“ draw me a life line,
'cause honey I got nothing to lose ”

w/danica

Changer de partenaire, à ce stade du jeu, s'avérait quand même déstabilisant. Pourtant, dieu sait que Jorah était adepte de la notion de 'changement', qu'il partait du principe qu'il fallait s'essayer à de nouvelles choses et varier les expériences. Sa vie le prouvait, vu qu'il se lançait souvent du jour au lendemain dans toutes sortes de projets. Mais ici, il avait déjà eu du mal à prendre ses marques et à se constituer de petites habitudes, alors le moindre changement le perturbait. Certes, il n'aurait aucun problème d'entente avec sa toute nouvelle partenaire, mais le fait est qu'il aurait quand même du mal à se déshabituer à l'ancienne, parce qu'en dépit du fait qu'il se soit trouvé plus de différences que de points en commun avec Danica, il était toujours parti du principe que c'était justement ce qui faisait tout l'intérêt de leur partenariat, que ça en faisait même la force. Alors oui, il lui faudrait quelques jours pour réaliser et pour repartir à zéro, d'une certaine façon. Parce que pour le moment, il s'était surtout mis en tête de trouver celle qui n'était plus sa partenaire depuis hier soir et avec qui il avait bien envie de passer un peu de temps. Ça s'expliquait par une raison toute bête : il craignait qu'ils s'éloignent l'un de l'autre à présent. C'est vrai qu'ils ne fréquentaient pas toujours les mêmes candidats et qu'ils passeraient maintenant inévitablement moins de temps ensemble, mais pour lui ça ne changeait rien. Du coup, quand il finit par entrer dans le cellier et qu'il la trouve face à une étagère, il se mit à sourire. « Ah, toi aussi la fin de notre partenariat te déprime tellement que t'es venue prendre six kilos de mauvaises graisses pour compenser ? » qu'il lança, bien sûr sans grand sérieux, en s'approchant de quelques pas. « Non parce que je refuse d'être le seul à mal le vivre, y'a pas de raison. » C'est que si elle lui disait qu'elle avait déjà tourné la page, imaginez un peu l'état de son ego.

Jorah ne pouvait décemment pas tirer un trait sur le binôme qu'il avait formé avec Danica, et ce, pendant plus d'un mois de jeu. C'était bien trop symbolique pour qu'il passe si facilement à autre chose. Alors oui, lorsqu'il entra dans le cellier et qu'il tomba sur elle, il ne put que laisser entendre que c'était vachement dur d'être séparés, tellement dur d'ailleurs qu'ils ne pouvaient l'un et l'autre se retrouver ici que pour une seule raison : s'empiffrer pour oublier leur chagrin. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il passait pour un amateur niveau drama à coté de Danica. S'esclaffant face à une telle prestation, il ne fut pas étonné qu'elle retrouve le sourire, et précise qu'elle n'était pas sérieuse.  Selon elle, il n'en avait pas moins été un 'partenaire top', et même le meilleur en tant que premier du genre, ce qui lui fit plaisir. « Je t'avoue que j'avais moi aussi souvent l'impression de nous tirer vers le haut » qu'il commenta, dans un élan de fausse prétention, avant de hausser les épaules. « Mais t'étais pas mal non plus, tu sais ! » En réalité, il pourrait dire exactement la même chose qu'elle, à savoir qu'elle resterait spéciale à ses yeux, mais sans doute le devinait-elle sans mal. La brune revint même sur la fois où Cupidon les avait poussé à s'embrasser. « Sacré privilège, en effet ! Pour toi, je veux dire, vu que sur ce point aussi je resterai le meilleur, n'est-ce pas ? » Il lui adressa un clin d’œil évidemment censé lui préciser, au cas où elle le prenait un peu trop au sérieux, qu'il plaisantait. C'était pas trop son genre de se vanter, surtout au sujet d'un baiser qui avait du durer quatre secondes et demi. En tout cas, il n'avait pas eu besoin de sa précision pour se rendre compte qu'elle était malade, et bien comme il faut. Elle tenait ça de Jasmine, semble-t-il. « C'est pas indispensable, en effet » qu'il affirma, se rapprochant quand même un petit peu, parce qu'elle n'avait pas la gale non plus. « A ta connaissance, y'a d'autres candidats atteints ? Non parce qu'à vous deux, vous êtes peut être bien parties pour initier une pandémie. » Oui, carrément. Et dieu sait que la population était dans la mouise, avec cette menace de rhume carabiné. « C'est que moi, je suis pas aussi sexy que toi quand je me mouche, donc bon. » Et vu qu'il était bien connu pour être un sex-symbol, c'est vrai que ce serait ballot de perdre son titre. Hm.

