L’adorable petite Tifenn fume. C’est un coup dur pour toutes les personnes qui pensent que la demoiselle remonte considérablement le niveau de ce genre d’émission. Quand on la regarde, juste comme ça, on n’a pas l’impression qu’elle puisse porter quoi que ce soit de toxique à ses jolies petites lèvres toutes roses et douces. Elle fait plutôt bonne sœur que grosses toxicomanes la p’tite. Oh, elle ne fume pas des masses, mais disons qu’elle aime bien s’en griller deux ou trois dans la journée. En général, c’est quand elle s’ennuie, qu’elle n’a strictement rien à faire ou bien lorsqu’elle veut marquer une pause dans ce qu’elle est en train de faire. Les travaux pas très folichons par exemple. En tout cas, là, son petit cerveau de gamine ne pense qu’à une chose, se pourrir la santé avec une bonne petite clope. Les industrielles ce n’est pas vraiment sa tasse de thé alors elle attrape son paquet de tabac, ses feuilles à rouler, cache le tout dans la poche de son sweat, bien trop grand pour elle d’ailleurs, et s’en va en direction du balcon, seul endroit du domaine où la cigarette est autorisée apparemment. Elle ne sera pas toute seule la demoiselle. En arrivant sur place elle tombe nez à nez avec Jorah, le petit farceur de pacotille, à qui elle adresse un sourire amical. « Tiens, mais ne serait-ce pas ma secouriste personnelle ? » Sa secouriste personnelle. Tifenn trouve ça plutôt flatteur dans le sens où il sait qu’il compter sur elle pour le sauver si un jour il lui arrive quoi que ce soit de pas trop grave. « Affirmatif commandant. » Elle ne parle pas trop fort, juste assez pour que Jorah puisse entendre. Elle ne s’approche pas de lui non plus. La gamine a bien trop peur du vide pour venir se coller à la rambarde. Alors elle reste tout près de la porte et viens s’asseoir sur le sol, en tailleur, tout près du mur. « Ça me donnerait presque envie de m’empaler sur la rambarde, juste pour voir ce que tu vaux vraiment » On dirait bien qu’il a envie de tester les limites de la brunette. Quel vicieux. En tout cas, ce n’est certainement pas une bonne idée. La peur du vide est bien trop forte chez la demoiselle pour qu’elle vienne le sauver si jamais il lui arrivait quoi que ce soit aujourd’hui. Tifenn se contente de hausser les épaules et de garder un ton neutre. Un brin amusé tout de même. « Sauf que tu ne vas pas le faire parce que tu m’as promis de ne plus jamais me prendre comme victime de tes farces sanguinolentes. » La gamine lève la tête un instant pour le lui adresser son plus beau sourire innocent. [color:eb2e=corallight) « Et puis je ne suis pas prête de tomber à nouveau dans l’panneau. J’suis pas aussi stupide que j’en ai l’air tu sais. » Une fois, mais pas deux. Ayant enfin terminé de rouler, la brunette porte le tout à ses lèvres. Elle farfouille dans ses poches. Mince. « Tu aurais du feu s’il te plait ? » C’est bête ça de ne pas avoir pensé à prendre un briquet. C’est même carrément débile en fait. Un fumeur qui n’a pas de feu, ce n’est pas logique.

S’empaler sur la rambarde, quelle drôle d’idée. Enfin, ce n’est pas non plus étonnant venant de Jorah. S’il est capable de faire croire à une âme sans défense, comme Tifenn, qu’il vient de se casser la figure dans les escaliers et qu’il a le bras dans un sale état, il doit certainement être capable de faire semblant de s’empaler sur une rambarde juste pour tester la sensibilité de sa victime. Sauf qu’elle n’ait pas stupide la p’tite brune et qu’elle ne compte pas tomber dans son panneau une fois de plus. Même s’il affirme que là il le fera pour de vrai. « Parce que t’as vraiment envie de frôler la mort juste pour savoir si je suis capable de tout pour te sauver ? » C’est complètement stupide quand on y réfléchit. Il suffit juste de faire confiance à la personne en temps et en heure, pas de faire exprès de se faire mal pour savoir si on peut compter dessus. Surtout qu’il sait que l’allemande n’est pas du genre à reculer quand il se passe quelque chose puisqu’elle n’hésite pas à tomber le haut pour panser une plaie inexistante. Il ne la trouve pas idiote. C’est déjà pas mal. D’ailleurs, elle se met à sourire comme une idiote avant de lui demander un briquet qu’il ne tarde pas à la donner. Jorah lui pose alors une question concernant sa consommation de tabac. « J’ai commencé quand j’étais au lycée. J’devais avoir quatorze ou quinze ans. » C’est jeune pour débuter la clope, mais c’est commun de nos jours. Un petit sourire plus tard, la demoiselle porte la cigarette à ses lèvres pour en tirer quelques taffes. « Je regrette un petit peu d’avoir commencé. » Elle ne parle pas très fort et se contente de hausser les épaules tout en continuant de s’empoisonner la santé.

« Envie, je dirais pas que c'est le mot, parce que j'aime quand même assez l'idée d'être en bonne santé ... Mais avoue qu'on ferait difficilement plus audacieux, dans le genre 'tout ou rien' ! » Une petite grimace se dessine sur le visage de la p’tite brune. Jamais elle ne pourrait faire une telle chose. Surtout si c’est juste pour vérifier la loyauté d’une personne envers soi. C’est complètement idiot. Il suffit de faire confiance aux autres et puis c’est tout. Bon d’accord, ce n’est pas toujours facile de faire confiance aux autres, mais avec un petit peu de volonté, et en faisant preuve d’une bonne dose de naïveté, c’est largement faisable. Alors non, Tifenn ne trouve pas qu’il faut de l’audace pour faire un tel acte. Elle trouve juste qu’il faut être sacrément frappé pour mettre sa vie en danger. Sauf dans certains cas. « J’vais finir par croire que t’es suicidaire et que t’essaye de m’entrainer dans tes combines. » C’est juste pour le taquiner qu’elle dit ça. Bien qu’elle commence à avoir de sérieux doutes sur la personnalité de son camarade. La conversation bascule sur tout autre chose. La demoiselle et son rapport à la cigarette. Elle fume depuis le lycée, depuis l’adolescence. « Pour quelle raison est-ce qu'on est tenté de commencer, à cet âge là ? Parce que les autres fument et qu'on veut faire comme eux, souvent, non ? » Et il met le doigt en plein sur le sujet. Il ne faut pas se leurrer, tous les jeunes commencent à fumer pour faire comme les autres, pour ne pas paraître ringard devant les copains et les copines. Après, c’est une spirale infernale de laquelle on n’arrive plus à se sortir. « Je suis le genre de nana qui a commencé uniquement pour ça. » La belle lui fait cette petite confidence à voix basse. « Disons que j’étais persuadé que cela allait avoir un impact sur mon tempérament réservé. » Elle hausses les épaules et termine pas tirer une dernière latte sur sa clope avant de lui adresser un sourire.