avalon

Comme d'habitude, et depuis longtemps maintenant, tu n'arrivais pas à dormir. Peut-être 4 heures maximum. Et c'était sûrement pour cette raison que tu te retrouvais à 5 heures du matin dans la cuisine, avec un bol de céréale et du lait en face de toi. Tu prenais ton petit déjeuner à 5h00 du matin, exactement. Au moins, tu avais le privilège de pouvoir rester seul, sans tout le brouhaha que faisait les candidats lorsqu'ils se réveillaient le matin. Mais que nenni, parce qu'à peine ses pensées te traversent l'esprit qu'une personne apparaît dans la cuisine. La chose la plus improbable qui soit, surtout à cette heure-ci. Peut-être qu'elle était somnambule. On t'avait toujours dit qu'il ne fallait pas réveiller une somnambule. Toi, t'aimes pas faire ce qu'on te dit. Tu refuses qu'on te donne des ordres. Alors t'allais le réveiller, ce somnambule. Tu ne dis rien, mais tu lui lances la boîte de céréale sur la tête. Allons voir comment c'est, un somnambule qui se réveille. Enfin, en imaginant que s'en est vraiment un.

Je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je crois que je commence à ressentir un certain manque. De mon quotidien, de mon garage, de mes voitures. Je ne sais pas trop. Je marche un temps dehors pour essayer de me fatiguer, de prendre l'air. Je décide enfin de retrouver mon lit, il doit être aux alentours d'une heure ou deux heures du matin. Je fais mon possible pour ne pas réveiller Enoch qui dort déjà. Je me glisse sous les couvertures, et mes yeux restent ouverts sans que le sommeil ne vienne à moi. J'essaie de ne pas bouger, je ne veux pas réveiller mon partenaire. Au bout d'un temps qui me paraît interminable, je décide de me lever. Il faut que je me rende à l'évidence, je ne vais pas trouver le sommeil de si tôt. J'enfile un pull et je me dirige vers le réfectoire. Je ne m'attends pas à trouver quelqu'un debout à cette heure-ci. Et je m'attends encore moins à recevoir une boîte de céréales en pleine sur mon crâne. Carrément, une boîte de céréales ? « Aïe ! Mais ça va pas la tête ? » je dis en me frottant la tête. Je regarde le jeune homme qui vient de me balancer sauvagement cette boîte et je me mets devant lui. « Je peux savoir ce que je t'ai fait ? » Non parce qu'à part rentrer dans la cuisine, je ne pense pas avoir été désagréable.

« Aïe ! Mais ça va pas la tête ? » Ça peut parler, un somnambule ? Tu ne sais plus trop. Il y avait un soldat, dans le camp en Afghanistan, qui était somnambule. Mais il n'était pas dans ta section, alors tu n'avais jamais rien pu tester sur lui. Donc non, tu ne savais pas si un somnambule pouvait parler ou non. La jeune femme s'approche. Elle est pas mal. Ouais, vraiment pas mal. Mais elle n'a pas l'air d'être en état second. Elle doit être vraiment réveillée, pour le coup, vu la manière dont elle marche vers toi. « Je peux savoir ce que je t'ai fait ? » Ah. Bon. Tu la regardes en plissant les yeux, comme si elle était un spécimen étrange. Elle l'était. « Tu me déranges alors que je prends mon petit déjeuner. Retourne dormir. » réponds-tu tout simplement. Oui, tu donnais un ordre à cet inconnu. T'aimais bien donner des ordres, c'était ta spécialité.

Le sommeil m'a abandonné, il m'a lâchement abandonné. Il est presque cinq heures du matin, et je suis toujours en train de fixer le plafond. Il faut que je sorte de ce lit, que je fasse autre chose, j'essaie du mieux que je peux de ne pas réveiller mon partenaire et mes pas me portent jusqu'à la cuisine. Qui sait peut-être que manger me fatiguera. C'est sans doute un peu utopique. Je sens déjà la nuit blanche pointer le bout de son nez, c'est bien parti. En arrivant dans le réfectoire, je sens une boîte de céréales atterrir en plein sur mon crâne. Je suis en train de rêver non ? Pourquoi quelqu'un ferait-il ça ? Et puis la boîte entière sérieusement ? Je ne sais pas trop ce que j'ai pu faire pour mériter tel traitement. Je m'avance vers le jeune homme qui est à l'origine de ce lancer, et je lui demande. Oh je le dérange, bien, de mieux en mieux. Et en plus il me donne des ordres. « Ah oui et tu crois donc peut-être que quand tu donnes des ordres on doit s'exécuter ? » Je ne crois pas moi. Je ne suis pas énervée, je lui fais simplement une remarque. Je n'ai pas la force de m'énerver contre lui, il n'en vaut sûrement pas la peine vu la façon qu'il a de se comporter. Je fais quelques pas en arrière et je récupère le paquet de céréales qu'il m'a jeté dessus, et j'attrape un bol et du lait. « Donc tu m'excuseras mais je vais manger moi aussi, et je vais même le faire ici, à côté de toi. » Je m'installe tout juste à côté de lui que ça lui plaise ou non.

