one spoonful of sugar
ft. Ulysse & Maxence

Pour une fois je ne errais pas dans le nid sans but ni envie, non, pour une fois j'avais une idée bien précise en tête et je cherchais seulement ce qu'il me fallait pour pouvoir la mettre en œuvre. Je cherchais quelqu'un plus précisément, et laissez-moi vous dire que dans cette baraque c'était toujours quand on cherchait quelqu'un qu'on n'arrivait pas à mettre la main dessus. Et puis là, d'un seul coup j'avais réalisé que la salle de vidéosurveillance n'était pas faite pour les chiens et que si j'avais réfléchi un peu plus longuement avant de me lancer dans ma quête, j'aurais sans doute optimisé un peu mieux mon temps. Bon, finalement je l'avais trouvé, IL était tout simplement en train de se prélasser près de la piscine. Sans tee-shirt, bien évidemment, mais je ne vais pas vous dire que j'étais étonné à force j'avais l'habitude, même la nuit il dormait comme ça, plus le plus grand plaisir de Danica désormais sans doute ... Vous ne voyez toujours pas de qui je parle ? Si, bien entendu, je parlais d'Ulysse. Alors prenant la direction de la piscine, j'avais débarqué d'un pas décidé, me penchant au-dessus de lui pour lui bloquer le soleil ... Non ça ce n'était pas obligatoire, mais c'était simplement par désir de l'asticoter un peu. Histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes, voyez. « Ah ! Justement c'est toi que je cherchais ! » m'étais-je alors exclamé comme si c'était simplement le plus heureux des hasard qui venait de me mettre sur sa route. Lui tendant la main pour l'aider à se relever je lui avais alors annoncé d'un ton tout ce qu'il y avait de plus sérieux « En fait j'ai besoin d'un truc, et tu es l'homme de la situation. » Lui faisant signe de me suivre sans lui donner plus de détails je l'avais entrainé avec moi jusqu'à l'intérieur, refusant de donner plus de détails, et finalement je nous avais menés tous les deux jusqu'à ... La cuisine. Quelle était l'urgence me direz-vous ? Aucune, je n'avais jamais dit qu'il y avait la moindre urgence, juste que Ulysse était l'homme de la situation pour ce que je prévoyais de faire ... Ou devrais-je dire, ce que je prévoyais de lui demander de faire. « En fait, si tu veux, un truc que tu sais pas à mon sujet c'est que j'adore les loukoums. Non mais, sans rire, je pourrais presque tuer pour des loukoums, et là c'est limite si j'en suis pas à en rêver la nuit ... » Limite hein, je ne voulais pas avoir l'air excessif non plus voyez-vous « Bon et du coup ... En fait, je me disais que comme tu étais pâtissier tu pourrais peut-être en faire, contre ... Je ne sais pas, ma reconnaissance éternelle ? » Ça ou bien un gros bisou sur la joue, c'était comme il préférait, alors ne me dites pas que ce n'était pas un deal honnête. Et donc oui, j'étais extrêmement sérieux au cas où vous vous poseriez la question ... Enfin non, disons que c'était aussi un peu pour faire marcher Ulysse et parce que je cherchais une excuse pour rester un peu avec lui, mais j'étais vraiment en manque. De loukoums, hein. « Et oui je sais bien, t'es italien, c'est sans doute pas ta spécialité tout ça ... Mais bon, je me dis que si j'adore ça en étant moitié italien, alors tu dois pouvoir savoir les faire en étant italien aussi, hm ? » Est-ce que vous réalisiez à quel point j'étais désespéré ? Je ne plaisantais pas, je n'étais peut-être pas prêt à tuer père ou fille pour des loukoums, mais un cousin ou une tante éloignée à la limite, ça pouvait se négocier.

