Une nouvelle fois, j'ai énormément de difficultés à m'endormir. J'essaye de ne pas trop bouger, pour ne pas réveiller mon partenaire, mais je sais très bien comment tout cela risque de se terminer. Alors, sans plus attendre, je me lève et quitte silencieusement la chambre ; aux grands maux les grands remèdes. Il est vain et illusoire de ma part de m'imaginer que je trouverai le sommeil en persistant quelques minutes seulement. Si ça n'a pas pris la veille, il n'y a pas de raison que cela fonctionne mieux aujourd'hui. Désespérée, j'erre donc quelques instants dans les couloirs, puis me dirige finalement vers la cuisine, un peu par défaut. J'hésite à me préparer quelque chose à manger, je n'ai pas faim, mais au moins ça occupe. Enfin, je doute tout de même que ça soit une bonne idée. Aussi je me résous finalement à me préparer une tisane, qui m'aidera peut-être à me détendre un peu. Ça ne me coûte rien d'espérer. Une fois l'eau versée dans la bouilloire, je mets celle-ci à chauffer et sors de le sachet de tisane de son emballage en étouffant un bâillement – je suis donc bel et bien fatiguée, nul doute. Déposant le sachet dans une tasse, j'entends un bruit derrière moi et me retourne alors pour découvrir la silhouette de Donia. « Oh, salut. Tu as du mal à dormir toi aussi ? » je lui demande poliment en allant éteindre la bouilloire.

La semaine est presque terminée, et c’est ce soir que je connaitrais mon sort, à savoir si je resterais ou non dans l’aventure, si je franchirais le cap des demi-finales. J’avoue qu’avec l’élimination d’Orson, mon partenaire depuis le début de l’aventure, j’aimerais qu’au moins l’un de nous deux se rendent jusque-là. Question de faire honneur à l’équipe. Mais bon, ce n’est pas à moi que la décision finale revient. Tôt ce soir, je me suis retrouvé au dressing pour enfiler une tenue pour dormir, un pyjama confortable et pratique pour les nuits froides auxquelles nous faisons face en ce moment. Pourtant, l’heure avance, et je ne trouve pas la force d’aller retrouver mon lit. Peut-être parce qu’en fait, je l’évite. Et plus particulièrement ce partenaire – qui n’est plus – que je pourrais y trouver. Quoique plus rien ne l’oblige à rester désormais dans celui-ci, puisque le jeu l’a exclu, ou plutôt Lewis en a décidé autrement. Je m’affaire à ranger quelques-uns de mes effets dans mon casier, avant de finalement descendre d’un étage de m’aventurer à la cuisine, où je retrouve finalement l’une de mes camarades, Aliénor, en pleine préparation d’une boisson chaude. Une tisane, visiblement. Elle m’accueille d’un simple bonjour, me questionnant quant aux raisons de ma présence ici. « Il semble qu’il soit trop tôt pour dormir. Le sommeil ne vient tout simplement pas. » fis-je, en allant prendre place sur l’un des tabourets au comptoir, lui faisant face. « Pourrais-tu me servir une tasse, aussi ? » que je lui demande finalement. Je sens que ça ne pourrait pas vraiment me faire de tort. Et peut-être même m’aider à aller retrouver ce cher Morphée.

Je remue le sachet dans ma tasse, le faisant tournoyer encore et encore. À sa place j'aurais le tournis. Mais ce ne sont que des herbes enrobées dans un fin tissu, alors j'imagine que ce genre de considération leur échappe. Enfin, je ne sais pas. Je suis fatiguée, je crois. Je divague. Et pourtant, pas moyen de m'endormir. « C'est à croire qu'il se fait de plus en plus capricieux… » je souligne, en parlant du sommeil, bien sûr. Il ne daigne plus nous rendre visite. On lui a rien fait, pourtant. Enfin, je peux pas parler pour Donia, mais moi je lui ai rien fait. Je suis fatiguée. Bis. Je relève la tête vers Donia, un sourire en demi-teinte, poli et doux mais légèrement éteint. « Oh, oui, bien sûr, pas de soucis. » Je m'empresse alors de m'exécuter, joignant le geste à la parole, allant chercher une nouvelle tasse. J'ai un instant la velléité de lui demander quelle infusion elle désire, mais poser une question pareille me semble complexe – il me faudrait alors énumérer les différentes variétés d'infusions disponibles, et je n'ai pas la tête à ça, aussi je glisse dans sa tasse un sachet identique au mien. Je ne sais même pas ce qu'il y a dedans ; le nom m'inspirait juste, c'était quelque chose du style "bien être", "relaxant" ou "douce nuit" et la douceur du violet de l'emballage avait fini de me convaincre. « Comment vas-tu ? » je lui demande de but en blanc en versant l'eau bouillante dans sa tasse, et je lui demande ça pour plein de raisons à la fois – c'est la seule chose que je trouve à dire, et c'est le moyen le plus simple de lancer la conversation, et je me demande à quoi elle pense, et je ne lui ai pas parlé depuis longtemps, alors, vraiment, je ne sais pas comment elle va, et c'est tout naturellement que je me pose la question. Je lui tends sa tasse. « D'ici trois minutes, tu pourras enlever le sachet et ça sera bon. » je lui indique, après m'être rapidement renseigné auprès de l'emballage.