Il était rare que Mado ait des remords. Oui, franchement rare. Mais quand c'était le cas, c'était comme pour tout, elle ne faisait pas les choses à moitié. Et en ce jour, elle était justement rongé par quelques remords, bien tenaces, qui lui donnaient mal au ventre depuis dimanche soir. Le fait est qu'elle s'en voulait d'avoir possiblement fait du mal à quelqu'un d'innocent, qui ne lui avait rien fait, vraiment rien du tout, en n'ayant pas pleinement pris la peine de réfléchir à la portée de certains de ses propos. Cette personne, c'était Emmeline. Emmeline qui s'était vue poser une question un peu dure, lors du prime. Une question qui remettait en cause son honnêteté à l'égard de Mickey, ses motivations, ses intentions. Une question posée par Mado. Oui, elle en était l'auteure. Et aujourd'hui, elle voulait que sa camarade le sache. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle assumait toujours ce qu'elle faisait, et qu'elle ne comptait pas profiter du fait que la question fut diffusée anonymement pour éviter d'avoir à mettre sa camarade au courant. Non seulement elle comptait le faire, mais en plus elle allait le faire. C'est donc dans cette optique qu'elle lui avait intimé, quelques instants plus tôt, de la suivre jusqu'à la pièce vérité. Cet endroit était alors tout symbolique, et faisait écho à ce qu'elle lui avouerait. Elle ne savait pas tellement si Emmeline tenait à connaitre l'identité de la personne qui lui avait posé une telle question, mais Mado, elle, voulait lui faire savoir qu'elle n'était pas fière d'elle, mais qu'elle préférait en tout cas qu'elle sache qui était derrière ça. Ainsi, à peine furent-elles entrées dans la fameuse pièce que Mado prit la parole. « Emmeline, je dois te parler » énonça-t-elle alors, sérieusement, pensant qu'elle aurait tort d'envelopper la chose d'une quelconque façon. Il y avait une chose à dire alors elle allait la dire, et pas demain. Non, tout de suite, et maintenant. « La question qui t'a été posée dimanche soir, celle qui a pu te blesser, ou en tout cas t'agacer, elle était de moi. Je n'ai pas l'habitude de me cacher derrière un vulgaire anonymat, alors je préfère que tu le saches, parce que j'ai bien vu à ta réaction que cette question t'avait déplu, et crois bien que c'est une chose que je comprends. » Après tout, ça n'était pas la question la plus agréable du monde, et pour avoir elle-même été perturbée par une question qu'on lui avait posée, oui, Mado comprenait. « C'est moi l'abrutie, la crétine. C'est moi, oui. Je préfère assumer, au risque de te décevoir définitivement, mais au moins j'aurais été honnête. Je ne veux pas que tu penses que mon but était de t'atteindre. Non, vraiment pas. Et je n'émets aucun jugement sur ta relation avec Mickey. Elle me rend simplement curieuse, perplexe. Mais ça n'excuse rien. Et je reconnais que ma question, comme j'ai choisi de la poser, ressemblait à une agression. » Autant le dire, il y avait des façons de dire les choses, et Mado avait choisi l'une des pires, en tournant sa question de la sorte. Peut être Emmeline s'était-elle sentie accusée, pointée du doigt, et dieu sait que Mado n'avait jamais voulu ça. « J'aurais du réfléchir à ce que ça te ferait d'être confrontée à ça, et opter pour une tournure moins ... accusatrice. Surtout que ça ne me regarde pas, et qu'au fond, je sais bien que tu n'utilises pas les gens, que tu n'es pas comme ça. Donc je n'aurais pas du m’embringuer sur un tel terrain, parce que c'était sordide, malvenu, stupide ... » Elle ne se cherchait pas d'excuse, soyons clairs. Elle savait que ses termes avaient été durs, que sa double-question tout autant, et qu'elle aurait tout simplement du s'abstenir de se lancer là dedans. Non, elle ne pensait pas d'Emmeline qu'elle était une manipulatrice. Vraiment pas. Et cette question, quoi qu'on en pense, avait surtout eu pour portée de se donner tort. En tout cas, elle regrettait. « Tu comptes me lancer une espadrille en pleine tronche ? Parce que je ne crierai pas, promis. Tu aurais bien raison, après tout, de te venger. » Même si l'on disait souvent qu'une faute avouée était une faute à moitié pardonnée. Ça n'était pas vrai ? Si, probablement. Bon okay, ça arrangerait bien Mado, surtout.

