J'ai un mal fou à dormir. Je me tourne et me retourne dans tous les sens, je ne sais pas ce que j'ai, si je ne me suis pas suffisamment bougé aujourd'hui pour être fatiguée, ou si au contraire j'ai trop forcé si bien que je suis encore trop excitée pour m'endormir, mais le résultat est le même et il n'y a pas moyen de fermer l'œil – ou plutôt, quand bien même je le ferme, cela ne dure jamais bien longtemps et ne me pousse pas plus que ça à me reposer. Au bout d'un moment, je finis par laisser échapper un sourire frustré et me décide à quitter le lit, n'en pouvant décidemment plus. Trop de pensées me tourne dans la tête de toute façon, alors je rêve éveillée si je m'imagine pouvoir trouver le sommeil dans les minutes à venir. Autant aller me dégourdir les jambes et arrêter de risquer de réveiller mon partenaire à tout instant avec mon remue-ménage. Prise d'une idée subite (ou, en fait, il s'agit plutôt d'une vieille idée qui se rappelle soudainement à moi) je m'empare de mon oreiller et quitte la chambre la plus discrètement possible, après m'être doucement extirpé des draps en veillant bien à ne pas faire trop de bruit. Je résiste même à la tentation de demander à Lewis si il dort, j'ai déjà joué cette carte là avec beaucoup de mecs et si l'expérience m'a bien appris une chose, c'est qu'ils n'apprécient pas spécialement qu'on les réveille avec une question pareille au milieu de la nuit. C'est donc seule que je me ballade dans les couloirs, mon oreiller serré contre moi comme s'il s'agissait d'une peluche, et je traînasse un peu avant de me diriger vers le hall. Il y a un truc que je rêvais de faire depuis un moment, mais je n'en avais jamais eu l'occasion. J'arrive au niveau de l'escalier qui mène à notre aile, et pose mon oreiller à plat sur le sol près de la plus haute marche. Je m'installe confortablement dessus comme s'il s'agissait d'une luge. J'hésite deux trois secondes, puis, un grand sourire aux lèvres, je m'élance, tenant l'oreiller pour le faire glisser bien comme il faut le long des marches. « Vouiiiii ! » je m'exclame le plus bas possible, et j'ai envie de lancer les bras en l'air mais aussi ça me fait perdre de l'équilibre et je suis obligée d'agripper l'oreiller de nouveau pour maîtriser ma trajectoire. Arrivée en bas, j'attrape mon oreiller que je coince sous mon bras et remonte, un sourire rêveur aux lèvres. Ce sourire s'estompe subitement quand je relève la tête et croise le regard de mon partenaire qui vient d'arriver dans la pièce. « Je, hum, je suis somnambule, je… Je sais pas ce qui s'est passé. » Soudainement, j'ai peur qu'il veuille plus me faire de bisous s'il tilte que je viens jouer dans les escaliers au milieu de la nuit.