amuser. Les hommes. Elle jugeait ça immoral, bien sûr, mais dangereux également. Parce qu'à trop jouer avec le feu, n'importe qui savait qu'on finissait par s'y brûler. Mado le savait, elle, bien qu'elle ait toujours veillé à se protéger des flammes. A croire que le sort ne s'acharnait pas uniquement sur celles qui cherchaient les problèmes. C'en était d'ailleurs injuste, quand on y pense. Mais elle n'aimait pas se plaindre, alors elle préférait se contenter de penser que celles qui s'amusaient à bouffer à tous les râteliers finiraient par en payer le prix fort. Évidemment qu'elle pensait là à Everleigh. A qui d'autre, sinon ? Car oui, définitivement, Mado l'avait mauvaise. Peut être que sa camarade estimait que se glisser sous les draps d'un homme pour le bécoter et jouer la nunuche en pleine nuit donnerait une impeccable image d'elle, et peut être était-ce effectivement le cas auprès de tout un tas de gens, mais clairement, elle n'avait pas manqué de baisser dans l'estime de Mado. Alors oui, sans doute n'en avait-elle pas grand chose foutre, mais c'était le cas. Car la française trouvait trop facile d'en passer par là. Et elle comprenait un certain nombre de choses, également. Elle s'était repassée toute la chronologie de cette improbable histoire en tête, et n'avait pas manqué de juger certains faits, hm, troublants. Et justement, tandis qu'elle tâchait de gérer sa frustration en lançant des fléchettes qui, honnêtement, peinaient à atteindre correctement la cible - il ne fallait pas trop lui en demander non plus, hein - voilà que la porte s'ouvrit pour laisser entrer Everleigh, qui était assurément la dernière personne qu'elle avait envie de voir, que ce soit aujourd'hui ou pour un certain temps. « J'aurais du t'envoyer chier, l'autre jour, à la bibliothèque » soupira-t-elle, refusant de lui adresser le moindre regard, un peu comme si elle estimait s'adresser à la cible davantage qu'à Everleigh. « J'aurais du te laisser t'étrangler avec tes "J'ai toujours pensé qu’étouffer les gens c'était le meilleur moyen de les écoeurer". » Un rictus lui échappa. Oh oui, cette phrase-ci l'avait marqué. Parce que putain, elle l'avait cru bien intentionnée, vous savez. Sauf qu’aujourd’hui, la situation était absolument risible. Et Everleigh avait joué comme une chef, autant le dire. « Et puis, c'était quoi ce "Si Mado le veut à ce point, elle l'aura", avec Myles ? » Ah oui tiens, elle y repensait tout à coup. Alors déjà, ça n'était pas franchement agréable de constater qu'ils avaient tous discuté d'elle la semaine passée, mais qu'ils s'en étaient fort bien cachés. Elle avait décidément tout appris lors du prime. « Tu crois que c'est ça, que c'est aussi simple ? Tu crois que je l'ai choisi sur catalogue et que je me suis mise en tête de l'avoir ? Tu crois que Fitz, c'est un jeu pour moi ? Ne confonds pas tout, et n'inverse pas les rôles, surtout. J'avais beaucoup d'estime pour toi, beaucoup de respect aussi, mais là clairement je pourrais me sentir insultée. » Oh parce qu'elle la voyait bien battre des cils tantôt pour Myles, tantôt pour Fitz. Elle avait la trentaine passée, non ? Ça l'amusait donc à ce point de chauffer tous les beaux garçons qu'elle croisait ? Ou bien, c'était l'époque qui voulait ça ? Peut être Mado était-elle décalée, alors ? Oh, elle n'en savait absolument rien. « Oui, je suis hargneuse. Parce que j'ai mal. Parce que vous m'avez fait mal, tous les deux. » Et là, elle ne savait même plus si elle devait en rire ou bien en pleurer, hm.

