JOUKO

J’essaie de profiter à fond de mes derniers jours ici, parce que même si je me réjouis de retrouver ma routine, je vais sûrement me sentir oppressée en retrouvant mon appartement. C’est que je me suis habituée au nid, hein, et à ces pièces aussi grandes que la totalité de mon logement. Et les espaces verts, que dire des espaces verts ! J’adorerais avoir une petite forêt pour moi, ou une plage, ou dans une moindre mesure, je veux bien me contenter du centre de thalasso si tout ce qui touche à l’extérieur c’est trop demandé, hein, je suis pas chiante comme fille. En parlant du nid, je suis toujours autant intriguée par les auto-tamponneuses qui se situent sur le toit, d’autant plus que je n’ai jamais eu l’occasion de les tester, et c’est bien dommage. Raison pour laquelle en ce  mardi après-midi je me dirige naturellement vers la terrasse, dans l’espoir d’enfin en profiter. Ce serait pas trop tôt, hm. Si ça se trouve ça va être la meilleure découverte de ma vie et je vais regretter de ne pas être venue ici plutôt. M’enfin, j’ai déjà testé des auto-tamponneuses, mais là c’est différent, c’est Fake Lover, tout ça, tout ça. Puis il y a une petite pointe de danger vu qu’elles sont situées sur le toit et qu’on peut à tout moment se foutre en bas, ni vu ni connu. Oui, bon, j’exagère un petit peu, je me doute bien que c’est sécurisé, mais faut bien que je me trouve des motivations qui me feront regretter de ne venir que maintenant. Arrivée sur le toit, je me précipite presque dans une des voitures, démarrant celle-ci et faisant quelques tours pour m’échauffer, hein, c’est physique comme activité. Ceci dit, seul, c’est chiant, raison pour laquelle je guette la terrasse en espérant y voir apparaitre très vite la silhouette d’un candidat qui viendrait me sauver. Et ça ne tarde pas. « Joukoooooo ! » Que je crie en le voyant arriver sur la terrasse. J’arrête la voiture et j’en sors précipitamment pour m’approcher de lui. « Dis… tu voudrais bien faire de moi la plus heureuse des femmes ? » Je le supplie presque du regard. Je reprends rapidement, sinon il va s’imaginer des choses. « Je sais que c’est une honte, mais… je n’ai jamais testé les auto-tamponneuses. Et je ne peux décemment pas quitter le nid sans en avoir profité au moins une fois !  » Ce serait une honte, un affront direct envers Cupidon. Pas sûr que l’angelot me pardonne. « Alors, tu veux bien m’aider à réaliser ce rêve ? » Nouveau regard suppliant. Il peut pas rester de marbre, là, hein, il est obligé de craquer.

