yityish

Je ne me considère pas comme un chef cuisinier hors pair. Je suis plutôt limité dans mes capacités à préparer un bon repas, même. Mais j’ai mes spécialités, des plats dont j’ai maintenant l’art de maîtriser à la perfection. C’est le cas de mon Pad Thaï. Faut dire que j’ai eu de très bon professeurs et que d’avoir habité plus d’un an en Thaïlande m’a énormément aidé aussi. Ce n’est pas le seul plat thaïlandais que je maîtrise, mais c’est celui dont j’ai envie en ce moment même. Et je suis agréablement surpris lorsque je découvre tous les ingrédients nécessaires à sa confection une fois arrivé dans la cuisine. C’est à croire que Cupidon il pense à tout. Je rassemble donc tout ce dont j’ai besoin et n’attend pas une seconde de plus pour commencer à préparer ce bon petit plat lorsqu’une blonde apparaît dans mon champs de vision. Y’en a des tas de blondes ici, mais elle, je sais seulement qu’elle a un nom bizarre. Pour le reste, elle m’est totalement inconnue. « Pad Thaï aux crevettes... Je partage. » Je lui annonce, simplement. C'est toute une invitation. Ce que je suis généreux. La bonté incarnée. Si elle me refuse ça, elle ne sait pas ce qu’elle manque. Et surtout, elle n’aura plus jamais l’occasion d’y goûter, puisque je ne lui offrirai plus jamais rien. Je suis comme ça. Je peux être gentil, mais j’ai mes limites. J’ajoute justement les crevettes dans la poêle, l’odeur du repas envahissant de plus en plus la cuisine. Ça donne vraiment faim tout ça.

Titi a faim. C'est vrai que depuis le début du jeu, elle essaye de manger en même temps que les autres pour profiter de leur savoir faire. En gros, elle n'est pas même capable de se faire cuire des pâtes, sans les gâcher. Elle a l'habitude de manger que des plats gâchés, mais sans trop de calories, alors ça lui va... Elle a aussi l'habitude de manger au restaurant, pour rééquilibrer le tout et faire qu'elle se moque alors de manger des trucs pas bon... Pourtant, elle a déjà pris des cours de cuisines avec des gens... Pour aujourd'hui, c'est pareil, elle espère profiter, mais profiter gentiment, en offrant un bisou ou en échangeant contre quelque chose. Un peu de compagnie... Elle sait le faire ça... Pour son plus grand plaisir, aujourd'hui, elle n'a pas encore mis un pied dans la cuisine que ça sent déjà super bon, alors elle n'hésite pas. La blondasse trottine jusqu'à dans la cuisine et pourtant, alors qu'elle essaye de regarder par dessus l'épaule du cuisinier, elle voit que le plat ne semble pasencore confectionné totalement. Même pas à moitié... C'est bon signe... Sur la pointe des pieds, elle devine des crevettes. Miam. Elle s'en lèche déjà les babines, mais finalement, elle n'oserait pas lui demander tout de suite d'en avoir un peut, parce que peut-être qu'il s'en prépare que pour lui tout seul. Bien que le nombre de crevettes soit trop élevé pour les manger à lui tout seul... En tout cas, c'est ce qu'elle pense... Elle attend, mais sa présence se fait remarquer et en bien, puis qu'il lui propose de lui même de partager son plat, au nom incompréhensible. Elle s'en fiche. Le minois de Titi doit s'illuminer d'un seul coup, parce qu'elle n'attendait que ça en fait. « Je ne sais absolument pas ce que c'est, mais ouai ! Je veux bien ! » Elle se frotte les mains, super heureuse... Bon en général, elle est assez heureuse pour rien alors ça ne change pas... « Merci l'inconnu ! » Qu'elle dit en souriant, se mordant un peu la langue. Elle regarde ce qu’il fait, se laissant aller à quelques paroles. « Une fois on m'a dit, il faut jamais tuer la peau de l'ours, avant de l'avoir vendu... » C’est là que l’autre adage : tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler prend tout son sens. Pour elle, ça veut dire qu’il ne faut pas dire je n’aime pas avant d’avoir goûté alors que pas du tout… D’ailleurs elle le lui dit : « Je crois que ça veut dire qu'il faut pas dire j'aime pas avant d'avoir goûter quelque chose qu'on croit ne pas aimer... » Qu'elle dit songeuse, le visage un peu figée dans sa réflexion. Mais elle, elle devrait bien tout aimer dans ce plat. Il y a des crevettes et elle aime ça.