Tel un électron libre je m'envole vers la salle de jeu, j'ai envie de faire une partie de x-box, massacrer des zombie dans Resident Evil ou carrément des mecs dans Call of Duty. Ouais j'ai toujours aimé les jeux de mecs. Les jeux où la violence prime parce que ça défoule. Pas que je sois violente mais ça reste un jeu bien plus drôle que Mario Bros. Ouais donc c'est pour ça que je me rends dans la salle de jeu sauf que Mado est là. Elle est entrain de jouer aux fléchettes ou devrais-je dire, elle tente de lancer les flèches dans la cible. C'est un échec cuisant. Bref, je pourrais faire demi-tour mais je n'en ai pas envie, selon moi je n'ai rien à me reprocher. Rien du tout et sa réaction, la tête qu'elle a fait, je trouve que c'est totalement exagéré parce que ce n'est qu'un baiser, un simple baiser sans la moindre signification. Un baiser spontané et désiré. Mais l'histoire s'arrêtait ainsi. C'était tout, rien n'avait changé, mais du sien tout avait changé vraisemblablement. Je suppose qu'on est arrivé à ce que l'on craignait la semaine dernière, ce qui est totalement idiot à mon sens vu la situation. Elle s'adresse à moi directement, bien qu'elle ne me regarde pas. « J'aurais du t'envoyer chier, l'autre jour, à la bibliothèque » Parce que ? Non franchement moi je sèche totalement. « J'aurais du te laisser t'étrangler avec tes "J'ai toujours pensé qu’étouffer les gens c'était le meilleur moyen de les écoeurer". » Oh bah oui regardez-vous, je l'ai totalement étouffé avec ma poitrine, c'est certain, non mais n'importe quoi. « C'est ce que tu penses ? Que je l'ai étouffé ? » Oui, étant donné qu'on a presque mis une semaine sans se voir, c'était clairement de l'étouffement à ce rythme. « Et puis, c'était quoi ce "Si Mado le veut à ce point, elle l'aura", avec Myles ? » Je soupire. Y'a rien de plus à dire. Non franchement, rien du tout, mais si elle insiste. D'autant que j'ai été quasiment silencieuse depuis mon arrivée. « Ca veut dire que ce que ça veut dire Mado. Que je ne vais pas me battre pour lui et que je n'avais aucune envie d'en arriver là, à cette phase où tu vas me reprocher d'être trop proche de lui... A cette phase où on va se déchirer pour des conneries. Alors ouais, si tu le veux à ce point là, je baisse les armes et il est tout à toi.. » Non franchement ce genre de guerre froide ce n'est pas mon genre, je ne supporte pas ce genre de situation, je ne fais pas de sous-entendu, je ne fais pas comme si tout va bien alors que tout va mal. Parce que je l'ai dit, moi je ne suis pas sûr de savoir ce que je veux, je n'ai pas envie de me décider d'ailleurs mais j'ai pourtant l'impression que c'est nécessaire. « Tu crois que c'est ça, que c'est aussi simple ? Tu crois que je l'ai choisi sur catalogue et que je me suis mise en tête de l'avoir ? Tu crois que Fitz, c'est un jeu pour moi ? Ne confonds pas tout, et n'inverse pas les rôles, surtout. J'avais beaucoup d'estime pour toi, beaucoup de respect aussi, mais là clairement je pourrais me sentir insultée. » Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle divague là. Complètement. « Mais est-ce que j'ai dit ça ? Non alors arrête de t'imaginer des choses. Et puis c'est quoi cette remarque ? Est-ce que tu crois que je joue moi ? Je ne joue pas, je suis comme ça et si ma personnalité ne te plait pas d'accord, très bien, j'accepte mais ne parle pas d'insultes alors qu'il n'y en a jamais eu. » Non franchement si je ne la respectais pas j'aurais agis bien différemment croyez moi. Je n'ai pas envie de tout ça. Oh et ça commence à m'agacer profondément de devoir m'expliquer sur un simple baiser puisque c'est ça, c'est qu'un baiser merde. « Oui, je suis hargneuse. Parce que j'ai mal. Parce que vous m'avez fait mal, tous les deux. » Elle est carrément excessive, je le savais mais je ne pensais pas que c'était à ce point. « Mais Mado, écoute toi cinq minutes, c'était qu'un baiser, un baiser qui n'engage à rien, ce n'est pas la première que ça arrive alors franchement je ne vois pas pourquoi t'en fais tout un plat ! » Non mais sérieusement, si elle s'excite pour ça, je n'ose pas imaginer ce qu'il pourrait advenir si les choses venaient à se préciser. C'était absurde. Pauvre Fitz, dans un sens je comprends ce qui l'empêchait d'être lui parce que clairement s'il savait que ça risquait d'engendrer ce genre de réaction...

