sega

J'avais convoqué le nouveau, oui, tout à fait, prête à lui faire comprendre qui était le boss ici. Prête à lui faire entendre ma voix, et rien que celle ci. Il devait m'admirer, c'était un fait. Ou presque. A vrai dire je n'avais jamais été très bonne pour faire croire aux gens que j'étais celle qu'il fallait suivre. C'est certainement pour cette raison que j'avais toujours été nulle en jeux d'équipes. On ne me faisait jamais la passe. J'étais un peu la gamine rejetée vous savez, celle qui court à droite et à gauche, se démarque, mais qui ne reçoit jamais la balle. Ou quand elle la reçoit, elle est tellement impressionnée qu'elle en vient à ne pas réussir à l'attraper, vous savez, sous le coup du choc. Voilà, et bien cette gamine c'était moi. Hm. Non mais ce n'était pas bien grave hein, je vous rassure. J'étais douée dans pleins d'autres domaines de toute façon. Genre, j'avais une chance folle aux courses d'escargots. Robert c'était le meilleur. Ah et puis j'avais gagné le concours de celle qui arrive à ingurgiter le plus de pizzas le plus rapidement... Bon d'accord, je mens. J'avais terminé seconde, hm. Non mais voilà quoi. Du coup, le nouveau, il fallait que je lui fasse comprendre qu'ici, c'était moi qu'il fallait respecter, d'ailleurs j'avais même mis mon bandeau de super sportive autour du front, ballon sous le bras, et mes cheveux se dispersaient en un joli palmier sur ma tête. Bon, d'accord, je l'avais peut-être fait exprès. Mais juste un peu alors. D'ailleurs il ne tarde pas à arriver. « Eh l'nouveau, t'es en retard ! Ça doit bien faire deux minutes vingt six que je t'attends. » que je lâche aussi sérieuse que je pourrais l'être dans ce genre de situation, c'est à dire pas vraiment à fond dans mon rôle quoi.

A peine sorti du lit, je croise une des nanas que j’avais embrassé pour le défi lors du dernier prime. J’sais pas trop pourquoi mais celle-ci me convoque à la salle de sport à treize heures dix. Oui treize heures dix pile. La nana pas ponctuelle du tout quoi. C’est pas comme si on avait un planning ultra-chargé après tout. Mais qu’importe ! Je me prête au jeu. Et ce, à fond. Je file déjeuner, prends une douche, papote un peu à droite à gauche, mange vite fait puis je pars enfiler un débardeur, des baskets et un short de sport. Je suis fin prêt. Je débarque sans plus attendre au lieu de rencontre. Evidemment, la candidate est déjà là. Et elle semble bien motivée à faire du sport. Une parfaite athlète avec son bandeau de sportive et son ballon sous le bras. Je me retiens de rigoler. C’est pas gentil de se moquer. Puis elle est chou comme ça. Quoi que. V’là qu’elle m’engueule. Elle est tout de suite un peu moins chou. En même temps, elle a raison, je suis en retard. De deux minutes. C’est la bérézina. « Désolé coach. M’obligez pas à faire des pompes, je viens a peine d’avaler le restant des lasagnes d’hier. » Je sais pas qui les avaient préparés mais c’était foutrement bon. D’ailleurs, je me demande si j’me suis pas taché avec tout ça. J’ai quand même mangé en quatrième vitesse pour Madame. Et encore je suis arrivé en retard. Faudrait pas que je recrache mon repas non plus quand même. « Dis, tu me trouves gros ? » J’emprunte la voix d’Obélix je crois. Normalement, je sais bien l’imiter. Et je crois d’ailleurs que je suis entrain de devenir comme lui : un peu enveloppé. Faut dire que j’arrête pas de bouffer et que je fais pas beaucoup de sport. C’est peut-être pour ça qu’elle m’a fait venir. Faire fondre la graisse. Boh, ça serait pas plus mal. « Oui, bon, je vous écoutes cap’taine. » Ouai parce que c’est une coach-capitaine et que j’imagine qu’elle avait une idée derrière la tête en me faisant venir ici. Ou peut-être pas en fait. Peut-être qu’elle a juste prévu une activité sieste digestive, comme en maternelle. Ça serait cooooool.