Cette après-midi, c'est bronzette. Il fait super beau, et super chaud aussi. Quand il y a cette ambiance lourde dans l'air, Ulysse tout ce qu'il a envie de faire... c'est de ne rien faire. Pas de sport cette après-midi, pas de jeux, pas d'enquêtes, nada. Il se repose ! Il se prélasse à côté de la piscine, vêtu d'un simple short de bain et de ses lunettes de soleil. Quelques fois, il ouvre les yeux pour boire dans la paille de son verre de ice tea. Il se plait à imaginer une belle hawaïenne qui lui apporte la paille à la bouche -parce que là, il doit pivoter la tête et réussir à intercepter la paille avec sa bouche, ce qui est relativement contraignant-, remplir son verre quand il est vide et créer une légère brise avec une feuille de palmier... C'est beau de rêver n'est-ce pas ? Il en rêve tellement qu'il sent le soleil disparaitre. Serait-elle sa belle hawaïenne ? Il ouvre les yeux, et distingue une silhouette à cause du contre jour. Peu importe qui c'est, ce n'est surement pas son hawaïenne... Déception. « Ah ! Justement c'est toi que je cherchais ! » Ah ben c'est Maxence du coup. Il craint le pire tout d'un coup. « Je suis pas trop bronzé, ça va ? » qu'il demande avec un léger sourire mutin. En fait, il s'en fout un peu mais c'est juste histoire de le couper dans son élan, parce qu'évidemment, il va pas s'arrêter là. Il va lui donner la raison de pourquoi il le cherchait. Trêve de plaisanteries, il l'écoute cette fois. « En fait j'ai besoin d'un truc, et tu es l'homme de la situation. »Il relève légèrement ses lunettes de soleil, intrigué. Hm, l'homme de la situation, carrément ? Il sait comment l’appâter le bougre. En plus, il lui explique même pas la situation en question, se contente juste de l'indiquer de le suivre. Bon ça va, il l'a totalement conquis. Ulysse se relève d'un bond réactif. Il se sent soudainement en forme. Manque plus que la musique d'Indiana Jones pour se mettre dans l'ambiance, cette musique qui te donne qu'une seule envie : crier "partons à l'aventuuuure". Hm, ils marchent et arrivent jusqu'à la cuisine. C'est pas là que Maxence voulait l'emmener quand même, si ? Comme aventure, y avait mieux. « En fait, si tu veux, un truc que tu sais pas à mon sujet c'est que j'adore les loukoums. Non mais, sans rire, je pourrais presque tuer pour des loukoums, et là c'est limite si j'en suis pas à en rêver la nuit ... » Ca fait la deuxième fois qu'il entend parler de loukoums pendant l'aventure, la première fois étant une insulte à son égard venant de Manu. En tout cas, il sent le traquenard venir à plein nez mais d'une foooorce ! D'ailleurs il croise les bras, sourire en coin. Allez, dis où tu veux venir. « Bon et du coup ... En fait, je me disais que comme tu étais pâtissier tu pourrais peut-être en faire, contre ... Je ne sais pas, ma reconnaissance éternelle ? » Ah ben voilà, en plein dans le mille ! Ça avait pas raté. Quel profiteur celui-là alors ! Heureusement qu'il l'aime bien et que c'est la première fois qu'il lui demande un truc. Il le regarde un long moment, l'air blasé... histoire de donner un peu de suspens, qu'il a la goutte qui perle lentement sur son front et tout... puis enfin, il finit par sourire, prenant un air exaspéré comme s'il était le parent qui cédait à un caprice de son enfant. « Et en plus de ça, je veux une assistance pour la préparation et des réponses à des questions vérités pendant tout le temps de la préparation. » Voilà, rien que ça. Toute façon il avait pas le choix. « Et oui je sais bien, t'es italien, c'est sans doute pas ta spécialité tout ça ... Mais bon, je me dis que si j'adore ça en étant moitié italien, alors tu dois pouvoir savoir les faire en étant italien aussi, hm ? » « Oui t'as de la chance ! » Ulysse est un grand pâtissier, il sait tout faire, qu'est-ce qu'il croit ! Allez c'est partit ! Le blond s'arrête un instant. « Hm, tu t'es assuré qu'on avait tous les ingrédients au fait ? Puis, tu les veux à la quoi ? » Oui y avait des tas de recettes possibles et plein de gouts différents.