On dit souvent que l'on récolte ce que l'on sème. Et bien c'était très justement ce que pensait Mado. Oui, elle savait que tout se payait, tôt ou tard, surtout lorsqu'on prenait la peine de se montrer honnête et que l'on allait au devant de quelques ennuis en préférant tomber les masques et être confondu. Disons qu'elle préférait assumer ses actes plutôt que de compter sur un sordide anonymat pour éviter de se confronter à la réaction d'Emmeline. C'était une question de principes, voilà tout. Tout ça pour dire qu'elle préférait faire savoir à Emmeline qu'elle était l'auteure de la question qui lui fut posée au prime. Elle n'était pas franchement tranquille depuis dimanche, depuis que la réaction de la jolie rousse n'avait pas été tendre, et estimait préférable de lui avouer qu'elle était derrière tout ça. Au pire, que risquait-elle ? Qu'elle ne veuille plus jamais avoir à faire à elle ? Et bien c'était un risque qu'elle prenait. De toute façon, ça n'était pas comme si elles étaient de grandes amies. Non pas que Mado vivrait nécessairement bien le fait de perdre toute l'estime d'Emmeline, mais elle l'aurait peut être mérité, après tout. Toujours est-il qu'elle était là, dans cette pièce vérité, et qu'elle ne tarda pas à vider son sac. Tout avait besoin de sortir, un peu n'importe comment certes, et peut être aussi assez maladroitement, mais le principe était sans doute que Mado soit lancée et qu'elle ose lui dire toutes ces choses, qu'importe ce que cela lui coûterait au final. Finalement, elle se tût, après une tentative d'humour assurément navrante et n'ayant eu que pour optique initiale de détendre un peu l'atmosphère. Autant dire que c'était pour le moins raté. Une chose que Mado comprit merveilleusement bien lorsqu'elle se mangea un « espèce de petite conne » de la part de son ancienne camarade. Bon, et bien, ça c'est fait. « Je ne l'ai pas volé » souffla-t-elle alors, en haussant doucement les épaules. Disons qu'elle allait mettre ça sur le compte de la surprise et de l'agacement de la jeune femme, car bien que se faire insulter n'était jamais une chose bien plaisante, Mado estimait qu'elle avait mérité cette insulte. De toute façon, en venant ici et en prenant la parole, elle avait su à quoi elle s'exposait, hein. Soit. Emmeline reprit alors la parole et Mado l'écouta, très attentivement. Dans cette histoire, elle passait probablement pour une petite garce simplement désireuse d'atteindre Emmeline à travers une question accusatrice et malvenue. Pour autant, elle n'avait rien contre elle. Quant à sa relation avec Mickey, il est certain qu'elle ne regardait ni Mado, ni personne d'autre que les principaux intéressés. « Je n'ai jamais prétendu que vos histoires me regardaient. Vraiment, je n'ai pas cette prétention, ce serait tout bonnement absurde. » Bah oui, elle en avait bien conscience, justement. Mais peut être Emmeline pensait-elle que Mado avait l'habitude de fouiner dans les histoires des autres, et de poser des questions incroyablement personnelles. Dans une sens, c'est ce qu'elle avait fait plusieurs fois au sein du jeu, mais c'était différent. Le symbolisme était différent, en tout cas. « Je ne juge personne et vous faites ce que vous voulez, d'accord ? Je sais que c'est trop tard, que je ne peux pas retirer ma question, que ce qui est fait est fait, mais ... ne va pas t'imaginer que j'avais envie de m’immiscer sournoisement dans votre relation. Je t'assure que ça n'a jamais été mon intention. J'ai des défauts, mais pas franchement celui-là. Ou pas vis à vis de gens qui me sont peu proches, en tout cas. » Parce qu'elle n'était pas Ezra, par exemple. Donc non, elle n'avait pas voulu jouer les fouines, hein. Elle aurait aussi pu lui dire qu'elle avait assez à faire avec ses propres histoires, et même éventuellement que leurs histoires ne l'intéressaient pas tant que ça, mais dans la mesure où sa question laissait tout de même un peu penser le contraire, ce ne serait pas nécessairement très bien joué. « Quant au "manque d'affection évident", c'était nul, franchement nul. Tu fais ce que tu veux, avec qui tu veux, et je n'aurais pas du mettre ça sur le tapis, parce que je n'ai vraiment pas envie que tu penses que je te juge. » A noter qu'elle n'avait pas franchement envie de s'empêtrer dans des détails qui ne la concernaient décidément pas, hein. Parce que non, elle ne la prenait pas non plus pour une fille désespérée, hein. Et qu'elle se soit rapprochée de Pierre, de Paul ou encore de Jacques, ça n'était pas ses oignons. D'où le coté franchement malvenu de sa question. « On ne se connait pas, tu as raison. C'est pour ça que j'aurais tout aussi bien pu faire comme si de rien était et ne pas me dénoncer. Mais c'était la moindre des choses, à mes yeux. Après, c'est vrai, je ne connais rien de toi. Et encore une fois, ça n'est pas une chose que je prétends. Au contraire. Tu ne sais assurément pas grand chose de moi non plus, et c'est bien normal, alors sache simplement que je n'ai pas de mauvais fond. Je ne me suis pas dit "oh, chouette, on nous demande de poser des questions alors je vais subtilement en adresser une à Emmeline, mais attention, une vraie petite saloperie, histoire qu'elle se sente mal et qu'elle soit de mauvaise humeur pour tout le reste du prime." » Oui, elle essayait peut être de lui faire comprendre qu'au fond, et quoi qu'elle puisse penser de cette improbable question, ses intentions n'avaient jamais été mauvaises. Encore une fois, elle n'avait rien contre Emmeline. Quant à savoir pourquoi elle avait posé ladite question, disons qu'elle aurait peut être un peu de mal à s'expliquer. C'était le détail le plus basique, mais aussi le plus complexe. Parce que justement, ça n'était pas par méchanceté. Mado n'était pas foncièrement méchante, elle était juste incroyablement maladroite. Et sa maladresse, elle ne l'expliquait pas toujours. Et ça n'était souvent pas plus mal, hm. « Par curiosité » soupira-t-elle, pourtant toujours aussi consciente du fait qu'elle ne soit absolument pas concernée par tout ça. « J'ai beau reconnaitre que vos histoires ne me concernent pas, ça reste humain de faire preuve de curiosité, surtout chez moi. Donc le fond, je ne le regrette pas. C'est la forme que je déplore. Cette question, j'aurais du la poser autrement. Parce que c'était le but du prime, de se poser des questions personnelles. Moi même j'ai du répondre à l'une d'entre elles. Mais la tournure de ma question laissait à désirer et c'est ce que je regrette aujourd'hui. » La forme, pas le fond, oui, exactement. On ne pouvait pas prétendre qu'Emmeline serait passée au travers des questions si Mado n'avait pas posé la sienne, d'ailleurs. Peut être que quelqu'un d'autre s'en serait chargé à sa place, après tout. « Je ne cherchais pas à savoir si tu comptais utiliser Mickey, ou alors simplement à ce que tu me donnes tort. Je ... je ne sais pas. Oui, peut être. Au fond, votre relation m'intrigue, comme elle doit en intriguer plus d'un. J'ai simplement choisi la pire manière de l'exprimer. » Oui parce qu'évidemment, il aurait été trop simple de demander "que se passe-t-il exactement entre Mickey et toi ?". Pour une fille aussi compliquée que Mado, oui, assurément.

Bien. Mado aurait peut être du réfléchir davantage avant de se mettre en tête de révéler à Emmeline qu'elle était l'auteure de la question qui lui avait été posée dimanche soir. Parce que bon, c'était bien beau de vouloir se montrer honnête et de vouloir assumer ses actes, mais là tout de suite, elle avait peut être un petit peu tendance à regretter. Le fait est que sa camarade ne lui faisait aucun cadeau, et qu'elle semblait même sacrément remontée. Non pas que Mado se soit attendue à ce qu'elle lui tape dans la main en affirmant qu'il n'y avait pas eu d'offense - vu qu'il y en avait très vraisemblablement eu, justement - mais tout de même, elle avait espéré qu'elle ne lui tiendrait pas trop rigueur de sa question, qui n'était justement qu'une question, rien de plus. Mais non, Emmeline l'avait visiblement très, très mauvaise. D'où l'insulte que Mado s'était mangée, mais qu'elle avait tâché d'accepter, parce qu'elle n'était pas franchement en position de s'insurger de ça, hein. Ouais. Disons qu'elle n'allait pas essayer d'inverser les rôles et qu'elle allait tâcher d'assumer jusqu'au bout. Oui, très bonne idée. Mado voulait alors que sa camarade n'aille pas imaginer qu'elle avait voulu s'immiscer avec sournoiserie dans sa relation avec Mickey, parce que non, ça n'avait pas été le cas justement. Elle n'avait fait que poser une question, dans le cadre d'un prime qui s'y prêtait, et bien que la question ait été franchement mal tournée, elle ne signifiait pas pour autant que Mado avait essayé de fouiner dans leur relation. Oui, ça l'intéressait un petit peu, comme ça intéressait très probablement d'autres personnes, mais il ne fallait pas y voir davantage, hein. Quant au "manque d'affection" évoqué dans l'intitulé de la question, il est vrai que ce fut franchement maladroit. Mado aurait du s'abstenir de s'aventurer sur ce terrain, parce que les affaires d'Emmeline restaient les affaires d'Emmeline et qu'elle aurait tort de penser que la française la jugeait. Ce n'était pas tellement son genre de juger gratuitement, hein. Sauf qu'Emmeline, elle, ne semblait pas franchement convaincue. Elle était même assez sarcastique, pour le coup. Généralement, ça n'était pas une chose que Mado avait tendance à apprécier, mais là encore, elle allait se contenter de mettre ça sur le compte de l'humeur discutable d'Emmeline et ne surtout pas répondre sur le même ton. Ce serait une belle erreur, et l'idée n'était pas de s'embringuer dans ce genre d'échanges. Elle avait assez donné, avec Everleigh, la seconde dernière. Mado avait beau être là pour s'expliquer, elle ne voulait pas d'un échange qui lui prendrait la tête. Oula, non, très peu pour elle. « Je sais bien, et c'est aussi pour ça que je suis là aujourd'hui, parce que je ne veux m'encombrer d'aucun malentendu. Très franchement, je n'ai pas que ça à faire de juger le comportement