DONIA & ORSON
all we are is broken glass,  thrown to the floor we were never meant to last

Il devait se réjouir que j’admette ainsi être de mauvaise compagnie, presque une honte au duo que nous formions malgré nous. Rarement que de telles paroles franchissaient mes lèvres. La maladie m’affectait plus que je ne voulais bien le croire. C’était d’un désespoir. Son reproche ne se fit pas prier, bien sûr qu’il trouvait toujours quelque chose à redire, peu importe la situation. Surtout lorsqu’elle me concernait. Je soupirais longuement à mon tour, comme si ces commentaires allaient vraiment aider. Si je dormais vêtue de la sorte, c’est bien, car je ne supportais pas d’être couverte de la tête au pied. Je me réveillais souvent couverte en sueur, la nuit, même lors des plus froides soirées d’hiver. Mon corps supportait mal les températures élevées. Ces nuisettes me permettaient de garder ma fraicheur. Et surtout, elles avaient bien plus de charme – je restais femme, après tout, et séduire était dans ma deuxième nature. Je l’entendis pousser un énorme soupir à son tour, et son corps pivota pour faire face au mien. Jamais je ne risquais de m’habituer à cette proximité. À une autre époque, elle m’aurait rassurée, aujourd’hui, désormais, elle me révulsait. Pourtant, je n’étais pas en position pour m’opposer à sa présence. Il ne semblait pas me vouloir du mal. Il s’enquérait plutôt de mon état. Sa main frôla mon front, s’en éloigna presque aussitôt. Dubitatif, il m’annonça que ma fièvre avait monté. « Je sais. » Je le sentais dans toutes les fibres de mon corps. Il retira alors son vêtement et me le tendis, m’obligeant à l’enfiler, et ce, sans rouspéter. « Je ne t’ai jamais demandé de prendre soin de moi. » fis-je sans bouger pendant un moment, avant d’attraper d’un geste impatient le chandail que j’enfilais difficilement vu ma position.  L’effort qu’il m’en couta fit résonner les marteaux qui cognaient dans ma tête et je reposais celle-ci doucement contre mon oreiller. « J’imagine que je peux compter sur toi pour me faire un compte-rendu de la soirée. » lui demandais-je d’un ton détaché. M’handicaper d’un prime n’avait jamais figuré dans mes plans. Maintenant, si Orson pouvait bien coopérer et me faire un petit résumé du prime manqué, ce serait comme si rien n’était arrivé.