Ghika a envie de hurler. Il a envie de ramener le petit cul d'Auguste dans le nid et de le virer à coup de pieds. Il lui en a parlé, il lui a expliqué pourquoi il partait. Pff ! Ghika il s'en cogne. Il est tellement en colère qu'il pourrait frapper quelqu'un juste pour voir ce que ça fait -parce qu'il n'en sait rien, il a jamais vraiment tapé sur quelqu'un pour évacuer la colère-. Il est dégoûté. C'est pas comme si Auguste ne l'avait pas touché, il le sait bien, il s'en rend compte, tout le monde s'en rend compte. Il l'aime bien, voilà, c'est dit. Ou plutôt il l'aimait bien. Parce qu'après qu'il ait abandonné, qu'il ait jeté l'éponge, Ghika ne peut plus avoir un faible pour lui. Il se connaît, s'il se laisse à penser à Auguste d'une façon qui soit, ne serait-ce qu'un minimum, romantique, il va partir en vrille. Se faire des films, ce qui est inutile. He's here to stay. Il n'est pas sûr de la durée de son séjour dans le nid, mais il n'y mettra pas fin lui-même. Il tient trop à cette chance. Assis dans le sable, il s'est calmé. Ghika regarde seulement le large, muet. Il s'en fout du sable qui lui irrite la peau, il s'en fout d'avoir l'air déprimé. Il n'est pas déprimé, en colère, un peu, une colère froide. Déçu, c'est le mot. Quand Gaëtane s'assoit à côté de lui, Ghika doit bien l'admettre, il est soulagé. Il commence à la connaître, elle ne va pas chercher à lui tirer les vers du nez, elle va pas chercher à lui mentir. Elle veut juste chanter. C'est une bonne idée, la musique adoucit les mœurs il paraît. « Seulement si tu m'laisses t'accompagner. » lance-t-il avec un sourire un peu triste en s'emparant délicatement de la guitare. Qu'est-ce qu'ils pourraient jouer ? C'est qu'il ne sait pas ce qu'elle connaît... Il commence à gratter les cordes, laissant résonner dans le coffre de l'instrument les premiers accords d'une chanson, très connue, de Kings of Leon. C'est un moment agréable, une jolie façon de tourner la page. Alors il fredonne les « oh oh » en cœur avec elle. Ghika n'est pas le plus grand des chanteurs, il chante relativement juste, mais il n'a pas une voix particulière, c'est juste qu'ouvrir la chanson sur leur deux voir ça sonne mieux.

La chanson s'achève, il sourit, il ne lâche pas la guitare. « En quoi elle est différente la plage que tu connais ? » demande-t-il sincèrement intrigué. Il n'y connaît rien en bord de mer et les rares qu'il a connu étaient tous similaires, beaucoup de sables, beaucoup d'eau, la marée... Un tableau bien banal, c'est joli, mais quand tu en as vu un tu les as tous vus. S'il y a la plage chez lui ? On pourrait dire ça, après tout il y a des baies, des lacs, mais rien de comparable, toute la beauté d'une plage c'est le mouvement lancinant de la marée sur la berge, les courants dans un lac c'est assez rare faut dire. « Non... j'ai jamais vécu près d'une plage, Bâton-Rouge c'est enfoncé dans les terres, il y a juste des lacs. Et Oxford c'est à plus d'une heure trente de la Manche. » D'accord il y avait la chance de voir le Mississippi passer sous sa fenêtre tous les jours quand il habitait encore en Louisiane mais ce n'est pas vraiment comparable à la mer. Parce que c'est un fleuve apprivoisé par l'homme, dompté par la technologie et qui n'a plus tout à fait son caractère sauvage et sacré. Mais surtout parce que ça a perdu beaucoup de son charme quand on le voit pendant des années et des années. Il se lasse Ghika, des choses, des gens. Il ne le fait pas exprès, tout ça, il s'en doute, ça vient de sa mère, du sentiment d'abandon qu'elle lui a fait ressentir, de l'intérêt qu'elle ne lui a jamais vraiment porter et de son mimétisme développé qui l'a contraint à aborder toutes ses relations comme celle qu'il entretient avec elle. « J'ai toujours trouvé que la plage, ça avait une certaine poésie, un côté très apaisant et très triste à la fois. Peut-être que c'est parce que quand j'étais gamin je n'ai jamais eu l'occasion d'y avoir des expériences joyeuses de vacances ou un truc comme ça. » commente-t-il un peu ailleurs, les yeux perdus dans les vagues qui vont et viennent sans discontinuer. Ce mouvement fluide et ininterrompu est à la fois excitant et lassant. Parce qu'on sait ce qui va se passer après qu'une vague ait échoué sur la rive mais qu'il ne peut pas s'empêcher de se demander si la prochaine sera plus forte ou non. « Ça se passe bien avec Isaac ? » demande-t-il inquisiteur. Il aime vraiment bien Gaëtane, et il sait qu'elle n'était pas ravie de tomber avec l'ex-tolard. Ghika préfère savoir s'il doit faire passer un mauvais quart d'heure à Isaac ou non. Elle est fragile, bien trop facile à impressionner. Il ne veut pas que son partenaire la martyrise. Lui ? Il n'a pas peur d'Isaac, ce dernier a déjà prouvé qu'il était prêt pour une joute verbale quand il fallait et Ghika est prêt à le harceler s'il le faut pour devenir sa cible et que la rouquine soit tranquille.