Je suis en pleine préparation de mon fameux Pad Thaï lorsque je me rend compte que je ne suis plus seul dans la cuisine. Non, une blonde vient me rejoindre et semble franchement intéressé à ce que je prépare. En même temps je la comprend, ça sent le paradis dans toute la cuisine. Je sens d’humeur gentil et lui offre de partager, avant même qu’elle ne dise un mot. Non mais c’était une question de temps avant qu’elle ne le demande, j’avais bien remarqué. « Je ne sais absolument pas ce que c'est, mais ouai ! Je veux bien ! » Pourtant, un Pad Thaï, c’est le plat thaïlandais le plus connu. Je veux dire, y’en a partout dans le monde maintenant. Pas toujours délicieux, mais reste que c’est super connu. « C’est un plat thaïlandais. » Je me permet d’ajouter. Peut-être que ça lui dira quelque chose. Elle me remercie et je lui offre simplement un sourire en retour. Je fais sauter les crevettes dans la poêle, ayant presque terminé de préparer le repas. « Une fois on m'a dit, il faut jamais tuer la peau de l'ours, avant de l'avoir vendu... » Je passe près de m’étouffer avec ma propre salive en l’entendant. Elle est sérieuse là ? Est-ce qu’elle se rend compte de ce qu’elle vient de me dire. Non mais ça arrive à tout le monde de se tromper dans une expression, alors je lui donne le bénéfice du doute. Mais reste que je me retiens vraiment pour ne pas rire. « Je crois que ça veut dire qu'il faut pas dire j'aime pas avant d'avoir goûter quelque chose qu'on croit ne pas aimer... » Ok, elle est sérieuse. Et là, c’est trop pour moi, j’éclate de rire, me tournant vers elle alors que je retire le plat du feu. « Oh mon dieu. » Je ris un peu plus, m’imaginant qu’elle doit croire que je ris d’elle, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Enfin, je ris de ce qu’elle dit plutôt. « T’es mignonne. » Je dis, me calmant, prenant deux assiettes et séparant le repas en deux portions égales. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. » Je met l’assiette sous son nez, lui donnant une fourchette par le fait même. « C’est ça l’expression. » Je ne le dis pas de façon supérieur. Je veux seulement qu’elle le sache, pour ne pas faire l’erreur à nouveau. Même si pour le coup, c’était vraiment drôle. J’ai affaire à une vraie blonde je crois bien.