Ça serait mentir que dire que tu n'étais pas déçu que cette personne ne soit pas un somnambule. Enfin, au fond, tu t'en foutais quand même il faut dire. De toute manière, ce n'était même pas comme si tu lui avais fait mal en lui lançant la chose sur la tête. Ce n'était qu 'une boîte de céréale. Quelque chose d’inoffensif. Pourtant, ça n'a pas l'air de lui plaire. « C'est le principe d'un ordre, oui. Alors sois une bonne fille et écoute. » Oh, tu n'étais pas trop d'humeur. Mais après tout, c'était la réalité. Quand on donnait un ordre, c'était fait pour l’exécuter. Pourtant la jolie brune à l'air d'en avoir choisi autrement puisqu'elle s'installe juste à côté de toi. Carrément. Tu la regardes, les yeux plissés. Sérieusement ? « Non, je t'excuse pas vraiment, en fait. » réponds-tu alors. Parce que oui, elle vient de s'excuser, alors tu fais un commentaire à ce propos. Mais en ce matin, tu n'avais pas la foi pour la dégager définitivement. T'étais seulement d'une humeur.. un peu plus horrible que d'habitude.

Et donc c'est dans ses habitudes de balancer des paquets de céréales à la tête des gens ? Dans ce cas là j'aimerais être prévenu, parce que je m'en irai à chaque fois que je le verrai. Et puis je ne suis pas d'humeur à jouer à ce petit jeu là, ni à écouter ses ordres d'ailleurs. Je ne sais pas trop pour qui il se prend, pour penser qu'on doit l'écouter et faire ce qu'il dit. Je ne vais certainement pas m’exécuter. « J'ai pas l'habitude d'exécuter les ordres que l'on me donne encore moins venant d'un petit morveux dans ton genre. » Oui je n'ai pas envie de l'écouter là pour le moment. Il faudrait qu'il se calme un petit peu, ce serait vraiment dans son intérêt. Enfin je crois qu'il n'a pas tellement envie d'écouter ce que j'ai à lui dire. Tant pis, je m'assois quand même à côté de lui, qu'il le veuille ou non. J'ai décidé de manger, et ce n'est pas lui qui va m'en empêcher. Et il ne m'excuse pas ? Quel dommage, je ne vais pas en dormir tellement cette information me bouleverse. Mais enfin je ne suis pas rancunière. « Et je peux savoir ce qui te met de si mauvaise humeur ? A moins que tu ne le sois constamment. » J'essaie même de lui parler, même si j'ai comme l'impression qu'il va m'envoyer balader. Tant pis, au moins j'aurais essayé.

Un petit morveux. Tu étais un petit morveux, donc. Toi. Bien sûr, ça paraissait tellement évident. Ou pas. C’était toi, qu’elle venait de traiter de morveux. Et en plus, elle ne t’écoutes même pas, puisqu’elle s’assoit pour manger. Ça serait trop beau pour être vrai qu’une seule personne ici écoute ce que tu dis. Non, les gens n’en avaient rien à foutre. Sûrement à juste titre, mais toi, t’aimais pas ça. En temps normal, quand tu donnais des ordres, on s’exécutait. Mais tu oubliais souvent que tu n’étais pas dans un endroit qualifié de normal. Et elle te demande ce qui te mettait d’aussi mauvaise humeur. A moins que ce soit constant. C’était assez constant, en fait. Même si tu avais des degrés de mauvaise humeur. Là, le degré était pas mal élevé. Enfin, pas trop non plus. « La cuisine m’appartient à 5heures du matin. » parce que depuis une semaine, t’étais le seul présent ici si tôt dans la journée. Même si bon, ce n’était pas la raison de ta mauvaise humeur, c’était clair. Ça serait plutôt ridicule si c’était le cas.