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Bien sûr que Mado était nulle en lancé de fléchettes. Qui pouvait sérieusement croire que c'était son truc, hein ? De toute manière, ça n'avait aucune importance à cet instant précis. Aucune. Tout simplement parce qu'elle essayait simplement de passer ses nerfs sur quelque chose, et qu'à choisir entre cette cible et Everleigh, qui venait tout juste d'entrer, disons qu'elle préférait rester ridicule afin d'éviter une exclusion. Non mais, évidemment, elle ne ferait jamais de mal à Everleigh. Il ne fallait pas exagérer non plus, et Mado avait beau être franchement extrême dans sa façon de réagir à n'importe quelle situation, il est certain qu'elle ne se jetterait pas pour autant sur sa camarade, hein. Bah non, clairement pas. Après, il est vrai qu'elle l'avait mauvaise. Parce qu'elle avait l'impression qu'Everleigh avait été assez hypocrite à son égard depuis le début de toute cette incroyable histoire. Un peu comme si elle se retrouvait dans une position délicate par sa faute. Oui, en fait, Mado avait envie de croire que tout était justement de la faute d'Everleigh. Tout, tout, tout. Du début à la fin. Elle était fautive, évidemment. De tout, donc. C'était tellement plus facile de rejeter toute la faute sur elle, après tout. C'est vrai quoi, elle ne pouvait pas s'avouer certaines choses et se remettre en question, quand même. Bah non, vu que sa fierté n'était décidément pas d'accord. Ainsi, en accord avec cette dernière, Mado était décidée à pourrir sa camarade. Que Dieu lui pardonne, elle était simplement blessée. « Non. Ce que je pense, c'est que tu as voulu me culpabiliser pour te faire une place de choix à ses cotés. T'as foutu la merde, à mes yeux. » Oui bon, c'était une façon un peu extrême de voir les choses, mais effectivement, aux yeux de la grande brune, tout aurait été beaucoup plus simple si, au départ, Everleigh avait évité de faire remarquer le rapprochement de Fitz et Mado. Déjà, personne ne lui avait rien demandé. Et en plus, elle l'avait fait dans son intérêt, et seulement dans son intérêt. Ça, hélas, Mado ne l'avait compris que sur le tard. « Déjà, je vous ai trouvé gonflés d'en avoir tous parlé entre vous, la semaine passée. » Donc oui, elle trouvait abusé qu'on ait parlé de cette situation sans chercher à savoir ce qu'était son point de vue sur la chose. Remarquez, ça devait tous les arranger, non ? « Je te rassure, je ne compte pas non plus me battre pour qui que ce soit. C'est en deçà de mes principes. Mais je n'aime pas l'idée de passer pour celle qui veut Fitz à tout prix, comme si j'allais faire un caca nerveux si les choses tournaient en mon désavantage. Bon, hm, pour le coup ... ouais, ça me fait chier tout ça. Mais tout ce que je demande, c'est d'apprendre à le connaitre sans avoir à partir du principe qu'une autre passera directement par son pieu quand moi j'essaierai de faire les choses dans les règles. » Parce que oui, à ses yeux, ça n'était pas la même chose de vouloir y aller subtilement que de foncer sous les draps de Fitz, hein. Excusez-la d'être un peu de la vieille école, mais il y avait des façons de faire tout de même, à ses yeux. « Ta personnalité ne me déplait pas. C'est ta façon de faire qui me chiffonne un peu. Par contre, oui, je commence à penser que tu t'amuses bien, avec tout ça. Que tu joues, donc, oui. Inconsciemment peut être, je ne sais pas. Mais j'estime qu'à ton âge, on devrait avoir dépassé tout ça, surtout quand on a quelques tendances moralisatrices ... » Alors là, elle parlait de Cameron, qu'elle avait vu se faire plus d'une fois reprocher des choses de la part de la jeune femme. Mais Everleigh, elle, semblait vouloir bouffer à tous les râteliers. Était-ce pire ? Non, sans doute pas. Mais était-ce mieux ? Pas nécessairement non plus. Lorsqu'Everleigh reprit la parole et qu'elle l'accusa d'en faire tout un plat, Mado soupira. Oh, elle était d'accord avec elle, évidemment. Parce qu'elle était bien la mieux placée pour savoir qu'elle s'emballait pour un rien. Mais elle était comme ça, depuis toujours. Ou presque. « Peut être, mais ... » Mais, là, elle allait passer pour une conne, attention. « Mais moi, il n'a jamais ressenti l'envie de m'embrasser aussi naturellement. De m'embrasser tout court, d'ailleurs. » Vu que le truc de Cupidon, bah, ça comptait pas. Nouveau soupire. Nouvelle fléchette lancée, et cette fois-ci, de façon presque convaincante. Donc oui, là, c'était de la pure jalousie. Elle-même l'avait compris. Et la prochaine fléchette, elle se la mettrait peut être dans l'oeil, en fait.