Quand elle évoque le temps qu'il fait chez elle, il sourit. Alors dans sa région aussi le temps est à la pluie. « Oxford n'échappe pas non plus au cliché de l'Angleterre sous les nuages. » qu'il répond avec une moue un peu contrariée bien que franchement exagérée. Il la laisse parler de la mer, il se laisse bercer par sa description efficace de ses émotions, avant de réaliser qu'elle vient de... l'inviter à lui rendre visite en France ? Oui, c'est bien ça. « L'invitation est notée, j'ai hâte de découvrir Quiberon j'ai prononcé ça correctement ? Je suis pas très calé en français... » Il ne doute pas un seul instant que le nom de la ville n'a pas la même consonance que celle qu'il vient de lui donner en France, mais c'est l'effort qui compte non ? Il ne saurait expliquer pourquoi, peut-être parce qu'ils sont roux et qu'il y a une solidarité instantanée entre membres de cette espèce, ou parce qu'elle est si réservée, mais il éprouve une sorte d'instinct de protection envers elle. Comme sil, malgré sa connaissance du fait qu'elle peut se défendre par elle-même, il ressentait le besoin d'assurer ses arrières. Quand elle lui dit que ça va mieux avec son partenaire, en particulier depuis qu'il connaît son secret -elle l'insinue mais Ghika reçoit le message-, il se détend, pas totalement cependant. « Tant mieux, mais s'il te cherche des noises, n'hésites pas à m'en parler, je m'occuperai de son cas. J'ai pas fait de la prison mais je pense être capable de lui rendre l'existence bien moins agréable s'il te fait des misères. » Ce n'est pas une menace, c'est une promesse. Il n'a pas pour habitude de se laisser marcher sur les pieds, par qui que ce soit, et il n'est pas le genre à laisser quelqu'un torturer psychologiquement une personne qu'il apprécie. « Je t'assure que tu ne me feras pas peur, y a pas grand chose qui me fasse vraiment peur. » lui sourit-il après avoir fait glisser ses doigts sur les cordes de la guitare. Peut-être que le secret de Gaëtane est effrayant, ou peut-être que c'est la différence qu'il y a entre la réalité et ce qu'ils ont perçu d'elle qui l'est. Mais Ghika s'en fiche un peu, découvrir son secret, ça ne sera qu'une façon de plus de d'apprendre à connaître la jeune femme. « Tu peux parler de ce que tu veux, tant que tu ne me donnes pas ton secret, si ça te soulage de parler, j'suis là. Et promis j'en profiterai pas pour appuyer sur le buzzeur. » annonce-t-il sereinement quand elle commence à revenir sur ses paroles. Il se fiche des règles du jeu, il les connaît par cœur. Elle a le droit de lui parler de son secret, tant qu'elle n'entre pas dans les détails et ne lui sert pas l'intitulé sur un plateau d'argent. S'il a peur que le regard des autres change ? Il s'en veut de ne pas pouvoir répondre totalement sincèrement et de devoir atténuer un peu sa prochaine prise de parole. Parce que s'il se montrait sincère maintenant, il ferait tout capoter et il n'a pas très envie que d'une façon où d'une autre son secret soit en danger aussi tôt. Il lui faut tenir encore deux ou trois semaines peut-être. « Je pense que si mon secret vient à être révélé, vous allez tous penser que je vous ai menti... que je ne suis pas digne de confiance. Mais bon, j'ai ma conscience pour moi, toutes les fois où j'ai menti, c'était pour protéger mon secret. » conclut-il laconique. Tout ça n'est que pure vérité, il redoute un peu les réactions, mais d'un autre côté... il ne connaissait pas ses gens il y a un mois alors il se dit qu'il n'y a pas de raison d'accorder aux regards qu'ils lanceront sur lui une valeur trop importantes.

