conquest of spaces
STARRING ENOCH AND JAILEEN

J'ai l'impression que tout va au ralenti cette semaine. On est loin de l'effervescence des débuts. Notre effectif démunie semaine après semaine. Tout paraît calme désormais. Trop calme, d'ailleurs. Cela ne me dérange pas en soi, mais ça me rend un peu nostalgique c'est tout. J'ai du mal à croire que je suis encore ici. Je pensais ne pas avoir ma place dans cette aventure. J'ai réussi à m'accoutumer de la présence des autres, de l'agitation générale. Moi qui ai toujours mené une vie de solitaire, loin du bruit et à l'écart des autres. C'est étonnant de voir un parcours tel que le mien. Je me suis inscrit sans y croire vraiment, mais je me suis laissé tenté. Je ne regrette pas d'avoir participé à cette émission. Il fait nuit. Je fais une petite balade avant de me coucher. J'arrive non loin de la fête foraine. J'embrasse du regard le paysage qui se dresse devant moi. Les illuminations sont magnifiques. Mes pas me mènent vers la grande roue. J'aperçois une silhouette de dos. Je reconnais la chevelure blonde de Jaileen. Je m'approche en souriant. Je pose délicatement une main sur son épaule.  - Ça te dit de monter dedans ? Elle se tourne vers moi. Je lui souris tendrement. Je ne suis jamais monté dans une grande roue avant. Il paraît que le paysage est à couper le souffle de là-haut. - Après vous, mademoiselle. Je la laisse monter en premier. Je la suis. On est assis et soudain, la roue se met en marche. - Ca va ? Tu n'as pas trop le vertige ? J'espère qu'elle va bien, sinon on peut redescendre si elle veut.

Il y avait de moins en moins de monde dans le nid d’amour et plus le temps passait, plus les candidats commençaient à s’ennuyer fermement. En ce début de soirée, par exemple, Jaileen ne savait que faire. Elle tournait en rond. Elle n’avait pas envie de parler durant des heures et des heures sur un sujet dont elle n’avait strictement rien à faire. Plutôt que de faire mine d’écouter Zola parlait de sa ville natale ou encore entendre Sully s’extasier devant le sourire parfait de la jolie Ismène, la grande blonde préférait retomber en enfance et aller faire un petit tour à la fête foraine. Elle ne mangerait pas de barbe à papa étant donné qu’elle faisait attention à sa ligne, mais elle pourrait peut-être tenter quelque chose qu’elle n’a jamais fait, comme … la grande roue. Il y avait bien une à Londres, mais elle n’avait jamais voulu grimper dessus. Pourtant la plupart de ses anciens petits copains, lorsqu’elle n’était encore qu’une adolescente, l’avaient presque tous amené là-bas pour leur premier rendez-vous, mais rien à faire, elle n’avait jamais voulu monter dessus. Le vertige. C’était tout de même affolant d’être craintive de la hauteur à ce point. La demoiselle restait plantée devant comme si elle attendait quelque chose. Elle observait le sommet. Trop haut. Beaucoup trop haut. Elle n’avait pas la trouille, mais un petit peu quand même. Quelqu’un venait poser ses mains sur ses épaules. - Ça te dit de monter dedans ? La jeune femme se tournait pour adresser un sourire à Enoch, qu’elle avait reconnu bien entendu. Elle faisait un petit oui de la tête. Elle aurait peut-être moins peur avec une grande personne à ses côtés. Beh oui, il était bien plus âgé qu’elle donc bon. - Après vous, mademoiselle. Elle ne disait rien pour le moment. Elle était à la fois bien trop excitée et bien trop sous le choc de ce qu’elle était en train de faire qu’elle n’arrivait pas à dire quoi que ce soit. Souriante, elle venait s’installer sur le siège. Tournant la tête, elle s’apercevait que tout cela prenait de la hauteur petit à petit. - Ca va ? Tu n'as pas trop le vertige ? Sans savoir pourquoi, elle s’agrippait au bord pour regarder en bas. Mauvaise idée. Venant reposer son dos contre le dossier, elle disait : « Non, pour l’instant ça va. » Elle mentait bien évidemment, mais elle ne voulait pas contredire son compagnon. Blanche comme un linge, elle n’osait rien dire. Ah si. Elle venait demander une toute dernière chose. « Ca ne risque pas de se décrocher ou un truc dans le genre non ? »

