Elle est joyeuse McKayla, elle l’est toujours. Son sourire la quitte rarement, et sa démarche est facilement reconnaissable aux petits sauts qu’elle effectue parfois quand elle marche. Elle entre dans la cuisine en sautillant, constatant qu’un candidat est déjà présent. Elle tâche de ne pas se faire remarque, appuyant ses coudes sur le plan de travail pour venir poser sa tête dans les paumes de ses mains. .« Tu fais quoi, dis ? » dit-elle finalement, en attendant que le candidat se retourne pour pouvoir l’identifier. Elle reconnaît facilement les traits d’Isaac lorsque cette silhouette lui fait face. Ah, elle a tout un tas de questions à lui poser, même s’ils ne se sont jamais réellement adressé la parole. .« Il faut que je te demande un truc, non deux trucs en fait. Je pose beaucoup de questions, tu remarqueras. » Elle ne prévient pas tout le monde de ses tendances intrusives, qu’il s’estime chanceux. Mais elle lui posera ses questions quelle que soit sa réponse. .« C’est quoi l’histoire entre toi et Paloma ? J’ai entendu dire que t’avais couché avec elle, mais apparemment c’est faux, mais cette rumeur elle doit bien venir de quelque part. » D’elle, oui surtout, mais parce qu’Eryk avait trouvé bon de se jouer d’elle. .« Et ma deuxième question, c’était … Je sais plus … Ah si, pourquoi t’as fait de la prison ? » Information capitale qu’elle se devait de posséder. Elle ne peut pas rester dans l’ignorance comme ça, sa curiosité a besoin d’être satisfaite à tout prix. Il n’est pas non plus obligé de lui répondre, car après tout elle n’est même pas certaine qu’il connaisse son prénom, mais s’il n’est pas prêt à partager cette information-là avec elle, il peut être certain qu’elle reviendra à la charge à un moment ou un autre.

Je suis là, peinard dans la cuisine dans l’optique de me concocter un petit plaisir individuel, quand McKayla se pointe. Je l’ignore. Enfin j’essaye, mais je suis forcé de constater que la pratique est bien plus compliquée que la théorie. Je garde les yeux rivés sur ma préparation en faisant mine de ne pas avoir noté la présence bondissante de la jeune femme. Même quand elle vient presque mettre son nez dans mon assiette en posant les coudes sur le plan de travail, je ne me démonte pas. Non, je campe mes positions sans lui adresser un coup d’œil. En revanche, là où ça devient plus compliqué c’est quand elle commence à parler. Je m’entête à essayer de l’oublier, mais je ne peux pas m’empêcher de sourire dès qu’elle mentionne ma pseudo partie de jambes en l’air avec Paloma. La rumeur est déjà parvenue à mes oreilles, elle ne m’apprend pas une grande surprise. Sans me laisser placer un mot, elle enchaîne avec la deuxième interrogation qui la taraude. Comme quoi, elle se pose beaucoup de questions à mon sujet, mais j’imagine que c’est tout simplement parce que je suis une personne intéressante. Passage en prison. D’accord, je vois. J’arrête de m’occuper de mon repas afin de me tourner dans sa direction. Je lui adresse un léger sourire, avant de satisfaire sa curiosité. « Tu as raison. Nous n’avons pas vraiment couché ensemble… » Encore. Pas encore, puisque je travaille actuellement pour rectifier cet oubli. « Mais il y a bien eu quelque chose. Tu es très perspicace. » je me moque ouvertement d’elle. « En fait… Elle m’a sucé. » je termine dans un murmure sur le ton de la confidence. Bah oui, sinon comment je saurais qu’elle est du genre à avaler comme j’ai pu le dire dans une interview. Personne n’ira croire que tout ça ne part que d’une histoire de paintball. Je m’empêche de me marrer, me délectant déjà d’avance de la réaction de la première concernée quand cette nouvelle rumeur complètement fausse lui parviendra aux oreilles. Bon, maintenant ma condamnation. « J’ai braqué un M&m's store. » je mens à moitié. Ce qui signifie aussi que je dis à moitié la vérité, mais compte tenu que je sème le doute en donnant une réponse différent à tous ceux me posant la question, ce n’est pas bien grave.