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Il était tellement plus facile de rejeter la faute sur moi. C'est tellement facile de se dire que je suis une méchante qui a tout foutu en l'air entre elle et Fitz alors que je n'ai rien je ne suis pas partie voir l'écossais pour lui dire que j'étais mieux que Mado. C'est du n'importe quoi. Elle se rend compte qu'elle se ridiculise au moins ? Le pire dans tout ça c'est que je ne le pense pas ou alors ce serait grave. « Bien sûre Mado je suis une grosse hypocrite c'est vraiment mon genre. Je ne vis que pour te faire et ensuite emmener Fitz dans mon château pour ne plus jamais le laisser sortir. » Une vraie reine de glace comme dans les dessins animés Disney. Et elle c'est la pauvre petite princesse malheureuse a qui on a volé le bon prince. J'ai l'impression d'être une trainée a ses yeux d'avoir manigancer un plan juste pour l'anéantir. Quant au fait d'en parler entre nous. « Myles m'a posé une question j'ai répondu. Désolée hein moi aussi je préférais qu'il ne soit pas toujours question de toi quand on me parle de Fitz. » Sauf que ça c'est impossible parle qu'on nous mêle toujours les uns aux autres comme si tout ce qu'on faisait était toujours liés à l'autre. Ça l'est mais j'osais croire que non qu'on pouvait passer du temps normalement qu'on vienne nous reprocher nos moindres faits et gestes mais c'était sans doute trop naïf. Elle prétend qu'elle ne veut pas Fitz sauf quelle dit ensuite qu'elle parle du fait que ça la fait chier. C'est super logique. « Tu tu rends compte que tu te contredit au moins ? Parce que franchement t'es justement entrain de le faire ce caca nerveux comme tu dis. Ouais en gros tout ce que tu demandes c'est que moi je m'écarte pour que toi tu puisses y aller à ton rythme et qu'il se rende compte à quel point t'es celle qu'il voulait. C'est fou toutes ces belles paroles sur le fait que tu ne me considérais pas comme une rivale parce que c'est justement ce que tu me reprochés. » Elle est quand même plutôt gonflée dans son genre. C'est un comble tout ça elle me reproche tout ça juste pour passer pour la gentille auprès de tout le monde. Au pire de toute façon mi je m'en fiche pas mal de passer pour la trainée de service pour la nana cruelle parce que je sais très bien que c'est faux. Elle me parle de mon âge que je devrais avoir honte non mai n'importe quoi. Elle m'agace.,« Mais arrête un peu c'est une chose de se taper une gamine de dix huit ans et s'en est une autre de vouloir juste dormir avec quelqu'un sans la moindre ambiguïté. Tu es jalouse Mado et t'es frustrée en plus. Arrête de te voiler la face t'as envie de plus t'as envie qu'il t'embrasse qu'il se sert contre lui et le problème c'est qu'il le fait avec moi. Et si ça arrive c'est parce qu'il sait qu'il ne va pas se prendre une pain s'il essaye de me toucher. » j'ai hausse la voix parce que tout ceci m'énerve qu'elle prenne un peu ses responsabilité qu'elle ouvre les yeux au lieu de me rendre coupable de tous ses maux bordel. Surtout qu'au final elle me dit qu'il n'a jamais essayé de l'embrasser c'est pas trop étonnant y'a qu'à voir son comportement franchement. « quest ce que tu en sais ? Tu lui as demandé? Fitz est trop bien élevé pour agir comme ça avec toi parle que tu renvois que des signaux négatifs. Et bien quand bien même il ne voudrait que m'embrasse moi, est ce que c'est de ma faute ? Est-ce que c'est une raison d'insinuer que je suis une trainée ? » Non moi je ne crois pas parce que merde si la situation avait été inversé je ne lui aurais rien dit moi c'est qu'un putain de baiser quand même. On a pas couché ensemble.

