+ On dit qu'il y a un gymnase dans le coin, à l'extérieur en fait, ou je ne sais trop où. Je sens bien que j'ai besoin de me défouler plus qu'en marchant simplement d'un bout à l'autre du nid afin de découvrir un peu plus chaque jour l'endroit qui sera mon chez moi pour quelque temps. Je suis danseuse, stripteaseuse, en fait. Je remue des fesses quotidiennement et j'ai tendance à finir la nuit complètement crevée. C'est que j'essaye de toujours donner mon maximum pour satisfaire la clientèle et repartir avec un petit pourboire au moins. Je n'ai donc habituellement pas tant d'énergie à revendre, mais je la sens doucement me monter à la tête depuis que je suis ici. Le gymnase m'a donc l'air d'être tout indiqué pour m'épuiser un peu, même si je ne vais pas forcément danser comme j'aime tant le faire. N'importe quelle activité qui me saura me faire transpirer fera parfaitement l'affaire, il n'y a pas de doute là-dessus. Après un petit footing en tenue de sport adéquate, j'arrive enfin dans la grande salle. Je reprends mon souffle un instant, pinçant tout de même légèrement les lèvres en ne voyant tout d'abord que des instruments de musculation. Bon et bien, je ferais avec. Mais d'abord, les étirements, autant en profiter maintenant que j'ai chauffé mon corps en courant. J'entame donc mon rituel comme avant de monter sur "scène" pour faire le "show". Je ne remarque pas tout de suite la présence (ou l'arrivée) d'un candidat derrière moi. Ce n'est que quand je me retourne que je le vois, et que je le reconnais, puisqu'il s'agit de Jaheim, le type avec qui j'avais sympathisé pendant le prime. « Tu vas rester là à me regarder pendant longtemps ? » C'est peut-être légèrement agressif comme approche, mais je ne fais pas exprès, c'est le trop-plein d'énergie, bien sûr. « J'aimerais mieux que tu viennes te dépenser avec moi. » Que je dis alors, un petit sourire, le défiant presque du regard. C'est que je trouve plus intéressant de s'y mettre à plusieurs, parce qu'il paraît que plus on est de fous, plus on rit.

Je me suis déjà largement dépensé cette semaine, j’ai testé le mur d’escalade, j’ai profité des pistes longeant le terrain de football sur le stade pour reprendre le jogging de manière assez intensive mais j’ai appris ce matin qu’il y avait tout le matériel nécessaire pour se livrer à des activités sportives liées au cirque. Je n’ai pas eu l’occasion de refaire du cirque depuis au moins dix ans, par le passé chaque année le cirque s’installait en même temps que notre fête foraine dans un petit quartier londonien, mes parents s’étaient liés d’amitié avec les propriétaires du cirque et j’étais donc autorisé à regarder les trapézistes, clowns et autres dompteurs s’entrainer. Les trapézistes m’ont appris quelques petites figures sur les trapèzes proches du sol et j’ai même présenté un numéro pendant deux années consécutives à leurs côtés lorsque nous étions dans les mêmes villes au même moment. Ce fut une magnifique expérience et je suis curieux de voir si j’ai encore la souplesse pour réaliser les quelques figures que je me sens encore capable de mettre en application. Voilà donc ce qui me motive mon passage par le gymnase, je suis néanmoins piqué dans ma curiosité par Jessica qui semble se livrer à un petit exercice étrange, elle répète des petits mouvements de manière très précise, surement une habitude, sans se rendre compte que je l’observe. Enfin, c’était le cas avant que je le pense puisqu’elle m’a repéré à présent. « Tu vas rester là à me regarder pendant longtemps ? » Elle serait presque agressive ce qui me surprend sur le moment. Je ne la connais pas mais je l’imaginais plus… Calme dirons-nous. « Jusqu’à ce que je trouve quelque chose de mieux à faire je suppose. Il ne devrait pas être trop difficile de trouver une meilleure occupation cependant. » Ce n’est pas de la méchanceté, c’est une remarque objective, il y a bien mieux à faire que de mater quelqu’un qui s’échauffe ou fait Dieu seul sait quoi. « J'aimerais mieux que tu viennes te dépenser avec moi. » Un petit sourire nait sur mes lèvres et je ne peux m’empêcher de lui faire remarquer, un poil macho. « Désolé mais… Me dandiner ce n’est pas trop mon truc ! » Je suis passionné de danse, ça a toujours été le cas et les forains de mon âge, voire même les plus vieux, ont tendance à me dire que je suis une tapette sous prétexte que la danse est considérée comme étant une activité féminine par une majorité. Je ne vois pas en quoi personnellement, peut-être parce que j’évolue dans le breakdance et la danse plus hip-hop. Ne vous attendez pas à me voir reprendre le lac des Cygnes en tutu-rose quoi, encore moins à twerker comme une chienne en chaleur ! « Je suis venu tester le trapèze ! » Elle s’en fiche peut-être mais je me sens d’humeur à bavarder alors j’en profite pendant qu’il est encore temps. Je l’abandonne pour me diriger à quelques mètres à peine et je retire mes chaussures puis mes chaussettes pour pouvoir grimper sur le trapèze. Je me positionne dos à la barre du trapèze, mes deux mains empoignent fermement la barre et je me soulève pour faire une sorte de roulade en arrière qui me permet de me retrouver assis sur la barre. Je me redresse, cherche deux bons appuis sur les cordes et je me repose à nouveau sur la force de mes bras pour me soulever et tenir sans que mes pieds ne touchent la barre.

