Ce fut une journée comme une autre. Un lundi sans rien de spécial. Ma partenaire en moins. Mais bon, ça va, je crois que je vais rapidement m’en remettre. En fait, je m’en suis remis le moment qu’elle a franchis la porte de sortie. Je ne suis pas sans coeur, mais il ne fallait pas s’attendre à ce que je lui pleure dans les bras. Et puis, ce n’est pas comme si nous étions très proche elle et moi. Et donc, j’ai passé la journée à la plage, comme j’en ai souvent l’habitude, puis fait une promenade dans la forêt avant de me dire que je ferais bien d’aller prendre une douche et manger. Parce que j’ai faim. Sauf qu’aussitôt qu’il est question d’aller prendre une douche, cela veut dire que je dois passer par la salle de vidéo-surveillance. Histoire de savoir où se trouve Amy. C’est une tradition depuis qu’on est ici. Je suis persuadé qu’elle fait la même chose de son côté. Et donc, je suis sur le point de prendre les escaliers, puisque je me dis que ça ira plus vite de toute façon, sauf que je vois Babou entrer dans l’ascenseur, et ça me donne immédiatement envie d’y aller aussi. Mais oui, pourquoi pas. Je réussi à me glisser de justesse à l’intérieur, un sourire aux lèvres. « Bah dis donc, faut croire que t'étais trop pressé pour attendre le prochain, toi. » Pressé n’est habituellement pas dans mon vocabulaire. « Ou que j’avais envie de monter en même temps que toi... » Je dis franchement, non sans sourire. « Je vais à la salle de sport. Et toi ? » Mon regard se dirige vers les chiffres, essayant de me souvenir la salle de vidéo-surveillance est à quel étage. « Euh... Quatrième étage. » Oui, voilà. Je suis sur le point de m’avancer pour appuyer sur le bouton, sauf que d’un coup, tout arrête. Comme ça. Je regarde autour de moi, comme si j’allais découvrir que nous n’étions pas que tous les deux et qu’une autre personne avait fait arrêté l’ascenseur sauf que non, rien ni personne. Je regarde à nouveau Babou, la candidate qui a un regard tout sauf rassuré. « Euh... t'as appuyé sur quelque chose ? pourquoi on entend plus Cupidon ? et pourquoi j'ai plus du tout l'impression qu'on monte, là ? » Ok, elle est sur le bord de la crise de panique celle-là. « Ce n’est pas une impression, nous sommes immobiles. Et non, j’ai appuyé sur rien du tout. » Je lui annonce calmement, levant les yeux en haut, puis en bas. Non mais je cherche un truc d’urgence, mais il semblerait que y’a rien de ça. « Mais relaxe, y’a des caméras. La production va bien voir qu’on est prit ici. » C’est ce que je crois, mais en même temps ils sont tellement sadiques, qu’ils peuvent bien nous laisser poireauter ici pendant des heures. « Ça aurait pu être pire, j’aurais pu être enfermé ici avec Amélie. » Vous imaginez ? L’horreur. Je me laisse glisser contre le mur derrière moi, invitant Babou à faire de même, toujours aussi relaxe.

Pourquoi est-ce que j’ai couru pour me glisser dans cet ascenseur ? Pour Babou, ça me semble évident. Et c’est ce que je lui dis, mais étrangement, seulement à voir comment elle me répond, j’ai comme le sentiment qu’elle ne me crois pas. Je ne vois pas pourquoi je plaisanterais à propos d’une telle chose. Bon, ok, c’est effectivement mon genre d’inventer ce genre de chose, mais, je suis plutôt franc cette fois-ci. Je n’avais cependant pas prévu que l’ascenseur s’arrêterait en cours de route, sans nous donner d’avertissement. On est prit là, en plein milieu de deux étages, c’est ce que je m’imagine. Et aucune personne de la production ne prend la peine de nous prévenir de l'inconvénient ou