des autres. Et si je devais juger quelqu'un dans ce nid, crois-moi, tu serais loin d'être celle que je viserais en premier. Non, je n'ai pas d'avis à donner sur ce que tu fais, ça te regarde. Ça va peut être faire très égoïste de dire ça, mais tant que ça ne me porte pas préjudice, j'estime que je n'ai pas à m'en soucier. » Okay, elle avait moyennement apprécié l'épisode du baiser avec Emilien, mais simplement parce que ça concernait Ezra et qu'elle aurait eu du mal à supporter que le couple que forme les deux jeunes hommes soit mis à mal. Mais ce ne fut pas le cas alors elle avait déjà oublié tout ça. Quant au reste, disons qu'elle repensait à ce qu'Emmeline avait dit tout à l'heure, au sujet de Fitz. Elle n'avait peut être pas rebondi sur ses propos, mais elle les avait gardé en tête. Donc disons que tant qu'Emmeline ne lui donnait pas de véritable raison de la juger, elle s'abstenait de le faire, quoi qu'ait pu laisser penser sa question. Et clairement, il valait mieux qu'elle ne la tente pas, parce que ses jugements pourraient être le cadet de ses soucis, finalement. Bref, bref, bref. Il fallait aussi se dire que Mado n'avait jamais eu en tête de blesser Emmeline. Okay, sa question fut limite, mais elle n'était pas partie avec l'idée de l'atteindre, hein. Non, vraiment pas. Elle s'y était mal prise, avait fait preuve d'une curiosité certaine et d'une maladresse évidente, mais n'avait jamais eu l'intention de lui nuire. C'est aussi pour ça qu'elle avait voulu avoir cette discussion avec elle, parce que Mado n'était pas foncièrement mauvaise et qu'elle n'avait pas franchement pour habitude de saisir la moindre occasion pour faire tu tort aux autres. Certainement pas. Mais visiblement, Emmeline ne s'était jamais dit que Mado avait pu vouloir lui faire du mal en pleine prime. Bien. Mado hocha alors la tête, plutôt satisfaite qu'au moins Emmeline n'ait pas douté de ce détail-ci. Par contre, son ancienne camarade semblait dire qu'elle n'aurait pas du poser de question du tout, qu'elle n'avait pas d'explication à donner, ce qui laissa Mado assez perplexe. Parce qu'okay, elle semblait vouloir préserver une sorte de jardin secret par rapport à sa relation avec Mickey, mais ça n'était pas Mado qui avait décidé du thème du prime de dimanche et elle ne voyait pas pourquoi Emmeline prétendait être au dessus de ce genre de questions quand les autres avaient tâché de faire avec des interrogations du même genre. « Dans un autre cadre que celui d'un tel prime, je veux bien. Mais dimanche soir, on s'est tous prêtés au jeu, parce que c'était le principe de se poser ce genre de questions, tout comme c'était le principe d'y répondre. Je veux bien croire que tu ne souhaites pas évoquer ta relation avec Mickey, mais si on commence comme ça, personne ne veut avoir à évoquer la sienne, de relation. » Mado aurait bien aimé, par exemple, ne pas avoir à s'interroger, au beau milieu du prime, sur la nature de sa relation avec Fitz. Et d'autres avaient du vivre la chose de cette façon. Pour autant, tout le monde avait fait l'effort de jouer le jeu, parce que c'était le prime qui voulait ça, parce qu'il avait fallu se poser des questions, puis y répondre, tout simplement. « D'ailleurs, c'est ma question qui a été sélectionnée, mais rien ne dit que personne n'en avait posé une similaire, quoi que sans doute tournée différemment. » Après tout, Mado ne devait pas être la seule à être intriguée par cette histoire, non ? Et peut être Connor avait-il opté pour sa question à cause de la formulation particulière, justement ? Emmeline ne semblait en tout cas pas tellement comprendre en quoi sa relation avec Mickey pouvait intriguer. Pourtant, ça paraissait assez évident, du moins aux yeux de Mado. « Tu sais, Mickey n'est jamais tellement passé inaperçu, par ici. Qu'il ait plu ou déplu, chacun a pu noter qu'il avait une personnalité atypique, et en soit intrigante. On l'a connu pour le moins esseulé pendant les trois quarts de l'aventure, mais voilà que depuis quelques temps, il se rapproche d'une jeune femme. Forcément, le contraste attire l'attention, et vous avez été naïfs si vous avez pensé que ça n'intriguerait personne. » Comment aurait-il pu en être autrement ? On parlait de Mickey, le pédant solitaire qui avait toujours fait preuve de médisance à l'égard des autres candidats, mais qui s'était rapproché d'Emmeline. Forcément, personne n'avait pu louper ça. « Et cette façon que tu as de considérer cette relation comme une chose si précieuse, de vouloir la préserver de la curiosité des autres, je suppose que ça la rend d'autant plus intrigante finalement. » Loin d'elle l'envie d'en rajouter, mais autant être réalistes, hein. Quand Emmeline défendait sa relation avec Mickey en disant qu'elle ne voulait rendre de comptes à personne à ce sujet, que ça ne regardait qu'eux, forcément, ça pouvait rendre autrui d'autant plus curieux. Un peu comme le principe de l'éléphant, finalement. Devoir ne pas y penser, et ne penser qu'à ça. Ouais, bon, aucun rapport, c'est vrai.