Jorah n'était pas du genre à se vanter, et ne le faisait ici qu'avec humour, d'autant qu'il n'irait jamais prétendre avoir été la valeur sûre de leur binôme. Pourtant, il hocha doucement la tête, l'air empathique, lorsqu'elle laissa entendre qu'elle buvait trop, puis prétendit qu'ayant été le premier qu'elle avait été contrainte d'embrasser, il resterait là aussi le meilleur. Un rictus fendit ses lèvres à la répartie de Danica, tandis qu'il s'inquiéta de savoir si d'autres candidats avaient pu contracter la crève que Jasmine lui avait apparemment refilée. « Bon bah, faudra pas t'étonner de me voir avec un masque à l'avenir, cette petite liste est très bien comme elle est, ce serait dommage de l'allonger » qu'il commenta, dans un sourire amusé. Oui, inutile de lui refiler cette crève, il s'en passait très bien. D'autant que lui, il n'avait aucun potentiel sexy quand il se mouchait. Danica, elle, avec quand même un peu plus de classe. Si, si. « J'osais pas te le demander ... » qu'il souffla, tout doucement, en prenant un air timide. Se moucher avec élégance, voilà ce qui lui manquait pour être épanoui dans la vie, oui. Il ne put alors s'empêcher de rire lorsqu'elle entama une gestuelle caricaturale. « Difficile d'en douter quand on te voit comme ça ! » Bon, c'est vrai que pour le coup, c'était plus discutable qu'autre chose, mais au moins elle avait le sens de l'auto-dérision. Voilà alors que la conversation prit une tournure plus inattendue lorsque Danica souhaita savoir s'il était justifié qu'on voit dans sa relation avec Krisjana une sorte de propension à tourner 'couple', ce qui eut le mérite de l'amuser, parce que bon, il ne s'était pas rendu compte de comment les choses pouvaient être perçues de l'extérieur. « Je sais pas quoi te dire » qu'il sortit spontanément, un peu pris de court, avant de se frotter le menton. « Est-ce qu'on a l'air de jouer dans la même catégorie, elle et moi ? » qu'il reprit, dans l'esquisse d'un fin sourire, en haussant tout doucement les épaules. Krisjana comptait parmi les plus jolies filles du nid, tandis qu'il faisait office de mec un peu bizarre et peigné avec les pieds du réveil, pour rappel. « Je la trouve fascinante, et je sais que je vais m'attacher à elle, mais on peut absolument pas parler de 'couple' ou de quoi que ce soit qui s'en rapproche, parce qu'on a quasiment pas tenu de conversation sérieuse jusqu'ici, et que je sais que ça lui va très bien. » Lui aussi appréciait leurs délires, mais c'est vrai qu'il n'osait pas discuter plus sérieusement avec la brune, de peur peut être de perdre ce qu'ils avaient établi jusqu'ici. « On a appris à se connaître d'une façon un peu superficielle, mais elle a un vrai truc. Alors si tu veux savoir si elle me plaît ... » Il marqua une pause, le temps de se pincer la lèvre. « ... la réponse est oui. » Autant commencer par là, car même s'il ne doutait pas qu'elle puisse plaire à n'importe quel homme, pour lui ça n'était pas rien de l'avouer.