Elle le reprend sur la prononciation du nom de la ville dans laquelle elle vit. Il aurait dû s'en douter, même s'il est très doué dans les langues, Ghika a toujours été anglophone, alors forcément malgré ses qualités linguistiques, l'accent reste difficile à effacer, surtout quand on n'a jamais vécu dans un pays de langue française. « J'oublie toujours que les français ne prononcent pas le « u » comme les anglais... laisse-moi essayer à nouveau. Qui-beron. » retente-t-il en faisait bien attention à ne pas écorcher une deuxième fois le lieu de résidence de sa camarade. Quand elle parle du fait qu'on la buzze ou qu'on trouve son secret comme lui étant égal, il avoue qu'il ne comprend pas vraiment. Certes il n'y verrait pas un grand mal, ce ne serait pas une tragédie, il ne faudrait pas que ça se produise trop tôt, ne serait-ce que pour qu'il puisse remplir ses objectifs. Mais d'un autre côté, l'absence de connaissance quant à l'état de la recherche dans la traque de ce qu'il cache est une inconnue avec laquelle il a du mal à vivre. « J'aimerais bien que quelqu'un me buzze, juste pour voir où les gens en sont sur mon secret. » explique-t-il sans vraiment chercher à se faire comprendre, c'est un peu paradoxal, vouloir garder son secret tout en voulant connaître l'avancée des suspicions. Mais c'est tout Ghika. Quant à l'argent... « L'argent est l'une de mes principales motivations. Je pourrais vraiment utiliser quelques milliers d'euros en plus sur mon compte en banque... » plaisante-t-il bien qu'étant très sérieux au fond. Il est limite pauvre au quotidien, il lutte souvent pour finir le mois, et être dans Fake Lover lui offre un répit dans une vie qui est parfois un peu rude. A la sortie, qu'il gagne ou non, il sait que des gens voudront des interviews, parce que les téléspectateurs connaissent son secret, parce qu'il fait partie de la vie de millions de gens au quotidien. C'est comme ça, c'est la magie de la télé. Alors même s'il ne sort pas avec un chèque, Ghika espère pouvoir se faire quatre sous grâce à l'expérience. « Le pire dans Fake Lover je crois que c'est la notion d'argent en fait. T'imagines, en rentrant dans l'émission j'avais six cent quarante livres sterling sur mon compte pour payer le loyer et tenir une semaine... Et en buzzant j'engage cinq mille euros... Cinq mille euros, j'ai jamais eu cinq mille euros à dépenser. » Ils oublient parfois l'aspect fictif de cet argent, c'est pour ça que certains s'accrochent à leur cagnotte. Lui, il tente de garder la tête froide, jusqu'à la demi-finale tout cet argent n'a aucune valeur. Gaëtane essaye de lui expliquer son point de vue sur le mensonge, les choses sur lesquelles elles pensent qu'on peut et ne peut pas lui en vouloir pour avoir menti. Il est presque soulagé en l'entendant. « Bon. Bah j'ai pas à m'inquiéter alors, jusqu'ici j'ai menti sur à peu près tout sauf sur mes sentiments pour les gens dans le nid. A part pour Auguste, je l'aimais vraiment bien, mais ça c'est uniquement parce qu'il me fallait beaucoup plus de temps pour pouvoir voir s'il ne finissait pas par me sortir par les yeux. » plaisante-t-il bien qu'il soit légèrement frustré de ne pas s'être empêché de parler d'Auguste. Il n'y a plus de raison de le faire, ils se reverront quand il sortira à son tour. Oh, il ne s'attend pas à des retrouvailles romantiques, ils seront potes voilà tout. Elle s'excuse beaucoup, beaucoup trop à son goût. Ghika n'aime pas qu'elle n'ait pas l'impression de pouvoir penser et dire ce qu'elle veut, quand elle veut. « Tu peux toujours dire ce que tu penses avec moi. Je le fais bien, ça serait incohérent de ne pas l'accepter de la part des autres. Et puis je crois vraiment que toujours tout garder à l'intérieur et refouler ses émotions est la meilleure façon de choper un ulcère. » C'est qu'il présenterait presque ça de façon attirante. « Et tu ne veux pas d'un ulcère si ? » qu'il lui demande avec un petit air de réprimande.