Miami, le 31/12/10

Comme une partie de moi arrachée à vif, en toute iniquité. Le déchirement est profond, douloureux, brusque. Aurais-je daigné penser que notre séparation soit aussi lancinante ? L'imaginer m'était déjà impossible mais la réalité m'a bel et bien fauchée. Sept mille kilomètres de distance, l'horloge a fait des centaines de tours et le claquement des aiguilles sonne comme un glas chaque seconde. Aujourd'hui enfin, et à peine j'avais entendu mon prénom hier soir, je réalise que j'existe grâce à toi. Sans Franz pas d'Alisk. Au fond, je l'ai toujours su, en face, jamais admis. Une ridicule page web n'est sans doute pas le meilleur moyen pour en faire part, mais c'est le seul. Impassible, dit-on ? Alors on se trompe. Oui les inconnus m'indiffèrent presque, le sort des gens ne me captive pas. Mais toi. « Je ne suis pas un inconnu jusqu'à preuve du contraire Alisk. » Ai-je été si exécrable que ça pendant le jeu pour que tu parviennes à me jeter cette vérité ? Cela ne fait aucun doute. Des excuses, tu n'en as sûrement pas besoin, et elles n'ont sûrement pas lieu d'être. Ma conscience sera seulement soulagée. Garder mes émotions pour moi est manifestement ma plus grande force. « Manifestement » jusqu'à hier... est-ce aujourd'hui ma plus grande faiblesse ? Tout à l'intérieur de moi me murmure que oui. Personne ne sait à quel point nous sommes unis, personne ne saura pas même après avoir lu licencieusement ces lignes. Nos liens se résument à une banalité totale. Beaucoup de rires un peu de larmes, une complicité évidente, un soutien inébranlable, quelques cercueils mais déjà beaucoup trop, de la jalousie, des disputes insignifiantes. Rien de si atypique en apparence. Un frère et une sœur comme des millions d'autres à travers le monde. Tout nos sentiments sont bien réels mais restent pourtant impénétrables. Un modèle depuis toujours, un nouveau « papa » à l'âge de six ans, une seule présence : la tienne. Je ne m'ouvre pas aux autres, c'est un fait. La vraie explication est quant à elle ostensible, je n'ai besoin que de toi.

Je t'aime.

« Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux. »
Que serais-je sans toi ? ♥

Miami, le 14/01/11

Tes vingt-deux ans sont affolants d'amertume ici.
Bon anniversaire, je t'aime.

Miami, le 23/01/11

Finis les doigts au fond de la gorge, mon nouveau vomitif s'appelle Sydney.

Miami, le 27/01/11

Regarder Fake-Lover constitue le principal pilier de mon régime et me laisse d'autre part dubitative sur une question : les lits trois places existent-ils ? La perspective de devoir accueillir Sydney à l'appartement s'agrandissant, mieux vaut être prévoyante pour laisser un minimum d'espace respirable à Franz sur son matelas.

Miami, le 28/01/11

Tu pensais « que ce serait beaucoup plus dur ». Moi je pensais que cela ne le serait pas autant.