J’aime beaucoup ma garde-robe, ayant l’argent nécessaire pour me payer toutes les pièces pour lesquelles j’éprouve un coup de cœur –ou non d’ailleurs- je n’ai jamais éprouvé la moindre frustration concernant un vêtement manquant dans ma penderie. C’est l’avantage d’aller faire du shopping toutes les semaines, mais bon quand on n’a que ça pour s’occuper c’est un peu triste. Je ne vis pas recluse, attention, mais à part mes études il n’y a pas grand-chose qui m’intéresse. De toutes les manières lorsqu’on n’a pas de copines tout est moins intéressant. Sur le prime dimanche soir Krisjana m’a proposé de me servir dans sa penderie, je trouve ça très gentil de sa part et très généreux car moi par exemple je n’aimerai pas que ce soit le cas inverse. Quoi que ça dépend avec qui ! J’imagine que je pourrais m’adapter, je pense l’avoir déjà beaucoup fait ici, je commence même parfois à parler comme une gueuse. Parfois parce que tout de même j’essaie de ne pas effacer des années d’éducation par quelques semaines de télé-réalité. Plantée devant le dressing de la candidate, j’observe sans pour autant ne toucher à rien tout simplement car je n’ose pas. Selon elle je peux y aller sans demander mais ça me gêne énormément ! Heureusement le hasard fait très bien les choses dans le nid, enfin parfois, puisque la concernée arrive juste derrière moi. Je peux la voir au travers du miroir. « Je regardais ! Voir ce que j’allais piocher. » Mais j’ai repérer quelques choses plutôt sympathiques, que je ne lui emprunterai pas bien entendu puisque ça ne se fait pas ce genre de chose pour ce genre de tissu. « En tout cas ça c’est très jolie, tu as bon goût. » Je lui montre son sous-vêtement mal rangé que je trouve très jolie, j’aimerais lui demander ce qu’en pense Jorah mais je crois qu’encore une fois ma curiosité serait mal placée. Je ne crois pas en fait, j’en suis certaine et c’est bien pour cette raison que je ne le fais pas. « De l’allure jusque dans la lingerie, serais-tu Krisjana d’une lignée noble de l’est ? » Ce que je raconte est à la fois sérieux et l’inverse. Je sais qu’elle n’est pas de famille noble, parce que sinon elle l’aurait dit avant mais en tout cas elle réunit toutes les conditions pour l’être. Je la trouve très jolie et élégante moi, Kris.

Je me rince simplement pour m'enlever le sel dû à l'océan. Je me rhabille juste après. Je vais dans le dressing lorsque j'aperçois la petite Teddy vers mes fringues. Elle se justifie. J'esquisse un vague mouvement de la main, non mais si elle savait comment je m'en fous surtout qu'elle n'a pas la gueule d'une voleuse, en plus. Je veux juste qu'elle ne rende mes vêtements dans l'état dans lequel elle les a trouvé, je ne veux pas qu'elle les abîme quoi. Teddy m'a l'air un minimum respectueuse. « Sers-toi » je lui réponds en haussant les épaules. « Euh merci » je réponds lorsque j'avise le sous-vêtement en dentelle qu'elle me montre, je suis presque à deux doigts de rougir, presque, il ne faut pas pousser non plus. La seule chose que je retiens c'est que je dois mieux ranger mes fringues. Il faut que j'apprenne à être ordonnée avec mes fringues, c'est un fait. Pour éviter ce genre de situation, juste ça. J'esquisse un simple sourire avant de remettre la bretelle à sa place, délicatement. Si je suis d'une famille noble ? « Non, si je l'étais, je ne serais pas ici » je réponds avec un sourire narquois, non, si j'étais d'une famille noble, je ne viendrais pas me taper la honte dans un jeu de télé-réalité où le plus hypocrite va gagner ça. Non, je me m'infligerais pas ça. « Tiens, elle devrait t'aller, celle-là » je lui dis en lui tendant une robe pâle que je n'ose pas trop mettre parce que ça fait un peu court sur moi, mais bon, je dois avoir au moins plus de dix centimètres qu'elle, ça devrait aller, non ? Je l'observe un instant, posant mes prunelles inquisitrices sur elle. « Je n'arrive pas à t'imaginer dans la finance » je lâche simplement dans un léger soupir. Comme quoi, l'apparence ne fait pas tout, je suis assez bien placée pour en parler.