de nous avertir combien de temps nous risquons d’être dans cette situation. Production de merde oui. J’ai presque le sentiment qu’ils y sont pour quelque chose, dans cet arrêt. Si cela me laisse quelque peu indifférent, ça ne semble pas être le cas de la candidate qui m’accompagne. Babou semble en état de panique et ce, encore plus lorsqu’elle apprend que je n’y suis pour rien. J’essaie de me montrer rassurant et lui disant que la production va bien se rendre compte du problème et qu’ils vont nous venir en aide, mais à l’instant où ça sort de ma bouche, je me dis que c’est peu probable qu’ils viennent nous aider dans les minutes à suivre. C’est pourquoi je m’assois par terre, me disant que ne peut rien faire de plus qu’attendre. « Il faut faire quelque chose, tambouriner contre la paroi, ou un max de bruit pour qu'on nous entende ! » Elle est pas sérieuse. Si on est pour être pris ici, je n’ai pas envie qu’elle agisse en hystérique désagréable. Je soupire, un peu découragé à l’idée qu’elle se mette à frapper sur les murs. « Ça ne donnera rien à l’exception de t’épuiser et de m’irriter. » Je lui avoue franchement, la fixant alors qu’elle fait les cent pas dans la petite cabine. « Moi je te préviens, je vais pas rester les bras croisés à attendre ! non, j'peux pas, j'peux vraiment pas... » Et c’est quoi son plan de génie ? Parce que tourner en rond n’aidera pas non plus à notre cause. « Babou... » Ma voix se fait assez douce. C’est seulement une tactique pour qu’elle se calme. Je me dis que lui gueuler de se la fermer ne servirait à rien, et je risquerais plus de la froisser qu’autre chose. Et si on est pour passer des heures ici, j’aime mieux qu’elle ne me fasse pas la gueule. Au moins, faut voir le côté positif. Je suis ici avec Babou et non avec une autre personne... Genre Amélie. Et voilà que je le dis à haute voix, ce qui a le don d’attirer l’attention de la candidate. « Ah, Amy, tu veux dire ! oui il y a une grande et jolie brune qui s'appelle comme ça, mais je savais pas que son vrai nom c'était Amélie. Comment tu le sais, toi, d'abord ? » Je soupire. Est-ce que je viens réellement de m’embarquer dans une conversation concernant Amy... ? Et puis, Babou doit bien être la seule candidate à ne pas être au courant du lien qui lie la candidate et moi. « Hm... Comment dire. Je sais qu’elle s’appelle Amélie parce qu’elle et moi, on partage le même nom de famille. » Ouais, lié par le sang, jusqu’à la mort. Hm. « C’est ma soeur. Tu ne savais pas ? » Ça m’étonne réellement qu’elle ne l’apprenne que maintenant. Je croise mes bras contre mon torse, me demandant quand est-ce que Babou va se décider à s’asseoir. Au moins, elle ne tourne plus en rond comme au début. Faut croire que j’ai piqué sa curiosité. « Pourquoi tu dis que ç'aurait été pire ? elle a pas l'air méchante, je ne la connais pas mais je te trouve dur avec elle. » J’éclate de rire. C’est la meilleure ça. Elle me trouve dur avec elle. Non mais c’est sur que d’un point de vu extérieur, j’ai peut-être l’air dur, mais reste que ça a le don de me faire rire. Ok, un rire un peu jaune. « Demande lui de te parler de moi, tu vas voir qu’elle est bien capable de se montrer dure avec moi aussi. » Et c’est peu dire. « Lâche, connard fini, enfoiré sont des mots qu’elle adore employer pour me décrire. » Et encore, ce n’est qu’une partie. Je fixe Babou un moment, baissant finalement le regard, pas certain de vouloir m’aventurer dans cette conversation. Et c’est surtout la première fois que je vais en parler à quelqu’un d’autre ici.