(0:35 pour un aperçu de la figure.)

Qu'il ne me regarde ne me gêne pas spécialement, mais j'aurais préféré le repérer plus tôt, histoire de savoir qu'il était là. Pas que j'aurais fait différemment si je l'avais su, mais j'aurais surement eu l'air mois surprise ou agressive en lui adressant ces quelques premiers mots. Est-ce qu'il va me regarder encore longtemps ? Apparemment juste le temps de trouver mieux à faire. Sympa pour moi. Je suis si inintéressante que ça ? Je ne lui pose pas la question, lui adressant un simple regard avant de lui dire que je préférerais qu'il se dépense avec moi. Mais se dandiner, ce n'est pas le truc de monsieur. « Et bien c'est le mien, figure-toi. » Il l'avait sans doute déjà remarqué en me voyant m'échauffer, mais je préfère lui le préciser. « Je suis stripteaseuse. » Que je dis avec en lui adressant un petit clin d'oeil. Pas parce que je me moque de lui, non, mais parce que ça me rend l'air plus aguicheuse comme quand je m'apprête à entrer en scène. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il fait, lui, dans la vie, puisqu'il m'apprend qu'il est venu tester le trapèze. « Y-a un trapèze ? Oh, oui ! Je l'avais même pas vu ! C'est trop bien ! » Je suis comme une folle en m'en approchant, précédée du jeune homme. J'ai fait beaucoup de danse quand j'étais jeune, et des stages de cirque aussi, c'est d'ailleurs un des quelques petits plus qui m'ont permis de décrocher la place au club où je travaille actuellement. Sans ça, peut-être que je serais encore sans emploi ou simple serveuse chez McDo, ce qui n'aurait plus rien à voir avec la danse, ma "passion", ou plutôt celle que ma mère m'a transmise. Je regarde faire Jaheim qui se lance déjà dans une figure. « Impressionnant ! » Je fais, véritablement admirative. « À mon tour, maintenant. » Que je dis dès que je le vois reprendre appuie sur la barre. Je dois être un peu rouillée, parce qu'on n'a pas de trapèze au club, que des podiums, des barres, des tables et des chaises sur quoi faire tout un tas de choses, hm. « Tu te moques pas, hein, ça fait longtemps que j'en ai plus fait. » Je le préviens à l'avance. Il descend et je me lance dans le petit enchaînement donc je me souviens, même si mes mouvements sont quelques peu hésitants. J'arrange un peu le tout à ma sauce parce que j'ai appris un tas d'autre choses depuis, mais c'est à peu près ça, et à peu près potable pour un nouvel essai après quelques années sans pratiquer, je crois.

+ (de 00:57 à 01:14)

