Hormis l'excitation enfantine, et pourtant, rafraichissante de Monroe vis à vis de mon baiser avec Jaileen, je n'avais pas encore eu d'échos de la part des autres candidats vis à vis de leurs ressentis sur la chose. Autant dire que je marche sur des coquilles d'oeuf, étant donné que je ne sais donc pas du tout comment m'y prendre, avec eux. Aujourd'hui, je me dirige vers le réfectoire. Je compte manger un délicieux déjeuner, le genre de déjeuner que je devais préparer pendant un petit moment, mais qui en valait le coup, une fois dans mon estomac. Après avoir fait un tour au Wal-Mart, je suis donc remonté au décor "principal" du Nid pour me mettre aux fourneaux. Grec. Je vais manger Grec. Je n'ai pas mangé grec depuis tellement longtemps que cela me frappe comme une évidence : mon pays me manque, avec ses mythes, ses couleurs, ses odeurs et ses saveurs. Je veux à nouveau manger les gigantesques olives du jardin de ma mère, je veux arpenter ces rues peuplées d'Athènes à nouveau. Une fois mon mets terminé, je nettoie derrière moi, comme je sais que j'aimerais que les autres fassent, s'ils étaient à ma place. On lave l'assiette, le verre. Les ustensiles de cuisine utilisées dans la confection du plat. Puis ... Je me dirige vers la sortie, et c'est à ce moment là qu'entre Enoch. Chouette. Un candidat. Je vais pouvoir tester ma position au sein des coeurs des autres, et je dois avouer que c'est la première personne avec qui j'aurais souhaité reparler depuis l'incident.

- Je ... Tu as mangé ? Je lui demande alors. Je me doute bien que non, mais bon.

Je rentre de mon footing matinal aux alentours de huit heures du matin pour prendre une douche rapide. Je m'habille, je me recouche auprès de Avalon qui dormait à poings fermés. Je me sens tellement bien dans ses bras que je me rendors tout de suite. Je me réveille. Avalon n'est plus là. Je regarde le réveil. Il est presque treize heures. Je caresse sa place encore chaude avant de me lever à mon tour. J'ai soif tout d'un coup. J'ai une soudaine envie de limonade. Je me dirige vers le réfectoire. J'y pénètre et je tombe sur Cosmas. Je lui souris chaleureusement en guise de salutation. Il me demande si j'ai déjà mangé. Je lui réponds d'un ton calme, un doux sourire aux lèvres.- Non, je n'ai pas encore mangé. Mais je n'ai pas très faim. Je suis juste venu prendre de la limonade. Je m'empresse de m'avancer vers le réfrigérateur. J'ouvre la porte et en sort un pichet de limonade fait maison. Je le pose sur le plan de travail. Je prends deux verres du placard au-dessus. Je verse de la limonade dans nos deux verres. Je reviens vers lui et je lui tends un verre. - Tiens. Je l'ai fait moi-même. Je m'assois près d'une des tables à disposition. Je trempe mes lèvres dans ma limonade. Elle est bien fraîche. Je bois une bonne gorgée pour me désaltérer. J'avais vraiment soif, on dirait. Je me tourne vers lui et lui fait une tape amicale sur le dos. - Sinon, quoi de neuf toi ? Je ne sais pas ce qui s'est passé entre Cosmas et Jaileen. A part ce fameux baiser qui a secoué tout le monde. Moi, le premier. J'attends qu'il m'en parle de lui-même.

Le sourire d'Enoch me rassure. Il est chaleureux. Sincère. Ce n'est pas le genre de sourire malhonnête ou faux que j'ai eu le plaisir de croiser, des temps de ma brillante carrière d'électricien prodige - ironie - de Luimneach. J'ai l'impression de pouvoir lui faire confiance, en fait. Qu'il ne me juge pas, voyez-vous ... Et ça, ça me rassure. Ça me plait, même. Cette impression de ne pas être passée sous une loupe aiguisée afin de voir si je correspondais toujours aux personnes qu'il voulait dans son entourage ou non. Il me dit ne pas avoir faim. Être venu simplement pour prendre de la limonade. De la limonade. Tiens. Je n'ai jamais été très limonade, moi. Ou plutôt ... Je n'ai jamais été particulièrement friand du citron, je pense que c'est plutôt ça, le problème. Chacun ses trucs, après tout ... Non ? Et pourtant, il m'en tend un verre, et je sais mieux que de la refuser. Mais bon ... Elle a été fait maison, donc ça doit encore aller. C'est pas bourré de produits chimiques au moins, en fait. Je déteste quand c'est comme ça. Enoch s'assoit, et je le suis. Poliment, je bois une gorgée de la limonade. J'en ai pas bu depuis ... Oh. Deux-trois ans. Et c'est meilleur que dans mes souvenirs, d'ailleurs. Je dois avoir l'air étonné, en découvrant cette boisson, à nouveau. J'en boirais pas tous les jours non plus, et je ne pense pas que je finirais le verre, sauf si on reste ici vraiment longtemps ... Mais c'est sûr que c'est agréable, comme ça. Il me demande quoi de neuf, et j'enterre alors ma tête entre mes deux mains.

- Je ... Je ne sais pas. Je redresse alors ma tête pour plonger mes yeux dans les siens, et lui dire, en toute sincérité :

- Je crois que je suis complètement perdu ...