ft. mallaury

Cette bibliothèque m’étourdie. Enfin, pas autant que la grande bibliothèque de New York qui m’avait carrément donnée le vertige la première fois où j’y ai mis les pieds. Je trouvais que les livres avaient quelque chose de captivant. D’attrayant. Je regrette de ne pas avoir eu la chance de mettre la main sur plus de bouquins lors de mon enfance. Peut-être que si j’avais eu plus de livres à la ferme, je ne me serais pas senti autant dépaysée par un rien dans la vie. Parce que les livres m’auraient offerts un plus grand savoir. Évidemment, j’en ai lu quelques uns, mais bon, si on compare avec la moyenne des gens, je doute que je sois supérieure à celle-ci. Mon index qui caresse les couvertures des livres de l’étagère devant moi, je pose finalement mon regard sur le candidat qui vient de faire son entrée dans la pièce. Je le fixe un moment, surement trop longtemps pour ne pas paraître complètement étrange. J’arrive pas à m’en empêcher. C’est plus fort que moi. Je dois toujours fixer avec une certaine insistance les gens. « Mallaury, c’est ça ? » Je ne connais pas encore les prénoms de tous mes compagnons ici, mais allez savoir pourquoi, j’ai retenu le sien. Alors que finalement, je ne lui ai jamais adressé la parole. Je ne me suis même jamais retrouvée seule dans la même pièce que lui. « Je sais qu’on ne se connaît pas mais… » Parce qu’il y a bien un mais important à ma phrase. J’ai peut-être une faveur à lui demander. « Tu crois que… Tu pourrais m’aider à choisir un livre à lire ? » C’est une grande tâche que je lui demande à l’instant. Peut-être aussi légèrement étrange. Une fille de dix-neuf ans devrait être capable de se choisir un livre seul en général. « Ou simplement me donner des idées… » Seulement s’il en a envie. Je ne l’obligerai à rien.

Si je n’avais pas retrouvé un candidat en face de moi, j’aurais simplement fini par prendre n’importe quel livre qui me serait tombé sous la main et j’aurais décidé d’en faire ma lecture de la journée. Pourtant, je voyais la venue de Mallaury comme un certain signe. Et je crois que pour cette fois-ci, j’ai envie d’aller vers une autre personne et tenter une socialisation comme une autre. J’ai surtout une bonne idée de ce que je désire lui demander, ce qui facilite grandement la tâche au final. Heureuse de voir qu’il connaît mon prénom mais qu’en plus de cela, il ne sort pas une référence bien connu relié à l’origine de mon prénom et de l’inspiration de la princesse Zelda et celui-ci. Déjà, à mes yeux, il vient de gagner quelques points sans même s’en rendre compte. D’un seul hochement de tête, je lui fais donc comprendre qu’il ne se méprend pas sur l’identification de ma personne, enchaînant avec la question qui me trottait dans la tête. Je ne peux retenir le sourire qui s’affiche sur mes lèvres lorsqu’il accepte de m’aider, alors qu’au fond, il aurait très bien pu me refuser ce service. Après tout, il ne connaissait rien de moi. Je n’en aurais même pas été vexée. Mais tant mieux. « Merci… » je prononce faiblement, me retournant pour contempler l’énorme étagère qui se dresse devant nous, ne sachant pas précisément où donner de la tête avec tous ces bouquins. Mes préférences ? Il me prend de court avec cette question. Parce qu’il est évident que pour m’aider à choisir un livre, il doit d’abord en savoir un peu plus sur moi et sur ce que j’aime ou non lire. Mes goûts. Ça ne devrait pas être surprenant comme question. Pourtant voilà que j’ai vrillé le regard vers le candidat, le fixant avec une certaine identité, encore aucun son n’étant sorti de ma bouche. C’est souvent à partir d’un moment du genre qu’on me qualifie habituellement d’étrange. J’ai une certaine difficulté à établir encore précisément ce que j’aime et ce que je déteste. Et ce, dans tous les domaines. « Bah… euh… Je ne lis pas beaucoup habituellement. » Bien que je suis intéressée par la lecture. Ce n’était seulement pas dans mes habitudes. « Mais un jour… j’ai lu euh… Orgueil et préjugés ? Oui, enfin… Je n’ai pas vraiment aimé… » Ou je n’ai pas tout compris. Mais je n’ai pas envie d’avoir l’air trop bête à ses yeux. « J’aime pas les romans d’amour. » Ça, je peux l’affirmer avec conviction. Ou presque. C’est juste que je ne comprends rien à l’amour, alors le lire… Peu pour moi. « Toi, t’aimes lire quoi comme livre ? » Comme si en sachant ce que lui aimait, je me disais que je pourrais trouver ce que j’aime à mon tour.