Je ne suis qu’un homme et je ne peux pas mentir en jurant de ne pas avoir louché sur son beau derrière. Vous ne me verrez de toute manière jamais me trouver des excuses avec les femmes, j’assume toujours ce que je fais et je ne pense pas que d’apprécier ce qu’elles ont à offrir visuellement parlant soit un crime. Je perçois en tout cas cela comme une sorte d’hommage à leur beauté. Il parait que je tiens mon côté séducteur de mon père mais que j’ai également l’instinct très animal de mon grand-père, un mauvais cocktail qui me rends très impulsif et qui explique parfois pourquoi je fonce tête baissée comme un cheval fou dès que j’ai une occasion. Avec le temps je me calmerais probablement mais je suis jeune alors pourquoi me priver ? J’ai envie de profiter de la vie, des plaisirs dont elle regorge au maximum avant de devenir plus sérieux, chez nous lorsqu’on trouve l’amour, celui que l’on pense sincère et entier, on ne revient généralement pas en arrière et je garde cela en tête. Cette tradition est peut-être très limite, surtout dans une société où le divorce est de plus en plus omniprésent, mais personne n’a encore jamais sérieusement remis ce principe en question et je ne tiens pas spécialement à être le premier. Je ne veux pas que l’on me pointe du doigt, pas vis-à-vis de moi, je me fiche de ce que l’on pense de moi, mais plutôt pour ma famille. Jessica me propose de l’accompagner et, honnêtement, je ne me vois pas lui dire oui, je ne suis pas forcément doué lorsqu’il s’agit de remuer mon popotin sensuellement, onduler mon corps pour aguicher ce n’est pas mon atout principal, loin de là. « Et bien c'est le mien, figure-toi. » Cette réponse me satisfait, j’aime lorsqu’on me tient tête. « Je suis stripteaseuse. » Jessica est donc stripteaseuse ? Voilà quelque chose qui, pour le coup me surprend pas mal. Je n’ai jamais eu de stéréotypes sur la profession, je ne la juge donc pas du tout mais je m’attendais à ce qu’elle évolue dans un emploi plus… Disons rangé ! « C’est vrai ? Depuis longtemps ? » Elle a retenu mon attention et gagné en intérêt, il est toujours très passionnant de discuter avec des personnes qui ont des parcours différents du tiens. La jeune femme n’avait pas remarqué jusqu’à maintenant la présence du trapèze mais elle semble aussi excitée que moi à l’idée de se livrer à quelques petits exercices. Je décide de m’engager en premier sur le trapèze et, bonne surprise, j’ai encore de bons restes en matière de souplesse. « Impressionnant ! » Je souris, fier comme un paon. « Merci. » Depuis l’enfance j’ai toujours été attiré par les activités sportives impliquant de devoir travailler certaines parties spécifiques du corps, j’ai notamment pas mal fait de boxe tout en pratiquant la danse entre autres. « À mon tour, maintenant. » Je fais à nouveau appel à mes biceps pour descendre du trapèze lentement, il est tout à elle. « Tu te moques pas, hein, ça fait longtemps que j'en ai plus fait. » J’acquiesce en répondant du tac au tac d’un ton qui se veut rassurant. « On ne fait pas un concours, t’inquiètes pas pour ça ! » Ce n’est pas mon genre de juger les autres, si je peux lui donner quelques conseils pourquoi pas mais je n’ai clairement pas le niveau nécessaire pour revenir en détails sur sa prestation. Elle m’éblouie un peu plus en me montrant qu’elle est plutôt balaise à cette activité. Je l’applaudis sans la quitter des yeux une seule seconde. « Tu as été superbe ! » Je me frotte légèrement le menton et, désireux de partager un peu plus avec elle, je m’avance et lui fait remarquer, d’un ton posé. « Lorsque tu prends appui sur la barre, tu devrais plutôt placer tes mains davantage sur les côtés pour économiser tes muscles. » Je glisse mes doigts contre sa main pour lui montrer où je pense qu’elle aurait meilleur temps de s’accrocher au moment d’entamer sa figure.

Si ce n'est pas son truc de se dandiner, c'est bel et bien le mien. D'ailleurs, j'en profite pour lui apprendre ce que je fais dans la vie. Je me déhanche toute la nuit, en gros. J'ai l'impression que ça l'étonne un peu et ça me fait sourire. Il me demande si c'est vrai, ce à quoi je ne réponds que par un hochement de tête affirmatif, puis il veut savoir depuis combien de temps je fais ça. « Presque six ans. » Je ne sais pas si on peut considérer que ça fait longtemps quand certaines de mes collègues sont là depuis une quinzaine d'années, mais c'est plutôt pas mal tout de même, je crois. Je n'ai pas le temps de demande à Jaheim ce qu'il fait dans la vie qu'il repère déjà le trapèze que je n'avais pas vu jusqu'à présent. Il y grimpe et se lance dans la réalisation d'une figure. Je suis vraiment impressionnée et je le lui dis. J'ai moi aussi envie de lui montrer ce que je pense savoir faire, même si je dois avoir un peu perdu la main depuis le temps. Il me laisse la place et m'assure qu'on ne fait pas un concours et que je n'ai pas à m'inquiéter. Je lui adresse un petit sourire avant de réaliser du mieux que je peux un des rares enchaînements dont je me souviens. Ce n'est évidement pas parfait, mais ça semble lui avoir plu, il dit que j'ai été superbe. « Merci. » Que je dis à mon tour dans un sourire, revenant doucement sur le sol. Le jeune homme m'explique alors que je devrais plutôt placer mes mains d'une certaine façon sur la barre. Je suis très intéressée quand il me montre comment faire. « Ah oui, je vois. C'est pas bête. » Que je dis. Je teste ce qu'il vient de me conseiller en essayant de bien faire comme il a dit. « C'est mieux comme ça. » C'est à la limite entre une simple déclaration et une question. Je sens que c'est peut-être mieux, mais je ne sais pas si ça l'est vraiment, j'ai donc encore besoin de son avis, s'il veut bien continuer de me le donner, bien sûr.