Il arrivait bien souvent que Mado ne cautionne pas le comportement d'autrui, tout simplement parce qu'elle avait des valeurs qu'elle partageait avec peu de personnes, des valeurs qui faisaient assurément d'elle quelqu'un de "vieux jeu" et qui avaient ainsi tendance à facilement l'inciter à déprécier l'attitude de bien des personnes. Pour autant, elle ne les jugeait pas à proprement parlé, ne serait-ce que parce qu'ils restaient tous libres de faire ce qu'ils voulaient et qu'elle savait qu'elle même pourrait être jugée par ceux que sa conduite ennuierait. Ainsi, non, elle n'avait jamais tellement jugé Emmeline. La rouquine pouvait bien faire ce qu'elle voulait, et avec qui elle voulait, ça n'était pas franchement les oignons de Mado. Oui, la française avait pu ne pas apprécier un petit épisode, mais n'avait pas ramené sa fraise à ce sujet, justement pour ne juger personne. Et d'ailleurs, si jugement elle devait porter sur l'attitude de quelqu'un au sein de ce nid, pas sûr qu'elle choisirait de pointer Emmeline du doigt dès le départ, hein. Après tout, par ici, il y avait quelques énergumènes pas toujours très morales, mais bon, elles ne faisaient assurément de mal qu'à elles-mêmes, et dans cette optique, Mado se voyait mal les pointer du doigt et trouver officiellement à redire de leur comportement. C'était comme pour Emmeline, en fait. Tant que personne ne faisait de tort à Mado et ne lui donnait de raison de jouer les accusatrices, disons qu'elle se gardait plutôt bien de le faire. A noter qu'Emmeline gardait un ton plutôt moqueur, mais que Mado n'avait décidément pas envie de faire la moindre remarque à ce sujet, tout simplement parce qu'Emmeline n'était pas Everleigh, qu'elle n'était donc pas son amie - sauf quand elle partait dans l'un de ses délires de sans-ami professionnelle - et donc que son ancienne camarade pouvait bien l'avoir définitivement mauvaise, elle n'allait pas non plus en pleurer. Disons qu'elle aurait plutôt bonne conscience d'être venue lui avouer la vérité, qu'elle plaise ou non, et qu'après et bien, elle ne l'embêterait plus tellement. De toute façon, elles n'avaient pas exactement les mêmes fréquentations, toutes les deux. Ça aiderait. Quant au reste, et bien oui, il avait fallu se prêter au principe du prime de dimanche, ainsi donc se poser des questions et répondre à celles des autres. Ce ne fut assurément une partie de plaisir pour personne, mais tout le monde avait essayé de jouer le jeu, avec plus ou moins d'enthousiasme. Après tout, ils étaient là pour ça, pour jouer, à différents niveaux et dans différents contextes. Emmeline, pourtant, semblait trouver à redire du fait de devoir justement s'employer à jouer le jeu. Elle disait vouloir conserver une certaine intimité, ce qui pourrait sans doute faire sourire plus d'un membre de la Production. Avec son discours, elle donnait un peu l'air d'être une idéaliste un tantinet crédule, mais bon. « Stupide, je ne pense pas que ça le soit. Par contre, c'est sans doute assez naïf. Parce qu'en venant ici, on savait plus ou moins ce qui nous attendait, et on savait notamment combien les relations développées dans ce genre de programmes sont susceptibles d'intéresser et d'en exposer les protagonistes. Je ne dirais pas que c'est normal, parce qu'à mes yeux ça ne devrait pas tellement l'être, mais c'est le concept qui veut ça je suppose. Évidemment que personne ici n'est venu avec l'intention de devoir s'expliquer au sujet des liens qu'il nouerait, mais je suppose que chacun d'entre nous savait que c'était tout de même un risque, que quoi qu'il se passerait, on aurait probablement des comptes à rendre, pour faire le succès du programme en soit. Tu sais, comme toi, je n'aime pas avoir à parler de mes relations, et l'on m'a peu épargnée à ce niveau-là en quelques semaines, mais je prends sur moi parce que j'ai signé pour ça aussi, dans un sens. De toute façon, ne nous leurrons pas, on aura droit au même genre d’indiscrétions une fois dehors. Sauf qu'en dehors de ce jeu, il sera beaucoup plus facile d'envoyer balader les gens. » Et bien oui parce qu'ici, il y avait la Production, dont ils dépendaient, et c'était peut être triste à dire, mais le principe était tout de même d'obéir un minimum aux consignes de ladite Production. Jouer les rebelles, ça réussissait rarement à qui que ce soit, dans ce genre de contextes. Par contre, si des journalistes les emmerdaient avec des questions plus indiscrètes encore, à l'extérieur, il serait plus aisé de s'en débarrasser. Mais en attendant, ils étaient encore là, et il leur fallait malheureusement s’accommoder de la curiosité des chroniqueurs du programme. Une curiosité que Mado avait