Combien de temps allons nous être enfermé dans cet ascenseur ? C’est une bonne question. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne faut pas dramatiser la situation, quelqu’un nous viendra en aide, bien que je doute que cela se fasse dans les cinq prochaines minutes. Nous sommes dans une télé-réalité, il ne faut pas l’oublier. La sadisme de la production n’est plus à prouver je crois, il y a donc de fortes chances qu’on nous laisse prisonnier ici un bon moment. C’est pourquoi, je me laisse tomber sur le sol de la cabine, calme, décidant que le stresse et la panique ne nous servirait en rien dans cette situation. Ce n’est cependant pas de cet oeil que Babou voit la chose. Elle semble sur le bord de la crise de nerfs, faisant les cent pas et proposant de frapper sur la porte pour appeler à l’aide. Bref, tout l’opposé de moi. « Bon d'accord, mais on fait quoi alors, on prie le bon dieu ? on essaye d'ouvrir ses portes avec la force de nos quatre bras ? » Si elle pense que je vais forcer sur ces portes dans l’espoir de les ouvrir, elle rêve en couleur celle-là. Et pour ce qui est de prier, non, en fait, n’en parlons même pas. « Qu’est-ce qu’on fait ? On attend. » Tout simplement. Qu’elle avoue que j’ai des idées intelligentes en ce moment. Pourtant, ça ne l’empêche pas de s’activer dans la minuscule cabine. Et je tente à nouveau de la calmer. « Oui, je sais, je suis super chiante, désolée... je vais me calmer, c'est promis ! » Je souris, en espérant qu’elle est sérieuse lorsqu’elle suppose qu’elle va tenter de se calmer. « Je n’aurais pas dit chiante... Mais plutôt étourdissante. » Oui, clairement. Faut que j’arrête de la regarder, sinon je vais attraper un mal de tête. Sauf que finalement, j’avance un sujet dont je n’ai même pas envie, et cela à le don de captiver soudainement la candidate. Mais qu’est-ce que je viens de faire, moi. Je reste étonné d’apprendre que Babou n’était pas encore au courant qu’Amy était ma soeur. J’ai l’impression que tout le monde le sait maintenant. « Non, je t'assure que tu me l'apprends ! maaais c'est génial d'avoir sa sœur dans l'émission, j'aurais trop aimé que mon frère m'y accompagne aussi !  » Génial ? Ce n’est certainement pas le premier mot que j’aurais utilisé en faisant référence à la présence de ma soeur dans ce jeu. Loin de là même. En même temps, je doute que Babou ait une situation familiale similaire à la notre, donc de son point de vu, j’imagine que oui, elle aurait aimé se retrouver dans ce jeu avec son frère. « Pas vraiment génial. On ne s’est pas vu, ni parlé depuis dix ans. » Et ce n’est pas pour rien. Mais je ne suis pas certain de vouloir entrer dans les détails. Et si Babou me trouve dur avec Amy, c’est qu’elle n’a pas encore parlé de moi à la principale intéressée. Peut-être que son discours changerait après ça. « C'est triste que vous en soyez là aujourd'hui tous les deux... » Je la suis des yeux alors qu’elle décide enfin de s’asseoir à mes côtés, ce qui est une bonne décision. Regardez la, avec son air triste. Elle est mignonne comme tout. Je soupire lentement, ne sachant pas quoi répondre. Effectivement, c’est triste. Plus qu’elle ne le pense. Mais je ne peux plus rien changer maintenant. J’ai pris des décisions, et avec le temps, j’ai comme eu le sentiment qu’il était trop tard pour revenir vers elle. Elle m’en veut à mourir maintenant, et je ne peux pas dire qu’elle ne devrait pas. « Je sais pas ce qu'il s'est passé pour qu'une telle cassure ait lieu entre vous,  mais c'est tout de même ta sœur, je suis sûre qu'au fond tu l'adores, même si tu ne dois pas lui dire très souvent ! » Un rire silencieux n’arrive pas à franchir mes lèvres. Y’a rien de drôle. Enfin, peut-être un peu. Le fait que Babou se la joue psychologue essayant d’arranger les choses sans même connaître les détails. Je crois qu’en temps normal, ça m’aurait fait chier que quelqu’un me parle de la sorte. Comme si on pouvait arranger certaines choses d’un coup de baguette magique. Mais Babou est tellement adorable, que c’est dur de lui en vouloir. « C’est beaucoup plus compliqué que ça. J’ai mes tords, je le sais. Mais elle a les siens aussi. Et elle semble parfois l’oublier. Je ne crois pas qu’on arrivera un jour à retrouver la relation que nous avons déjà eu. Mais ça va, ne soit pas triste pour moi... Je le mérite. » J’ai de la difficulté à dire à Amy que je mérite les insultes qu’elle me lance à chaque fois qu’on se croise. Mais étrangement, j’arrive à le confier à Babou. Je souris à la candidate, de façon forcée, me disant qu’on devrait changer de sujet de toute façon. « Tu sais ce qui est bien... C’est que mon drama familiale a réussi à te calmer. » Ça reste une bonne chose. Enfin, sauf qu’on est toujours prisonnier d’ici. « Je fumerais tellement une cigarette. Et je boirais un verre aussi. » Parce que bon, après avoir parlé de tout ça, c’est moi qui est sur les nerfs maintenant, même si je le démontre beaucoup moins que la brunette.