Titi n’est pas difficile. Même si elle ne sait pas ce que c’est, elle en veut volontiers. Elle aime bien manger – sainement – mais bien tout de même. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Ca existe les gens qui n’aiment que les hamburgers, les frittes et autres trucs très gras et vraiment pas bon. Là, elle ne peut qu’aimer puisqu’elle a vu des crevettes et les crevettes, c’est délicieux. Pour information, il lui dit que c’est un plat thaïlandais. Elle hausse les épaules parce qu’elle ne savait pas, avec un léger sourire. Avant de lever le doigt. « Ah, de Thaïlande ! » Qu’elle lance derrière lui, fière de trouver qu’un plat thaïlandais, ça vient de Thaïland. C’est évident pour tout le monde ; pour elle aussi, mais ça met plus de temps. En tout cas, elle regarde avec appétit son plat et elle regarde silencieusement sauter les crevettes dans sa poêle. Ca lui inspire une expression qu’on lui a dit, qu’il ne faut pas dire j’aime pas avant d’avoir goûté. Enfin elle veut dire ça, mais avec une expression. Il lâche un truc avec Dieu. Elle fronce ses sourcils, mais surtout, tout d’un coup, il se met à rire. Elle le regarde avec de gros yeux d’incompréhension, avant de regarder sur elle et autour d’elle. Elle a peut être un truc drôle sur son visage. Il ajoute qu’elle est mignonne. Ca, elle le sait déjà. Comme elle touche son visage, mais qu’elle ne trouve rien, Titi rigole avec lui. Elle aime bien rire elle aussi, mais elle se demande finalement, s’il ne se moque pas un peu d’elle. Elle ne voit pas vraiment pourquoi il ferait ça, mais soit… Enfin, il la reprend, en disant la citation qu’elle avait en tête, en ajoutant que c’est ça l’expression. Titi pince ses lèvres. « C’est ce que j’ai dis ! » Qu’elle lâche, choquée. Puis finalement, en réfléchissant, elle répète : « C’est ce que j’ai dis… » D’une petite voix, un air songeur sur le visage… « C’est pas ce que j’ai dis ? » Elle finit par lui demander en fronçant ses sourcils. Il faut croire que non. Elle pose rapidement sa main sur son front, rigolant légèrement. « Oh lala, on va croire que je suis bête maintenant ! » Parce qu’elle est convaincue que ce n’est pas encore le cas. Quand elle enlève ses mains de son visage, elle regarde le plat et prend la fourchette qu’il tend. « Merci beaucoup… Ca a l’air dé-li-cieux. » Qu’elle dit en mettant son nez dans la fumée que dégagé son assiette. Elle espère d’attirer son attention ailleurs. « T’es cuisinier ? Tu t’appelle comment ? T’as quel âge… Mais ! T’es le frère de la fille là, la brune ! » Qu’elle dit en agitant doucement sa fourchette devant elle, avant de lui montrer une longueur de cheveux pas trop long ni trop court.

« Ah, de Thaïlande ! » Généralement, lorsqu’on dit qu’un plat est thaïlandais, c’est qu’il vient effectivement de la Thaïlande. C’est ce que je suis sur le point de répondre à la blonde lorsqu’elle s’exclame, mais je me retiens, me disant que mon commentaire ne servirait pas à grand chose. Et puis, elle semble si heureuse d’avoir fait une telle découverte, je ne voudrais pas lui faire de la peine. Sauf que lorsqu’elle se trompe en citant une expression bien connu, je ne peux m’empêcher, cette fois, d’éclater de rire. Je crois que cette fille n’a pas conscience à quel point elle est drôle là. Surtout que lorsque je lui dis qu’elle s’est trompé, elle ne semble même pas se rendre compte de son erreur. Même qu’elle croit que c’est ce qu’elle a dit. Je secoue la tête encore et encore, pour lui faire comprendre que non, elle s’est belle et bien trompée. Oh moins elle finit par trouver la situation drôle. Y’a quelque chose qui me dit que cette fille ne s’en fait pas pour grand chose. « Oh lala, on va croire que je suis bête maintenant ! » Je ne peux m’empêcher de sourire, retenant un nouveau rire qui tente de s’échapper. « Oh non, jamais on ne croirait ça. » Évidemment, ma phrase est sarcastique, mais le ton employé ne le laisse pas percevoir. Je ne voudrait pas qu’elle pense que je la vois comme quelqu’un de bête. Même si pour être franc, le hamster il a pas l’air de tournée bien vite dans sa tête. Je dis ça comme ça. Pour le reste, elle est d’agréable compagnie. Oui, je le pense réellement. Elle me remercie pour le plat que je lui ai préparé, et je m’installe devant elle pour attaquer ce fameux repas asiatique. « T’es cuisinier ? Tu t’appelle comment ? T’as quel âge… Mais ! T’es le frère de la fille là, la brune ! » Bon, elle est un peu étourdissante par contre, avec toutes ses questions. De plus, pourquoi est-ce qu’elle parle de ma soeur. Je ne pensais pas à elle, je n’avais pas besoin de penser à elle. « Non, je ne suis pas cuisinier. Je m’appelle Benjamin, mais appelle moi Ben. J’ai 32 ans. » Ça va, je répond bien à toutes ses questions ? « Et oui, je suis le frère de la brune. La chiante. Mais on peut ne pas parler d’elle aussi, ça ferait bien mon affaire. » Je finis, plus dur que nécessaire, mangeant mon pad thaïs qui maintenant a toute mon attention.