En entrant dans cette salle de jeux, Mado ne s'était absolument pas dit qu'elle y pourrirait Everleigh, tout simplement parce qu'elle ne s'était même pas attendue à la croiser, ni ici ni ailleurs. Peut être que naïvement, elle avait été jusqu'à croire qu'elles pourraient sans mal s'éviter, et que ce serait beaucoup plus facile, dans la mesure où elle pourrait ne pas aller jusqu'à lui faire les reproches qu'elle avait sur le cœur. Mais finalement, être réunies ici, c'était assurément une occasion à ne pas sous-estimer de se parler, de se dire les choses. Mado, en tout cas, avait besoin de parler. Parce qu'elle vivait décidément mal toute cette situation et qu'elle prenait conscience, progressivement, du fait que tout n'avait finalement été qu'une grosse blague, en quelques sortes. Donc oui, elle ressentait le besoin de lui tomber dessus, sans autre forme de procès, simplement parce qu'elle était blessée et qu'Everleigh était là, en même temps d'être l'une des instigatrices de son mal être. Le problème, c'est qu'emportée par sa contrariété, Mado allait un peu loin. Ses mots venaient à en dépasser quelques fois sa pensée, et elle se mettait à tout mettre sur le dos d'Everleigh, ce qui n'était peut être tout à fait honnête. Sans doute aurait-elle assez mauvaise conscience après tout ça. Mais sans doute cela lui aurait-il fait du bien, aussi. « Si c'est ta façon de me dire que je me victimise, laisse-moi te dire que tu me connais très mal. Tout ce que je dis, c'est qu'au départ, tu as mis le nez dans quelque chose qui ne te concernait absolument pas, et que si c'était à refaire, à ce jour je n'hésiterais plus à t'envoyer chier comme j'aurais du le faire à l'époque. » Puisque l'honnêteté était ici de mise, elle n'allait pas se gêner. Mado n'avait effectivement pas l'impression de se poser en victime, chose qu'elle ne faisait jamais. Elle se contentait de souligner le fait que la façon dont tout ça avait commencé était risible, finalement, et qu'Everleigh s'était mêlée des affaires des autres, quoi qu'elle ait pu prétendre à l'époque. Un soupire s'échappa ensuite des lèvres de Mado. Ce Myles, qui l'avait sonné au juste ? Et elle ne répondit pas, parce que concernant ce jeune homme, elle se savait franchement capable d'en dire trop. Parce qu'elle ne l'avait jamais senti et qu'il ne lui apparaissait que comme un fouteur de merde supplémentaire, hm. « Admettons. Tu crois que je vais m'efforcer de prendre la chose avec philosophie alors que oui, ça me fait franchement chier ? Ça me saoule et je le dis, parce que je n'aurais aucune raison de prétendre que ça n'est pas le cas. Je ne t'ai pas demandé de t'écarter, Everleigh. Tu fais ce que tu veux. Et ça devient franchement ridicule, là. J'ai simplement l'impression qu'il faut se la jouer tentatrice si on veut espérer attirer son attention. Je ne veux pas changer, ni pour lui, ni pour personne d'autre. Parce que tout le monde n'a pas autant de facilités que toi à faire la belle ... Quoi que tu en penses, ma seule véritable rivale dans cette histoire, c'est moi. » Et peut être cela serait-il plus compréhensible avec le temps. Il est simplement vrai qu'elle s'empêchait elle même d'agir comme elle le voulait, en particulier avec les hommes, et pour plusieurs raisons. Bien sûr qu'elle avait l'impression de faire du sur-place à cause du petit jeu perpétuel d'Everleigh, mais elle restait suffisamment lucide pour savoir que la seule personne véritablement susceptible de l'empêcher de faire ce qu'elle voudrait faire était elle-même. « Je ne parlais pas de ça, mais laisse tomber. Bien sûr que je suis jalouse, et frustrée. Tu crois que je n'en ai pas conscience ? C'est ce que je me répète depuis dimanche, parce que je n'aurais aucun intérêt à me voiler la face, comme tu dis. » Quant au fait de vouloir être embrassée et touchée par Fitz, et bien oui, c'était vrai, en quelques sortes. Disons qu'elle déplorait effectivement le fait qu'il ne les ait jamais tellement mises sur un pied d'égalité à ce niveau-là, comme si ... comme s'il avait effectivement peur de s'en manger une, oui. Invraisemblable. « Je veux bien croire que je puisse paraitre froide, mais avec lui, je ne l'ai jamais tellement été ... Okay, peut être que mon attitude a laissé à désirer à l'époque où on s'est pris la tête lui et moi, mais ... mais je ne comprends pas comment il pourrait penser que ... qu'il pourrait s'en prendre une s'il tentait quoi que ce soit. C'est vraiment l'image que je renvoie ? » Oh elle n'attendait pas véritablement de réponse de la part d'Everleigh, puisque c'était surtout une question qu'elle se posait à elle-même, en quelques sortes. « Non, je ne lui ai pas demandé. Ce n'est pas tellement le genre de choses avec lesquelles je suis à l'aise ... Oh et parce que je ne cherche pas à me jeter sur lui, je renvoie nécessairement des signaux négatifs ? J'ai des principes, et j'ai envie d'être respectée, c'est tout, et si ça fait de moi quelqu'un de repoussant, c'est franchement dommage ... » Bob, au moins, avait semblé avoir apprécié leurs échanges, en début d'aventure. Alors pourquoi est-ce que Fitz semblait partir du principe qu'elle n'était tout simplement pas intéressée ? Est-ce qu'il la connaissait, à ce niveau là ? Non, vu qu'il ne se mouillait pas avec elle et préférait faire des démonstrations d'affection à une jeune femme qui, ça n'était pas nouveau, avait tendance à apprécier ça. Pour autant, remettons les choses dans leur contexte ... « Ce n'est probablement la faute de personne, à ce niveau. Et je n'ai jamais utilisé le mot "trainée". » Elle ne l'avait jamais pensé non plus, à vrai dire. Elle avait beau la trouver opportuniste et un brin aguicheuse, elle connaissait la nuance des mots et n'employait pas ceux qui n'étaient pas adaptés. Au final, cette conversation lui ferait peut être plus de tort qu'autre chose. Mais elle aurait au moins la satisfaction d'avoir dit ce qu'elle pensait.

