Retrouvée. Enfin. J'avais réussi. Et pourtant ... Je n'avais pas l'impression que cela avait été le cas. Malgré les semaines passées à retrouver sa trace, malgré les coups de fil, les recherches internet ... Malgré le billet d'avion acheté à la dernière minute (et pour un prix assez élevé), je n'avais pas réellement l'impression d'être ici, à Los Angeles ... C'est sans doute parce que la dernière fois que j'avais mis les pieds par ici, je n'avais vu qu'un reflet de cette ville à la fois unique et merveilleuse. Une parcelle visible entre deux fissures du voile, et dont je ne découvrais l'intégralité qu'aujourd'hui. Je m'étais installé dans le premier hôtel en ville, puis j'avais lancé mon dernier coup de fil.

- Odessa ? Et comme par instinct, je savais qu'elle saurait qui était à l'autre bout du fil. Et c'est ainsi que nous nous sommes décidés à se rencontrer, en ville, dans un Starbucks ... Et aujourd'hui, c'est le jour-J. Dire que je suis nerveux serait un euphémisme. Elle me manque, terriblement. J'ai besoin de la voir, et la seule raison pour laquelle je ne me suis pas immédiatement lancé à sa poursuite, après la fin de l'aventure, c'était parce que j'avais des affaires trop pressantes à régler ... J'avais entamé les procédures de divorce, d'ailleurs. Je ne crois pas qu'Anna était contente de les recevoir ... Mais elle a signé les papiers donc bon ... D'ici quelques mois, tout serait finalisé, je pense. Ce n'est pas comme s'il me restait grand chose pour lequel me battre, à Luimneach. Mais je suis ici, maintenant, à Los Angeles ... Et à chaque fois que la porte du café s'ouvre, mon coeur se lève, se demandant si c'est elle ou quelqu'un d'autre. Et c'est alors que j'aperçois sa tignasse rousse. Elle est belle à m'en couper le souffle. Tentant faiblement un sourire, je lui fais signe, espérant qu'elle me voie. Quoi que je puisse paraitre ou dire, je ne suis pas prêt pour ce moment. C'est la conversation que j'ai attendu toute ma vie, en quelque sorte. Celle des explications, celle des aveux ... Il y a de quoi être effrayé, vous ne trouvez pas ?

J’ai hésité, oui, quand j’ai reçu cet appel. Quand il m’a appelé mais surtout après, quand il m’a proposé ce rendez-vous qu’il était alors très peu probable que j’accepte. Parce qu’après tout, ce qu’il m’a fait, c’est assez peu correct. Cocue devant des millions de téléspectateurs et pire encore, avec Jaileen. J’ai eu du mal à avaler. J’ai encore du mal d’ailleurs et je ne sais même pas si je réussirais à passer outre. Cosmas, c’était la bonne rencontre de l’aventure. Certes, il y en a une autre mais il est le candidat qui résume à lui seul mon aventure si l’on devait me demander de le faire. J’ai été charmé, j’ai joué, je me suis brûlée. Pas tellement étonnant. Je m’en doutais. En fait, je le savais même, depuis le début. Car s’il y avait en moins cette partie brûlante de désir, la retenue était toujours présente, comme pour me rappeler qu’un jour, bien certainement, il s’attarderait sur une autre. Et il n’aura pas mis longtemps, une ou deux semaines seulement après mon élimination, je ne sais plus trop, et je m’en fiche. Alors j’ai oublié, tout du moins j’ai tenté d’oublier Cosmas et ce n’était pas franchement trop dur étant donné qu’il n’avait plus donné aucune nouvelle de lui depuis la sortie et que j’étais loin de lui en donner de moi. Jusqu’à cet appel qui m’a tout renvoyé à la figure et m’a démontré en l’espace d’une demi-seconde que finalement, il était bien plus difficile de l’oublier que je le croyais. Alors j’ai accepté, ce rendez-vous. J’ai accepté de le voir pour, au moins, porter un point final à notre histoire qui n’aura jamais vraiment été terminée comme il le faudrait. Je ne sais pas à quoi m’attendre, je m’habille normalement. Pas envie de donner l’impression d’avoir fait des efforts pour lui, pas après ce qu’il m’a fait. J’entre dans le Starbucks et rapidement, je le remarque. Pas compliqué, surtout quand on est grand comme lui et bien plus beau que la moyenne. Il me fait un signe, il a l’air gêné. Tant mieux. C’est mon côté sadique. Il savait tout de moi, quand je mentais, quand je protégeais mon secret et moi rien de lui, j’ai pardonné des choses un peu stupides, certes, mais j’ai pardonné et me suis lancé dans l’inconnu quand lui a finit par me remplacer bien rapidement. Alors oui, il mérite d’être gêné. Je m’avance et m’assois, je ne dis rien. Je ne sais pas tellement quoi dire en fait et puis surtout, je n’ai rien à dire, c’est à lui de s’expliquer, non ? Moi je trouve que si.