FT. ORSON

Toc toc toc. Je frappe contre la vitre qui sépare le hall en deux. Je regarde dans le vide, cherchant l'endroit où la vitre gagne le plafond, sans vraiment trouver ce que je cherche. Pf, de toutes façons, c'est pas fait pour moi, ce genre de trucs. Je comprends jamais rien. Genre, le temps sous le dôme de la saison 9, c'est un vrai mystère pour moi et ça le restera sans doute jusqu'à la fin des temps. Quoi ? Vous trouvez pas que c'était quand même vachement bizarrement. Moi ça m'a fait penser aux arènes dans Hunger Games... Non mais c'est pas vrai ? Je me trompe peut-être ? Non, je ne me trompe pas, je ne me trompe jamais. Bon. Mon regard se pose sur l'autre côté, je regarde un peu et l'escalier qui part de l'autre côté m'appelle. Non mais sérieusement, j'ai trop envie d'aller voir l'autre aile moi ! Le mystère, tout ça. C'est comme la salle des profs, qui n'a jamais rêvé de voir la salle des profs dans son lycée ? Je suis folle ? Je ne crois pas. J'ai déjà demandé à Antwon comment ça fait d'être dans une salle des profs, mais je crois qu'il est pas normal ce mec, parce qu'il m'a dit que c'était genre.... comme une salle normale. N'importe quoi, j'ai jamais entendu autant de conneries de ma vie. Enfin c'est pas grave.

Finalement, je sors de mes pensées lorsqu'un mec - mon "partenaire" qui n'est finalement pas mon partenaire, descend les marches de l'autre escaliers. « EEEEH !!! » je crie, en agitant les bras pour essayer d'attirer son attention. Ils ont dit quoi déjà ? Ah ouais, qu'on entend pas les autres... Et il entend quand on tape contre la vitre ? Alors je tape, parce qu'on sait jamais. Mais en même temps, j'ai un peu peur de la casser. C'est le genre de tuile qui ne peut arriver qu'à moi, c'est la vie qui veut ça. Donc bon, j'tape deux fois fort, et après, je tape moins fort. Oui, c'est en partie parce que j'ai mal à la main, mais aussi parce que j'ai peur que ma force légendaire casse le verre. Eh mais tourne la tête, abruti. Allez. Je fais une moue de supplication, comme si ça allait servir à quelque chose. « Mais allez, regarde-moi ! J'suis censée être ta copine.... » je murmure, plus pour moi que pour lui.

Mercredi. A cette heure-ci de l'après-midi, ce coté-ci du château se limitait aux pièces intérieures au dernier puisque c'était au tour du côté adversaire de profiter de l'extérieur, pendant que les autres restaient enfermés entre ces quatre murs. Cela ne gênait en rien, ce cher Orson, un habitué de l'enfermement. Il était un reclus, un solitaire de nature. S'entourer de gens ne lui étant nécessaire que quand la courtoisie l'y oblige. Il ne côtoie des personnes différentes tous les jours. Parfois, il les indiffère lorsque enfermé dans sa propre bulle, il en oubliait le reste. Errant de pièce en pièce, il descendit les marches une par une, un livre à la main et sa cigarette au bec. Il compta chaque marche lors de sa descente, en gardant obstinément les yeux sur ses pieds. Arrivé en bas, il entendit un bruit étrange, provoquant le raffut qui parvint à attirer son attention. Il se retourna et arqua un sourcil interrogateur en direction d'une jeune fille. Dans la vingtaine, un joli minois. Il s'approcha de la vitre en fronçant légèrement de la vitre. Etant physionomie, il la reconnut en détaillant ses traits d'un regard consciencieux. Lulu-Bella. Il lui fit un léger signe pour la saluer. Un sourire en coin, il s'adossa la vitre, y laissant involontairement ses empreintes. Pensif, il sortit de la poche arrière de son pantalon de costume un feutre à vitre effaçable. Depuis qu'il l'avait trouvé dans sa trousse, il ne s'en séparait plus. Pratique pour communiquer. Il enleva le bouchon à l'aide de ses dents et écrit sur la vitre cette phrase : Dommage qu'on ne puisse pas se parler. Il rajouta un smiley, exprimant sa tristesse. Deux simples points et une parenthèse. Il savait écrire à l'envers et des deux mains donc ce n'était pas bien difficile. Encore faut-il qu'elle arrive à le relire. Il espérait qu'elle pouvait lire son écriture. Cette fille aurait du être son partenaire. Mais les choses étaient différentes désormais. En tout cas, elle avait l'air sympathique.  

Juste un petit regard, c'est tout ce dont j'ai besoin et... ah, putain, il l'a fait ! Je le regarde de haut en bas, parce que c'est presque incroyable. Il aurait entendu ? Pas ce que j'ai dit, il a clairement été dit que c'était impossible, mais le fait que j'ai tapé sur la vitre telle une forcené. J'avais un peu l'impression d'être dans l'illégalité totale en plus. Vous savez, comme dans les aquariums... les gens ont pas le droit de taper sur les vitres, parce que ça perturbe les poissons ou je sais plus trop quoi... J'ai jamais vraiment compris, et je crois que j'ai toujours tapé contre les vitres des aquariums, parce que de toutes façons, les poissons c'est moche. Et ça sert à rien, en fait. Bref, tout ça pour dire qu'il s'avance vers moi et vers la dite vitre que j'ai volontairement frappé pour avoir son attention. Il sort un feutre. Wow, c'est genre, un gadget pour percer la vitre ? Genre le mec c'est Inspecteur Gadget en fait ? Non, j'dis vraiment trop de conneries.. bref, il commence à écrire sur la paroi qui nous sépare, alors je me recule d'un pas, histoire que ce soit plus simple à lire. Je plisse les yeux quelques secondes, tente de lire ce qu'il vient d'écrire et y éprouve quelques difficultés. Quand enfin j'y arrive, mes yeux s'illuminent et je sors mon iPad de sa pochette. Je vais sur le bloc-note et commence à écrire : Grave ! Mais c'est pas grave, dans ma tête, t'as une voix trop envoutante, t'inquiète. Si ça peut le rassurer, hein. Je colle ensuite l'iPad contre la paroi, en faisant bien attention à ce qu'il ne tombe pas. Non parce que je sens que si j'le casse, Cupidon va pas être très d'accord et va me tuer. Ouais, j'le sens gros comme une maison. Je reprends l'iPad entre mes deux mains, rajoute une ligne : C'était qui, la brune pour qui tu m'as laissé tombé le premier soir ? Un gros coup de cœur ou...? Autant être fixée quoi. Je me le suis demandé toute la soirée, et puis même maintenant, cette question me brûle les lèvres. Sauf que si j'la dis, ça sert à rien, donc voilà, autant l'écrire. Breeeef.