(STAN) De ma vie, je ne m'étais jamais aventuré dans un labyrinthe. Ou, tout du moins, nuançons mon propos et admettons qu'il m'est arrivé d'en fréquenter, mais jamais de cette envergure ; ceux que j'avais pu expérimenté faisaient pâle figure à côté de celui que la production nous avait concocté, et il avait été terriblement facile d'en ressortir. Si bien qu'en entendant parler, par les autres candidats, d'un labyrinthe dans le nid, je ne parviens pas tout de suite à le prendre au sérieux, et ce n'est qu'après avoir passé une demi-heure à l'intérieur que je prends conscience du pétrin dans lequel je me suis fourré. Peu habitué à faire face à ce genre de situation, mon esprit décide sans m'en aviser qu'il s'agit du bon moment pour péter un câble, et très rapidement je me convainc que je ne ressortirai jamais vivant d'ici, et que ce labyrinthe est en quelque sorte une métaphore de l'existence pathétique dans laquelle je me suis englué jusqu'au cou. Dans un élan de pseudo-lucidité, j'interromps la petite voix qui s'est improvisée dans ma tête pour saisir mon iPad, que j'ai eu l'intelligence de prendre avec moi. Est-ce qu'il a une option géolocalisation ? Dans le pire des cas, je devrais pouvoir poster un SOS sur le compte Twitter qu'ils m'ont crée, une fois que j'aurais compris comment ce bordel fonctionne. Statique, le dos reposé contre une des cloisons végétales du labyrinthe, je me bats avec les nouvelles technologies (qui ont clairement l'ascendant) quand des bruits de pas se font entendre non loin. Alerte, je dresse l'oreille et reste immobile, jusqu'à ce que je sois rejoins par un de mes camarades de jeu. Je manque de peu de hurler de joie. Mais, le peu de dignitié qui me reste me l'imposant, je reste (plus ou moins) de marbre. « Hey, salut. Belle journée, n'est-ce pas ? Toi aussi tu effectues une petite promenade de santé qui se retrouve malencontreusement et involontairement prolongée... ? » Je sous-entends, rechignant visiblement à admettre que je suis complètement paumé.

Mince alors. J’aurais pu tomber sur le roi du labyrinthe, un mec passionné par ce genre d’aménagement extérieur qui aurait eu tôt fait de visiter celui-ci jusqu’à le connaître comme le fond de sa poche, tout comme j’aurais pu tomber sur un type à la mémoire photographique qui aurait rapidement su nous tirer du pétrin. Mais non. Il fallait que ce soit un mec comme moi, et qui n’en menais pas plus large que ma propre personne. Au fond, je me doutais un peu que les probabilités étaient conte moi. « Ça fait combien de temps que tu tournes en rond ? » je lui demande, histoire de faire la conversation, entre deux largués. Il s’en remet à moi pour le choix de la décision, et je suis rassuré de savoir qu’il compte faire équipe avec moi pour la suite. C’est que je commençais à me faire singulièrement chier, et quitte à être perdu, autant l’être avec un peu de compagnie. Je jette un coup d’œil accompagné d’une légère grimace au passage qui se dessine derrière lui, et me passe de tout commentaire, mon expression se suffisant à elle-même. S’il vient de là, autant ne pas y mettre les pieds. Et autant ne pas retourner d’où je viens, tant qu’à faire. « Je dirais par là. C’est peut-être pas la sortie, mais au moins ça nous évite de repasser deux fois au même endroit. Enfin je crois. » Je lui fais signe de me suivre tandis que je m’engage dans le troisième chemin. « Statistiquement parlant, on devrait finir par trouver la sortie. Dans pas trop longtemps, si on a de la chance. Si on n’en a pas… Et bien j’espère que la production va pas nous laisser crever de fins comme des chiens. » À coup sûr, ça ferait monter les audiences, mais je préfère partir du principe que, question d’éthique, ils se le permettraient pas.