Les jours défilent plus lentement que d'habitude. Sans doute à cause du calme ambiant qui règne dans le nid d'amour. Les locaux semblent plus vides, ces temps-ci. On est de moins en moins de candidats à être encore dans la compétition. Les  départs sont de plus en plus difficiles. C'est le jeu. Je m'y suis fait. Je garde tout de même l'espoir que je reverrai des candidats bientôt. C'est la seule chose qui me permet de tenir encore bon. Je me vois mal abandonner maintenant. J'ai encore mes piliers ici et je m'y sens bien, mine de rien. Et même, ce n'est pas dans ma nature de tout laisser tomber. Quand j'entreprends quelque chose, je vais jusqu'au bout. Toujours.  Je décide de me balader pour me changer les idées. Mes pas me dirigent vers la fête foraine où je retrouve Jaileen, se tenant debout près de la grande roue. Elle observe la hauteur de celle-ci tandis que je viens la rejoindre. Je l'invite à monter dedans. Une fois assis, la roue se met en marche. Je regarde ma camarade. Elle ne se sent pas bien. Je le vois rien qu'en voyant la pâleur de son visage. J'ai oublié qu'elle avait le vertige, la pauvre. Elle me dit que ça va. Je sais qu'elle me ment pour me rassurer. Je suis loin de l'être. Je lui dis calmement :- Non, on est en sécurité ici. Je lui prends la main pour l'aider à se détendre, puis mes doigts glissent sur son menton que je lève pour que nos regards se croisent. - Regarde-moi, Jaileen. Elle me fixe, à la fois effrayée et hagarde. Je lui serre délicatement la main, puis j'appuie son poignet avec mon pouce pour que son corps se détende un peu. C'est une technique de massage que j'ai appris pour lutter contre l'angoisse. - Tout va bien se passe, je te le promets. Respire un bon coup. Inspirer, expirer. Rien de plus simple à faire. Cela va lui permettre de bien oxygéner son cerveau. - Ça va mieux ? , lui demandai-je d'un ton doux. J'espère que cela l'a apaiser, ne serait-ce qu'un peu. Je me sens couple tout d'un coup. Vaut mieux qu'on redescende si son état s'empire.

Les manèges à sensations fortes ce n’étaient franchement pas sa tasse de thé à la grande blonde. Ce genre de chose lui donnait la nausée et lui faisait froid dans le dos. Elle en avait des frissons et son crâne lui faisait mal à chaque fois, un petit peu comme si quelqu’un était en train de lui marteler les tempes avec une massette. Elle devenait pâle à chaque fois. En plus de tout ça, la demoiselle avait le vertige. Imaginez lorsque les deux choses étaient combinées. C’était un coup à lui faire faire une crise cardiaque à la jeune femme. Une grande roue ce n’était pas franchement plein de sensations fortes, mais c’était tout de même vachement haut. Jaileen n’osait pas y monter, mais lorsqu’Enoch faisait son apparition lui proposant un tour elle ne pouvait refuser. Elle n’était pas du genre à refuser quoi que ce soit. On lui avait toujours dit que c’était malpoli. Son camarade avait l’air serein. Elle l’était un peu moins. D’ailleurs, elle ne pouvait s’empêcher de lui demander si tout cela ne risquait rien. - Non, on est en sécurité ici. En sécurité ? Il ne fallait pas non plus exagérer. La nacelle pouvait se décrocher à tout moment et les laisser s’écraser sur le sol comme deux vieilles crêpes. Jaileen ne répondait pas, mais venait se grandir très légèrement pour observer le vide une nouvelle fois. Un acte qu’elle regrettait bien vide. Fermant les yeux soudainement, elle venait s’enfoncer encore un petit peu plus sur son siège. Enoch attrapait les mains de la jeune femme avant de laisser ses doigts glisser sous son menton. - Regarde-moi, Jaileen Elle s’exécutait, mais ne parvenait pas à se montrer confiante. La peur qui l’habitait était bien trop visible. Il serrait sa main et appuyait sur son poignet. La jeune femme l’observait se demandant ce qu’il était en train de faire. - Tout va bien se passe, je te le promets. Respire un bon coup. Elle fermait les yeux et expirait le plus calmement possible. - Ça va mieux ? Hochant la tête une première fois, elle répondait : « Je … Je crois bien. » Jaileen se risquait à ouvrir les yeux. Tombant nez à nez avec Enoch, elle lui adressait un sourire. « Tu … comment tu fais ça ? » Curieuse comme la peste, elle se grandissait à nouveau, prête à regarder par-dessus bord.