Parfois je pouvais réussir à me comporter comme un vrai gamin. C'est vrai je veux dire, y'avait bien qu'un gamin pour aller emmerder quelqu'un qui n'avait rien demandé simplement parce qu'il n'arrivait pas à s'occuper seul ... Enfin bon là, ce n'était pas que je n'arrivais pas à m'occuper mais j'avais besoin du savoir-faire d'Ulysse. Parce que sans me vanter je me débrouillais pas mal en cuisine, mais la pâtisserie et tout ce qui y ressemblait en revanche c'était un peu ma bête noire ... Pour le reste de la cuisine les proportions c'était du vite-fait, de l'à peu près et l'improvisation donnait parfois des résultats sympa, alors qu'en pâtisserie il suffisait de faire une bourde dans les proportions pour que ça devienne de l'ordre de l’immangeable. Et moi, j'étais plutôt partisan de l'à peu près et du vite-fait, comme vous avez du le deviner. Du coup à peine ma "proie" repérée dans les écrans j'étais partit à la "chasse", et me plantant au-dessus de lui j'attendais sagement qu'il ouvre les yeux, un sourire amusé sur les lèvres. « Je suis pas trop bronzé, ça va ? » qu'il me demande de son air goguenard. Faisant mine de réfléchir un instant j'avais fini par hausser les épaules en répondant d'un ton faussement détaché « Je ne sais pas trop, repose la question à ton futur cancer de la peau. » Non mais ça va je plaisantais, il devait bien s'en douter de toute façon. Et puis j'étais de toute façon assez mal placé pour parler, je ne vais pas essayer de vous faire croire que je me trimbalais avec ma crème indice cinquante quand je crapahutais dans le désert iranien. De toute façon là nous avions autre chose à penser, j'avais une mission de la plus haute importance à confier au blond et nous avions assez attendu. L'amenant jusqu'à la cuisine je le plantais donc là, au milieu de la pièce, pour lui expliquer mon problème d'une importance capitale. Mais il me le rendait bien ce bougre, il attendait, il attendait ... Bref il me faisait mariner, et moi j'étais pendu à ses lèvres. Je n'exagérais pas vous voyez, ces loukoums c'était pratiquement une question de vie ou de mort, si je n'en avais pas j'irais peut-être me jeter du haut du phare, en signe de désespoir ultime.« Et en plus de ça, je veux une assistance pour la préparation et des réponses à des questions vérités pendant tout le temps de la préparation. » Un sourire satisfait était immédiatement venu s'installer sur mon visage, il pouvait bien me poser les questions qu'il voulait j'étais prêt à répondre à n'importe quoi pourvu qu'il y ait des loukoums à la clé. « Ça tombe bien, j'ai toujours été un excellent commis de cuisine. » Ce qui n'était pas entièrement faux, dans le sens où j'aidais souvent le paternel à la brasserie quand j'étais plus jeune, ou même encore aujourd'hui pendant mes périodes de congé. « Mais c'est à double-sens les questions, ça va de soit. » Bah oui, je voulais bien répondre à ses "questions vérité" mais uniquement si je pouvais en poser moi aussi, y'avait pas de raison qu'il satisfasse sa curiosité et que la mienne continue d'être frustrée. Trop de cachotteries dans ce nid, et parfois sur rien en plus, c'était limite si certains ne faisaient pas un secret de n'importe quel détail sans importance de leur quotidien, juste pour le principe. Bon ceci dit je demandais ça et tout, mais je n'étais même pas sûr qu'Ulysse sache y faire en loukoums, c'était pas franchement ce qu'on pouvait appeler une spécialité italienne « Oui t'as de la chance ! » qu'il me répond. Bon, c'était déjà un bon point, un excellent point même. « Hm, tu t'es assuré qu'on avait tous les ingrédients au fait ? Puis, tu les veux à la quoi ? » Histoire de gagner du temps je parcours la cuisine du regard d'un air pensif, alors que bon la vérité c'est que je n'en savais foutrement rien ... Je veux dire, les loukoums autant j'avais l'habitude de les engloutir autant je n'en avais jamais préparé. Alicia m'en avait fait un jour, pour me faire la surprise quand j'étais venu passer quelques jours à Bruxelles pour les voir elle et sa mère ... C'était juste les meilleurs que j'ai mangé de toute ma vie, forcément. Alors la barre était haute pour Ulysse, il allait falloir qu'il m'impressionne. « Baaah ... je sais pas. Ce qui t'inspire ? » Oui, c'était la réponse facile je sais bien. « Et puis j'en sais rien, il faut quoi comme ingrédients ? Du sucre et ... ? » Je n'y avais jamais réfléchi en fait. Ouais, je mangeais des trucs sans trop savoir comment c'était fait, mais je vous assure que parfois il valait mieux. Vous aviez déjà lu la composition d'un dragibus sur le paquet ? Ne le faites jamais, vous seriez traumatisé. « Dis moi ce qu'il te faut, et je te le file. » C'était un peu ça le boulot du commis de cuisine aussi, il ne pourrait pas reprocher de ne pas être motivé par mon rôle d'assistant. « Et tant que t'y es pose ta question. Parce que si tu proposais un jeu de "questions vérité" je suppose que tu en avais au moins une à me poser. » Inutile de tourner cent sept ans autour du pot, surtout qu'il avait de la chance, si y'avait bien une personne ici à qui je pouvais accepter de répondre honnêtement à n'importe quoi ou presque c'était lui. Bon faut dire que je n'avais pas grand chose à cacher non plus, ça devait aider un peu.

« Je ne sais pas trop, repose la question à ton futur cancer de la peau. » Il prend un air choqué. Non mais le mec ose venir le déranger en pleine séance bronzette, et en plus il lui met des sales idées en tête. « Si un jour j'ai un cancer de la peau, sois sur que tu seras le premier au courant ! » Voilà, comme ça il se sentira coupable de plaisanter avec ça. D'ailleurs, peut-être qu'il se sent déjà coupable là, maintenant ? Non ? Fallait pas lancer Ulysse, parce qu'il peut surenchérir sur n'importe quoi. Bref. Il le suit jusqu'à la cuisine. Pas vraiment ce quoi il s'attendait comme urgence : des loukoums. Bien sur qu'il peut en faire pour lui, mais il y a quelques conditions à respecter. Déjà il l'aide évidemment, et aussi qu'il réponde honnêtement à des questions. Cela semble assez juste comme deal.  « Mais c'est à double-sens les questions, ça va de soit. » Et mais, il l'arnaque un peu du coup. « Et du coup j'y gagne plus rien si je réponds aussi... » qu'il fait en faisant mine de réfléchir. Oui parce que les questions vérités, c'était censé compensé le fait qu'il lui fasse ses loukoums. Oh mon dieu, Dior sort de ce corps. C'est qu'elle déteint sur lui ! « Je plaisante. » Bah oui qu'il plaisantait. C'est con et très niais à dire mais si vraiment il y avait un échange équitable à faire, il le serait déjà. Sa présence et toutes ses qualités suffisent. C'est son grand frère, bien sur qu'il le lui rend déjà un milliard de fois ses loukoums. Donc oui, il veut bien les faire puisqu'il sait les faire, ce qui est important de préciser tout de même mais encore faut il qu'il puisse les faire. Est-ce que Maxence à vérifier ? Il voit à son air penaud que non, ce qui le fait sourire. Il n'a pas non plus l'air de savoir quel gout il préférait non plus. C'est qu'il doit connaitre que les loukoums classiques. « Baaah ... je sais pas. Ce qui t'inspire ? » Bon bah on va lui faire des loukoums classiques, à la rose alors ! « Et puis j'en sais rien, il