J’aurais préféré avoir un autre sujet de conversation avec Babou, alors que nous sommes coincés dans cet ascenseur. Non mais sérieusement, j’aurais préféré qu’on parle d’elle de ses ambitions, de ce qu’elle aime dans la vie, je sais pas, tout ce qui la concerne elle et qui n’a rien à voir avec ma vie. Et encore moins avec ma soeur. Mais je suis le fautif, et maintenant, voilà que j’explique, en gros, la situation à la candidate, qui ne semblait pas être au courant de mes histoires familiales. Comme si c’était intéressant. Et puis, les dix années qui nous ont séparé n’aide pas aujourd’hui à faciliter la réconciliation. J’ai empirer les choses, selon Amy, et je crois qu’elle a raison. Finalement, j’ose admettre à Babou que les insultes, je les mérites. Je ne vais pas me la jouer victime, et tenter d’avoir de retirer de la pitié de la part de la candidate. Non, je n’en ai aucune envie. Je voulais simplement me montrer franc. « Non ne dis pas ça ! Et puis, on sait pas ce qui peut se passer dans ce jeu, le fait de cohabiter ensemble et d'avoir renoué le contact vous aidera peut-être à régler certaines choses... Je vous le souhaite en tout cas. » Et voilà qu’elle vient déposer sa main sur la mienne, en toute douceur. J’apprécie l’attention, j’apprécie le geste aussi et ce qu’elle tente de faire, mais je ne peux pas affirmer que je suis à l’aise avec celui-ci. Je suis doué pour déshabiller une fille et la mettre dans mon lit, mais lorsqu’il est question de petites attentions du genre, et de conversation sérieuse comme celle-ci, je deviens raide comme une barre. Surtout face au sujet de ma soeur. Parce que je crois que Babou ne sait pas à quel point parler de tout ça, même si rien n’a réellement été évoqué, vient me retourner de l’intérieur. Et finalement, j’ai presque le sentiment qu’elle a pitié de moi, même si je me doute que ce n’est pas le cas. Que je ne devrais pas interpréter ça comme de la pitié. Mais je retire ma main de la sienne, pas brusquement, mais sans pour autant me montrer doux. « On verra oui. On verra. » Mais le passé reste le passé. Et comme je l’ai dis à la principale intéressée, on ne pourra jamais le changer, ce passé. Au moins, ce qui a bon d’avoir parlé de tout ça, c’est que Babou est calme maintenant, comme si elle était venue à oublier que nous étions toujours enfermés dans cet cabine. « Oui, je suppose que je peux te remercier d'avoir dompté la furie que j'étais... » Je lui répond en un sourire, me disant que c’est un mal pour un bien, même si maintenant, c’est moi qui ne se sent plus vraiment bien, même si je réussi à ne pas trop le démontrer. « Plus sérieusement, j'apprécie que tu te confies à moi. » Et elle semble si sincère en me faisant cette confidence. Je ne sais pas pourquoi je lui ai parlé de tout ça. Peut-être qu’à un certain point, j’avais envie d’extériorisé le tout à quelqu’un d’autre que ma soeur. Quelqu’un de neutre. Qui me dit de belles paroles comme l’a fait Babou. Même si j’ai de la difficulté à croire ce qu’elle m’a dit, au moins, y’a quelqu’un qui est positif face à tout ça. « T’es la première ici à qui j’en parle. » Donc faut croire que sans la connaître, elle m’inspire la confiance. Qu’elle se sente privilégiée, ça n’arrive pas souvent. Et comme pour nous rappeler à la réalité, et nous faire comprendre que la production sait très bien que nous sommes bloqués ici, voilà que la musique de Cupidon résonne. En temps normal, je n’aurais pas vraiment attendu et je me serais automatiquement rapproché pour embrassé la demoiselle près de moi, mais avec Babou, je ne veux pas la brusquer. Surtout avec notre discussion de l’autre jour. Je ne voudrais pas la vexé à nouveau. « Bon... je peux te voler un baiser ? vu que de toute façon on est condamnés à attendre, tout ce qui peut nous occuper est bon à prendre, n'est-ce pas. » Mon sourire s’agrandit, alors que tranquillement, j’approche mon visage du siens. « C’est surement la meilleure façon de s’occuper même. » Et voilà que c’est moi qui vient lui voler un baiser, déposant mes lèvres contre les siennes avec une certaine douceur, ma main s’invitant sur la joue de la brunette. Je ne sais pas ce qui est considérer comme un bon baiser de Cupidon, mais je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié. Mais alors que les secondes s’écroulent, je ne détache pas mes lèvres des siennes, préférant même approfondir le baiser. C’est loin d’être désagréable, pour être franc.