Je passais juste par là, moi. Comme ça, pour faire un petit tour, parce que j'aime bien faire des petits tours dans le nid, sans but particulier et sans lieu recherché. Sauf qu'évidemment entre temps j'ai entendu une voix crier mon nom et ça m'a forcé à me retourner sur moi-même. Une voix féminine ; je crois avoir reconnu celle de Rowan. Je ne suis pas sur mais lorsque je me retourne j'ai effet la jeune femme dans mon champs de vision. Elle a l'air de crier mon nom avec tellement d'entrain, on dirait que je viens un peu de sauver sa vie, là. « Ah ! J'adore quand on crie mon nom comme ça ! » que je dis alors que je m'approche d'elle peu à peu. Je remarque au passage qu'elle est dans une auto-tamponneuse et très honnêtement, y jouer toute seule ça ne doit pas être quelque chose de particulièrement excitant. Enfin, je trouve. Après, chacun son délire, n'est-ce pas.. Une fois arrivé à sa hauteur, elle me pose une question.. étrange ? Oui voilà c'est le terme. Etrange. La plus heureuse des femmes ? « Oh je.. j'imagine que ça peut s'arranger. D'ailleurs, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? C'est peut-être dans mes cordes. » je tente, après tout si elle m'a demandé si je voulais faire d'elle la plus heureuse des femmes, alors peut-être que c'est parce qu'elle pense que j'en suis capable. Ou alors je vais peut-être trop loin et elle va me demander un truc totalement random. Elle m'explique alors qu'elle n'a jamais testé les auto-tamponneuses et on dirait que c'est une pour elle sauf que.. beh moi non plus je n'ai jamais essayé ! Jamais. Je n'ai jamais eu l'occasion de le faire, j'ai oublié. Mais bon mieux vaut tard que jamais. « Je ne sais pas si j'en serais capable.. mais bon, ok ! » je tente. Ni une ni deux et je me faufile jusqu'à une "voiture" de couleur bleue - parce que j'adore cette couleur et aussi parce que c'était la plus proche - et puis là, j'enclenche la machine. J'ai un peu de mal au début ; je suis rouillé. J'y jouais souvent quand j'étais gosse, dans les fêtes foraines et autres foires, mais disons qu'entre temps je n'ai plus trop eu l'occasion de le faire. Je prends un peu plus de vitesse tandis que je crie à ma camarade « Han regarde à droite, y a... y a... Rihanna ! » et une fois la tête tournée, je lance mon véhicule dans le sien et ils entrent donc en collision. Le choc passé, je me mets à rire. « Ahhhhahahhhaaaa.. ça marche toujours c'est fou.. » non mais sérieux.. qu'est-ce qu'elle foutrait là Rihanna..

Je m’échauffe brièvement en faisait quelques tours de pistes, en espérant qu’un candidat montre le bout de son nez, ou sinon j’irais à la recherche d’un de ceux qui traînent encore dans le coin. Mais finalement, Jouko m’apparait comme un véritable sauveur et je peux pas m’empêcher de me précipiter en sa direction. Je souris à sa remarque. « Si seulement je l’avais su avant ! » Quel dommage. Je lui dis ensuite qu’il pourrait faire de moi la plus heureuse des femmes. « Oh j’en suis persuadée ! » Tout le monde pourrait faire mon bonheur, à vrai dire, alors lui ou un autre… mais autant le flatter pour qu’il accepte plus finalement. Il sait pas s’il en sera capable… aha, la blague. « Mais si, mais si, faut juste croire en tes capacités. » Voilà, c’est aussi simple que cela. Il n’a pas à s’en faire. Non, et puis, il faut pas un bac + 5 pour savoir conduire une auto tamponneuse à ce que je sache, hein, c’est à la portée de tout le monde. En attendant, il a accepté ma proposition et j’en suis vraiment ravie, parce que faire des petits tours de piste toute seule ça va cinq minutes, hein. « Que le combat commence ! » Je dis pendant qu’il s’installe dans l’une des voitures et que je regagne la mienne. Enfin, combat, hein, on va pas compter les points ou je ne sais quoi, mais qu’importe. C’est alors qu’il me crie qu’il y a Rihanna à droite. « Hein ? » Je tourne la tête instinctivement, sans vraiment me poser la moindre question. Puis je réalise ce qu’il m’a dit. Rihanna. Mais bien-sûr. Et moi, je suis tombée dans le panneau comme une débile. En plus j’aime même pas Rihanna, alors qu’est-ce que je m’en ficherais de savoir si elle est là ou pas, hein. Mais c’est trop tard pour faire marche arrière sur ma bêtise, d’autant plus que Jouko s’est empressé de me foncer dedans. Je suis un peu secouée dans la voiture et je tourne la tête en sa direction. « Comme c’était fourbe ça, j’en reviens pas ! » Je le pensais pas aussi fourbe, le Jouko. « Tu vas me le payer ! » Je fonce en direction de sa voiture, en appuyant bien comme il faut sur le champignon. Je déguerpis rapidement avec ma voiture pour faire le tour de la sienne et me retrouver finalement à nouveau face à lui. « Hé, regarde il y a Angelina Jolie ! » Je pointe du doigt une direction au pif derrière lui. Bon, ça risque pas de marcher. Et puis, j’ai déjà réussi à lui foncer dessus, mais voilà, j’ai aussi envie qu’il passe pour un débile pendant un court instant.

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