faut quoi comme ingrédients ? Du sucre et ... ? » Il soupire mais c'est pas méchant. Ça le fait doucement rire plutôt. « Dis moi ce qu'il te faut, et je te le file. » Tout en comptant sur ses doigts en réfléchissant, il énumère les différents ingrédients. « Du sucre oui, de l'eau bien sur. De l'eau de rose, du sucre glace, de la maïzena et si tu trouves, du colorant ce serait bien. » Pour faire jolie bien sur. La pâtisserie, c'est aussi de l'esthétique dans un sens. « Et tant que t'y es pose ta question. Parce que si tu proposais un jeu de "questions vérité" je suppose que tu en avais au moins une à me poser. » Bien, donc avant qu'il parte dans le cellier chercher tout ça, il lui pose une question. En fait, il a des tas de questions à lui poser sans forcément qu'elle soit très importante. « Pourquoi est-ce que t'es célibataire ? » Avouez qu'à trente-cinq ans, c'est particulier. Donc est-ce que c'est un choix de vie ? Ou juste qu'il n'a pas trouvé quelqu'un ? Ou autre chose ? Il a une tare qu'il ne lui a pas encore montré ? Et pendant qu'il cherche, Ulysse sort quelques ustensiles de cuisine.

Non mais moi je disais ça pour lui, un peu de crème solaire plutôt que de juste se laisser griller ainsi au soleil telle une sardine sur un barbecue, cela ne lui ferait peut-être pas de mal. « Si un jour j'ai un cancer de la peau, sois sur que tu seras le premier au courant ! » Haha, très drôle gros malin. Je m'étais contenté de lever les yeux au ciel, mieux valait ne pas répondre, et ne pas parler de malheur, surtout. De toute façon ce n'était pas de son bronzage dont j'avais envie de parler, j'avais d'autres plans, des plans qui nécessitaient ses connaissances en terme de cuisine. De pâtisserie surtout, puisque c'était bien le seul domaine de cuisine où je ne sois pas capable de me débrouiller tout seul. J'acceptais même de répondre à ses questions en échange, j'en aurais sans doute quelques unes moi aussi « Et du coup j'y gagne plus rien si je réponds aussi ... » Oui non mais, on n'avait rien sans rien non plus. « Je plaisante. » Je préférais ça. Pas que je sois atteint de curiosité maladive mais je n'en connaissais pas non plus des masses à propos d'Ulysse en y réfléchissant bien. C'était un peu le souci ici en fin de compte, on apprenait des trucs sans rapports les uns avec les autres, et l'on passait parfois sous silence des trucs importants. Ou sans intérêt, ça dépendait. Pour l'heure il était de toute façon question de la recette de ces fameux loukoums, mais qu'est-ce que j'en savais moi, je les mangeais et puis c'est tout ... Heureusement qu'Ulysse était là, une fois encore. « Du sucre oui, de l'eau bien sur. De l'eau de rose, du sucre glace, de la maïzena et si tu trouves, du colorant ce serait bien. » J'acquiesce d'un signe de tête tout en répétant dans ma tête chaque ingrédient pour être certain de ne pas en oublier un en route. Je crois qu'il y avait à peu près tout dans le cellier, j'avais déjà passé un certain temps dedans à fouiner, un jour où j'avais envie de cuisiner sans savoir quoi faire ; C'est un truc qui me prenait de temps en temps. Et histoire qu'Ulysse ne soit pas en reste je lui avais dit de la poser tout de suite, sa question « Pourquoi est-ce que t'es célibataire ? » Ce n'était pas vraiment le genre de questions auxquelles je m'attendais, hm. Mais soit, haussant doucement les épaules je m'étais contenté de répondre d'un air énigmatique « Forse io sono un ragazzo complicato ? » avant de disparaitre dans le cellier. J'avais pratiquement tout trouvé du premier coup, à part l'eau de rose que j'avais cherché un moment au point de me