plus d'une fois critiqué, mais à laquelle elle s'était toujours pliée au final. Elle avait une bonne parade d'ailleurs : dire le strict minimum pour être tranquille sans trop en révéler. Par deux fois ça avait marché. Bref, au pire. En tout cas, Mado ne pouvait pas croire que personne d'autre n'avait posé de question impliquant Emmeline et Mickey. Non pas que ce soit indispensable de se questionner à ce sujet, mais il fallait bien avouer que c'était intrigant, et qu'il serait donc naturel que plus d'une personne s'interroge sur ça. Sauf qu'Emmeline avait soit un grand esprit de contradiction, soit simplement envie de penser que Mado était la seule saleté susceptible de s'intéresser à sa relation avec Mickey. Dans un cas comme dans l'autre, la française n'allait en tout cas pas réagir. A quoi bon ? Elle était tellement conciliante aujourd'hui qu'elle allait se donner raison silencieusement et rester persuadée, mais seulement dans sa tête, qu'il y avait bien eu d'autres questions du même genre mais qu'ils n'en avaient sélectionné qu'une. Oui, voilà. Toujours est il que d'après Mado, c'était surtout la personnalité peu typique de Mickey qui rendait cette relation intrigante. Et bien oui, il avait toujours été si peu disposé à s'accommoder de la présence de ses camarades que lorsqu'il sympathisait avec l'un d'eux, ça attirait nécessairement l'attention. A noter qu'Emmeline était très douée pour avancer que c'était de toute façon de la faute de tout le nid si Mickey était insociable. Bah oui, en même temps, ça paraissait si évident, hein. « Très honnêtement Emmeline, je lui ai pour ma part laissé plus d'une chance de me prouver qu'il n'était pas aussi désagréable et imbus de lui même que ce qu'il nous avait montré de lui, mais je n'ai toujours reçu que médisance et sarcasme de sa part, simplement parce que j'avais le tort d'être la partenaire d'un candidat qu'il n'a eu de cesse de dénigrer injustement. Je t'assure qu'au bout d'un moment, j'ai simplement eu envie de croire qu'il était comme il était, et qu'il ne valait pas nécessairement la peine que je me fatigue à tenter de voir plus loin que ce que ce qu'il montrait de lui. Et je peux comprendre que ça n'ait pas découragé que moi. Donc accuser les autres, c'est peut être un peu facile, quand c'est Mickey qui ne fait pas tellement d'efforts. Après, tant mieux pour toi si tu es parvenue à te faire apprécier de lui, mais ne dis pas que personne n'a essayé de le connaitre, parce que je suis bien placée pour savoir que c'est faux. S'il a fait des efforts avec toi, dis-toi qu'il n'en a pas nécessairement fait avec tout le monde. » A noter que Mado disait ça sans agressivité aucune, simplement parce qu'elle ne pouvait décidément pas laisser Emmeline dire que personne n'avait essayé de connaitre Mickey. Il avait simplement laissé leur chance à trop peu de monde par ici. Et il va donc de soi qu'elle ne disais pas que tout le monde détestait Mickey mais que ceux qui étaient susceptibles d'avoir encore un peu de mal avec lui avaient sans doute une bonne raison d'en penser ce qu'ils en pensaient. Toujours est-il qu'Emmeline ne semblait décidément pas comprendre que par ici, les gens n'avaient parfois rien de mieux à faire que de se montrer curieux, qu'il n'y avait parfois que ça pour occuper le temps, hein. Et puis bon, moins elle semblait disposée à parler de sa relation avec Mickey, plus elle risquait d'attirer les curieux. Cela semblait logique, du moins dans l'esprit contradictoire de Mado. « Tu dramatises un peu, je pense. Déjà parce qu'il reste humain d'être curieux et que tu n'es pas la seule à avoir fait les frais de cette vérité depuis le début du jeu, mais aussi parce qu'il me semble que ni ma question, ni aucune autre n'a pu t'empêcher de vivre ton aventure comme tu l'entendais. A moins d'avoir un penchant pour la victimisation, c'est plutôt de mode par ici. » Non, Mado n'était pas médisante, elle restait simplement réaliste. Pourquoi prendre ça tant à cœur, finalement ? Les gens n'étaient pas monstrueux simplement parce qu'ils s'occupaient en se montrant curieux, quand même. Bientôt, elle allait leur mettre sur le dos son élimination, aussi. Bah oui, puisque de toute évidence, tout le nid était responsable de ce qui touchait à Mickey et elle. C'était à se poser quelques questions. Soit. « De toute façon, tu dois partir du principe que personne ne saurait comprendre votre relation, non ? » finit-elle par souffler, plus pour l’amener à conclure, si c'était bien vrai, qu'elle n'avait alors pas à se soucier de la curiosité d'autrui. Si vraiment c'était incompréhensible pour le commun des mortels, elle pourrait vivre ça plus sereinement, non ?