Parfois on peut être surpris de ce que font les autres au quotidien. Jessica a une petite bouille d’ange, elle parait tellement innocente que j’ai imaginé pas mal de métiers mais certes pas stripteaseuse. Peut-être que si le courant passe bien je lui demanderais dans quelques semaines de me faire une petite démonstration de danse. Je vais attendre un peu car je me connais, une simple danse sensuelle pourrait me mettre en appétit et me donner envie de la séduire, de la mettre dans mon lit. Il est trop tôt pour que je songe réellement à ce genre de choses, comme je l’ai dit dans mon portrait je suis venu ici en ne fermant la porte à rien du tout mais bon, je ne vais peut-être pas violer l’une de mes camarades dès la première semaine quoi… « Presque six ans. » Je ne connais pas énormément le métier, je ne sais pas quelles sont les limites d’âge pour les stripteaseuses, à vrai dire je me rends compte que je ne sais pas grand-chose de ce métier si ce n’est les stéréotypes qui entourent la profession. « C’est beaucoup non ? » Que je demande, curieux, en profitant pour rajouter une petite question au passage. « Une stripteaseuse ça gagne bien sa vie ? » Dans les films on voit pas mal de stripteaseuses complètement droguées et qui luttent pour avoir un salaire décent, je me demande donc si elle est en galère permanente ou si elle gagne plutôt bien sa vie. Je marque une pause dans mes questions pour faire une première tentative sur le trapèze, je n’ai rien perdu de ma superbe ces dernières années et c’est une très agréable surprise. Je laisse Jessica me montrer de quoi elle est capable et j’en profite pour lui donner un ou deux petits conseils. « Ah oui, je vois. C'est pas bête. » J’acquiesce en reculant pour qu’elle puisse recommencer une nouvelle fois. Je ne la quitte pas des yeux un seul instant, pas une seule seconde ne passe sans que je sois concentré sur ce qu’elle est en train de faire. « C'est mieux comme ça. » Je m’approche en souriant, très satisfait par ce que je viens de voir. « C’était parfait, tu as été parfaite ! »

Le candidat a l'air tout particulièrement intéressé par ma profession. En même temps, quel homme ne le sera pas ? Les gays, à la rigueur, et encore, ils savent apprécier les bonnes choses autant que les hétéros. Mais bref. Est-ce que six ans c'est beaucoup pour une stripteaseuse. Je hausse les épaules. « Je sais pas. Je crois pas. J'en sais rien. » Super réponse, je sais, mais c'est pas de ma faute si je suis totalement le genre de fille à dire des trucs inutiles. « La plus vieille danseuse du club à près de quarante ans et ça doit faire quinze ans qu'elle y travaille, alors... » Je hausse à nouveau les épaules. Alors moi, en comparaison, ça fait pas si longtemps que ça. Je crois même que cette dame, parce que c'est une vraie dame, une femme mariée et mère de famille et tout et tout, est arrivée l'année de l'ouverture de la boite. Mais peu importe, on s'en fiche un peu d'elle, même si c'est la meilleure danseuse que je connaisse. D'ailleurs, je suis sûre qu'elle, elle doit bien gagner sa vie, mais moi, pas spécialement, non. « Pas vraiment. » Je réponds en faisait une petite grimace. « En fait ça dépend des soirs. Tu vois, on a un salaire fixe, assez bas, et si on a de la chance on va tomber sur un client riche et sympa qui va nous donner un assez gros pourboire. Mais c'est rare. » Ça arrive, évidement, mais pas plus d'un ou deux fois pas mois, faut pas rêver non plus. Après, je ne suis pas une pauvre fille pour autant, je peux payer mon loyer, mes factures, manger à ma faim et même faire du shooping, mais cette dernière activité est vraiment en option parfois. Je n'ai pas à me plaindre, non, loin de là, moi j'ai un travail quand d'autres n'en ont pas, et j'en suis bien contente, mais c'est vrai qu'un peu plus de fric, en gagnant cette émission par exemple, ne serait pas de trop. La discussion prend un tournant totalement différent quand on s'essaye au trapèze. Il me montre ce qu'il sait faire, puis j'en fais de même. Il me conseille sur ma position et il a raison, c'est mieux comme ça. Il dit que j'ai été parfaite. « Arrête, tu vas me faire rougir. » Que je me lamenterais presque. Je l'observe un instant. « Dis, t'as l'air de pas mal t'y connaître. T'en fais souvent ? » Du trapèze. Comme activité, parce que c'est peut-être quand même pas son métier, à moins qu'il soit acrobate dans un cirque ou quelque chose comme ça. C'est possible après tout, cette émission a vu défiler un bon nombre de candidats tous très variés, dans le lot il y a de tous, des stripteauseuses comme des acrobates, et finalement, ça n'a rien de bien étonnant.