Je ne suis jamais allé à une fête foraine. Mes parents n'ont jamais eu les moyens pour m'y amener. Ici, j'ai eu le loisir de voir ce que c'était. Il y a des attractions en tout genre. Je sais que celle-ci n'est pas aussi fournie que les grandes enseignes. Je remarque la diversité des attractions. Il n'y en a pour tous les goûts. Pour ceux qui sont en recherche de sensations fortes, il y a la grande roue. Mais je ne suis pas très friand de ce genre d'attractions. Je préfère quelque chose de posé, bien que je n'ai aucun vertige. Je préfère la grande roue par exemple. Je n'y suis jamais monté d'ailleurs. De là-haut, il y a sûrement une vue imprenable sur tout le studio. J'ai eu envie d'y monter, proposant à Jaileen de m'y accompagner. On s'assoit. Tout va bien pour le moment jusqu'à ce que la roue démarre. Je regarde ma camarade devenir blanche comme un linge. Elle a le vertige, j'avais oublié. Elle aurait du refusé ma proposition. Inquiet, je tente par tous les moments de la distraire. Elle a eu le malheur de regarder en bas, faisant accroître son angoisse. Le meilleur moyen, c'est qu'elle oublie qu'elle en est hauteur. Je porte son attention sur mon regard. Je prends doucement sa main que je caresse avec tendresse. J'appuie sur son poignet pour atténuer sa peur petit à petit. Je lui demande de respirer pour remplir ses poumons d'oxygène. Je lui demande si ça va. Elle me répond que oui. - C'est de la magie., dis-je en riant légèrement. - Je me suis beaucoup intéressé à la médecine thérapeutique. J'ai appris quelques techniques de relaxation. A une époque, j'ai eu des problèmes pour gérer ma colère. Grâce au soutien de mon parrain, j'ai réussi à trouver l'équilibre.

Les sensations fortes ce n’était pas vraiment sa tasse de thé à la grande blonde, mais elle ne pouvait pas refuser l’invitation d’Enoch, un candidat qu’elle appréciait malgré les avances qu’elle avait pu lui faire sous l’effet de l’alcool. Elle s’en voulait un petit peu depuis ce jour. Surtout qu’elle connaissait son secret et que … enfin c’était étrange. Jaileen aimait passer du temps avec lui. Il l’apaisait. Elle était moins fofolle en sa présence et elle faisait des choses qu’elle n’aurait jamais pensées réalisable. Comme monter dans une grande roue à la fête foraine par exemple. Elle n’était tout de même pas vraiment rassurée. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder par-dessus bord. Le vide la rendait malade. Son cœur cognait contre sa poitrine et elle avait chaud puis froid. Enoch le voyait et venait aussitôt s’emparer de sa main, de son poignet pour effectivement un petit massage étrange à un endroit bien précis. Elle suivait les consignes de son camarade. Elle avait l’impression d’aller un petit peu mieux, mais impossible de savoir si cela n’était qu’une impression. Elle était abasourdie. Elle venait lui demander comment il faisait cela. C'est de la magie. Parce qu’en plus il était magicien. Un sourire amusé venait se dessiner sur les lèvres de la blondinette qui voulait lui demander de devenir son assistante, mais il reprenait déjà la parole. Je me suis beaucoup intéressé à la médecine thérapeutique. J'ai appris quelques techniques de relaxation. Oh. Cela pouvait être intéressant. Sourire aux lèvres, elle venait lui demander. « Tu veux bien m’apprendre ? » demandait-elle en baissant les yeux vers son poignet. Celui qu’il tenait dans sa main.