Elle essaie de communiquer avec Isaac, mais la tâche semble bien plus compliquée que prévu. Il l’ignore, continue ses petites affaires comme si elle n’était pas là, comme si elle n’avait jamais ouvert la bouche pour lui parler. Il peut bien l’ignorer tant qu’il veut, McKayla ne s’arrêtera pas de parler tant qu’elle n’aura pas obtenu de réponse à ses questions. Il semblerait que le sujet Paloma lui délie la langue. Tant mieux, parce qu’elle avait vraiment envie d’entendre ce qu’il avait à dire sur le sujet. Maintenant qu’elle sait qu’il n’a pas couché avec elle, elle veut tout de même savoir d’où vient toute cette histoire. Enfin, c’est Eryk qui a commencé à semer le doute dans son esprit, mais il devait bien avoir un début d’histoire pour inventer pareil mensonge non ? Elle imagine, alors elle demande à un des principaux intéressés. Ils n’ont donc pas couché ensemble, mais il y a eu quelque chose. Elle ne remarque même pas qu’il se moque d’elle, elle est bien naïve McKayla. Sa bouche s’ouvre en grand face à ce qu’il lui annonce. « Ah … Et c’était bien ? » C’est la seule question qui sort de sa bouche. Elle veut tout de même savoir la blonde si c’était bien quand même. Il va aussi falloir qu’elle raconte ça à quelqu’un, parce qu’elle ne peut pas garder un tel secret pour elle. Elle voudrait également savoir ce qui l’a conduit en prison. Est-ce que c’est un dangereux criminel ? Il aurait braqué un M&Ms store selon ses dires. « Ça existe un M&Ms store ? C’est trop bien ! J’en ai jamais vu moi. Mais t’étais armé et tout ? » Elle fronce les sourcils un instant, se demandant tout de même si elle décide de le croire. « Oh arrête, je suis sûre que c’est pas vrai. Pourquoi tu mens ? Je veux connaître la vérité, je le raconterai à personne, promis. » C’est un gros mensonge que vient de sortir la blonde, incapable de tenir sa langue, pourtant l’intention y est mais elle ne peut s’en empêcher.

Je suis en train de me poser de sérieuses questions sur la légitimité du jury qui a fait passer les castings. Sans déconner, il y en a un qui a sélectionné tous les demeurés qui se sont présentés à lui ou comment ça se passe ? J’avais déjà l’impression qu’ils n’étaient pas tous très malins dans le nid, mais avec McKayla, on atteint des sommets. Je lui avoue ce qui s’est réellement passé. Ou plutôt je lui mens sur ce qui aurait pu se passer. Elle me croit, malgré l’énormité de mes propos et je trouve que ce n’est pas très juste pour Paloma. C’est presque comme admettre que c’est une fille facile, alors que pour avoir essayé à plusieurs reprises de la tâter sur ce plan, je sais que ce n’est pas du tout le cas. Elle ouvre la bouche sous l’étonnement comme seuls les enfants peuvent le faire. Autrement, ça passe pour un surplus de théâtralité. Personne n’est capable d’exprimer la surprise spontanément de cette façon passé les douze ans. La jeune femme me demande si ma turlute fictive était bien et je lui lance un drôle de regard avant de reprendre la parole. « C’était humide. Mais plutôt positif, oui. » je lance, sans comprendre pourquoi elle me demande ça, comme si je rendais un verdict. C’en est presque flippant cette quête de détails et potins sur absolument tout ce qui l’entoure. Je suis persuadé que sans sa deuxième question, elle aurait été fichue de s’enquérir à propos des techniques de Paloma pour cette pratique ou du temps que j’ai mis pour atteindre la jouissance. « Pas besoin. » je rétorque quand elle me demande si j’étais armé. « Les vendeurs là-bas, c’est des personnages comme Jaune et Rouge. Du coup je les ai bouffés. » Elle n’a jamais vu les publicités pour la marque, McKayla ? Avec les m&m’s animés qui vivent leurs propres vies ? J’ai l’impression que plus je traîne avec des cons, plus j’en deviens un. C’est comme avec les gosses, quand on commence à prendre une voix de débile et à adopter un langage qui n’a ni queue ni tête pour s’adapter à l’environnement. Sauf qu’elle n’est pas aussi naïve la gamine, elle comprend tout de suite qu’il y a quelque chose qui cloche. Je l’ai sans doute perdue avec mes cacahouètes enrobées de chocolats sur pattes. « Ok… » je fais mine de concevoir à enfin lui répondre, prenant mon meilleur air sérieux. « J’ai fait taire une personne qui posait trop de question. » je mens encore une fois d’un air grave, mettant un million de guillemets autour du verbe taire pour qu’elle comprenne le dossier. Le genre d’alarmes qui suintent le sujet houleux dont il ne vaut mieux pas parler.