Bien que bénéficiant de la permission de Krisjana pour aller piocher dans ses vêtements je me sens tout de même comme prise la main dans le sac lorsqu’elle arrive alors que j’analysai ses biens. Elle reste une personne froide et imprévisible et bien que je la trouve très sympathique derrière cette apparence je ne sais toujours pas très bien comment elle pourrait réagir. Visiblement elle s’en fiche éperdument et m’invite même une nouvelle fois à me servir. En échange je la complimente parce qu’elle a très bon goût concernant la lingerie, j’imagine que lorsqu’elle a un copain ça doit être surprise party tous les jours, ils doivent se sentir chanceux les coups de Kris. Je souris lorsqu’elle me remercie et puis je me permets une question car je trouve que la candidate a une vraie allure de ice princess alors forcément ça lui ajouterait encore plus de classe si elle était noble ou quelque chose de ce type mais visiblement au vu de sa réponse elle n’a aucun titre. Je ne comprends pas pourquoi pour elle c’est d’une telle évidence. « Ca ne veut rien dire ça, il y a bien une superstar ici. » Moi aussi je suis là alors que je n’ai pas besoin d’argent. Je pense vraiment que ce n’est pas un critère valable, noblesse ou pas ça n’a rien à voir mais puisque pour Krisjana cela semble couler de source ça veut dire qu’elle est venue ici par nécessité. Le besoin d’argent peut-être ? Elle a déclenché en moi ce besoin incessant de poser des questions qui n’en finissent plus seulement elle me stoppe, au moment où j’allais ouvrir la bouche voilà qu’elle me tend une robe. Elle est jolie, j’aime beaucoup et puis si en plus elle est censée m’aller… je suis flattée qu’elle me confie cette belle pièce, en tout cas je n’ai plus qu’une envie maintenant c’est celle de l’essayer. Mon regard passe du tissu à la candidate, pétillant. Je prends possession de la robe, l’analysant de plus près. « Tu penses ? Je vais l’essayer pour voir. Ca ne te dérange pas si je le fais ici ? » On est entre filles, on s’en fiche non ? C’est un moment de copines et puis ça reste une robe, nous ne parlons pas de culotte –dieu merci. Pour autant je ne voudrais pas l’offusquer alors j’attends sa réponse avant d’opérer. Kris me parle de la finance, je ne me souviens plus de quand est-ce que nous avons parlé de ça, il me semble que c’était lors du prime… je ne sais plus. « Tu dis ça pour mon physique ? Parce que ça peut être un grand atout tu sais. » Tout comme un handicap, la difficulté d’être prise au sérieux contre l’absence de méfiance. « Et toi que fais-tu exactement dans ta grande école française ? » A vivre en communauté je sais à peu près ce que tout le monde fait dans la vie grâce à certaines conversations communes mais pas exactement.

Elle soulève la présence de Jasmine. Et alors ? Ça veut rien dire aussi ! On ne connait pas vraiment les motivations de notre brunette internationale. Personnellement, quand on m'a dit que je pouvais me faire de fric juste en restant moi-même, en étant nourrie aussi, je n'ai pas hésité une seule seconde. Faudrait être con pour refuser, j'ai envie de dire. Je sors l'une de mes robes, que je ne mets jamais et je la lui donne, non parce que lorsque j'ai vu la jupe de Teddy pendant le prime, j'ai pris un peu peur quand même ! « Vas-y, tu peux y aller » je lui souffle avec un vague geste de la main. « J'ai vu pire » je me moque alors en esquissant un léger rictus moqueur, je lui tiens la robe pendant qu'elle se dessape. J'évoque la filière qu'elle a choisi. Finance. Oui, c'est en parti à cause de son physique, c'est tout à fait cliché, je sais. Cela peut-être un atout. « Je n'en doute pas» je concède en haussant les épaules.« Et toi que fais-tu exactement dans ta grande école française ? » J'arque un sourcil perplexe, en me demandant comme elle sait car je ne l'ai dis qu'à Grayson, qui nous a quitté depuis un mois et Tifenn la semaine dernière. J'ai presque envie de dire que c'est flippant. Tout va super vite ! « Je suis en cycle polytechnicien, notre deuxième année est assez générale, donc notre base est les mathématiques, la physique et la chimie » Je lui réponds en haussant les épaules. J'imagine que ça ne doit pas lui paraître très attrayant, je sais mais je m'y plais. Si je réussis à finir cette année, je pourrais donc espérer une spécialisation, si j'y arrive quoi. Mais bon, je ne pense pas que j'ai fait tout cela pour rien. « Attends, tourne-toi» je lui demande lorsqu'elle s'habille avec ma robe. Je l'aide à tirer la fermeture éclair, et j'évite que ses cheveux se prennent dedans.