Ce jeu était fourbe et vicieux. C'était une sorte d'univers impitoyable où obéir à la Production était la règle principale et empêchait ainsi les candidats d'avoir une pleine liberté, de gérer entièrement leur aventure eux-mêmes. Pour autant, ce serait mentir que de prétendre que c'était une surprise, ça. Non, bien sûr, chacun avait du s'attendre à un système tel que celui-ci, ne serait-ce qu'en ayant eu l'occasion de visionner les saisons précédentes du programme ou au moment de signer le contrat d'entrée dans le jeu. Ici, l'idée était assurément de faire de l'audience, de faire de l'argent surtout. Et les candidats étaient là pour faire le succès du programme, et ainsi donner à la Production ce qu'elle voulait afin qu'il soit toujours plus rentable. C'était assurément pour ça qu'elle diffusait perpétuellement une musique pour donner lieu à des baisers, qu'elle redoublait de sadisme dans certaines situations et qu'elle élaborait des primes destinés à faire parler les candidats, à les inciter à raconter du croustillant, des chose susceptibles d'intéresser. Il ne fallait pas pour autant se sentir à la merci de tout ce système, parce que le jeu en valait la chandelle et que se conformer à tout ça n'enlevait rien à ce qui attendait le vainqueur, celui qui aurait "survécu" à tout ça, qui se serait démarqué, qui aurait réussi à gérer son aventure au mieux. Emmeline était alors un peu naïve de laisser entendre qu'elle aurait aimé ne pas avoir à rendre de comptes et pouvoir se rapprocher de qui elle voulait sans qu'on l'incite à s'en expliquer. Hélas, et Mado était d'accord pour dire que ça posait quand même parfois problème, c'était le jeu de répondre de ses actes en permanence, et ça aussi ça n'avait rien de bien surprenant dans un jeu comme celui-ci. Beaucoup de choses étaient orchestrées, mais ce qui ne l'était pas n'offrait pas non plus une pleine liberté, car c'est sur ça qu'interrogeaient les chroniqueurs, tantôt directement, tantôt à travers la curiosité des candidats eux-mêmes, comme dimanche soir. Plus Mado entendait son ancienne camarade trouver à redire de ce redoutable système, de cette machine à fric - parce que oui, évidemment, c'en était une - plus la française en venait à penser qu'elle s'était sans doute bercée d'illusions en débarquant ici, sachant qu'elle ne devait pas être la seule, car Mado avait par exemple connu un candidat qui vivait tout aussi mal ce genre d'expositions. Peyton. C'était de toute façon humain de vouloir rester libre et ne pas vouloir répondre perpétuellement de ses actes. Humain, mais naïf, oui, dans un cadre comme celui de ce jeu. Non pas qu'il faille se conformer à absolument tout, mais à beaucoup de choses, dont celle de voir les relations dépiautées et analysées sur la place publique. C'était le jeu, décidément. « Ce jeu met les nerfs à rude épreuve, à bien des occasions. On n'a pas autant de libre arbitre qu'on le voudrait bien, car la Production garde la main sur beaucoup de choses et peut orienter le jeu de la manière dont elle le souhaite, et dès qu'elle le veut. Moi, je ne l'ai pas toujours bien vécu, surtout au début de l'aventure, mais j'ai tâché de me dire que tout ça, et bien, c'était le prix à payer pour pouvoir prétendre à la victoire, pour avoir une chance sur trente de remporter le jeu. » Et maintenant, elle vivait un peu mieux la situation, sans doute. Elle se souvenait par exemple avoir eu du mal à gérer le fait que son frère soit entré ici avec elle mais qu'ils ne soient en ces lieux que deux candidats parmi tant d'autres, ce qui les avait un peu éloigné au départ. Il faut dire qu'elle n'avait pas fait beaucoup d'efforts d'entrée de jeu, que ce soit vis à vis des règles du jeu ou des gens qui l'entouraient. Et justement, à ce propos, elle ne pouvait décemment pas laisser Emmeline prétendre que les candidats étaient responsables du fait que Mickey soit relativement peu entouré à ce jour. Non, ça n'était pas juste de voir la chose de cette manière, dans la mesure où Mado pouvait par exemple attester du fait que certains aient pu faire des efforts à l'égard de l'anglais, à commencer par elle. Oh oui, combien de longues conversations ils avaient partagé et durant lesquelles il n'avait fait que dénigrer Bob, ou lui reprocher de vouloir laisser une chance à son partenaire, soit disant parce qu'il n'en méritait pas, qu'il était trop crétin pour ça. Aussi, elle avait été confrontée à l'arrogante prétention de l'écrivain, et à son caractère détestable, jusque sur les primes d'ailleurs. Du coup, oui, elle avait plus ou moins jeté l'éponge et se contentait du strict minimum lorsqu'elle avait besoin de s'adresser à lui à ce jour. Peut être parce qu'elle était partie du principe que puisqu'il ne faisait aucun effort avec elle, elle n'en ferait plus avec lui. Et elle savait que Bob