Franchement, si j'avais su que cette petite remarque faite à Fitz juste pour le taquiner aurait pris une si grande ampleur je me serais abstenue je crois. Je pense aussi que j'aurais dû faire demi tour lorsque je suis entrée dans cette pièce parce que je ne suis pas ici pour être le punching ball d'une Mado frustrée et trop orgueilleuse pour prendre ses responsabilités. Je peux concevoir qu'elle se sente mal, ce que j'ai de mal à concevoir c'est qu'elle soit à ce point blessé par un stupide baiser honnêtement. « Non ce n'est pas ce que je dis, tout ce que je dis c'est que je ne suis pas la manipulatrice que tu prétends que je suis. Et franchement si j'avais su que tu me considérais ainsi, je n'aurais pas essayer de trouver des solutions la semaine dernière, parce que tes belles paroles, sur le fait que ça te ferait chier de nos perdre tous les deux, tout ça. C'était quoi ? » Si elle m'avait envoyé chier, tout ceci serait plus facile, je m'étais laissée persuadé que je pouvais considérer la française comme une amie, et les amies ça ne vous plante pas des couteaux dans le dos, ça ne vous accuse pas de tous leur maux, une amie n'est pas supposé agir comme ça. Mais bon, je sais que je n'aurais pas dû être aussi naïve, que j'aurais dû savoir que les filles étaient de vraies garces que plus j'étais loin d'elles, mieux ce serait. Parce qu'une chose est sûre, je n'ai jamais vraiment d'amies filles, c'est bien pour quelque chose. « Je fais ce que je veux sauf que quand je fais ce que je veux, tu me tombes dessus. Oh bah oui, normal. Je n'agis pas comme ça pour attirer son attention ou chercher à attirer ses faveurs, si j'agis comme ça c'est parce que c'est dans ma nature. Si tu te sens obligé d'attirer son attention, t'as qu'à lui dire qu'il te plait autant au lieu de te la jouer hypocrites et me reprocher ta frustration... » Ouais ça ira plus vite parce que franchement ça me saoule moi, toute cette histoire me saoule, elle, son comportement de jalouse excessive aussi, son incapacité à être juste aussi. Elle est sa seule rivale alors, d'accord bah qu'elle me fiche la paix dans ce cas, qu'elle arrête de me faire chier pour rien ouais. J'ai tendance à être un peu plus vulgaire lorsque je suis sur les nerfs d'ailleurs. Justement après elle me dit qu'elle est frustrée et jalouse, bah super, alléluia, je n'avais pas remarqué. « Alors lâche moi la grappe, arrête de me reprocher tout et n'importe quoi juste parce que t'es jalouse, ça ne rime à rien. » Alors du coup moi c'est pas forcément mon problème si Fitz ne nous met pas sur un même pieds d'égalité concernant les baisers ou les échanges tout simplement. Et puis je ne vais pas me retenir d'être moi même parce que ça la frustre elle. Elle me parle de l'image qu'elle renvoie et tout ça, c'est bien au dessus de moi, vraiment parce que je ne suis pas son psy, parce que je ne suis pas son amie non plus visiblement alors je ne dis rien de toute façon ça ne méritait pas forcément de réponses. Quant à la suite. « Tu t'es pas dit que s'il agissait avec moi de cette façon c'est parce qu'il en avait envie et que ça n'avait rien à voir avec notre comportement respectif ? » J'sais pas moi, ça me semble logique, son attitude est différente, c'est peut être normal j'imagine, on agit pas forcément de la même manière avec tout le monde. J'dis pas que Fitz est plus attiré par moi que par elle mais c'est pas à moi qu'il faut demander ça. « Non tu ne l'as jamais dit, mais tu l'as sous entendu à chacune de tes remarques sur mon comportement, et ça fait le même effet... » Honnêtement moi je m'en fiche, parce que je sais ce que je vaux, mais c'est pas une raison. Clairement pas non.