demander s'il y en avait réellement, mais je l'avais finalement trouvée. Revenant à la cuisine les bras chargés j'avais tout déposé sur le plan de travail tout en me disant que bon, Ulysse méritait sans doute mieux qu'une demi-réponse en forme d'énigme, à une question pas si bête que ça dans le fond. « Avant de passer les castings j'étais à Mogadiscio, en Somalie, depuis plus de trois mois. Et si tout s'était passé comme prévu là-bas j'aurais du y rester jusqu'au mois prochain. Probablement que d'ici août je repartirais en Syrie si les plans ne changent pas d'ici là ... Tu me vois imposer ça à quelqu'un ? » Moi en tout cas je ne l'envisageais pas. Je me sentais coupable parfois, je savais que j'avais choisi un métier qui nécessitait de faire passer sa carrière avant le reste, je savais que cela ne se ferait pas sans sacrifices et que ma fille et sa mère seraient les premières à en subir les pots cassés. « Je suis jamais là, je le sais, et personne n'a envie de faire sa vie avec un fantôme. » Je ne disais même pas ça par amertume, j'avais accepté de faire ce sacrifice là comme le grand garçon que j'étais. Et si il m'arrivait parfois de me remettre en question cela n'avait jamais été au point de vouloir y changer quelque chose. Peut-être qu'un jour jouer au couple que nous n'étions plus avec la mère de ma fille, quand j'étais de passage chez elle pour quelques jours, ne me suffirait plus, mais pour l'heure c'était le cas, et je m'en contentais. Rien d'exclusif, rien de sérieux, c'était la clef. Je regardais Ulysse s'affairer, j'attendais la suite de ses instructions pour me rendre utile, et finalement puisqu'il avait accepté que son petit jeu des questions soit réciproque j'avais demandé tout en me retournant un instant pour sortir deux verres d'un placard « T'as déjà été amoureux ? » Il n'y avait pas vraiment de rapport avec l'autre question, à priori. Ou peut-être que si. Ce n'était plus un secret, le fait qu'il attendait LA bonne personne, mais je me demandais si malgré tout ça ne lui était encore jamais tombé dessus, le sentiment amoureux. Le vrai j'entends, celui qui rendait niais, celui qui vous faisait oublier votre prénom. Sortant la carafe de vin laissée au frigo j'en avais rempli les deux verres en attendant qu'Ulysse me donne sa réponse.

Maxence est une crème. Ulysse ne voit pas pourquoi à son âge, il serait célibataire. Maintenant, oui, il voit. Et il comprend assez son point de vue. C'est extrêmement... généreux? de sa part en tout cas, dans le sens où, oui, il pourrait être égoïste mais il ne le fait pas. Décidément, Maxence est vraiment un type bien. Un jour peut-être qu'il arrêtera de vivre cette vie et se posera vraiment, et qu'il mènera une petite vie de couple tranquille. Après tout, il a toute la vie pour ça. En soit, ce n'est pas si triste que ça... enfin, si tout se passe bien d'ici là, mais ne parlons pas de malheur.  « T'es vraiment quelqu'un de bien, tu le sais ça ? » qu'il souffle, petit sourire à l'appuie. Ulysse aurait été très fier d'avoir un grand frère comme lui. « T'as déjà été amoureux ? » Lui non plus ne s'attendait pas à cette question, mais ce n'est pas du tout un sujet taboue. Faut juste qu'il réfléchisse à la réponse, parce que c'est un peu confus dans sa tête. « J'ai déjà pensé être amoureux plusieurs fois, pensé avoir trouvé la femme de ma vie. Mais puisque je suis tout seul aujourd'hui, je me dis que j'étais pas vraiment amoureux à chaque fois.  » qu'il fait en haussant les épaules. C'est pas grave, un jour il tombera vraiment amoureux,  c'est sur !

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