Elle est atypique mais je la trouve gentille sous sens grands airs d’iceberg, Krisjana. J’aimerais lui demander à l’occasion pourquoi elle porte un prénom venu de l’est, ce qui est d’ailleurs intéressant compte tenu de son caractère. Néanmoins elle n’est pas pour autant désagréable, plusieurs personnes auraient refusé que je pique dans leur dressing mais ce ne fut pas son cas. Pour avoir analysé l’endroit j’en ai déduis qu’elle ne portait pas de fourrure ou de chose extraite d’animaux, ce qui ne m’étonne pas au vu de sa réaction concernant les plumes d’oiseaux de ma jupe dimanche soir dont elle n’avait pas l’air d’être fan. J’ose seulement espérer qu’elle n’a pas que du synthétique mais la robe qu’elle me tend est très jolie. Avant de m’avancer je voudrais l’essayer puisque je dois tout de même vraiment lever le nez pour regarder la candidate dans les yeux, ce qui impose un problème évident au niveau de la longueur du vêtement. Puisqu’elle ne voit aucun inconvénient à ce que je me change devant elle, j’entame l’effeuillage. Elle a vu pire ? Dans son miroir peut-être. Ca c’est ce que je lui aurais répondu si elle n’avait pas été aussi jolie. Autant ne pas mentir et être méchante sans raison car Krisjana est vraiment une belle fille et je lui envie quelques centimètres cela dit en passant. Je pointe le nez vers elle. « Heureusement. » Heureusement, oui, car je n’aimerais pas apprendre que je suis la pire chose qu’elle ait pu voir dans sa vie. Physiquement, du moins. A propos de cela, c’est la raison pour laquelle la candidate ne m’imagine pas manier les chiffres. « Mais alors tu m’aurais imaginée dans quel domaine ? » Je redoute sa réponse car si je n’ai pas l’allure pour la finance je ne vois pas pour quel type de métier j’en aurais et je crains d’entendre quelque chose ressemblant vaguement à une activité nulle nommée « fille à papa ». Concernant Krisjana j’ai entendu dire qu’elle était dans une grande école, disons que je laisse trainer mes oreilles. J’ai aussi cru comprendre qu’elle était douée en mathématique mais je n’ai pas vraiment cerné la chose alors je me permets de lui demander. Enfilant la robe, j’écoute Kris m’expliquer ce qu’elle fait et ça m’a l’air très compliqué. Du moment que c’est général c’est toujours compliqué car cela nécessite la maitrise de beaucoup de domaines. « Je suis impressionnée. Dans quel domaine tu voudrais te spécialiser précisément ? Pour faire quoi ? » Je veux savoir, je veux ! Elle a réveillé ma curiosité, bien qu’elle ne se soit jamais endormie. Me retournant sur son ordre afin qu’elle ferme la robe, je me retourne finalement vers elle afin de la remercier poliment puis me dirige vers un miroir non loin. Je pivote, me jugeant sous toutes les coutures. « Qu’en penses-tu ? En tout cas ta robe est vraiment belle ! Elle fait des petits seins, tu crois que j’aurais l’air d’une française si j’enlève mon soutien-gorge ? » Elles aiment être libres, les françaises non ? Et ce serait sexy, aussi. Enfin je devine, c’est la raison pour laquelle je demande l’avis de Krisjana qui s’y connait un peu plus.

Dans quel domaine ? «Je t'aurais bien vu dans le théâtre » je lui balance, oui, je la trouve très expressive comme fille, je ne vois pas pourquoi elle va se faire chier dans la finance. J'espère qu'elle aime vraiment ça car c'est ce qu'elle va faire toute sa vie. Elle est impressionnée. J'ai envie de dire qu'elle peut. Mais bon, c'est évident non. Limite ce ne sont pas les matières qui sont dures, mais l'entrée dans cette école qui est réellement une galère. J'en ai bavé, tout simplement parce que je n'ai pas pris la voie habituelle qui consistait à faire une prépa pour tenter le concours mais je suis arrivée par une voix universitaire donc il n'y avait que seize place qui nous étaient réservées et aussi que j'ai deux ans d'avance donc j'étais jeune quand j'ai tentée. C'est un chemin de croix. Teddy me demande ce que je compte faire. « J'aimerais travailler dans la programmation, dans tout ce qui est algorithmes en fait, mais bon, ça reste encore vague puisqu'il y en a vraiment de partout » je lui explique. Quand je dis partout, c'est dans les ordis jusqu'à la répartition des places de de train de la snfc lors d'une réservation. Plus ça reste vague et plus j'aurais d’opportunités. C'est ce que je me dis en fait. Elle me demande ce que je pense de la jolie. Je la dévisage un long moment. «J'aime bien » je déclare d'une voix inexpressive avant qu'elle n’enchaîne avec les françaises. Quoi ? Pourquoi elle me demande ça ? Je suis franco-norvégienne, j'en sais rien. J'écarquille temporairement les yeux. Elle est vraiment louche cette fille, on ne peut pas dire le contraire.  «Hm, avec celle-ci je n'en mets pas » je lui réponds en haussant les épaules.  « Et puis je pense que tu peux t'en passer » je souligne en la jaugeant rapidement. Elle lève la tête dans ma direction, je croise son regard. Mon visage se déride rapidement. « Ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas méchant, c'est vrai » je souffle alors sur un ton légèrement amusé. Ce n'est pas une critique sachant que je suis un peu pareille, bon okay, j'en ai quand même un peu plus qu'elle mais voilà quoi. Et voyons le côté positif, c'est tellement plus pratique pour courir. Vraiment !