Peut être cette entrevue était-elle un brin injuste, oui. Mais comprenez bien que dans l'état de déception et de frustration dans lequel se trouvait présentement Mado, sa camarade devait franchement s'estimer heureuse d'avoir encore tous ses cheveux. Bon d'accord, Mado pouvait vraiment être excessive par moment. Peut être même, souvent, que c'était au point d'en être un doux euphémisme. Parce qu'un rien pouvait la mettre dans un état épouvantable, mais par contre, il en fallait beaucoup pour la calmer. En cela, cette discussion n'était peut être pas l'idée du siècle. Lui tomber dessus comme ça, simplement pour calmer ses nerfs et se faire du bien, ça n'était pas correct, elle le savait. Parce qu'on pouvait bien dire ce qu'on voulait de Mado, elle avait heureusement conscience de tout ce qu'elle était, de tout ce qui faisait d'elle un être complexe et ambivalent, quelqu'un de parfois difficile à suivre, quelqu'un de parfois tout bonnement détestable. Au fond, elle savait pertinemment qu'il n'était absolument pas normal de réagir d'une telle manière pour ce que tout le monde semblait prendre pour un simple baiser. Le problème, c'est que l'esprit de Mado, décidément toujours disposé à foutre la merde et à la faire raisonner d'une façon très problématique, avait tendance à dramatiser sérieusement les choses, si bien que ça prenait inévitablement d'improbables proportions. Finalement, s'ils avaient couché ensemble, elle n'aurait peut être pas été plus mal que ça, ou disons que personne n'y aurait peut être vu la moindre différence ... A cet instant précis, il était question de pourrir Everleigh pour se remonter le moral. Dégueulasse, hein ? Oui, assurément. Et sans doute cela lui vaudrait-il d'être huée par plus d'un obèse bouffant des chips en matant le programme. Mais franchement, rien à foutre de ça. Elle s’inquiétait franchement davantage de l'image qu'elle donnerait à Everleigh elle-même que de ce qu'une tiers personne pourrait en penser. Ici, ça ne concernait qu'elles, c'était leur problème. Bon par contre, pas sûr que Mado apprécie que sa camarade se place maintenant en victime, vous voyez. Parce que bon, elle n'estimait pas non plus s'acharner trop injustement. Le baiser, elle ne l'avait pas inventé non plus, hein. Et le reste, et bien, elle avait eu le temps d'y réfléchir, c'est tout. Donc oui, elle avait à ce jour le sentiment que tout aurait été mille fois plus simple si elle s'était permise de signifier à Everleigh qu'elle ferait bien de se mêler de ses affaires, au tout début de cette histoire. De là à ce que ça remette en question ce que Mado avait dit la semaine, passée, hm, quand même pas ... « C'était un brin utopique, je suppose. Mais c'était sincère. Si je suis amère aujourd'hui, s'il est vrai que je regrette de n'avoir pas été plus intransigeante au départ, ça ne change rien à ce que j'ai dit la semaine dernière. Si je l'ai dit, c'est parce que je le pensais. » Bon, évidemment, ce fut probablement ô combien irréaliste d'espérer ne perdre personne dans cette histoire, vu qu'au final, elle allait probablement se tourner vers d'autres candidats et arrêter de faire chier tout le monde avec sa jalousie à la con. Parce que non, ça ne l'amusait pas de réagir comme ça, hein. Elle en souffrait aussi, quoi qu'en en pense. Et elle n'était pas tranquille avec l'image qu'elle avait d'elle. Quelques fois, elle se trouvait juste bonne à enfermer, en fait. Pas top. « Je n'aime pas ta façon de procéder, je te l'ai déjà dit » résuma-t-elle ensuite, très brièvement, parce qu'elle ne s'étendrait pas là dessus, surtout que c'était réchauffé vu qu'elle en avait déjà parlé précédemment. « Je n'estime pas être hypocrite, très franchement. Je pense simplement que l'évidence n'a pas besoin d'être rendue plus explicite qu'elle ne l'est déjà. » Parce qu'à qui espérerait-elle faire croire que Fitz ne lui plaisait pas, par exemple ? Elle ne l'avait jamais dit clairement au jeune homme, mais tout laissant penser, ne serait-ce que dans sa façon de réagir à tout ça, que c'était le cas, non ? Donc oui, elle préférait partir du principe qu'il le savait, et qu'elle n'avait ainsi pas à passer derrière pour l'en assurer. Elle, ça