J'étais une vraie sportive. Du moins je paraissais comme telle là, tout de suite, parce qu'en vrai il n'en était rien. Je n'étais qu'une imposteur. Ce n'était pas nouveau vous me direz, il n'était pas bien compliqué de deviner que le sport ne coulait pas dans mes veines. J'avais beau essayé -très, très aléatoirement, et pas vraiment trop intensément non plus- j'étais et restais une vraie quiche. Si bien que j'en étais venue quelques fois à baver devant un match de basket, ou devant les basketteurs, au choix, parce que j'étais simplement incapable de reproduire ce qu'ils pouvaient faire. Sega était en retard. C'était mal, j'étais intransigeante sur la ponctualité. Coach Brune, c'est comme ça que l'on appelle. Je suis respectée dans le métier. D'ailleurs c'est clairement possible de le deviner de par la posture que j'arbore. Je suis super impressionnante comme fille. J'en impose grave. Hm. « Désolé coach. M’obligez pas à faire des pompes, je viens a peine d’avaler le restant des lasagnes d’hier. » ah Oliver et ses petits plats, c'était une vraie tuerie. Je penserai à le remercier un jour, dans mon testament ou une connerie du genre. Je lui lèguerai mon four très, très basse qualité, calciné de l'intérieur. Je sais, trop généreuse. « Pas d'excuse soldat, les ennemis n'attendent pas pour entrer en guerre ! » ah bien oui, au moins. Quand je vous dis que je ne rigolais pas. Je ne rigole pas. « Dis, tu me trouves gros ? » dit-il d'une voix étrange. Je me demande un instant si son repas n'est pas entrain de lui remonter. Hm. Je devrais songer à m'écarter, mais étrangement mon premier réflexe est de soulever légèrement le bas de son tee shirt pour dévoiler son bas ventre, et ses abdominaux parfaitement dessinés. Ce n'était pas volontaire, je le promets, je ne faisais que rendre un service. Et puis bon, je ne pouvais pas donner de réel jugement avant d'avoir testé la matière, comprenez. « Oui, tu as pris du poids depuis hier soir. » j'étais super pointilleuse comme fille. Cinq cent grammes, au moins. « Oui, bon, je vous écoutes cap’taine. » bien ! « Alors, tu vas me faire deux tours de terrains, six séries de trente pompes sur deux bras, quatre de dix pompes sur un bras, marquer dix paniers pour dix coups, pas le droit à l'erreur. Ensuite tu feras quatre allées retours dans la salle en avant, puis en arrière. » il fallait bien qu'il s'échauffe. Et puis, il n'avait pas cru que j'allais vraiment faire du sport avec lui, n'est ce pas ? Le travail de coach, ça me prend trop de temps. Je suis une femme bien trop occupée. « Ah et si tu as trop chaud, je t'autorise à retirer ton tee shirt, ne me remercie pas. » il n'y a vraiment pas de quoi.

J’sais même plus comment elle s’appelle. Je sais pas si je l’ai su. Je pense pas. Ce n’est que mon premier jour après tout. Elle s’appelle Coach, voilà. C’est la sportive de l’aventure. Ou pas. Non, bon, malgré sa tenue et son air faussement autoritaire, elle m’a pas l’air d’être plus athlète que ça ni coach. En tout cas, elle est marrante. J’aime bien. Je joue son jeu. Enfin pas à fond non plus. J’ai pas encore digéré le plat de lasagne que je viens d’engloutir. Mais elle me dit qu’il n’y a aucune excuse valable et que les ennemis n’attendent pas pour entrer en guerre. Tout de suite, je reste attrapé. Pour le coup, j’ai rien à redire à ça. Elle a raison. Je fais la moue. Et encore plus quand j’me vois dans le miroir. J’ai pris du poids je trouve. Enfin de la graisse surtout. J’suis gros, ouai. J’m’en plains à la candidate avec une voix des plus étranges. V’là qu’elle m’examine dans les moindres détails en soulevant le bas de mon tee-shirt. Elle m’assure alors que j’ai pris du poids depuis hier. Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire. C’est vrai que je suis ridicule. D’une, je suis pas vraiment gros. Et de deux, elle peut pas juger si j’ai grossis ou non puisqu’elle ne me connait que depuis quelques heures. « A ce rythme là, j’vais finir par exploser à la fin de l’aventure. » Ça serait possible n’empêche si j’arrête pas de bouffer de tout et n’importe quoi et que je fais pas de sport. Bon, et d’ailleurs, on s’y met ou quoi ? Car j’imagine que la nana ne m’a pas fait venir ici pour gober les mouches. En attendant, elle a intérêt à faire du sport avec moi. Tout seul, c’est pas marrant. Et puis, ce qu’elle me dit d’ailleurs, c’est du grand n’importe quoi. Irréalisable. Si bien que je la laisse terminer son speech, que je m’empare du ballon qu’elle a sous le bras, puis que je balance à côté d’elle, histoire de la surprendre un peu. Bah oui, je vais pas me laisser commander par un petit bout de femme quand même. « Je propose un truc. On joue à la balle aux prisonniers version vérités. Tu me touches, t’as droit de savoir ce que tu veux sur moi. » Sauf mon secret, cela va de soit. « Je te touche, tu réponds à mes questions. » Ah oui, et pour le tee-shirt, hum.. « Pour l’instant, j’ai froid. Mais j’y penserai si ça change. » Ou pas. Non mais, je suis pas du genre exhibo moi. Déjà qu’elle a à moitié maté mon torse.