ou encore Myles n'avaient pas eu beaucoup plus de chance qu'elle. Du coup, si Mickey était relativement esseulé, c'était de sa faute. Alors oui, Emmeline n'en savait rien, car avec elle il avait fait des efforts, et d'ailleurs c'était une bonne chose, car Mickey restait quelqu'un d'intéressant et qu'il méritait un minimum de compagnie, mais de là à accuser si facilement les autres, c'était un peu gros. Soit, Mado avait eu besoin de donner sa version, sa vérité - qui était surtout la vérité, dans la mesure où Mickey serait d'une extrême mauvaise foi s'il osait nier - et ne voyait pas l'intérêt de relancer Emmeline sur ce sujet quand celle-ci ne répliqua pas. L'important était que ce soit rentré, hein. Bien. La suite fut un peu moins cordiale par contre, car la rouquine avait visiblement pris la fin de la phrase de la française - alors dite comme une supposition et rien d'autre - comme une attaque, une critique. En cela, elle était assez semblable à Everleigh, qui voyait aussi le mal partout de ce coté-là. Mado n'avait pas traité Emmeline de victime, s'étant contentée de dire qu'elle en serait une si elle osait prétendre n'avoir pas pu vivre son aventure comme elle le voulait. C'était quand même nuancé, d'après elle. Mais bon. « Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit. J'étais juste entrain de dire que, oui, à mes yeux tu te victimiserais si tu osais dire que tu n'as pas du tout pu gérer ton aventure comme tu l'entendais à cause de la curiosité des autres. Que ça t'embête, oui, je peux comprendre. Et comme tu dis, moi-même ça m'a plus d'une fois embêtée qu'on se soit mêlé de mes affaires. Mais je n'irai jamais dire que ça m'a empêché de faire ce que je voulais faire, parce que j'ai fait en sorte de ne pas donner trop d'importance à ce genre d'intrusions, justement. » Les chroniqueurs faisaient leur job, les candidats s'occupaient pour parer à leur ennui, et elle, elle tentait tant bien que mal de s'accommoder de la curiosité de tout ce petit monde, tout simplement parce que ça ne l'influencerait dans rien de ce qu'elle entreprendrait. La preuve, si elle avait laissé certaines questions dicter son aventure, elle ne serait pas en relation avec Fitz à ce jour. Quand une question lui était posée, elle y répondait, elle ronchonnait peut être un tantinet, oui, mais après elle passait à autre chose, et elle ne mettait surtout pas tout le monde dans le même sac. Effectivement, Emmeline généralisait un peu. Et lorsqu'elle fit savoir ne plus avoir envie de répondre aux questions de Mado, et bien, celle-ci ne tarda pas à répliquer, le plus simplement du monde. « Des questions, je ne t'en poserai plus, sois rassurée. » Et elle disait ça sans sarcasme aucun, tout simplement parce que c'était vrai. Non, elle n'irait pas saisir la moindre occasion pour en savoir plus sur sa relation avec Mickey, hein. D'ailleurs, elle allait même la laisser relativement tranquille par la suite, ne serait-ce que parce que comme l'avait dit Emmeline tout à l'heure, elles n'étaient pas proches. Et puis, il ne faudrait pas qu'Emmeline pense à un acharnement, parce que Mado n'était pas comme ça. Surtout que bon, Mickey et Emmeline, hein, n'étaient ni ses amis, ni de sa famille, alors elle devrait pouvoir survivre au fait de ne jamais tellement savoir de quoi il retournait entre eux. Surtout qu'Emmeline partait bel et bien du principe que personne ne pouvait comprendre leur relation, comme si elle était sacrée et inaccessible. Mado ne savait pas tellement quoi penser de cette confirmation. C'était Mickey et Emmeline qui, au final, n'arriveraient jamais à se débarrasser des curieux, tant ils jouaient de mystère sur tout ça. Ou alors tout le monde finirait par se lasser et ils viendraient pleurer le fait que plus personne ne soit intéressé par leurs histoires. Ça dépendrait d'eux, mais clairement, Mado serait passée à autre chose depuis bien longtemps. « A mes yeux, vous tentez le diable Emmeline. Je ne dis pas que vous devriez tout expliquer et vous plier à la volonté des curieux, ne serait-ce que parce que nous sommes tous trop peu malins ou trop peu ouverts d'esprit pour saisir la complexité et le symbolisme de votre lien visiblement, hm, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, donner à cette relation un coté si mystérieux, c'est inciter les gens à imaginer des choses, oui, à bien mal interpréter les faits. C'est comme ça partout. Et comme tu le dis, ma question en est la preuve, bien qu'elle reste une question, et pas une affirmation, évidemment. » Parce que quand Mado avait quelque chose à dire, elle le disait, et donc que si elle était certaine qu'Emmeline était une manipulatrice, elle le lui dirait entre quatre yeux, là, sans attendre. Sauf que ça n'était pas ce qu'elle pensait, et qu'elle ne cherchait pas à la juger, souvenez-vous.