lui paraissait clair. Et non, elle ne pensait pas que ça faisait d'elle quelqu'un d'hypocrite. Simplement quelqu'un de suffisamment pudique pour préférer laisser les autres comprendre d'eux-mêmes. « Oui enfin, si je suis jalouse, c'est bien pour une raison, non ? C'est un peu à cause de toi, me semble-t-il. Tu n'es peut être pas ma rivale, mais tu restes l'une des responsables de mon excessive réaction. Car rassure-toi, tu n'es pas la seule personne à qui j'en veux. Tu es simplement celle à qui j'en veux le plus, je suppose. » C'était même relativement certain. Logique, aussi ? Dans un sens. Parce que oui, elle avait été déçue par l'attitude d'Everleigh et avait commencé à psychoter, à l'imaginer faire en sorte de tourner toute la situation à son avantage, à la discréditer dans son dos, à la jouer fourbe et orchestratrice d'une tournure déplaisante ... Peut être se faisait-elle aussi de gros films, hein, ça n'était pas non plus à exclure. Même Mado elle-même finissait par en douter, raison pour laquelle elle commençait tout doucement à se calmer, sans doute. « Je me doute bien qu'il en avait envie, il n'avait pas franchement l'air résigné, hein. Donc oui, peut être es-tu la seule avec qui toutes ces choses ont jamais été d'actualité, et qu'il n'a jamais eu envie de partager quoi que ce soit de ce type avec moi. Mais dans ces cas-là, je suppose que ça facilite énormément les choses, non ? » Parce qu'elle voulait bien être prise pour une conne, mais à petites doses, tout de même, hein. Très petites, les doses. Tout ça pour dire que s'il n'était effectivement question, et depuis le début, que de rapprochements à l'égard d'Everleigh, elle ne voyait plus tellement ce qu'elle foutait dans ce bordel. Oui, voilà, elle ne comprenait même plus ce qu'était son rôle. Ah mais si ! Souvenez-vous que Mado était un peu la fouteuse de merde qui les empêchait de se trouver, non ? Ouais, c'était sans doute à peu près ça. Parce qu'elle ne devait intéresser personne, au fond. « Qu'est-ce que tu crois ? Que je m'emmerderais à passer par maintes formules pour simplement sous-entendre que tu es une trainée ? Si vraiment je le pensais, crois-moi, tu en aurais eu la certitude depuis déjà quelques minutes. Donc non, je ne pense pas que tu es une trainée. C'est un terme tout à fait excessif, et mon comportement l'est sans doute suffisamment ... » Everleigh, une trainée ? Non. Elle n'était pas d'une morale éclatante et n'avait sans doute pas des principes que Mado traiterait en éloge à maintes reprises, mais elle ne tomberait jamais dans ce genre d'insultes faciles. Elle connaissait le sens des mots, de ce mot-ci en tout cas, et était encore suffisamment objective, sans doute, pour savoir que ça ne s'appliquait pas à Everleigh. « Maintenant, écoute bien ce que je vais dire. Aussi jalouse sois-je, je n'en perdrai jamais mes principes. S'il s'avère que tout laisse finalement à penser que je n'ai pas ma place dans tout ça, que je gêne plus qu'autre chose et que Mado la harpie vous empêche d'aller où vous voudriez aller, sois certaine que je n'insisterai pas. C'est une chose de vouloir laisser une chance aux hommes et de vouloir croire que l'un d'eux peut valoir la peine de remettre en question quatre ans d'idées reçues, mais c'en est une autre de faire souffrir des gens en insistant plus que de raison. Je ne suis pas comme ça. Et je ne veux surtout pas l'être. Oui, Fitz me plait. Oui, je peux me faire une migraine simplement en vous imaginant ensemble. Mais non, je ne m'accrocherai pas à quelqu'un qui en préfère décidément une autre. Si sa préférence s'affirme, je disparaitrai de moi-même. Et je suis très forte pour disparaitre. Très forte. » Ainsi, estimant que la situation était plutôt claire désormais, Mado se permit de laisser échapper un lourd soupire. Fatiguée elle était de se battre contre elle-même, depuis tant d'années. Fatiguée elle était également d'avoir le sentiment de passer pour une profonde idiote simplement parce qu'elle s'employait à modifier sa façon de penser et de percevoir les autres. Comme quoi, le changement, ça ne pouvait pas toujours avoir que du bon.

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