Je ne suis pas de ces personnes qui se lèvent à l'aube pour ne pas perdre une miette de la journée. Je préfère rester dans mon lit et si je le pouvais, je le resterais toute la journée. Depuis le début de l'aventure, je dois être le dernier à me lever chaque matins, car quand je vais pour déjeuner, les autres ont déjà terminé le repas du midi. Profondément endormi à rêver de licornes, d'éléphants roses et d'un monde façon bisounours -bien sûr c'est ironique, mes rêves sont plus centrés sur un univers masculin, style grosses bagnoles, filles canons, bref je vous passe les détails -, je suis réveillé par des ronflements. À lui seul, on dirait un attroupement de porcs qui ronchonnent. En clair, c'est insupportable. La tête sous l'oreiller, impossible de retrouver le sommeil. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je ne peux pas rester dans cette chambre. Je rejoins le réfectoire vêtu de mon simple petit caleçon dans lequel je dors et je ne suis pas étonné de n'y trouver personne. C'est bien la première fois que je me lève aussi tôt et je dois dire que ça ne me rend pas de bonne humeur. Ronflman va m'entendre. Je décide tout de même de me préparer un casse-croûte, car j'ai quand même les crocs. Je cuis des pâtes, je sors deux tranches de pain de mie et je me fais un sandwich aux nouilles. Une spécialité maison. Installé sur une des tables, j'attaque mon petit en-cas.

« Petite fringale nocturne ? » . Je ne cache pas ma surprise à l'entente de cette petite voix féminine. Pensant être seul c'est à peine si je l'ai entendu arrivé. Pour être franc, je ne l'ai pas vu venir. Du coup je m'étouffe légèrement avec le peu de nourriture en bouche, mais je reprends rapidement le dessus. Je ne voudrais pas passer pour un froussard. Quoi que, trop tard. Mais aussi je ne pensais pas que quelqu'un viendrait à une heure aussi tardive en cuisine. Je pensais être le seul insomniaque. A priori non. Le temps de récupérer toute ma tête et mes esprits, je l'entends me proposer. « Tu voudras un thé ? » Instinctivement je réponds d'un naturel qui me correspond et qui me caractérise. « Non merci, le thé ça fait trop pisser. Un peu comme la bière .. pour ça que j'évite. Mais merci de proposer ! » Et c'est vrai. Une tasse de thé ou une bière et je passe ma journée aux chiottes à vider ma vessie. C'est une horreur. Je suis une sorte de pissouse et j'assume. Du coup je préfère continuer à manger mon sandwich. Avant même de reprendre une bouchée, je lui propose à mon tour. « Si tu veux il reste des pâtes pour t'faire un sandwich ». Je ne connais pas ces goût, donc je ne peux pas savoir si elle est aussi frivole que moi pour ce style de sandwich atypique, ou si elle va être simplement être dégoûtée. Au pire, je m'en fous, je lui proposais simplement par politesse. Entre deux bouchées et une bouche pleine, je décide tout de même de reprendre la parole. « Au fait, ton prénom c'quoi déjà ? ». Je n'ai pas forcément retenu la totalité des prénoms des candidats, il ne faut pas m'en vouloir.