KRISJANA

J'avais convoqué Krisjana, oui, tout à fait, convoquer n'était pas une simple forme de demande, non, c'était bel et bien par obligation quelle était ici. Bon d'accord, peut-être pas tout à fait, il faut dire que je n'avais pas l'impression d'être le garçon le plus effrayant de la terre, et que j'avais bien conscience que la jolie brune n'était pas franchement du genre à avoir peur d'un garçon comme moi. Mais eh, il fallait bien que je tente non ? En tout cas, mon mot s'était voulu super tranchant, du genre "viens à la piscine, tout de suite, ou tu perdras toute ta collection de chouchou" et Dieu sait que les filles ne rigolent pas avec tout ce qui touche à leurs cheveux. Bon, j'avais pas non plus été fouillé dans ses affaires, c'était pas trop mon genre, non, j'avais juste fait en sorte d'être certain qu'elle se ramène par ici. Mais la vérité c'est que je n'étais sûr de rien, oh ça non. M'enfin, la candidate n'avait tout de même pas trop tardé à rappliquer, j'étais plutôt content de mon coup, je devais bien l'avouer. Et puis elle devait se douter que je n'étais pas du genre à menacer, c'était même plutôt le contraire. « Assis-toi Krisjana. » lui dis-je sur un ton à la fois sage et paternel, alors que je tapotais la place à mes côtés, mes pieds trempants dans l'eau, alors que je portais un tee shirt et un short. « Bon, je dois bien t'avouer que je suis tout de même fortement déçu... » oh ça oui, d'ailleurs ça devait même se voir sur mon visage. Ou presque. « Moi qui avait commencé à faire des pancartes à l'effigie de Krisjorah, voilà que tu laisses ta concurrente prendre du terrain. Je vais dire quoi moi, à vos supporters, en tant que président de votre fan club ? » je croisais mes bras contre ma poitrine, ma tête chavirant de droite à gauche, les yeux clos. « J'espère que t'as un plan hein. » bah ouais, elle pouvait pas laisser Joralline prendre autant d'avance tout de même !

Oui, j'avais eu ce besoin presque irrépressible de confier mes pensées à Krisjana. En même temps, elle était tout de même l'une des principales concernées par celles ci alors il était tout à fait normal que j'en vienne à lui évoquer deux trois d'entre elles. Je lui avais donc dit de s'asseoir. « Qu'est ce qu'il y a ? Quelqu'un est mort ? » Oh ça aurait pu, mais non. « Pire. » que je m'exclamais d'un ton fataliste. Alors voilà, je lui exposais le problème, lui expliquant que moi, j'avais tous les fans de Krisjorah sur les épaules, et que je ne pouvais décemment pas leur dire que ça y est, la jolie brune baissait les armes et laissait miss arc-en-ciel s'en aller avec le prince. Oh non, je n'appelais pas ça un happy ending moi ! « Que tu abandonnes, que la tâche est trop difficile pour tes frêles épaules » plissant légèrement les yeux, je la dévisageais comme si elle venait de dire la plus grosse absurdité de la planète « Non mais c'est même pas envisageable ça, une équipe gagnante n'abandonne jamais. » oui voilà, c'était mon crédo à partir d'aujourd'hui. Car oui, Krisjana était bel et bien "l'équipe" gagnante, et en tant qu'auto-proclamé bras droit, il était de mon devoir de l'amener jusqu'à la victoire (Et un peu plus et on se croirait en plein champ de bataille, hm). « Non mais attends, ce n'est pas moi qui déconne, c'est lui avec son poney arc-en-ciel, il fait n'importe quoi » c'est sûr qu'il n'avait pas trop l'air de savoir lui résister à la jolie Apolline, et c'était franchement problématique, il faudrait penser à résoudre ça. Cela dit, la jolie brune ne faisait pas grand chose pour se faire remarquer non plus. « Non, j'attendais tes lumières » hanlala, maintenant qu'elle le dit, elle a tout à fait raison. Je suis plutôt doué en conseils dans ce genre. C'est probablement pour ça que la femme que j'aimais m'a fui, huhu. « Je suis sûre qu'il va revenir à la raison et me revenir par la même occasion » « Il faudrait réussir à isoler les deux en fait... Genre séquestrer Apolline dans les toilettes, comme ça t'as le temps de dévoiler tout ton amour à Jorah... T'en penses quoi ? C'est faisable non ? » et puis au pire, on attachait Jorah à une chaise aussi, histoire qu'il soit plus sage.

« Pire que la mort ?» Oh oui, bien pire. Voyez, toutes les fanfics que je m'étais faite jusqu'ici sur le Krisjorah tombaient peu à peu en ruines, et je ne pouvais décemment pas les laisser dépérir, non, il était de mon devoir de rallumer la flamme, ou du moins, d'essayer de l'épuiser le moins possible. « Je crois que tu mises sur le mauvais cheval » fronçant légèrement les sourcils, je croisais les bras sur ma poitrine en reprenant la parole, sur un ton inquisiteur. « Pourquoi, tu te penses moins bien qu'elle ? » parce que c'était ce que je m'imaginais lorsqu'elle disait des choses du genre. Si elle baissait les bras aussi rapidement, c'est qu'elle ne pensait pas avoir la moindre chance. Or, moi, je restais convaincu du contraire. Ne croyez pas que j'avais quoi que ce soit contre la jolie Apolline, oh ça non, elle était même sympa. Seulement, il était évident, que je préférais Krisjana. Après tout, c'était une des premières candidates à qui j'avais adressé la parole ici. Je restais fidèle aux bases. Je lui proposais donc un plan pour tenter de séparer les deux candidats. Enfin, pas les "séparer" sentimentalement parlant -quoique- mais plus sur une dimension physique. « Je pense que c'est gérable, tu l'attires avec une friandise -colorée pour qu'elle s'y identifie bien sûr- et le tour est joué » Arquant un sourcil, je reprenais quelque peu vexé -enfin, non, pas vraiment en fait. « J'ai vraiment la tronche du camionneur pervers, gras du bide, qui attire les gosses avec des sucreries ? » Non mais qu'elle me le dise tout de suite, que j'arrête de me faire des espoirs me concernant, hm. Je voulais bien passer pour un kidnappeur, mais je tenais tout de même à préserver un minimum de dignité, voyez. « Sinon t'as rien d'autres en stock de moins ... brutal ? » de moins brutal ? Eh bien... « Tu pourrais attendre qu'Apolline soit occupée à faire ses colorations pour aller parler à Jorah ? » parce que vu toutes les couleurs qu'elle y mettait, elle devait probablement en avoir pour des heures non ? « Bon par contre, faudrait que du bosses un peu ton speech. » bien oui, histoire qu'elle ne soit pas prise au dépourvue quand le moment serait arrivé de lui dévoiler tout son amour. « Donc vas y, fais comme si j'étais Jorah, et sois convaincante ! Oh et les larmes, ça marche plutôt bien en général. » tant qu'à faire, autant y mettre un peu de théâtralité non ? J'avais toujours été un accroc des pièces dramatiques.