mardi vingt huit mai deux milles treize | Hadatt avait tout bien préparé avec un soin peu habituel venant de lui. Son plateau avait de la gueule en fait. Ranafoutre de cette drôle d'envie qui l'avait prit, ni même du pourquoi, mais c'était quelque chose qui lui était venu dans il s'était levé, avec un ventre qui ne criait pas, mais qui HURLAIT famine. En se rendant dans le réfectoire et en mangeant comme un perdu, il s'était souvenu de la discussion qu'il avait eu ici, avec une candidate. Et il avait tout de suite pensé à elle. A ce qu'elle avait dit. Qu'elle s’appelait Lena. Qu'elle avait l'air d^'etre bavarde. Qu'elle parlait trop et qu'elle l'avouait sans mal. Et d'autres trucs que l'irlandais n'était pas sur de se souvenir. Mais il ne sait pas pourquoi, il avait repensé à ce qu'elle mangeait le matin. C'était drôle la façon dont elle lui avait expliqué ses petites habitudes, alors qu'ils ne se connaissaient ni d'Eve, ni d'Adam.

Mais encore, sans savoir pourquoi, et emporté par la musique qu'il avait mit à fond dans la gigantesque cuisine, il s'était lancé dans la préparation du plateau parfait. THE plateau vous voyez? Bol, couvert, et toutes ces conneries. Y'avait même une fleur, enfin, un semblant... Une sorte de brindille malmenée par les mains peu soigneuses du professeur et qui flottait lamentablement dans un verre trop remplie d'eau pour l’abreuver. Puis fier comme un paon, il avait saisi son super plateau de p'tit dej et s'était rendu dans la chambre de la demoiselle. Ouais mais voilà, ils étaient pleins dans c'te baraque. Et pleins à encore dormir à huit heures du matin mais bon, Hadatt c'est un matinal quand il a la dale. Donc il a cherché. Il a soulevé les draps, pour regarder qui était qui et où se trouvait sa cible. Puis finalement, il la trouva, dans le dortoir opposé mais ça c'est un détail ! Il se faufila prêt d'elle, de son côté de son lit et tapota sur son épaule.

« Lena. Lena. Lena ! » fit-il pour la reveiller.

Bon le Hadatt il était pas doux, et pas très patient non plus. Alors très vite, il s'était mis à secouer un peu plus vivement l'épaule de la pauvre Lena encore dans les bras de Morphée. D'ailleurs, quand elle se réveilla, elle était tellement dans le vapes qu'elle pensait qu'il y avait une situation d'urgence ou quelque chose dans le genre. Réflexion qui fit hésiter l'irlandais quelques secondes.

« Le feu? Oh ba peut être, je sais pas si j'ai éteins le four... Mais on s'en fiche ! » oublia-t-il très vite en s'installant sur le bord du lit, le plateau sur les genoux et tourné vers elle. « Y'a tout ce que tu aimes. Tes céréales, ton jus de fruit, et comme t'aimais pas le lait, j'ai ramené du yaourt liquide. » énuméra Hadatt, fier de se souvenir du moindre détail. « Me demande pas pourquoi. J'ai des pulsions des fois ─ Quand ça m'arrive je bricole dans mon labo tu vois ─ Mais ici y'a pas de labo, mais y'a une cuisine ! »

C'était bizarre. De plus se refugier dans son antre, son laboratoire, son gros bordel infâme que seul lui trouvait ranger et où il retrouvait tout et n'importe quoi les yeux fermés. Alors y'avait le labo des femmes : la cuisine. Oui, c'est très misogyne comme reflexion.

Fou? Oh juste un petit peu. Savant, ca c'est sûr ! Et c'est drôle de voir combien ça le manquait. En fait, il n'avait que ça de concret dans sa vie : son boulot. Certes, il ne remplissait pas sa tâche de professeur à fond (voir pas du tout) mais au moins, il était l'instit' le plus aimé dans son lycée (et dieu sait que c'est difficile de se faire aimer par une bande d'ados qui vous font vivre un enfer avec leur taux d'hormones qui creve le plafond). Les sciences, la chimie, le bricolage, ça avait toujours été son dada. Il adorait jouer avec les molécules, faire des fusions incongrues, essayer de faire vivre une plante coûte que coûte... Et ce depuis gamin. Et puis, le nombre de fois où il avait fait exploser quelque chose dans sa salle de classe. Avec les gosses de présent.

« Une sorte de taré trop intelligent pour son bien et pour l'humanité ─ mais l'intelligence, c'est sexy ─ plus sérieusement, je suis prof dans un lycée. Ca vend pas trop de rêve mais même si je plane H24, j'ai arrêté de croire au père noël. Et que je serais un jour un éminent génie de la science ! » dit-il avec engouement et théâtralité. « Mais je cherche toujours la découverte qui va me rendre célèbre. » finit Hadatt avec beaucoup plus de sérieux.

Il rêvait de ça, quand il avait 20 ans. Et même s'il n'était pas le plus connu ou pistonné des chimistes, il se plaisait dans sa routine de savant flemmard à domicile. C'était le kiff pour lui. Il faisait ce qu'il voulait, quand il voulait. Même s'il oubliait des fois de se rendre à son vrai travail.

« Je t'ai jamais demandé ce que tu fais toi ? ─ Enfin faisais, avant de rentrer dans c'te jeu en boîte. »

C'est qu'il parlait beaucoup !