La veille, elle a eu l’droit au p’tit déjeuner. Le réveil parfait pour un premier réveil dans l’aventure. Elle a eu l’droit au café au lait. Elle a eu l’droit aux tartines beurrées avec de la confiture. Elle a eu l’droit au jus d’orange fait avec des fruits frais pressés. Aussi, elle a eu le droit à la petite rose cueillie dans le jardin. Le tout, sur un plateau apporté au lit. Le petit déjeuner de princesse, quoi, celui dont toutes les filles ont rêvé pendant leur première nuit dans le nid. Hier, t’étais le partenaire parfait. Mais ça, c’était hier. Et aujourd’hui, c’est un autre jour, tout est différent, t’es dans le lit et plus ça va, plus tu prends de la place. Plus tu t’étales, à moitié sur elle, d’ailleurs. Tu t’demandes pourquoi t’as pas beaucoup de place, d’ailleurs. T’es pas habitué à dormir avec quelqu’un, c’est trop bizarre. Et au bout d’un moment, t’es tellement pas calé que ça t’réveille. Et dieu sait que toi, t’es pas du matin, quand tu dors pas bien. Tu t’redresses dans le lit, tu regardes la demoiselle allongée à tes côtés, et tu souffles. « Hé. », dis-tu en te frottant les yeux, la tête dans le cul. Aucune réponse, aucun mouvement. « Hé. », répètes-tu, un peu plus fort, pour la faire réagir. Toujours rien. Un soupir d’exaspération s’échappe d’entre tes lèvres, et tu t’mets à la secouer, en lâchant un « HO ! », plus fortement encore. Là, elle réagit. Et avant même qu’elle ait le temps de t’incendier, tu reprends la parole. « Tu vois pas que tu prends toute la place dans le lit ? T’as cru que c’était Walt Disney tous les jours ici ? » Vraiment pas du matin quand t’as mal dormi.

Dormir, c’est important pour toi. Même si tu dors pas beaucoup. T’as besoin de tes heures de sommeil, ça t’empêche d’être stressé ou de mauvaise humeur. Mais quand t’es pas à l’aise dans ton lit, faut s’attendre à la tornade. Ta pauvre partenaire, elle avait rien demandé. Elle était dans son coin, essayant de dormir convenablement même si elle n’avait pas beaucoup d’espace, mais toi, tu trouvais qu’elle en prenait trop. A vrai dire, t’es pas habitué à partager ton lit. C’est pas un truc que tu fais, généralement. Et malheureusement, pendant les semaines à venir, tu étais dans l’obligation de céder une moitié à la blondinette. « Le fait que mon corps frôle la bordure du lit et qu’il menace de s’écraser sur le sol si tu tentes encore de prendre plus de territoire que tu n’en a déjà démontre plutôt le contraire, je crois. » Bah voilà, elle est pas encore par terre, donc ça veut dire qu’elle peut encore se décaler. T’es prêt à répondre, quand elle te propose du café. Là, ton sourcil s’arque. Tu l’avais peut être mal jugé, cette nana. Si elle voulait mettre du sien aussi le matin, t’allais pas cracher dessus. Puis, tu prends quelques secondes pour la regarder, et tu t’rends compte qu’elle est mignonne, cette partenaire. T’as eu pire en fait, comme réveil. « Bah écoute, si t’insistes, j’vais pas dire non, hein. »

Pour le coup, ce matin, t’es vraiment d’une sale humeur. T’es insupportable, et si t’étais face à toi-même, t’en aurais grave eu marre. Mais cette petite Medhi, elle a l’air plus conciliante. Tu pensais qu’elle allait t’envoyer bouler, surtout vu comment tu lui as parlé, mais non. Elle se propose pour préparer le petit déjeuner, et là, forcément, tu te dis que le réveil n’est pas si mal. T’as même pas à te lever du lit pour que la cuisine vienne à toi, c’est pas beau ça ? Bon, après ce que t’as fait la veille, t’as bien mérité ça, non ? Du coup, elle se lève, et t’ouvres un peu plus les yeux pour regarder, profitant de son haut assez court pour jeter un œil à son corps. Ok, merci la production, penses-tu. Et en plus, elle ramène de la bouffe. C’est bon, t’as complètement changé ton jugement sur elle. Si elle prend trop de place, elle sait comment se rattraper. Elle s’en va, et toi, tu te rallonges, sur le dos, prenant tout l’espace dans le lit. T’as envie de profiter de ce moment où t’es seul dans le lit, et tu vas le faire jusqu’à la dernière seconde. Et là, l’odeur du café et de la bouffe se rapproche, et un sourire s’affiche sur ton visage. « Ok, finalement, j’t’aime bien ce matin ! » Et aussi bizarre que ça puisse paraitre vu ta réaction plus tôt, tu te décales pour lui laisser de la place, écartant la couverture de ton corps vêtu d’un simple boxer pour qu’elle puisse prendre place à tes côtés.

Finalement, t’en profites, de ce moment tout seul dans le pieu. Tu peux t’étendre, te positionner comme tu veux sans qu’il n’y ait personne pour te gêner. T’es bien, tout seul. Malheureusement, t’es bloqué dans ce lit avec elle pour le reste de l’aventure. Du coup, va falloir que tu fasses des efforts, que t’apprennes à pas prendre toute la place, à partager cet espace. Et vu avec quoi elle revient, tu penses que tu pourras en être capable. Du moins, si elle t’amène le café au pieu au moins une fois par semaine. C’est un bon compromis, quand même. Sans ronchonner, tu te décales, t’approchant de l’autre bord du lit pour qu’elle puisse s’installer à tes côtés. « Wow, c’est impressionnant l’effet qu’à le café sur toi, rien qu’à son odeur, tu deviens moins chiant. Je pourrais presque croire au miracle. » T’ouvres un œil, t’arques un sourcil, tu la regardes. « Ha. Ha. » Elle te file ton café, tu l’attrapes et tu bois une bonne grosse gorgée, même si c’est chaud. T’en avais bien besoin, vu que t’avais mal dormi. Et là, t’as faim. Et la pomme dans laquelle elle croque, elle a l’air pas mal. Du coup, une fois qu’elle a fini, tu la prends des mains, et t’y plantes tes dents aussi. Puis tu lui rends, comme si de rien était. « On partage tout, hein. » Tu lui lances un sourire, puis tu reposes ton regard sur elle. « Puis pendant qu’j’y suis, vu qu’on est dans un moment de partage, si t’as envie de porter des tenues plus fines dans le lit, j’pense que ça m’aiderait à passer de meilleures nuits. J’dis ça, j’dis rien. » Tu hausses les épaules, et t’attrapes un muffin sur le plateau pour commencer à le déguster.